En politique, c'esl l'union intime, I'entente parfaite,
dans un but déterminé a I'avance, de plusieurs par
tis ou fractions de partis qui étaient auparavaut sé-
pares. De la découlent commeconséquences naturelles
et nécessaires, en matière electorale, les réunions de
plusieurs individus appartenant a des opinions con-
traires, une entente sur les mêmes candidats, un
concert de mesures, de moyens et d'efforts propres a
arriver au but commun le triomphe de ces candi
dats. C'est ce qui se passait autrefois entre le clerical,
M. Jules Malou, et le liberal. M. Alphouse Yanden Pee
reboom, se mettantd'accord, a l'insu de leur parti, sur
le choix des représentants de notre arrondissement,
dans le but commun d'assurer avant tout leur propre
élection C'est ce qui s'est vu plus récemment encore
quand un président de S. Vincent-de-Paul, chef du
parti clérical dans une de nos grandes communeset
M. le commissaire d'arrondissement, ce liberal a tous
crins qui jamais, on le sait, n'a mis ses talents au ser
vice des gouvernements cléricaux, formèrent de leurs
vieilles mains ratatinées pour nous servir d'une
image suave employée par le Progrès le piédestal
électoral de M. Carpentier, a Messines.
Y a-l-il eu rien de semblable a Ypres? Ou est I'en
tente Ou sont les candidats communs aux deux par
tis
L'Opinion désigne quelques noms a ['attention du
corps électoral, sans faire aucuue proposition for-
melle. Ce sont des hommes dont Ie liberalisme n'est
pas suspect et Ie Progrès lui-méme se plait a re-
connailre, dans son n°du 25 octobre, qu'ils ont au-
tant ses sympathies que les candidats actuels.
Quelques jours après le Journal d'Ypres publie une
autre liste et, chose digne de remarque, pas un nom
recommandé par nous ne figure dans cette longue
énuméralion de candidats. Est-ce ainsi qu'on procédé
lorsqu'on se coalise
Bien plus, et pour que personne De se méprenne
sur le sens de ces omissions, l'organe catholique écrit
ces lignes que Ie Progrès \eul bien recominander a
nos méditalions
II peut se présenter, dit-il, une opposition moins
accessible a notre concours, celle qui s'abriterait, par
exemple, sous des noms suspects a nos veux et trop
compromis a l'endroit des intéréts catholiques que
nous voulons sauvegarder avant tous autres C'est
assez dire qu'il est sorti de l'urne de mardi des suf
frages que nous répudions pour nous et auxquels nous
ne nous associerons jamais.
Voila bien eDcore une preuve de coalition 1
Quoi 1 le Journal d' Ypres repousse comme suspects
et trop compromis a l'endroit des intéréts catholiques
les noms qui représentent le mieux les idéés de Opi
nion; il repudie les suffrages donnés a ces noms et
déclare qu'il ne s'y associera jamais, et vouspréten-
dez qu'il y a eu coalition 1
S'il est vrai, comme vous le dites, que cette décla-
ration s'adresse personnellement a celui que vous ap-
pelez l'un de nos rédacteurs, chose que nous igno-
rous, loin de nous en plaindre, nous neus en réjouis-
sons au contraire, car elle dèmontre, a l'évidence,que
les doctrines soutenues par YOpinion sont celles du
libéralisme, elle prouve que nos adversaires les plus
ardents nous'esliment assez pour nous croire incapa-
bles de sacrifier nos convictions a l'obtention de
places.
Nous sommes suspects aux cléricaux I
Tanl mieux. Bien des patrons du Progrès n'en sau-
raient dire autant.
Cette déclaralion fait en outre bonne justice de tous
les qualificatifs dont l'organe des doctrinaires nous a
maintes fois honorés, suppóts des jesuites, alliés des
sacristains, cléricaux déguisés et autres aménites dont
il est si prodigue.
Quel candidal a pu èlre l'objet d'une entente? De
l'aveu du Progrès lui-méme ce ne sont ni les rédac
teurs de YOpinionni ceux qu'il appelle les candidats
malgré eux ce ne peut étre da vantage M. Coinette,
dont le libéralisme n'est pas rèvoqué en doule, qui a
élé Ie candidal du Comité et serait resté celui de l'As-
sociation sans les intrigues que nous connaissons.
Cependant, quoiqu'il n'y ait eu ni entente sur des
noms, ni concert de mesures et de moyens propres a
assurer le succès, le grand nombre de voies éga-
rées sur une vinglaine de personnes qui n'étaient pas
en cause le prouve surabondamment, il n'y aura
pas moins coalition pour le Progrès qui trouve son in-
têrèt a exploiter ce thême.
Habile, comme ces empiriques qui possèdenl un
reuiède souverain a tous les maux, il s'est arrangé de
facon a avoir toujonrs raison et nous le verrons bien-
tdt se ghsser bravement par I'escaUer derobé. Une
definition qui sent son terroir lui ouvrira la porte.
Selon lui I'entente peut étre tacite et il y a coa
lition dés que deux opinions opposées s'enlendent
mëme tacitement (sic) pour voter en faveur des
mêmes personnes. Que rèpondre a pareilles absur-
dités? II était sans doute dans la destinée de la feuille
doctrinaire de doneer force accrues au plus simple
bon sens.
Une allégation, une menace qui sans doule a la pré-
tention de nous effrayor et ue provoque, hélas 1 qu'un
significatif haussement d'épaules, ne saurait pourtant
rester gans réponse. Nous aflirmons, écrivent nos
contradicteurs, que oela {I'entente tacite!) a eu lieu et
nous pourrions citer au besoin les jour, heure et lieu
oü les négociations ont eu lieu. Ceci s'imprimait le
8 novembre; mais le n° du 11 est resté muet.
Ehque ne parlez-vous done? Vous avez les mains
pleinesde révélations a écraser vos adversaires, que
ne les ouvrez-vous? A quoi attribuer votre silence?
A la générosile?
Fi doncl Nul n'en sera dupe.
A I'impuissance?
Cela se pourrait bien.
Allons, allons, expliquez-vous une bonne fois. Quel
jour, a quelle heure, en quel endroit ont eu lieu les
négociations? Quelles sont les personnes qui y assis-
taient? Expliquez-vous catcgoriquement, si vous ne
voulez pas voir coller sur votre front une épilhète
que vous avez souvent méritée et que seul le respect
de nous-mêmes nous empêche d'imprimer ici en
toutes lettres.
Les decorations.
Une pluie de décoralions s'est abattue sur notre
province; I'arrondissement d'Ypres n'a pas étéépar-
gné. La majorite des élus se compose de fonctionnaires
ou d'anciens fonctionnaires. Nous sommes loin d'y
trouver a redire. C'est leur zèle, leur dévouement a
la chose publique, I'intelligence dont ils ont fait preuve,
que le gouvernement a voulu récompenser; les ser
vices électoraux, l'esprit de camaraderie D'y sont pour
rien.
Nous regrettons cependant qu'un oubli, involon-
taire peut-être, nous force a signaler des lacunes. Le
public s'étonne de ne pas voir figurer parmi les dé-
corés quelques-uns des plus anciens bourgmestres de
I'arrondissement et il remarque malicieusenaent que
ce sont précisément ceux qui, dans les dernières elec
tions encore, ont donné des preuves manifestes de
l'indèpendance de leur caractère.
Cette coincidence, toute forluite sans doute, n'en
est pas moins fêcheuse.
On regretle aussi que nulle distinction ne soit ac-
cordee au corps médical. Aucun médecin dans I'ar
rondissement n'a-l-il done fait preuve de dévouement
pendant l'epidemie qui a sevi si cruellement ou bien
ce dévouement est-il si naturel qu'on ue songe même
pas a le recompenser?
Quand on prend dn ruban, on n'en saurait
trop prendre.
De toutes les decorations, aucune n'a plus vive-
ment surpris que celle de M. Ernest Merghe ynck.. Le
nouveau chevalier, dont la modeslie abhorre le ta-
page, en sera bien malheureux.
Qu'on se figure que nous n'a vons pas reg^i moins
de cinquante lettres, toutes s'enquérant du veritable
motif de cette distinction.
Est-ce comme ancien conseiller communal nous
demande-l-on est-ce comme conseiller provincial?
.Mais, ajoute-t-on aussitöt, le róle de ('honorable che
valier dans ces deux functions n'a pas brille d'un bien
vif éclat et lorsqu'il siégeait dans les conseils de la
commune, il était fréquemment en désaccord avec
ses collègues.
Seraii-ce peut-être comme ancien membre de la
Deputation permanente? Helasl ces bonüeurs tant
convoites ont vecu ce que vivent les roses, l'espace
d'un matin.
D'aucuns prétendent que c'est paree qu'il a un sien
cousin ministre que M. Merghelynck est décoré. Fi,
méchants brouillons, les croyez-vous done soumis aux
influences du népotisme ceux qui poussent le dé
vouement jusqu'a occuper les plus hautes fonctions?
Enfin, d'autressoutiennenl que M. Ernest Merghe
lynck est décoré en sa qualité de rédacteur en chef du
Monileur de l'Rötel-de-Vilfe et pour les progrès que
comme tel il a fait faire a la langue franeaise.
Oh! alors l'Académie sera satisfaite li!
Nous n'oserions pas,(quant a nous, nous prononcer
sur ces diverses appreciations. Mais comrue la .chose
est assez intéressante par elle-même pour étre éluci-
dée, nous offroris une récompense honnêle a qui trou-
vera, non pas une raison plausible, a l'impossible
nul n'est tenu, mais au moins un prélexte quelque
peu spécieux.
o A huil heures et demie s'est terminée cette ma
nifestation, qui est la plus douce et la plus flatteuse
récompense qu'on peul donner a uti borame qui,
comme administrateur et comme bomme politique,
a toujours étó I'esclave du devoir et fidéle a ses con
victions libérales.
Telle est la réclame que se fait a lui-méme le ré
dacteur en chefdu Progrès.
Les dieux métamorphosèrent Narcisse amoureux
de sou image. Que feronl-ils de M. Eriffest Merghe
lynck.
On raconte que M. E Ml'un des derniers
décores, a la réceplion de la bienheureuse nouvelle,
ayaut rencontré du regard un crucifix, s'écria dans
un mouvement de naive expansion Seigneur, ni
vous ni moi ne l'avions mérité
IS. a prose de M. Jourdain.
M. Augusle Beaucourt, c'est decidément ainsi
qu'il s'appellequi, comme Monsieur Jourdain, fait
de la prose sans le savoir, et des fautes d'ortho-
graphe aussi a choisi le Progrès pour confident de
ses pensées.
II nous étonrie que, dans sa nouvelle épitre ce mon
sieur ne cherche en aucune facon a justifier celle qu'il
nous a envoyée; il la laisse prudemment dans I'ombre,
il n'en parle pas plus que si elle n'existait pas. Ce dé-
saveu implicite démonire une fois de plus la singula-
rité de cette pièce écrite sous l'empire des crispations
nerveuses que donnent a oertaines gens la polèmique
et les luttes électorales.
Dans celle seconde missive, M. Beaucourt aborde la
question de l'Association libérale et de ('obligation
resultant selon lui des termes de l'art. 12 des sta-
tuts.
Précisément nous nous proposions de traiter ce
sujet dans notre procbain numéronous u'avons
done pas a y insister aujourd'hui.
Mais M. Beaucourt s'arroge le droit de nous donner
des lecons de moralitè I1 Voila qui va étonner tout
le monde.
Election communale de Lans;heinarck
du A3 novembre is«s.
Nous lisons dans le Progrès
Votants 258. M. Pielers, clérical, 153
M. Bousson, liberal, 101.
Ce resultat est du au défaut d'entente entre les
libéraux.
Nous prions le Progrès de nous expliquer le mys-
tère que cache cette dernière phrase.
Le Progrès de jeudi dernier renferme deux docu
ments dignes l'un et l'autre, mais a des titres bien
divers, de passer a la postérité. L'un est le discours
de la Couronne prononcé par le Roi a ('ouverture de
la session parlementaire, l'autre une amplification de
M. Auguste Beaucourt. Le premier est imprimé en
caractères microseopiques, pareils a ceux que l'on
emploie.pour les fails divers les plus insignifiants, le
second en impose par Ia majesté de ses empreintes.
Le Progrès ignore-t-iI done a ce point les convenances
ou bien est ce M. Auguste Beaucourt qui est a ses
yeux le Roi des Beiges?
Le Moniteur de l'Hótel-de-Ville fait une longue des
cription des lêtes de Gheluvelt. 11 nous apprend que
la musique des Pompiers y a pris part. Cette dé
marche insolite nous réjouit paree qu'eile nous prouve
la resolution prise en haul lieu de permettre a eet
excellent corps de musique de participer a toutes les
fétes, sans exception, qui seront données, non-seule-
ment en ville, mais même dans les diverses localilés
de I'arrondissement. Nous avons la conviction que
les musiciens s'en réjouironl comme nous.