par une visite 4 domicile, de Ia misère et des besoins de ce lui qui solicite ('inscription. II a prouvé que les administra teurs sont toujours en communication directe avec les pau- vres qu'ils ont chacun des séances partieulières oü les né- cessiteux viennent exposer leur situation que lous ont en outre une heure par jour, qu'ils passent chez eux, él donner audience él tous ceux qui viennent se plaindre et réclamer des secours enfin que les domestiques ne sont la que pour faire les commissions, les distributions de pains aux Eglises, les quêtes en temps ordinaires, et autres services semblables. Aujourd'hui nous nous proposons, Messieurs, de répondre aux généralilés contenues dans le rapport. (.'honorable rapporteur se demande si l'on peut affirmer, que les services rendus sont en rapport avec l'importance des ressources. II n'hésite pas dire non, paree que la Iiste des indigents ne subit d'autre mouvement, qu'une fluctuation peu sensible. Siavaritde produire cetteassertion,' Messieurs, on avail consulté nos listes des pauvres, on y aurait vu que ces listes, qui en 1850 s'élevaienl 5 4,469 personnes, n'attei- guent plus en 1866 que le chiffre de 3,251 soit un écart de 1,258 pauvres, ce qui constitue une fluctuation très-sensible, puisqu'elle est d'un quart en moins de la population indi- genle de 1850. 11 faut ajouter, que nos listes des pauvres sont continuellement alimentées, par de noinbreux indigents ve- nus de la campagne, qui après huil années de résidence, doiventêtre secourus par notre administration. Mais nousne cherchevons pas 5 résoudre cette question il nous suffit d'a- voir prouvé, que Pargument, que l'on invoque contre nous, tourne plutot en notre faveur. Ce que nous prouverons c'est que dans la mission qui nous est confiée, et qui est avanl tout de soulager les souffranees de nos concitoyens, nous avons toujours eu pour but la moralisation de la classe indigente, moyen certain de combattre le paupérisme, et que ce but ne saurait être atteint par les moyens développés dans le rap port. Le premier de ces moyens consiste dans une union de la charité publique avec Ia charilé privée. La charité privée en opposition avec la charité publique, est celle qui est prati- quée par des associations sans caractère officiel qui ne doi- vent comple 5 personne de leur geslion et dont on ne connait pas ('organisation inlérieure. Faut-il dire que dans ces asso ciations, la charité n'est pas toujours le but uniquesouvent, ce n'est mème qu'une enseigne et la charité, au lieu d'agir avecl'humilité et la discrétion qui la caractérise, s'élale avec orgueil et vante outre mesure le peu de bien qu'elle fait. Tout y est pour l'ostenlaiion. Les administrateurs, toujours dans la rue, vont eux-inêmes 5 domicile dislribuer leurs au- mönes. Le pauvre refoil un pain et un sermon il est sou- mis h toule sorle d'hypocrisie pour oblenir quelque chose de plus. Est-ce 15 le modèle que nous devons suivre Les visi tes 5 domicile chez nous ne sont pas la régie ce ne sont que l'exception. Kous allons 5 domicile pour faire la conaaissance de ('indigent, puis nous n'y allons plus. Nous respectons 1'homme que la nécessité oblige 5 nous lendre la main. Nous voulons bien le secourir mais jamais I'asservir. Pauvre liomme en sa demeure est roi et jaloux desa royaulé même quand elle eSt bien triste il voit d'un raauvais ceil l'importun, qui y pénètre, sans qu'il l'appelle. Ouanl éi ces libérales et généreuses aspirations, impuissan- tes,d'après le rapport,paree qu'ellessont isolées; c'est 5 elles- mêmes qu'elles doivent s'en prendre de leur isolément. La charité privée proprement dite, n'a jamais fait en vain, ap pel 5 notre concours. Bien souvent, nous avons été ses inter- médiaires. Toujours nous avons secondé ses efforts. Le second rnoyen proposé par le rapport, Messieurs, con siste dans la créaiion de comités de charité. La loi les auto- rise et même enjoint aux Bourguemeslres et Echevins de veil- ler, 5 ce qu'il soit élabli, dans les communes d'une population exeédant deux mille habitants, par les soins du bureau de bienfaisance, des comités de charité pour distribuer les se cours 5 domicile. Cette disposition n'a requ d'exécution que dans les grandes villes. La raisori en est facile éi eomprendre ce n'est que dans les grands centres de population, que l'on a éprouvé la nécessité de ces institutions. Chez nous, bien que la besogne soit grande, elle n'a jamais dépassé les forces et le dévouement des nombreuses personnes qui ont successive- menl exercé les fonctions d'administrateur de la bienfaisance. Jamais, notre bureau n'a réclamé la formation de ces comi tés. Ni l'arrêté royal du 27 février 1818. ni l'art. 92 de la loi communale, n'ont pu décider la succession des maitres des pauvres, depuis bienlót cinquanle ans, él accepter l'aide, que ces dispositions légales les engageaient 5 prendre. Cette longue expérience des personnes les plus intéressées et les plus compélenles, prouve bien l'inutilité de cette institution. Or quoi de plus mauvais, que de compliquer une administration de rouages inutiles? En fait, conjoit-on que l'on charge trente personnes, de faire un travail, pour lequel cinq suffisent. D'abord, oü trouverait-on, dans une ville comme la nólre, trente personnes d une position assez indépendante pour ga- rantir leur sincérité.et leur impartialité, qui voudraient se charger gratuitement d'une mission pareille. Et puis, que de diversilés, que d'opinions, que de syslêmes I L'un, imbu d'idées religieuses ne donne assistance qu'aux personnes qui pratiquent tous les exercices du cultel'aulre ne consulte pas seulement les souffranees actuelles et refuse ses secours éi tons ceux, qui ont quelque tache dans leur passé. Un troisième exige que les enfants soient instruils; un autre les laisse croupir dans l'igrioranee. Et quel surcroit d'écritures, pour faire correspondre ces divers comités entre eux et avec le bureau central. De nouveaux emglois sont nécessaires, le per sonnel salarié doit être augmenté et par suite les frais géné- raux. En somme, la rivalité parmi les administrateurs, la ja lousie parmi les administrés, ni unité, ni économie, ni dans l adminffration, ni dans les dépenses, ni dans les secours. L'honorable rapporteur critique encore les distributions générales 5 jour fixe. II ne faui pas, dit-il, que les secours ressemblent él une rente. Sera ce moins une rente, paree que, au lieu d'ètre distribuéau local de l'administration,le secours sera porté domicile? les mains seront-elles moins lendues; es ressources serout-elles moins englouties comme dans un gouffre? Dans l'exercice de la charité, ce dont il faut avant tout se défier, c'est de I'entêtement des syslêmes,des Ihéories creuses et des notes sonores. La gestion de la charité est une chose pratique, ce sont les fails qu'il faut consulter. Nos dis tributions d'argent n'ont lieu que pendant l'hiver. Quand il gèle. qu'il neige, qu'il pleut toujours, le travail chóme; les masons, les peintres, les charpentiers, les terrassiers, lous les ouvriers sont saus ouvrage; partant pas de salaire, pas d'argent qui'rentre dans la maison. Cependant le loyer doit être payé en argent, et le terme revient tous les quinze jours. Voilé pourquoi nous avons pendant l'hiver, tous les quinze jours, une distribution d'argent. Nous donnons encore des secours en argent en cas de rnaladie, quand le mari ou la femme est l'hópilal et en cas de couches alors les besoins sont nombreux et divers, el il est impossible que nous.ayions en magasin, tout ce qu'il faut un ménage dans ces eircon- stances. En dehors de eela, nous distribuons du pain, des li- teries; nous payons le mé'decin, la sage-femme, les remèdes. Ce n'est qü'exceptionnellement que nous distribuons de l'ar- gent. Les distributions générales sont nécessaires, paree qu'elles produisent J'égalité parmi les administrés. La réparlition se faisant sur une base fixe, le nombre d'enfants agés de moins de quinze ans. exclue tout arbitraire. La malproprelé, la né- gligence, le défaut d'ordre créent des besoins factices, aux- quels se laissent entrainer les administrateurs allant domi cile. Un ménage propre bien tenu. des enfants propres et soignés cachent souvent plus de misères, que n'en étalent l'incurie et le désordre. Ces erreurs, produites paree que les administrateurs se laissent appitoyer par des apparences vi- cieuses, ne peuvenl pas se présenter dans les distributions générales. Et pourlant, cela n'empêche pas les administra teurs, toujours en contact avec lés pauvres, de connaitre les ménages d'ordre et de propreté, et de les encourager par des prix annuels et d'autres faveurs. Les distributions générales ont encore un autre avantage, c'est de faire connaitre ceux qui partieipent des secours de la bienfaisance. 11 y a dans Ia classe ouvrière, une certaine honte être inscril sur nos listes. Cet amour-propre de l'ouvrier, qui veut se suffire par lui-méme, est un bon sentiment, qu'il faut slimuler. II faut que la femme de cet ouvrier, se console de certaines priva tions par la pensêe, qu'elle ne doit pas encore, comme sa voi- sine qu'elle a vue passer chargée de pains, recourir Ia charité publique. Cette vue l'encourage dans ses efforts, et la soutient dans Ia Iutte. La même commission, examinant ensuite notre budjet de 1866, y propose les modifications suivantes 1" Qu'au 4, section 2 chapitre II, le crédit pour distribution de soupe aux enfants de I'école gardienne, sera de 600 fr. au lieu de 400 fr.; 2» Que les frais des distributions de pains faites aux pauvres, l'occasion de la mort de Sa Majesté Léopold I", et de l'avênement au Iröne de Sa Majesté Léopold II, seront supportés pour le tout par Ie bureau de bienfaisance. Le subside de 7,500 fr., sur lequel on se fonde pour nous faire supporter ces nouvelles dépenses, nous a été accordé pour suffire aux besoins normaux de notre administration. II dérive de l'obligalion, imposée par la loi aux Conseils com- munaux, de combler les déficits des bureaux de bienfaisance. Aussi variait-il d'année en année, souvent il dépassait dix mille francs, et s'est même élevé jusqu'él 15,872 fr. Plus tard quand. par suite d'une bonne administration, et par la libé- ralité de personnes généreuses, les recettes ont augmenté, au point qu'elles ont pu couvrir loules les dépenses alors, par une convention verbale entre nous et l'aulorité communale, le subside a été porté 5 une somme fixe, pour faciliter le ser vice financier de la ville, et afin de mettre le bureau de bien faisance 5 même de former un fonds de réserve, qui lui per- melte de traverser les époques calamiteuses sans devoir recourir a la caisse communale. Mais le subside n'a pas changé de nature; il resle toujours affecté aux dépenses ordinaires, 5 toutes ceiles qui dérivent directement de la nature de nos attributions. Le crédit de 6'0 fr. pour I'école gardienne a-t-il ce carac tère? Certes, c'est 15 une admirable institution el nous ap- plaudissons de tout coeur aux paroles éloquentes et généreuses que l'intérêl des enfants pauvres inspire l'honorable rap porteur de la commission des finances. Mais il semble qu'il est contraire aux régies d'une bonne administration, de pui- ser dans l'une caisse pour soulenir l'autre. II y a 15 une con fusion de plusieurs institutions qui est contraire 5 l'autonimie et 5 l'indépendance que nous tenons de la loi. Chacun doit pouvoir vivre de sa propre vie. Si les ressources de I'école gardienne ne sont pas suffisanles pour qu'elle réponde com- plèlement a sa destination, ce n'est pas 5 nous y pourvoir. Peut-on nous imposer la responsabilité d'une dépense, que nous n'avons pas le droit de controler? Peut-il y avoir 5 notre budjet un crédit, dont nous ne pouvons juslifier l'em- ploi Cette dépense a lieu dans l'intérêt de la classe pauvre. Mais dansun pays démocratique comme le nötre. tout se fait dans l'intérêt de la classe pauvre. N'est-ce pas spécialemenl dans cel intérêt que se font les travaux que commande l'liy- giène? Et pour mieux renlrer dans le sens de l'honorable rapporteur, quand la ville s'occupera de l'enseignement des fiiles, quand elle relèvera quelque peu ces pauvres enfants de ce earreau 5 dentelles, qui mine leur santé, épuise leurs forces, engendre toute espèce d'infirmités, quand par l'in- struction de la femme, elle répandra l'ordre, I'économie et par suite le bien-êlre dans les ménages pauvres, Jevrons-nous intervenir Sommes-nous intervenus, quand on a créé I'école communale, qui nous a fait tant de bien? Non, paree que instituéspar la loi, nos attributions sont délerminées créés pour distribuer les secours 5 domicile, nous ne pouvons pas être chargés de l'éducation des enfants. Messieurs, lorsqu'il s'est agi d'inscrire notre budjet un crédit de 200 fr. pour combler le déficit du Mont-de-Piélé, nous avons fait valoir des considérations analogues a celles que nous venons de présenter. Cependant nous avons con- senti ce subside paree qu'il ne devait être que momentané el pour ne pas entraver les vues du Conseil communal aujour d'hui que l'on semble vouloir argumenter de ce fait, el en faire une règle générale, nous ne pouvons plus avoir cette complaisance; nous devrons nous refuser maintenir dans nos futurs budjets le crédit proposé par la commission des finances. Nous persistons également 5 demander au Conseil commu nal, de supporter la moilié des dépenses faites pour les distri butions, qui ont eu lieu a l'occasion de la mort de S. M. Léo pold I" et de l'avènemenl au trönede S. M.-Léopold II. Ces distributions n'ont pas été faites pour répondre 5 un besoin, mais pour faire parliciper les indigents 5 une manifestation patriotique. Elles ont eu lieu sur l'invitation expresse du Col lége et sur l'assurance par lui donnée, que la ville contribue- rait pour moitié dans les frais. Nous vous rappelons cette promesse, Messieurs, en toute confiance, sachant que les in tentions patriotiques du Collége trouveront de l'écho au sein du Conseil communal. Messieurs, nous pensons avoir répondu 5 toutes les critiques qui ont été faites sur le mode et l'esprit de notre administra tion. Dans cette réfutation, nous avons exposé les principes que nous croyons devoir faire prévaloir. Nous ne pouvons admettre les idéés préconisées par l'honorable rapporteur de la commission des finances; et nous prions Ie Conseil com munal de croire que la charité publique ne résisle pas 5 l'es prit de progrès. Agréez, Messieurs, l'assurance de notre haute considéra- tion. Fait 5 Ypres, en séance du 18 Juin 1866. Les administrateurs du Bureau de bienfaisance (Signé:) Ern. Merghelynck, C. Bkcuwe. Eu. Van den Boogaerde, Adguste Maieur, Pour expedition conforme L'administration du Bureau de,bienfaisance d'Ypres Ern. mergiielynck. Auguste MAIEUR. C. BECUWE. Ed. VAN DEN BOOGAERDE. L. TACK. RE LEV de la liste des Pauvres et du subside communal depuis1840. BUDJET LISTE SUBSIDE COMMUNAL. DE L'ANNÉE. DES PaUVUES. 1840 3,986 7,631 07 1841 4,092 6,300 04 1842 4,108 7,753 96 1843 4,112 15,872 82 1844 4,118 7.000 00 1845 4,101 6,517 20 1846 4,167 4,323 10,000 00 1847 7,000 00 1848 4,381 11,549 00 1849 4,395 9,054 33 1850 4,469 15,445 84 1851 4,198 12,577 12 1852 4,097 7,500 00 1858 3,918 7,500 00 1854 3,492 11,784 1 4,058 31 1855 3,585 80 1856 3,726 9,000 00 1857 3,742 10,029 36 1858 3,421 8,000 00 1859 3,273 8,000 00 1860 3,044 7,500 00 1861 3,107 7,500 00 1862 3,109 7,500 00 1863 3,225 7,500 00 1864 3,303 7,500 00 1865 3,214 7,500 00 1866 3/231 7,500 00 Voyons maintenant en quoi ce méraoire diffère es- sentiellement de l'analyse que nous en avons donnée el s'il est vrai que nous l'ayons dénaturé. Nous avons ecrit ia letlre du Bureau de bienfai sance prend soin de constater tout d'abord et avec une visible satisfaction qu'un de ses membres a ré pondu, séance tenante, au rapport, En effet, dès la lle ligne, nous y lisons «Celui d'entre nous, Messieurs, qui a l'honneur de siéger au Conseil communal, a répondu immédiatement aux critiques, qui s'adressaient directement aux adminis trateurs. II a prouvé, etc., etc., etc. Suit une longue énumération de loules ces preuves, occupant 17 lignes. Pour ne pas voir dans ces phrases, dans ces ex pressions, une visible satisfaction tout au moins du devoir accompli, car il nous répugnerait d'y trouver les Iraces d'un sot amour-propre, il faut être bien aveugle ou bien prévenu. Plus loin nous trouvons dans notre compte-rendu le Bureau de bienfaisance maintient l'utilitédes dis tributions publiques qui ont pour effet, dit-il, d'en- courager la fierté des ouvriers qui n'y out pas re- cours Comme corollaire de cette détermination, le Bureau de bienfaisance repousse les, visites a domicile paree que les visiteurs se laissent souvent apitoyer, ce quin'arrive pas dans les distributions générales.

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1866 | | pagina 2