nous sommes convaincu qiïen entendant la description
de cetle reunion, oü se Lrouvaient loutes les nolabilités
du canton, ilaura regretté de n'avoir pu s'y rendre.
Et plus loin
Nous devons dire un mot des vins fournis par
un habitant de notre ville, M. X. Nous savions depuis
longtemps qn'il avait des vins choisis, maisil a fourni
des qualités qui joignaient a la finesse la malurité.
Une autre, extraite d'un prospectus en datedu 15
décembre, colporté de porte en porte et suivi de prés
par les suggestions de loutes les influences, grandes
et petites, sérieuses et risibies, des frères et amis
Le Progrès continuera a paraitre deux fois par
semaine le mercredi et le samedi soir, et portera la
date du Lendemain.
De cette manière notre journal devient accessible
a tons.
Pourquoi plutót de cette manière que d'une autre
On demande la clé de l'hiéroglyphe.
Le Progrès annonce pompeusement dans ce pros
pectus les ameliorations de sa rédaction. En voila un
échantillon. Cela promet II!
Quand on prend de la naïveté, on n'en saurait trop
prendre.
Nous lisons dans ce même prospectus
Toujours est-il que l'arrondissement d'Ypres est
un des seuls arrondissements des Flandres oü l'opi-
nion libérale continue a lutter avec avantage et certes
on ne nous contestera pas d'avoir notre part dans ce
résultal.
Non certes. Votre part est celle du loup, nul ne le
conteste. Vous avez insensiblement accaparé a votre
plus grand avantage, loutes les places, toutes les
fonctions et vous vous prélasseriez encore dans vos
fauteuils a Bruges et ailleurs, si le corps électoral dé-
sabusé ne se meltait tout doucement a faire justice de
vos vanités.
La part que vous avez eue dans Pos d ronger,
pour nous servir d'une charmante image employée
par vous, le public ne la connait que trop bien,
mais certes il ne devait pas s'attendre ce que le
Progrès lui même en fit l'aveu si.... spirituel 1
Nous signa Ions a l'aulorité communale l'état du
pavement sous le Nieuwwerk,
Dans Ie courant de l'eté on y a exhaussé le niveau
et placé les dalles qui forment le pourtour. Mais au
lieu d'achever I'ouvrage avant 1'hiver, on 1'a aban-
donné tout a coup pour en commencer d'autres, selon
la singulière habitude pratiquée a Ypres de tout com
mencer a la fois et de ne jamais rien achever.
Les nouvelles dalles dèbordent de plusieurs centi-
mètres sur 1'ancien pavement et déja des chutes
graves out été faites a cet endroii. Le rigoureux hiver
qui s'annonce ne pent qu'ajouter au danger.
L'administration communale aura-t -elle Ie bon es
prit de Ie comprendre et de remédier a cet incon
venient dont elle est la seule cause? Souhaitons-!e.
lae consequence nrinlstérielle.
Par arrêté du 14 décembre, le ministre des tra-
vaux publics, cédanl aux justes reclamations du com
merce qui voit que Ie matérie! du Chemin de fer est
pour ainsi dire completement au service des trans
ports de houille, a decide que les petils marchands
qui ne peuvent s'abonner que pour 30 jours, auraient
a payer une surtaxe de 1 fr. 25 a la tonne, tandis que
ies abonnements de 6 mois a un an en seraient
exempts. Serait-ce par hasard poor encourager Ies
grands accapareurs? Communiqué
On se demande si l'administration communale va
laisser foridre les neiges dans les rues et transformer
nos places en marais fangeux ou bien si mainte-
nant que le service des boueurs est parfailement or
ganise, ce que prélend M. le bourgmestre, elle
fera déharrasser le sol de son linceul trop souvent
cause de graves accidents.
Mercredi 9 sera plaidée devant notre tribunal civil
l'affaire intentée par la Sociéte d'exploitation de Che-
mins de fer au journal I 'Opinion.
Chronique des Conférences.
(Suite et fin.)
Mirabeau, comme l'a dit M. Villemain, ressemble
au liou de Milton dans le premier debrouillement du
chaos, moitié lion, moilié fange, et pouvant a peine se
dégager de la boue qui i'enveloppe, lors mème que
déja il rugit et s'élance. M. Bancel s'applique a démê-
ler les élénients qui composent celte nature extraor
dinaire.
Mirabeau est de race italienne il descend d'une fa
milie Gibeline, chassée de Florence au xium° siècle
Ies arrighetti, dont par corruption Riquetti selon
M. Bancel, cetle origine conlribuerait a établir entre
Mirabeau et Machiavel une certaine parenté intellec-
tuelle et conduirait a expliquer les cótés ténébreux
et les ablmes du génie de l'audacieux tribun.
Par sa naissance, Mirabeau est provencalren-
drons-nous raison par la de son éloquence? M. Ban
cel ne nous l'a point dit. Et cependant, si l'ltalie le
ratlache par une chaine invisible, comme dit
M. Quinet, aux traditions du secrétaire de Florence,
pourquoi la Provence ne pourrait-elle pas revendi-
quer une part dans son éloquence a La Provence,
comme le remarque M. Michelel, est le pays des beaux
parleurs, abondanls, passionnés, et, quand ilsveu-
lent, artisans obstinés du langageils ont donné Mas-
sillon, Mascaron, Fléchier, Maury, les orateurs et les
rhéleurs. Mais la Provence entière, tnunicipes, parle
ment et noblesse, démagogie et rhétorique, le tout
couronné d'une magnifique insolence méridionale,
s'est renconlrée dans Mirabeau, le col du taureau, la
force du Rhóne.
Son éducation, sa vie éclairent encore bien des
faces de son caractère. Son père, le marquis de Mi
rabeau, l'ami des hommes, ne fut pas t'ami de son
fils la tyrannie qu'il fit peser sur ce fils est légen-
daire on connait l'odyssée du jeune Mirabeau, pro-
tnené du fort de l'ile deRhé au chêteau d'If, du fort de
Joux au donjon de Vincennes. Ces excès de sévérité
accumulèrent en Mirabeau les colères qui firent ex
plosion plus tard. Comme l'a admirablement senti
M. Bancel, Mirabeau tyrannisé parson pèreestcomme
le symbole vivant du peuple de France tyrannisé par
l'aristocratie II fallait un homme qui eut souffert
dans son légitime orgueil, qui eut été froissédans sa
dignité pour dénoncer, avec la superbe indignation
d'un cceur blesséi, les iusolents abus du despotisme.
Mirabeau est exclu un jour de l'ordre des nobles pos-
sédant fief et un nouveau sentiment de vengeance
germe dans son ame c'est alors qu'il adresse a la
noblesse de Provence cette apostrophe a jamais cé-
lèbre
Dans tons les pays, dans tous les óges, les aris-
locrates ont impiacablement poursuivi les amis du
peuple, et si, par je nesais quelle combinaison de la
fortune, il s'en est éleve quelqu'un dans leur sein,
c'est celui-la surtout qu'ils ont frappé, avides qu'ils
étaient d'inspirer la terreur par le choix de la vic-
time. Ainsi périt le dernier des Gracques de la main
des patriciens mais atteint du coup mortel, il langa
de la poussière vers le ciel, en attestant les dieux
vengeurs; et de celte poussière naquit Marius Ma-
rius, moins grand pour avoir exterrninó les Cimbres
que pour avoir abattu dans Rome l'aristocratie de la
noblesse
Mirabeau s'est appelé l'ami du peuple le tiers l'ac-
clame a Aix et a Marseille des ovations, jusqu'alors
sans exemple, lui sont faites on veutdèteler sa voi-
ture il ne résisla que faiblement, dit M. Bancel, et
cependant dans ses mémoires Mirabeau dit qu'il a
protesté Les hommes ne sont pas faits pour por
ter un homme et vous n'en portez déja que trop.
Passons sur ses écrits, qui respirent l'orateur, et
hétons-nous de contempler Mirabeau dans toute sa
gioire, sur son vrai theétre, aux Etals-Généraux. La
sa voix retentit comme la fanfare de la liberté c'est
la voix de tout un peuple et l'on dirait que l'óme de
Mirabeau contient des millions d'ómes, de vivantset
de morts, si j'ose dire, qui acclament l'ère nouvelle
et saluent l'aurore de la justice si longtemps at-
tendue.
Parrai les discours, parmi les incomparables mou-
vements d'eloquence qui forment l'ceuvre oratoire de
Mirabeau, M Bancel a fait choix des plus célèbres il
a signaie le discours au sujet de la dénomination que
devait prendre l'assemblée des communes, discours
oü apparait pour la première fois le litre de Repré
sentant du peuple, qui sera adopté un demi-siècle
plus tard; le fameux discours sur la dictaiure finan-
cière demandée par Necker, et d'autres que les pro
portions d'un compte-rendu sommaire ue nous per-
mettent pas de rapporter.
11 n'y a que deux voix de tonnerre en France, a-t
on dit, celle de Bossuet et celle de Mirabeau; et ce
pendant l'éloquence de Mirabeau a tous les tons je
remarque que le député du tiers conserve toutefois
toujours dans son accent quelque chose de la hauteur
dèdaigneuse du gentilhoinme Les coups de bas en
haut ne m'atteignent pas, dit-il a un de ses adver-
saires sous ce mépris souverai.n je crois distinguer
l'orgueil de race du patricien tribun. Sa puissance
sur l'assemblée était immense II était a ce point
l'idole de la Constituante, dit M. Bancel, que voyant
sa place vide, l'assemblée se crut décapitée. a Mira
beau n'esl plus, disait l'abbé Maury, on ne m'empê-
chera pas de parler.
Ah! si la conscience de Mirabeau avait été pure,
jamais organisation plus compléte n'eut paru sur la
terre, jamais plus admirab'e parole n'eut honoré l'é
loquence.
La conscience précipite du haut de la roche Tar-
péïenne la statue colossale que l'admiration voudrait
dresser au sommet du Capitole.
Telle est la conclusion de M. Bancel, telle est aussi
Ia nótre rien de durable ne se fonde sans l'amour du
vrai et du juste; c'est la soif du vrai et du juste qui,
jointe a l'éloquence, caractérise l'enseignement de
M. Bancel, et c'est ce qui a fondé le succès persis
tant de ses brillantes lecons.
Concert de Ia Société des Choeurs.
La Société des Choeurs a remporté, dans la soirée
du 27 décembre, un succès dont elle peutêtre fiére.
1! n'y a qu'une voix en ville sur le mérite de son
concertil a fait un plaisir extréme.
Les éléments qui composaient Ia fête étaient bien
faits, du reste, pour assurer cette faveur unanime.
Disons rapidement le programme
D'abord un choeur du Lara de Maillard, avec un
accompagnement adapté a un orchestre peu fourni
mais choisi par M. Ch. Otto, le modeste et intelligent
directeur de la musique des Pompiersl'exécution de
ce choeur a été excellente on regrettait seuiement
que les proportions du choeur fussent aussi réduites
l'esprit et l'oreille comptaient sur un développement
et se sont trouvés décus dans une attente légitime.
Un second choeur, oü est enchassé un joli solo que
M. Swekels a fort bien dit, puis un troisième, ce
charmant choeur de la Noce au Village qn'on ne se
lasse pas d'entendre et que la presence de M. le mi
nistre de I'Intérieur, président d'honneur de la So
ciété, nous a valu ont témoigné des progrès inces-
sants de notre jeune phalange chorale.
M. De Prins, le prince du hautbois, que Pa
ris et Bruxelles ont applaudi si longtemps et que la
Belgique s'est laissé enlever par la France, a joué
deux morceaux et a été accueilli par des bravos en-
thousiastes.
M. Busschaert, une magnifique basse, a emprunté
a Rossini et Verdi deux de leurs plus beaux airs et
s'est vu l'objet d'ovations semblables a celles qui lui
ont été décernées l'hiver dernier.
M. Chevalier, une belle voix qui sonne comme un
cuivre, a parfaitement interprêté deux grandes scènes
de Membrée celle si populaire de Page, écuyercapi-
taine, et une autre que nous entendions pour la pre
mière fois Une nuit d'Orient.
MM. Baralto, Mieroo et Donck ont mené a très-
bonne fin le trio, si difficile et d'une si belle facture*
de Quentin Durward, auquel le programme opposait
intelligemment la musique facile et legére d'OfFenbach,
que MM. De Coeue, Coffyn et Vande Broucke ont fait
applaudir dans une de ses plus originaies fantaisies
le trio patriotique de la Belle Hélène.
Deux romances, l'une, chantée en flamand par
M. Verduyn, l'autre dite par M. De Poscb, une chan-
sonnetle, spirituellement détaillée par M. Vande
Broucke, ont formé, avec un morceau de flütejouó
d'une facon fort distinguée par M. Schmidt, le com
plément de ce brillant concert dont le succès est le
plus bel encouragement que la Société des Choeurs
peut ambitionner.
N'oublions pas, en terminant, de féliciter le Prési
dent, le vice-president et le directeur de la Société,
MM. Brunfaut, Froidure et Baratto, de la direction
qu'ils impriment aux travaux de la Société, direction
qui sert a la fois les intéréts de l'art et nos plaisirs.
Necrologie.
Mercredi, a 10 heures du matin, ont eu lieu les obsè-
ques du général-major honoraire, baron van Rode de
Schellebroeck, commandeur de l'Ordre de Léopold,