JL La Ligue de FEnseignement ne peat qu'applaudir a ces mesures libérales, qui sontla réalisatioa des vceux exprimés, plas d'une fois, dans ses assemblées et dans ses publications. Les articles 17 et 18 du susdit arrêté font appel au concours des personnes dévouées a la cause de l'in- struction et permettent d'accepter le patronage de so- ciétés privées, en vue de soulager les communes des charges qu'elles auront a s'imposer pour l'entretien de ces écoles. II est du devoir des cercles locaux de la Ligue de répondre immédiatement a eet appel et d'offrir leur aide l'administration de la localité dans laquelle ils sont établis. Le Conseil général invite, en consequence, les co mités des cercles locaux a porter eet objet a l'ordre du jour de leur plus prochaine séance. Dans toutes les localités qui ne comptent pas en core de ces cercles, le Conseil général engage les mem bres de la Ligue a se constituer en cercle local le plus tót possible, afin d'exciter les administrations commu- nales a prendre toutes les mesures propres a amener une prompte réalisation des louables intentions du gouvernement. En cette circonstance le chemiu est tout tracé, il faut moins de paroles que d'actes e'est done a I'acti- vité et l'énergie de tous ses membres que le Conseil général adresse un pressant appel. Recevez, Monsieur, l'assurance de notre parfaile considération. POUR LE CONSEIL GÉNÉRAL Les SecrétairesLe Président, Ch. BULS et R. DEDEYN. Jules TARLIER. Jusqu'ici avaient existé, principalement dans les petites villes, on ne saitquelles préventions contre la Ligue; on l'accusait d'hostilité au gouvernement; plu- sieurs craignaieut de s'en faire membres, d'autres s'excusaient presque de leur collaboration comme d'un crime. Bref, aux yeux de la foule, qu'un mot exploité par quelques faiseurs fait trembler, c'était un ramassis de radicaux Rien de plus simple et de plus naturel cependant que le bul poursuivi par cette association la propa gation et le perfectionnement de l'éducatiou et de ('in struction en Belgique. Sur ce terrain, a moins d'être l'ennemi déclaré de l'instruciion, toutes les opinions peuvent se rencon- trer. On se rappeile que M. Annoot, dans son rapport sur les Bibliolhèques populaires, réclamait déja ['in stitution d'une école d'adultes a cóté de chaque école primaire et M. Descamps, dans son rapport sur ('or ganisation des conférences populaires, proposait d'ou- vrir, partout oü le besoin s'en serait manifesté, des cours populaires a deux degrésenfin, M. Annoot de- mandait, de son cóté, l'adjonctiou d'une Bibliothèque populaire a chaque école primaire. L'arrété du 1er septembre satisfait a toutes ces de- mandes II invite les conseils comnmnaux a établir des écoles spéciales pour les adulteset convie les associa tions, les personnes influentes a seconder les efforts de l'administration, soit pour engager les adultes a fréquenter les écoles, soit pour remplir les fonctions de membres d'un jury chargé de juger les concours annuels entre les écoles d'adultes, soit enfin pour don- ner des lectures publiques d'après les livres de la Bibliothèque populaire, Nous félicitons M. le ministre de l'intérieur de cette nouvelle sanction accordée aux principes défendus par la Ligue et nous espéroos que sa conduite en cette circonstance aura pour effet de lever toutes les hési- tations, de déraciner tous les préjugés. Le moment nous semble venu de créer un comité local a Ypres. Cette institution pourrait rendre les plus grands services en secondant les efforts de l'ad ministration communale. Plusieurs localités, moins importantes que la nótre, ont déja donné l'exemple. Suivons-le. Nous ne manquons pas d'éléments, il ne s'agit que de vouloir et nous adressons ici un appel chaleureux au concours de tous ceux qui prennent a cceur les progrês de l'éducation populaire. Parian t de l'arrété royal du 1" septembre, il nous reste une réserve a faire. Le gouvernement se propose de dresser, avec le concours de la commission centrale de l'instruction primaire, un catalogue de livres propres a figurer dans les Bibliothèques populaires. Lorsque nous par- courons le catalogue de livres dressé par cette com mission pour être distribués en prix et que nous voyons l'esprit mesquin et intolérant qui règne dans ses délibérations livrées a l'influence des délégués épiscopaux, qui n'y ont pourtant que voix consulta tive, d'après la loi, il nous est impossible d'attendre de ce concours une oeuvre grande et sérieuse. C'est un écueil que la presse a déja signalé a M. le ministre de l'intérieur et contre lequel il ne saurait trop se prémunir. Une médaille, s. v. p. Surrexit, alleluia. Louons Dieu, M. le bourgmestre de Warnêton a échappé au choléra et il est retourné au milieu de la ville dont il dirige les destinées. Depuis le milieu du mois de mai, l'honorable ma gistral,grêce a des motifs qu'il n'est pas permis a nous, simples mortels, de sonder, n'assemblait plus le Con seil communal et ne paraissait pas plus a l'Hótel-de- Ville qu'il n'assistait aux séances que l'on y provo- quait. Cette absence, cette abstention compléte d'un demi-dieu de l'Olympe administratif de notre arron dissement, intriguait le public a la tête duquel M.Ric- quier était placé pour remplir avec zèle tous les de voirs incombant a un premier magistral et faisait naitre chez ses administrés une inquiétude telle que M. le bourgmestre en a dü être tout flatté, c'est pos sible. Jeudi 20 c', dans la matinée, le Conseil commu nal de Warnêton s'est assemblé. Ses membres ne s'at- tendaient pas, tellement l'habitude est une seconde nature! voir le fauteuil présidentiel plusoccupé qu'il l'était depuis quatre mois. MaisM. le bourgmestre leur ménageait une surprise a neuf heures précises, revêtu d'un air grave et solennel, le magistral de Warnêton gravitavec majesté les escaliers de l'Hótel- de-Ville et fut introduit par un héraut d'armes (le garde-champêtre 1) au milieu des conseillers n'en pou- vant croire leurs yeux. V'la l'bourgmeste I dit un d'eux. Tableau 11 L'bourgmeste regarde a sa montre, et, rougissant tout comme une jeune fille, non pour le mêrae motif, dit qu'il est pressé, qu'il est nécessaire d'aller vite en besogne et occupe le fauteuil. On entame aussitót les affaires a l'ordre du jour et l'on passe ensuite a celles qui ne le sont pas, aux di- verses motions. Parmi celles-ci il en est une sur certain fumier qui semble particulièrement gêner M. le commissaire d'arrondissemeut puisqu'il en ordonne l'enlèvement, que M. Ricquier prétend faire opérer, non paree qu'il soit nécessaire, mais bien pour ne pas désobéir aux ordres de son chef administratif. Une curieuse corres pondence s'attaehe 5 eet objetnous en trai terons une autre fois. Une seconde motion a trait a ('épidémie régnante et aux récompenses a décerner a ceux qui se sont distingués duranl le fléau. C'est ici que se concentre tout l'intérêt de la séance. Un conseiller, admirateur des grandes qualités de M. Ricquier, propose, en présence de ce magistrat, de lui décerner une médaille en témoignage de tout ce qu'il a fait dans l'intérêt public. Nous fermerons, dit-il, les yeux sur le départ et l'absence du bourg mestre pendant le choléra. C'est la une petite affaire qui ne mérite pas notre attention. l.e bourgmestre. Vous vous moquez de moi, monsieur, avec votre médaille. Le conseiller. Pas de modestie, M. le bourg mestre les grands bienfaits dont la commune est redevable vos travaux, a votre zèle, vous attirent cette récompense en attendant qu'on vous élève une., statue sur la Grand'Place. Le bourgmestre Non, non, messieurs, il ne me faut pas de médaille. Cela dit, il se léve et part. Le conseiller continue Acceptez la médaille, s'il vous plait, M. le bourgmestre. Celui-ci s'en va toujours en répétant Non, messieurs, non. Et tout le monde, conseillers et public, de rire. M. le bourgmestre de Warnêton sera plus heureux que le bourgmestre de Cuesmes il restera bourg mestre et sera médaillé pour s'être distinguè en quiüant son endroit pendant l'invasion du cho léra. ACTES OFFICIELS. Athénées royaux. Par arrêté royal du 19 sep tembre, est nomtaé A l'Athénée royal de Tournai: Professeur de sixième latine, le sieur Wyers (J.-L.-A.), docteur en philo sophic et lettres, actuellement titulaire de la même chaire a l'Athénée royal d'Arlon. Par arrêté royal du 21 septembre, la décoration de seconde classe, instituée par l'arrété royal du 7 no- vembre 1857, est accordée aux travailleurs indus tries mentionnés ci-après De Thoor, 45 ans, marié, constructeur-mécanicien, a Ypres. Derille, 36 ans, marié, contre-maitre dirigeant une fonderie de fer, a Ypres. Fache, 59 ans, marié, ouvrier distillateur, a Ypres. mélanges. Pour ceux qui aiment les rapprochements, en voici deux qui ne sont pas des moins intéressants Lorsqu'en 1820 parurent les Meditations poétiques de Lamartine, Victor Hugo éprivit ces lignes qu'il pu- blia plus tard dans son livre Liltérature et Philoso phic mélées Courage, jeune hommel vous êtes de ceux que Platon voulait combler d'honneurs et ban- is nir de sa république. Vous devez vous attendre aussi a vous voir bannir de notre terre d'anarchie et d'ignorance, et il manquera a votre exil le triomphe que Platon accordait du moins au Poëte, les palmes, les fanfares et la couronne de fleurs. Ces lignes font tristement rêver. Lorsqu'en 1851 le merveilleux poëte des Orientates, des Feuilles d'au- tomne et des Contemplations prenait la route de son long, et peut-être éternel exil, se serait-il souvenu de cette prophétie figurèe adressée a son illustre émule? Et aujourd'hui que cette prophétie s'est réalisée, Lamartine se la rappellerait-il dans le triste isolement oü l'ont conduit son désintéressement de poëte, sa di- gnité de citoyen et ('ingratitude de ses contemporains Hugo a GuerneseyLamartine plus exilé encore au milieu de sa patrie le génie et la poësie proscrits; douloureux spectacles, et qui donnent bien a réflé- chir I Dans le même livre Littéralure et Philosophic mélées, on lit encore Campistron, comme La- o grange-Chancel, avait montré de bonne heure des dispositions pour la poësie, et cependant ils ne se sont jamais élevés tous les deux au-dessus du mé- diocre. II est rare, en effet, que des talents si pré- coces parviennent jamais a la maturité du génie. C'est une vérilé dont nous pouvons tous les jours nous convaincre davantage. L'auteur. qui avait écrit Puy-Jargal l'agê de seize ans, devait prouver une fois de plus qu'il n'est pas de regie sans exceptions. Le bonheur en ce monde est un idéal que nous sommes condamnés a poursuivre toujours, mais que l'antagonisme infranchissable de la nature et de l'es prit tient hors de notre portee. Proudhon. Otez a l'homme ce besoin qui sollicite sa pensée et la faconne a la vie contemplative, et le contre-maitre de la création n'est plus que le premier des quadru- pèdes. Id. 11 y a dans la douleur des cótés intimes et obscurs oü les plus fiers courages fléchissent. L'orateur de Rome tendit sa tête sans palir au couteau du centu rion Lenas, mais il pleura en songeant a sa maison dèmolie par Clodius. V. Hugo. On n'a jamais plus de patrie dans le coeur que lors- qu'on est saisi par l'exil. Id. L'homme droit, franc et loyal peut être victimeil ne sera jamais dupe. Celui qui a du cceur a de l'es prit, et, alors même qu'il n'en fait rien paraitre, il voit distinctement les obscures intrigues des égoïstes et des méchants toujours maladroits. Vanvenargues. EA1TS D1VEKS. Lasemaine passée a eu lieu la distribution des prix aux élèves des Ecoles gardiennes. L'incendie dont la vive lueur avait été aper§ue ces jours-ci a Ypres, s'était déclaré sur les hauteurs de Wervicq (France). Quoiqu'il n'y ait eu jusqu'a présent dans notre ville que quelques cas de choléra, rares et isolés, M. le bourgmestre a néanmoins décidé, sur l'avis unanime

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1866 | | pagina 3