A bon entendeur, salut Nous lisoas dans un journal les réflexions sui- vantes Quand les conseils communaux sont homogènes, ils sont, la plupart du temps, a la merci de deux ou troispelites individualités qui y font la loi, et souvent la les intéréts publics sont sacrifiés a l'intérét des co teries dominantes. Partout, dans ces conditions, les résultats sont désastreux, les affaires sont gènéralement négligées paree qu'il n'y a plus de contröle, que l'ceil vigilant de l'adversaire politique, prêt a dévoiler tous les abus, fait dèfaut. Chronique des Conférences. Je me suis souvent demandé pourquoi les confe rences semblent rencontrer chez beaucoup de l'indif- férence. chez plusieurs de l'hosliliiè; je ne parle pas, bien entendu, de ceux a qui toule discussion est in- terdite et qui trouvent leur symbole, comine on Ie remarquait récemment encore, dans la femme de Loth, changée en statue de sel, la face tournée en arrièrec'est des libèraux eux-mêmes que je veux parler. Favoriser l'épanouissement de l'intelligence, don- nèr a l'esprit unenourriture robusle, pousser l'homme dans la voie du travail, faire aimer les jouissances saines de l'étude, c'est certainement une mission de moralisation et de civilisation. Toutes les fractions du parti ne se trouvent-elles pas réunies dans Ie desir commun de pousser au developpemrnt de l'instruc- tion Est-ce de l'inslruction primaire seule qu'on en tend parler? S'il est une mesure de science qu'il ne faut pasdépasser qu'on Ie disel Mais personne n'ose- rait Ie pretendre. Qu'il ne faille pas d'inslruclion du tout on Ie comprendrait plutót les calholiques sont conséquents; ils se defienl de l'esprit humain et l'é- touffent sous la règle; mais, sous peine, s'ils ne Ie font, de manquer de logique, les libèraux doivent pousser au developpement de l'éducation et de l'in slruction a tous les degrés, et non-seulement de la jeunesse, mais de tous. La theorie du progrès ne doit pas ê'tre une théorie commode qu'on se contente d'ap- pliquer a l'humanité tout entiere et qu'on refuse de s'appliquer a soi-même le progrès individuel est bien une condition du progrès general, j'itnagine Ceci dit, et tout en déploranl l'hostilite et i'iudiffé- rence, je constate que malgre el les, la conference que M. Deschanel a donnée le 9 novembre, a eu le plus grand succès et je suis convaincu que les plus indif férents p'auraient pu s'empêcher de s'avouer vaincus et d'applaudir un si charmant causeur. Ml Deschanel avail chuisi pour sujet de son enlre- lien Mmo De Sévignéil l'a dépeinte, mais dépeinle avec une finesse de traits, un agrément de parole qu'on n'était pas a ignorer mais que plus que jamais on a admirés. Mm° De Sévigné, c'est l'esprit, c'est la grócé, c'est le naturel, c'est le gout, c'est l'ordonnance du style, c'est la parfaite incarnation de l'esprit framjais; mais ce n'est pas seulement une délicieuse marquise, un écrivain de génie, c'est encore une excellente femme, ce qui est uil mérite qu'on peut bien aussi signaler. Fidéle a ses principes de critique, M. Deschanel démêle en elle Ia Bourguignoune, la Parisienne et même un peu la Bretonneje salue en eile, sans dé- mêler ni chercher, la Francaise par excellence, la fleur de l'esprit francais. Ce qui me seduit le plus en elle, c'est son naturel, et puiscetle clarté, ce mouvement qui est dans tout ce qu'elle écrit II y a de grands tableaux, qui sont bien peints, oü la vie manque; chez elle, la vie cir- cule a pleins bords; sa phrase roule et se précipite avec une vraie furia francesedans la rapiditó de son expression aucun détail n'est saerifié ni grossi outre mesure; tout y est bien proportionné et complet. Son art est parfait, elle n'a pas l'air de le savoir, et pro- bablement elle ne le savail pas. Après M. Deschanel on ne peut pas la louer adroi- tement il faut avoir la main si légère pour parler d'elle comme il convientje vais donner plutót tout de suite un échantillon de sa manière de mener sa phrase o L'archevêque de Reims revenait hier fort vite de St-Gertnain; c'était comme un tourbillon il croit bien être grand seigneur, mais ses gens le croicnt en core plus que lui, lis passaienl au travers de Nan- terre, tratra, tra; ilsrencontrent un homme a che- val, gare, gare. Ce pauvre homme veut se ranger; son cheval ne veut pas; et enfin le carosse et les six chevaux renverserit l'homme et le cheval, et pas sent par dessus, et si bien par dessus que le carosse en fut versé et renversé. En même temps, l'homme et le cheval, au lieu de s'amuser a être roués et estro- piés, se relèvent miraculeusement, remontent l'un sur l'aulre, s'enfuient et courent encore, pendant que les laquais de l'archevêque et le cocheret l'archevêque même se mettent a crier Arréte, arréte ce coquin; qu'on lui donne cent coups. L'archevêque en racon- tantceci, disail Si j'avais tenu ce maraud-la, je lui aurais rompu les bras et coupé les oreilles. M. Deschanel a esquissé, de la facon la plus agréable, la vie de la marquise; il a fait d'elle un fort joli portrait ce qui dominait en elle, c'était la grêce cette grace plus belle encore que la beauté qui faisait dire a Mme De Lafayette Le brillant de votre esprit donne un si grand éclat a vos yeux et a votre teint que, quoiqu'il semble que l'esprit ne düt toucher que les oreilles, il est pourtant certain que le vótre éblouit les yeux. Cet esprit si pétillant était en même temps fort solide elle avait recu une édu- cation fortece qui prouve, soit dit eu passant, qu'une instruction solide ne gate rien chez une femme et, quoiqu'elle eut appris le latin, l'italien et l'espagnol, qu'elle eut eu pour maitres Chapelain et Ménage et qu'elle eut subi l'influence de l'hólel de Rambouillet, elle était aussi exempte de pédantisme que d'affectation. Elle lisait Tacite, St-Augustin, Ci- céron, Port Royal et surtout Nicole, des Essais duquel elle aurait voulu, disait elle, a faire un bouillon pour l'a va Ier. Elle fut élevée par son oncle, l'abbé de Coulanges, et cependant elle ne parvint jamais a être dévote, quelque désir qu'elle en eut du reste. M. Deschanel n'a pas touché ce cóte de sa nature. Oui, elle désirait être dévote, elle, Mm" De Sévigné 1 Le 10 juin 1671, elle écrivait a sa fille Ma fi le, une de mes grandes envies, ce serail d'être dévote. Mais elle n'y arrive poir.telle est obligée de l'avouer Vous me demandez, écrit-elle a M™" De Grignan, si je suis toujours une petite dévote qui ne vaut guère; oui, justement, voila ce que je suis toujours, el pas davanfage, a mon grand regret. Tout ce que j'ai de bon, c'est que je sais bien ma religion, et de quoi il est question je ne prendrai point le faux pour le vrai; je démêle ce qui est solide de ce qui n'en a que l'apparence; j'espère de ne point m'y méprendre, et que Dieu m'ayant déja donné de bons sentiments m'en donnera encore. L'exeellente femme I elle a confiance en Dieu, et puis, elle aime son prochain. Ah I la vocation lui manque pour être dévote 1 Un autre jour, elle écrit Je voulus hier aller a confesse; un fort habile homme me refusa très-bien l'absolulion, a cause de ma haine pour l'évêque si les vólres ne vous traitent pas de même, ce sont des ignorants qui oe savent pas leur métier. Vovez I elle plaisaute! C'est que cette ème vrai- ment religieuse savait, comme elle le dit détnêler ce qui est solide dé ce qui n'en a que l'apparence et pensait bien qu'un refus d'absolution basé sur un tel motif ne saurait venir de Dieu. Elle n'était cependant pas hérétique, et je lui cher- cherais même un peu querelle pour certaines lignes obscures sur la Revocation de l'édit de Nantes et les Dragonnades. Païenne, elle I'étail plutót, comme le lui disait M. De Pompane Vous êtes une fort jolie païenne; vous avez fait de votre fille votre idole. Païenne, oui, elle l'ètait par cette adoration pour sa fille, mais c'est cette adoration qui a donné naissance a ses admirables lettres et qui a rendu Mme De Sévi-' gne immortelle. [La suite au prochain n°.) ACTE"* OFITCIEIA. Un arrêté royal, en date du 5 novembre 1866 au- torise le bureau de bienfaisance de Wervicq," a alié- ner, au taux le plus avantageux, des fonds'publics beiges, 4 1/2 p. c., représentant un capital nominal de 8,000 fr. et portanl les n°' 3334, 3» serie, afin de pouvoir payer le prix d'une parcelle de prairie que cet établissementa élé autorisé a acquérir, par arrêté royal du 31 aoüt 1866.' FAIT» U1VEUS. Le 15, un Je Deum a été chanté a l'église S. Martin, a l'occasion de la féte patronale de S. M. le Roi. A midi les troupes de la garnison onl été passées en revue. A l'occasion de la Saint-Léopold, féte patronale de S. M. le Roi, une revue générale dé la Garde-Civique de cette ville aura lieu Dimanche 18 novembre, a 11 heures du matin. Dans la soirée de lunrii on a trouvé un individu noyé dans les fossés entre l'ancienne porte du Temple et la porte de Messines. Un incendie s'est déclaré mercredi, vers 8 heures et demie du soir, daus l'atelier du sieur Charles Ver meulen, fabrieant de métiers a tissus, a Roulers, et a réduit en cendres toutce qu'il contenait consistanten outils de charpentier, bois en magasin, métiers et ou- tils fabriqués. On présume que le feu a pris des pièces de bois que l'on avait mis a sécher au-dessus de la chaudière de la machine a vapeur. Le dommage est évalué i> 13,000 francs. Le tout estassuré. Dans sa dernière séance, le conseil communal de Tournai, par douze voix contre deux, a décidé la sup pression du Mont-de-piété de Tournai. Quant aux mesures d'exécution, elles seront proposées au con seil dans sa prochaine séance. Nous apprenons que, d'ici a quelques jours, sera constituè a Bruxelles un Comité dans le but d'organi- ser la défense nationale par la création de corps de volontaires dans tous le pays. Les noms des personnes que l'on nous cite comme devant figurer dans ce Comité, nous sont un sür garant de la réussitede l'oeuvre patriotique a laqueile elles vont se dévouer. M. Bara peut être rangé parmi les ministressur qui la démocratie compte. II est oiseux de dire qu'il n'en est pas ainsi pour tous ses collègues. II semble même que cette diversité de tendance crée dans le cabinet des dissensions intestines, dont toute la gravité ne peut nous être connue, mais qui se révèlgnt de temps en temps. La retraite désormais certaine de M. Cha- zal, celle devenue possible de M. Frère, l'esprit ré formateur de M. Bara, n'en sont-ils pas des indices La vieille politique serait-elle en péril D'autre part, on raconte que le Roi incline vers le libéralisme pro- gressif, et que des dissentiments s'accusent entre lui et les hommes qui prétendent maintenir le statu quo en toule chose, qui ne veulent rien concéder aux Anversois, qui refusent une réforme electorale sé- rieuse, qui professent le dédain du Flamand. Serions- nousa la veille d'une rénovation gouvernementele [Journal du Jeudi.) Le 15 septembre dernier, le préfet de la Meusea, par un arrêté que le ministère de l'interieur a ap- prouvé, dèfendu a toule personne allant aux champs de se faire accompagner de chiens, de quelque espèce qu'ils soient. Cette mesure a été molivée par suite d'une enquête qui a élé faite, et qui a permis de constater que dans le seul département de la Meuse, 450,000 pièces de gibier non encore venues ont été détruites par des chiens de garde ou autres dont les villageois se font accompagner d'habitude. L'arrêté de M. le préfet de la Meuse a été approuvé par tous les journaux qui Tont relalé. II y avait au séminaire d'Osma, en Espagne, un ca binet renfermant un appareil électrique et une ma chine pneumatique qui servaient au cours d'un pro- fesseur laïque. Dans une récente visite qu'il a faite ce séminaire, l'évêque a paru fort étonné qu'on y en- seignat la physique II fit enlever les appareils, et or- donna le renvoi du professeur, en disant qu'un tel enseignement était contraire aux principes de la reli gion et nuisible a la jeunesse [Opinion nationale.) Le second des fils de Victor-Emmanuel, le prince Amédée, va épouser, dit une feuille de Milan, la ri- chissime Mu<l de la Cislerna, d'une familie de Turin. La mère de M"' de la Cisterna est nee de Mérode. Le coüt des dépêches tèlégraphiques d'Angleterro aux Etats-Ugis, fixé précédemment 500 fr., est réduit de moitié depuis le 1" novembre. On dit aussi que l'etnpereur a reQU dernièremenl différentes propositions pour établir uncêble des cótes de France a celles d'Amérique.

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1866 | | pagina 3