JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPRES, Bimanche
Quatrième année. N0 38.
23 Septembre 1866.
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POUR LA BELGIQUE
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Ypres, JJ Septembre isss.
L'Opinion a eu grand tort assurément si, en
conviant les frères el amis une discussion sé-
rieuse, el le a espéré en tirer autre chose que des
injures et des plaisanteries d'estaminet. Aussi,
hètons nous de le dire, telle ne fut jamais notre
espérance. Les habitudes du Progrès et le tempé
rament de ceux qui I'inspirent nous sont connus
depuis si longtemps que nous savions d'avance, a
une dizaine de fautes d'ortographe prés, la réponse
qu'il allait nous faire.
Si nous continuons cette polémique, malgré le
dégout qu'elle nous inspire, c'est qu'è notre avis,
il en doit sortir un enseignement favorable a l'édu-
cation politique de notre arrondissement. Grèce
une certaine habileté matoise et a de puissantes
relations de familie, les frères el amis ont exercé
chez nous, pendant de loagues années, un ascen
dant considérable. Maitres de toutes les avenues
du pouvoir, en possession de tous les emplois qui
donnent l'influence électorale, ils s'imposaient a
l'opinion publique comme une sorte d'autorité in-
discutable et souveraine dont les arrêts et les ca
prices échappaient a tout contróle. On les croyait
sur parole et tel était le prestige dont l'universelle
crédulité les entourait, que quiconque résistait
leur empire se trouvait par lè même couvaincu de
trahison aux principes du libéralisme.
Ce prestige a singulièrement diminué depuis
ces dernières années, mais il en reste encore quel-
ques traces et c'est l'anéantir tout a fait, en
efFacer jusqu'aux derniers vestiges que Opinion a
consacré tous ses efforts, depuis le jour de sa fon«
dation. Quoi de plus favorable au but qu'elle
poursuit que Ia pitoyable polémique du Progrès?
Les Spartiates dégoütaient leurs enfants de l'in-
tempérance en leur montrant des esclaves ivres.
N'est-il pas espérer que nous dégoüterons les
vrais libéraux du faux libéralisme du Progrès en
leur montrant les frères el amis réduits, pour nous
échapper, a chercher des arguments dans le voca
bulaire des cochers de fiacre Nous poursuivons
done cette édifiante polémique, et sans nous pré-
occuper autrement des grossièretés de plume que
Ie sentiment de son impuissance arrache notre
contradicteur, nousallonsjustifier, point par point,
les griefs que nous avons mis, dans un précédent
article, a charge de ses aimables clients, les frères
et amis.
De ces griefs, celui qui lui t ent le plus a cceur,
c'est d'avoir pactisé longtemps avec le parti clé-
rical dans lesélections législatives. Aussi ne trouve-
t-il pas d epithète assez flétrissante pour nous en
accabler. C'est la, dit-il, une infamie inquali-
n fiable que I'Opinion débite avec prémédilalion;
mais il ne suffl pasajoute-t-il, de publier des
accusations infdmesil faut les prouver. Or, oü
sont les preuves de I'Opinion Des bavardages,
mais des fails précis tendant d donner au moins
quelqu'apparence de réalité cl cette alliance que
les brouillons auraient rompue, on n'en trouve
trace
On n'en trouve trace? Ceci. par exemple, est
par trop fort Quoi, depuis 1850 jusque 1863,
c'est-a-dire pendant un espace de treize années,
nous avons eudans l'arrondissement d'Ypres,
quatre elections pour les Chambres; lors de cha-
cune de ces quatre élections, 1'Association libérale
oü les frères et amis trónent en maftres, a refusé
de former une liste compléte de candidats et d'en-
trer en lutte avec le parti cléricalmontrant ainsi
que, pour e\le, le salut de la candidature de
M. Vandenpeereboom allait avant l'honneur et la
dignité du libéralisme lui-mème; pendant treize
ans, elle a acheté, a ce prix honteux, i'inaction
ou, pour mieux dire, la complaisance de ceux qui
sont nos implacables adversaireset c'est quand
toules ces choses se sont passées publiquement, au
vu et au su de l'arrondissement tout entier, que le
Progrès ose soutenir qu'il n'existe pas de trace de
l'entente que nous avons reproché a ses patrons?
En vérité, l'audace d'une pareille dénégation dé-
passe toutes les bornes
Bavardage que tout cela, répondra peut-être
le Progrès. Soit mais récusera t-il le témoi-
gnage de MM. Auguste Brunfaut et Valcke, écri-
vant a la Palrie de Bruges, que loin d'avoir tra-
vaillé contre la candidature de M. Malou, ainsi
que ce journal les en accusait, ils avaieut, au con
traire, voté pour lui, d la solicitation expresse de
M. Alphonse Vanderpeereboom Récusera-t-il le
témoignagede M. Vandenpeereboom lui-mème
Pourquoi pas? II le faudra bien, car ['honorable
représentant s'est expliqué, sur l'entente des libé-
reaux et des cléricaux a Ypres, dans des termes tel-
lement clairs, qu'a moins d'être tenu, lui aussi,
pour un bavard sans importance, notre infdme
accusation va recevoir de sa propre bouche, une
confirmation éclatante.
C'étaït en 1859. On discutait a la Chambre la
validité des élections de Louvain. M. Dechamps
pronon^a cette occasion, un discours contenant
une allusion aux élections d'Ypres, oü régnatt,
dit-il, depuis longtemps une entente entre les
candidats des opinions. Le représentant ayant in-
sinué qu'au deruier moment, les libéraux yprois
avaient failli a leurs engagements, M. Alphonse
Vandenpeereboom se leva pour lui répoudre
Voici, messieurs, dit-il, ce qui s'est passe a
Ypres. L'honorable monsieur Malou, que, comme
parent et ami, je regrette de ne plus voir siéger
parmi nous, était d'opinion qu'il serait bun qu'il u'y
eut pas de lutte electorale dans l'arrondissement
d'Ypresj'étais complélement de son avis, qui était
partagé du reste a Ypres par un grand nombre de
personnes appurtenant aux deux partis. L'interêt 'de
('arrondissement et de la ville et non, veuillez le
croire, notre interêl personnel, était notre seul mo-
bile. Le parti conservateur ne m'opposa pas formel-
lement de candidat. De son cóté. VAssociation libérale
d d' Ypres n'opposa point de candidats a Messieurs Ma
tt lou el Van Renynghe. Les chefs de parlis pouvaienl-
d ils faire plus pour éviter une lutte? Mais, s'ily avait
eu une convention tacite sur ce point, si cette con
ti vention a été violée, quel est le coupable? est-ce Ie
parti libéralou était-ce son candidat? Ge candi-
d dat était-ce M. de Florisone, qui, au premier tour
de scrutin, obtint quelques suffrages? Non.
a Ne doit on pas reconnailre au contraire, que le
parti conservateur a manqué a ses engagements,
t> puisque, en dehors de la liste des députés sortants,
il a porté son candidat qui avait réuni un grand
nombre de suffrages et qui déja avait obtenu des
voix aux élections antérieures. II me reste a déda
in rer que Monsieur Malou a été complétement étran-
i) ger a ces manoeuvres, comme j'ai été étranger, moi,
ii au résultat de l'élection, résultat que je n'avais pu
prévoir et que je u'ai pu empêcher.
Cette alliance que nie le Progrès, Ia voilé done
parfaitement établie De part et d'autre, on con-
venait de ne pas s'opposer de candidats, il y avait
engagement, convention formelle sur ce point et
M. Vandenpeereboom l'entendait de telle fagon
qu'il se croyait loyalement obligé de sollïciter des
voix pour M. Malou. Nous n'avons pas prétendu
autre chose dans l'article qui nous a valu taut d'in-
jures de la part des frères el amis. Ah, Ie bon
temps aisions-nous les élections se fesaient
en familie, sans bruit, sans discussion. On se
réunissait, un soir, entre amis. Moi, disait I'un,
je demande qu'on me donne M. Yandenpeere-
boom moi, disait I'aulre, il me faut M. Van
Renynghe. On se passait la casse et Ie sené, et
l'affaire était faite. Que les gens impartiaux
jugent si ces quelques lignes ne sont pas la tra
duction fidéle, en langage extra parlementaire, du
discours de M. Vandenpeereboom, dans la séance
du 16 juillet 1859 la Chambre des représen-
tants.
Mais, en vérité, c'est trop insister le public
n'avait nul besoin qu'on lui rappelèt tous ces sou
venirs pour le convaincre de I'existence d'un pacte
qu'il connait aussi bien que nous-mèmes et, quant
au Progrès, uous perdons bien notre temps si nous
espérons en arracher 1'aveu a sa bonne foi.
Les frères et amis nous avaient traités d'acro
bates. Nous avons pris la peine de rappeler qu'eux-
mèmes, depuis une dizaine d'années qu'ils oecu-
pent le pouvoir, n'ont pas fait autre chose que de
tromper l'opinion publique au moyen de promesses
fallacieuses et d'alléchantes professions de foi qui,
toutes, attendent leur réalisatiou semblables en
ceci aux pitres de la foire qui annoncent monts et
merveilies et se moquent de leur audiloire aussitót
que la recette est faite. Que uous répond le Pro
grès? Qu'il a combattu la loi de 1842 et défendu
Ie vote par ordre ulphabétique. Eh, saus doute,
mais quand? A l'époque oü ceux qui nous gou-