ser du joug clérical et d'assuror l'indépendance du
pouvoir civil.
Ah, vraiment, c'est Ia voire but, messieurs? Eh
bien, franchement, a vous regarder a l'ceuvre depuis
aix années que vous êtes au pouvoir, on ne s'en serait
point douté. Vous avez fait,il faut vousrendre justice,
une loi sur la charité et une autre sur les bourses d'é-
tude;mais avouez qu'en ces deux circonstances, l'opi-
nioa publique vous a un peu forcé la main. Le moyeu,
après les événements de mai 1857, de ne pas lui don-
ner satisfaction sur une question pour laquelle vous
i'aviez passionnée au point de l'ameuter dans la rue?
Et, quant a la loi sur les bourses, présentée par le
gouvernement a la veille des élections, n'est-il pas
vrai qu'elle est venue fort point pour Vous sauver
du naufrage? Mais, sauf ces deux lois, arrachées a
votre ambition inquiète du lendemain, diles, qu'avez-
vous fait, les vrais libéraux du Progrès, pour déga-
ger le pouvoir civil des influences cléricales qui en-
travent son indépendance Rien, rien, absolument
rien. Le clergé règne dans nos écoles vous n'osez
pas l'en chasser. Dans les communes oü le parli clé
rical possède la majorité, le curé dispose en maitre du
cimetière et vous n'osez pas faire une loi pour lui en-
lever l'autorité qu'il y usurpe. La loi sur le tempore!
des cultes.qui assurerait la bonne gestion des biensdes
fabriques livrés sans contrólea l'incurie et a la dilapi
dation, vous n'osez pas la faire discuter.Vous n'osez pas,
vous n'osez jamais,et loin que vous songiez a délogerle
clergé catholique des positions qu'il occupe et d'ou il se
ritdes pelites chicanes que vous lui suscitez parfois,on
vous voit occupés sans cesse a agrandir le domaine de
ses priviléges. Ce n'était pas assez que d'exempter de
l'impöt du sang les jeunes lévites enlrés dans les or-
dres sacrés la loi nouvelle promet d'étendre cette
exemption aux simples étudiants en théologie. Le tré-
sor, si avare de dépenses utiles, il est tout large ou-
vert quand il s'agit d'augmenter le traitement des
hauts dignitaires du clergé ou bien de batir des églises.
On n'a pas d'argent pour assurer aux instituteurs
primaires une existence indépendante, mais on en a,
et a foison, pour embellir les splendides palais de
MM. les évêques et décorer leurs cathédrales. Et c'est
nous qui, depuis trois ans, n'avons pas cessé de pro
tester un seul jour contre ces lêches condescendances,
nous qui u'avons pas laissé échapper une occasion de
remettre sous les yeux de ces vrais libéraux les dan
gers de la politique fatale qu'ils praliquent au mépris
de leurs promesses les plus solennelles, c'est nous que
l'on ose accuser de pacliser a vee le parti clérical?
Vous avez lort, messieurs du Progrès, car jamais le
public ne vous croira el cette calomnie n'aboutira
qu'a précipiter le moment fatal oil vous et les vötres
vous disparaitrez engloutis sous le flot de la reproba
tion publique.
II monte, le flot, messieurs, prenez-y garde. Long-
temps abusé par lesdehorsplótrésde votre libéralisme
de commande, le monde commence a s'apercevoir que
vous n'êtes pas la sève de l'arbre de la liberté, mais
que vous pourriez bien en être 1 'oïdium. Votre jour
nal a pris pour devise un adage latin Vires acquirit
eundo, le progrès grandit en marchant. Nous lui
conseillons fort de méditer Ie proverbe francais j
Tanl va la cruche a I'eau qu'a la fin elle se brise.
Bonne foi du I'ltOGREl^,
II y a peu de jours, le Progrès affirmait, a propos
des processions donl M. le bourgmestre de Liége ve-
nait d'interdire la circulation, que cet honorable fonc-
tionnaire était violemment injurié par la presse
cléricale, appuyée par les feuilles radicales. 11 s'est
bien gardé de donner le moindre extrait a l'appui de
ces lignes il avail toutes sortes de raisons pour cela.
Aujourd'hui, nous avons precisément sous les yeux
un article de 1 'Echo de Liegele principal organe des
radicaux en cette ville, qui s'occupe des processions.
En le lisant, nos lecteurs pourront se convaincre pour
la millième fois si tanl est que queiqu'un doive
encore être convaincu, de la véracitédu pamphlet
doctrinaire et de la confiance que méritent ses asser
tions.
La question de principe, nous l'avons appréciée
comme 1 'Echo de Liege. Nous ne faisons des réserves
que sur la question d'opportunité que nous avons en-
visagée autrement que lui.
Voici I'article de ce journal
L'incideut des processions a servi de prélexle a
une campagne que l'on aurait voulu rendre longue et
passionnée, mais qui devail bienlót misérablement
avorter. Pourquoi? Parce que Ton a soulevé des ques
tions de principes, quand aucun principe n'était en
jeu et qu'il ne s'agissait que d'une simple apprecia
tion.
Quel est 1'homme sincère qui a cru un seul moment
qu'une fois l'épidémie éloignée, une fois disparu le
danger des marches, tête nue, sous les feux du soleil,
en groupes nombreux, l'autorité songerait a interdire
les processions du culte catholique
II ne s'est done pas agi des droits et de la liberté
des cultes; ces droits et cette liberté seront demain ce
qu'ils étaienl hier, c'est-a-dire illimilés, pourvu que
l'on en use d'une manière raisonnable.
Aucun amoindrissement, par conséquent, des ii-
bertésüreligieusesune simple mesure extraordinaire
commandée par une situation extraordinaire et tout a
fait exceptionnelle.
La seule chose qui nous paraisse susceptible d'être
ici discutée, c'est l'influence peruicieuse d'une grande
agglomération d'hommes dans les circonstances péni-
bles que nous traversons. C'est pourquoi nous venous
de dire qu'il ne s'agissait que d'une simple apprecia
tion.
II faut réduire toute cette grosse question a cette
humble-proportion est-il bon ou mauvais, favorable
a la santé ou dangereux de s'exposer a dés fatigues
sans nécessité, de former sur un point donné une
grande agglomération de monde, une masse compacte
allant nu tête et poursuivie d'une idéé fixe,celle d'une
chose horrible a conjurer? Est-il vrai, oui ou non,que
l'air se corrompt dans les foules, que les idéés fixes
sont nuisibles, que ces cortéges plus ou moins funèbres
peuvent inspirer de la terreur aux habitants d'un
quartier et aux passants, et qu'il faut se garder de la
peur que le germe de la maladie se puise dans une
atmosphère corrompue, qu'il peut se commuuiquer
des personnes atteintes aux personnessaines?
Tout homme de bonne foi affirmera que c'est en ces
termes que le problème s'est imposé en quelque sorte
aux preoccupations de l'autorité liégeoise. Dés lors, la
science, d'accord avec les plus simples notions de
l'hygiène et avec la plus élémentaire prudence, ne
pouvait le résoudre de deux manières. Le plus sage
de nos pères de familie catholiques l'aurait résolu
comme M. Piercot il n'eüt pas envoyé son enfant
pour grossir Ie pieux cortége. Cet argument est déci-
sif. L'acte de M. Piercot a été celui d'un père de fa
milie soigneux et prudent.
Que l'on soutienne, si l'on veut, qu'on exagère le
danger des attroupements, et que l'on présente la
question sous cette forme au public. Nous compren-
drions a la rigueur cette tactique. Mais quel besoin
voit-on de chercher a soulever les consciences, a divi-
ser Ie pays dans un mamenl oü tons les citoyens de-
vraient avoir pour moi d'ordre fraternilé et solida-
rité
Une circulaire adresjée par M. le commissaire d'ar-
rondisscment a MM. les bourgmestre et secrétaires
communaux convoque ceux-ci une reunion a l'Hó-
tel-de-Ville d'Ypres, dans le but de dèlibérer sur les
mesures d'utilité publique ou locale.
Entre autres questions énumérées dans la circu
laire, se trouvent les écoles d'adultes, l'enseignement
agricole, les routes a construire et l'abolition des
barrières sur les routes communales.
Soit dans l'ordre moral, soit dans l'ordre matériel,
tous ces objets ont une grande importance et on ne
peut qu'approuver l'idóe d'appeler sur eux l'attention
des administrations communales.
Mais a cóté 'du principe, quelqae bon qu'il soit,
vient se placer le mo en pratique. Et nous ne sommes
nullemenl d'accord avec la circulaire lorsqu'elle dit
que pour les routes qui traversenl les territoires
d'un grand nombre de communes, il y a lieu peut-
être d'examiner s'il n'est pas dèsirable.que leur en-
tretieu continue a être placé sous une seule et même
direction et 'qu'il reste a voir même s'il ne serait pas
équitable et avanlageux de créer un fonds commun
pour l'entretien de toutes les routes de l'arrondisse-
ment.
II est impossible de voir autre chose dans ces
phrases, suffisamment transparentes, qu'une nou
velle tentative de centralisation au profit de l'autorité
ou de l'influence personnelle d'un fonclionnaire.
On veut amener les communes a renoncer au sain
de l'entretien de leurs routes et, par le fait, a la libre
disposition d'une partie de leurs fonds dans l'intérét
d'une direction centrale. C'est comme si nos com
munes étaient assez inintelligentcs pour laisser dété-
riorer leurs voies de communicationil nous semble
pourtant que, sous ce rapport, le passé donne des
garanties peur l'avenir.
Aussi avons-nous la conviction que pas un seul
bourgmestre n'aliénera aucune des belles preroga
tives de nos communesmais si l'un d'eux était assez
malaisé pour le faire, il est certain que le conseil et
les contribuables ne l'approuveraient pas.
II est juste d'ajouler que M. ie commissaire dé-
clare, dans sa circulaire, qu'il n'a pas la preten
tion d'imposer aucun système. Quiconque sait ce
que parler veut dire et l'expérience doit l'avoir
appris a MM. les bourgmestres mieux qu'a qui que ce
soit se mettra soigneusement en garde contre ces
precautions oratoires, pareilles a un parterre de fleurs
cachant quelque vipère.
Nous aimons a croire que tous les chefs de nos com
munes, sans exception, auront assez de dignité et
d'indépendance pour résistera toutes les suggestions,
a toutes les menaces mêmes qui pourraient se pro-
duire nous n'avons pas cru inutile cepeudant de si
gnaler le piége, en criant gare!
Un second point nous intrigue. Par quelle étrange
coincidence cette reunion d'autoriles communales qui,
de l'aveu même de la circulaire, n'a plus eu lieu de
puis quelques années, surgit-elle tout a coup peu de
semaines avant le renouvellement des conseils com
munaux?
L'amour de M. le commissaire d'arrondissement
pour les mesures d'utilité publique ou locale est-il
pur el sans tóche ou s'y mêle-t-il, en cette circon-
stance, quelque passion dêréglée et illicite d'interven-
tion électorale
Le Progrès, qui possède la pensée inlime de M. le
commissaire, pourrait seul nous édifier sur ce point,
pourvu qu'il voulüt y mettre un peu de franchise et
de loyauté. Et, au fait pourquoi n'en mettrait-il pas
Une fois n'est pas coutume.
Nous remarquons que depuis quelque temps nous
ne recevons plus les communications de l'Hötel-de-
Ville; nous citerons entre autres I'annonce de l'adju-
dication de l'ecole des filles qui a paru tout récemment
dans tous les journaux de la localité, si nous ne nous
trompons, le nótre excepté. Si I'administration, en
nous soustrayant la conuaissance de ses documents,
croit punir la liberté de nos critiques, ses calculs
portent a faux nous n'avons pas besoin pour vivre
de la caisse communale. Mais it nous semble étrange,
pour ne pas dire injuste, que les lecteurs de \'Opinion
n'aient pas, comme ceux des autres journaux, la fa-
culté de lire des avertissements et des avis que Ie col
lége des bourgmestre et échevins a 1'intention vrai-
semblable d'adresser a tous ses administrés indistinc-
tement.
Variétés.
LE CHOLERA.
A toutes les époques d'èpidétnie on voit surgir, a
cóté de remèdes sérieux et effisaces, des préjugés qui,
sans qu'on en connaisse l'origine ni la raison, se pro-
pagent et parviennent, on ne sait trop comment, a
s'imposer a la masse, qui les accepte aveuglément
comme des vérités au-dessus de toute discussion.
C'est ce qui arrive encore aujourd'hui pour le cho-
]éra, qui, tout en étant a son déclin, mérite cepen-
dant de fixer noire attention.
A en croire certains apötres, on ne sait de quelle
science médicale, Ie meilleur préservatif contre toute
atteinte, serait un changement complet de régime; la
substitution des spiritueux aux bières, remplacées
par une infinilé de boissons les unes moins perni-
cieuses que les autres, mais décorées pour la plupart
des titres pompeux d'anticholériques, ou remèdes in-
faillibles contre lecholéra.
Un des vétérans de la faculté de médecine, M. le
docteur Burggraeve, professeur a la faculté de méde
cine de l'Université de Gand, chirurgien principal a
l'hópital civil de la même ville, membre de l'Académie
royale de médecine de Belgique, etc., vient de publier
un opuscule, qui sera un veritable bienfait dans les
circonstances présentes.
Les conseils qu'il donne sont simples, faciles a sui-
vre et peu dispeudieux il recommande surtout de
conserver le régime habituelnous n'en voulons pour
preuve que les conseils qu'il donne sur l'emploi des
meilleures boissons
a Chaque pays, dit-il, a ses boissons propres,
comme ses tempéraments; on ne saurait done établir
de distinctions entre elles. La bière irait mal aux po-