Le PISOGRÉK cnseigne les convenances
Les dróleries du Progrès sont variées. Ce journal
commet aujourd'hui la desopilante plaisanlerie de
nous rappeler au sentiment des convenances. C'est
par trop imiter ce curé goguenard qui commencait
invariablernent lous ses sermons par ces mots
Mes chers paroissiens, faites ce que je dis et non
point ce que je fais.
C'est done convenu, foi de Progrès, nous n'avons
pas le moindre sentiment des convenances, sinon nous
nous serions abstenus de nous immiscer dans la com
position de notre Collége échevinal, en vue d'entraver
moralement les prérogatives du gouvernement.
Comment 1 quelques articles imprimés dans une
modeste feuille de province, sans autorité, sans écho
dans l'opinion publique, n'ayant que quelques rares
amis, h ce que prétend notre contradicteur, trop en-
clin a faire parade des sympathies universelles qui
i'accablent, auraieut le privilege d'entraver les préro
gatives du gouvernementL'inconsidéré doctrinaire
n'aura pas réfléchi apparemment, et si nous avions
queique tendance a nous enorgueillir, du coup nous
serions fiers comme des paons.
Nous comprenons pourtant que Ie gouvernement,
pour employer l'expression génerale du Progrès, se
trouve embarrassé en présence de la situation qui lui
est faile. La faute n'en est pas a nous, rnais aux me-
nées téuébreuses et aux voite-face de ses amis in-
times.
Et quant a notre droit de discuter les candidatures
aux fonctions de bourgmestre et d'échevins, nous le
maintenons haut et ferme, en dópit des appréciations
du Progrès.
C'est le droit de la presse de peser le mérite des
candidats, de démasquer les intrigues, d'éclairer au
besoin le gouvernement.
Que disons-nous? Son droit; c'est son devoir, de
voir bien impérieux en présence des incroyables no
minations que nous voyons, des presentations non
inoins incroyables qu'on a méditées ici.
Un exemple frappant dont loute la presse s'occupe
en ce moment vient de se produire a Grammont. Le
parti liberal a remporté une victoire signalée dans
cette ville. Pour la première fois, depuis 1830, l'opi
nion libérale se trouve en majorité dans le Conseil
communal, oü elle compte huit représenlants contre
une minorité cléricale de trois membres. Eh bien,
croirait-on que le gouvernement a nommé aux fonc
tions d'échevin l'un des trois membres de la minorité,
M. Louis Dirix, chef du parti clérical, membre de
S.-Vincent-de-Paul et agent de M. Langrand-Dumon-
ceau
Cette nomination est un nouveau fleuren que M. le
ministre de l'intérieur ajoute a sa couronne libérale.
II ne lui sufiit plus de catéchiser les adultes, le voila
en train de cléricaliser les colleges échevinaux. En
vérité, c'est a croire que M. le ministre veut se faire
pardonner quelques peccadiles libérales et qu'il re
cherche un nouvel étai a sa reelection. Viventnos amis
les ennemis I a été longtemps un cri de ralliement
triomphant. Ce cri trouvera-t-il encore de l'écho dans
l'avenir That is the question.
Pour nous, nous ne feronsaucun commentaire sur
la nomination de Grammont. Le Progrès récuserail
notre radicalisme aussi preférons-nous le renvoyer
aux reflexions de Vindépendance et du Journal de
Gand et nous i'engageons fort a les communique!- a
ses lecteurs, s'il tient a donner des preuves de son
impartialité.
II est fort probable d'ailleurs que cette rude lecon
determiners la presse locale a discuter dorénavanl
les candidatures échevinales, surtout aussi longtemps
qu'au departement de l'intérieur présidera M. Alph.
Vandenpeereboom.
A propos de nos précedentes remarques sur cette
question, Ie perspicace Progrès a découvert, dans
nous ne savons quelle coincidence, la preuve d'un
accord entre I' Opinion et le Journal d'Ypres. a Les
patrons de ces deux journaux, s'écrie-t-il, n'ont-ils
pas sucé Ie rnême lait dans leur enfance; assis sur
les bancs des jesuites, ils se sont perfectionnes en de
finitive sur les bancs de 1'Aima Mater.
Voila qui est puissamment raisonuè! Souvenez-
vous, spirituel Progrès, que parini vos amis les plus
intimes sont d'aucieus elèves de l'institution jadis si
celèbre de S. Acheul. Ces hommes au sourire nar-
quois, a la parole cauteleuse, aux promesses déce-
vautes,aux caresses indistinctement prodigues, images
vivantes de leurs premiers maitres, sont aujourd'hui
les faux bonshommes du libéralisme. Souvenez-vous
et soyez plus modeste.
Un mot encore. Le journal doctrinaire termine son
article en parlant des cadets (sic) que nous aurions
prétenduement choisis a Langhemarcq et ailleurs.
Nous avons exposé déja tous les détails des intrigues
ourdies dans cette localité d'après certain plan concu
a Ypres; nous n'y reviendrons pas pour le moment.
Et-si en definitive l'opposition séparaliste et cléricale
de Poelcapelle y a oblenu un succès partial, quel mo
tif Ie Progrès a-t-il de se plaindre, puisque ses amis
s'entendaient avec elle et que c'est encore parmi ses
élus a elle qu'un fonctionnaire très-connu de notre
arroudissement voulail trouver un premier éche-
vin?
Déja a difierentes reprises nous avons provoqué les
explications du Progrès sur ces divers points. Jus-
qu'ici il s'est renfermé dans un mutisme significatif.
Parlera-t-il enfin Nous le souhaitons sans oser l'es-
pérer.
Odieux travestissements.
Les reflexions que nous avons faites a propos du
résultat general des dernières elections communales
dans notre arrondissement contrarient visiblement le
Progrès. II les qualifie de tableau fantastique, de
faits odieusement dénaturés et travestis. Puis il
ajoute avec une solennité des plus comiques qu'il
se gardera bien d'y rép >ndre parceque... parceque...
nous le donnons a deviner en dix, en cent,en mille...
paree qu'il faudrait consacrer plusieurs colonnes a
cheque commune! L'esprit inventif du Progrès est
ingénieux le compère a plus d'un tour dans son sac.
Ou l'a entendu alternativement donner pour prétexte
a son silence calculé lanlót l'intérêt de son parti, li-
sez celui de ses patrons, tantót un prétendu esprit de
modération auquel personne, pas rnême lui, ne croit;
cette modération, a ce qu'il paraft, va jusqu'a la pa-
resse aujourd'hui elle craint les colonnes rem-
plir C'est dommage. La prose du Progrès amuse si
fort le public que se taire est une cruauté.
Et tenez, puisque nous en sommes sur ce chapitre,
voici un moyen de tout concilier. Nous qui sommes
contraint par devoir a lire ses élucubrations, nous lui
faisons volontiers grace de toutes ces colonnes a rem-
plir, nous attachant a deux petites questions aux-
quelles il tiendra sans doute a honneur de faire une
toute petite réponse, simple et catégorique.
Pourquoi 1'organe doctrinaire, dans Ie relevé des
éleclions qu'il a publié, s'abslienl-il de classer les
élus par parti, se contentant d'une sèche nomencla
ture de Doms et de chiffres qui n'apprend rien a ses
lecteurs
Pourquoi, dans ces renseignements si écourtés, a-
t-il fatalement négligé l'élection de Bas-Warneton
dont il ne parle pas plus que si elle n'aurait pas eu
lieu?
Au fait, c'est peut-être excès de modestie. N'est-
ce pas cette localité qui a été témoin des plus signifi-
catives victoires de ses patrons?
Le Progrès qui pourrait sur ce point et sur d'autres
nous donner les details les plus curieux, Ie Progrès
qui, s'il fallait l'en croire, discute les principes et dé-
teste les personnalïtés, le Progrès,disons-nous, trouve
cependant piquant d'annoncer urbi etorbi que les
fermiers de notre redacteur en chef étaient lenus en
laisse et conduits au scrutin par des membres du
ciergé. Quel intéressant détait pour celui qui
cherche dans ses colonnes queique discussion poli
tique Ce n'est pas tout cependant. Sa penétra-
tion y trouve la preuve que nos rares (sfc)amis se
sunt coalisés avec les cléricaux, au profit de ces der-
niers.
Nous n'irriterons pas le Progrès en fuyant le débat
Notre réponse sera claire. Nous ignorons lequel
d'entre nous a l'honneur d'être designé sous le titre
de redacteuren chef. Cette réserve faite, nous pou-
vons declarer au nom de tous ceuxqui prennent part
a notre rédaction que toutes les fois que nos amis ont
été en cause, nous les avons appuyes par nos con-
seils et nos démarches auprès de ceux sur lesquels
nous exercions queique influence. Nos amis, disons-
nous, et par-la nous entendons tous ceux qui veulent
sincèrement le triomphe des idéés progressives, nous
fussent-ils mêmepersonnellement peu sympathiques.
Nous n'excluons que les charlatans pour lesquels le
libéralisme n'est qu'une enseigne d'exploitation.
Nous pourrions, comme le Progrès, invoquer des
lémoins a l'appui de notre dire; nous n'éprouvons pas
ce besoin, ayant l'habitude d'être cru sur parole.
Si cependant notre concours a été actif en toute
circonstance, nous n'avons jamais poussé le cynisme,
comme les amis du journal doctrinaire, jusqu'a abu
ser de notre ascendant sur des personnes faibles et
timorées, a leur adresser des lettres comminatoires,
a leur imposer des billets marqués. Surtout nous
n'exercons pas dans les campagnes une surveillance
de garde-champêtre et nous ignorons si des fermiers
sont ou non tenus en laisse et par qui ils le sont.
Notre devoir accompli, nous abandonnons a chacun
le soin de faire le sien.
Nous voudrions spécifier davanlage. C'est difficile
eu présence des phrases énigmatiques de notre con
tradicteur. Espérons qu'il dissipera lui-même les
nuages et qu'il précisera nettement la nature de ses
griefsnous lui promettons de notre cóté des expli
cations complètes.
En attendant qu'il prenne la parole pour répondre
a nos questions, disons encore que ce n'est pas parmi
nous que se rencontrent les hommes qui intriguent
dans les deux camps et souhaitons que ses patrons
en puissent dire autant.
Et maintenant nous nous adressons aussi, avec
une entière confiance, au bon sens de nos lecteurs et
nous leur demandons de décider de quel cóté sont,
selon l'expression du Progrès, les odieux travestis
sements
Le Moniteur de l'Hótel-de-Ville prend lexte de
quelques lignes publiées dans les colonnes de {'Opi
nion pour faire l'éloge de nos salles d'asile. Nous n'a
vons pas a examiner ici l'opportunité de son article
et nóus n'y ferions rnême pas la moindre attention
s'il n'était aisé de démêler sous des phrases miel-
leuses l'intention malveillante de nous représenter
comme hostile a la commission directrice, au rnéde-
cin chargé de donner ses soins aux enfanls et même
l'accusation de falsifier nos comptes-rendus.
Notre hostilitè a la commission directrice des salles
d'asile est assez étrange vraiment et fort difficile a
expliquer lorsqu'on songe que, dans le même article,
quelques lignes plus bas, nous rendons hommage au
zèle et au dévouement de cette commission. Faut-il
ajouter que nous associons sans restriction a ces
éloges M. le médecin Poupart qui donne gratuitement
ses soins charitables aux pauvres enfants? Pour pré-
tendre le contraire, il faut toute la mauvaise foi du
Progrès.
Quant a ce qui concerne la falsification dont ce
journal nous a déja accusé sans apporter toutefois la
moindre preuve a l'appui de ses accusationsnous
n'avons certes pas la prétenlion d'être infaillibles.
Malgré notre attention soutenue, des mots peuvent
nous échapper ou même être erronément interprê-
tés par nous. Mais se tromper n'est pas falsi
fier.
Ceci dit en généralnous n'en maintenons pas
moins, dans le cas présent, l'exactitude de notre
comple-rendu. En voici la raison. En entendant
M. VandenLioogaerdel'homme toujours si placide-
ment satisfait, se permettre la critique d'un établis
sement public, notre stupefaction a éte telle que nous
avons immèdialement recueilli ses paroles lextuelle-
ment. Les phrases que lui attribue le Progrès sortent
de l'écritoire de ce journal. Nous ne soutiendrons pas
qu'elles ne se soienl pas trouvées égaleaient dans la
pensèe de M. Vandenboogaerde. Mais notre mission
a nous n'est pas de scruter les pensées de nos hono-
rables conseillers leurs paroles nous donnent déja
assez de mal, et il nous est impossible de comprendre
pourquoi quelques-uns d'enlr'eux marmoteut leurs
discours comme une vieille dévote ses oremus.
lEst-ce sérieux ou non
Les Chambres consultatives des Manufactures et
du Commerce sont composees de membres nommés
pat- le Roi sur presentation des Chambres elles-
tnêmes.
Parmi lés candidats présentés, cette année, a la
nomination du Roi, par la Chambre de commerce
d'Ypres, figure le rédacteur du journal flamand De
Volksvriend. C'est la rédaction de ce journal qui a
soutenu, au grand ébahissemeut du public, que l'in-
dustrie engendrait la pauvrelé et surchargeait les
bureaux de bienfaisance.
O Commerce et Industrie 1 vous voila bien repré-
sentés.
C'est toujours la même histoire quand il faut un
mathèmaticien, on prend un danseur.