point, i.orsqu'on preuri des precautions pour la fuite, on n'en saurait trop prendre. Les faits ne sont pas pertinents, dit la demande- resse. De quoi s'agit -il, en effet De quelques retards et du bris d'un essieu. La belle affaire El c'est pour cela que vous, journaliste, vous seriez fondé a taxer la Societé de desordre administratif et de coupable negligence? Mais en admettant même que ces faits fussent réels, c'est a mes agents et non a moiqu'il faudrait les reprocher. Comment 1 parce que ces agents out commis des faules, occasionné quelques retards, voirmême quelques accidents, vouspourriez vous en prendre a moi, Société d'exploitation Oui, voila ce qu'on objecte. et encore sur un ton qu'on s'efforce de rendre serieux. Ahcombien cette argumentation sent bien le sans facon avec lequel les sociétes am nymes ont I'habitude de traitor les gens 1 Mais n'y eut-il que les retards dénoncés, certes que ces retards, passés en habitude, aulcriseraient dèja largemenl les reproches de negligence adressés a la demanderesse. Si l'exactitude est, comme on I'a dit, la politesse des rois, elle est le premier devoir des sociétés de transport. L'industrie, le commerce, le public qui voyage comme celui qui ne voyage pas, toutes choses et tout Ie monde ont le plus grand in- térêt a ce que le service se fasse exactement, a ce que les trains parient et arrivent aux heures fixées par les règlements. II n'y a pas. du reste, que le bris d'un essieu et quelques retards. II y a une quanlité d'autrcs faits qui, tous, accusent I'absence de toute surveillance, de tout contróle, de toute sollicilude. Mais, continue-t on, ce sent dcs faits qui ne nous regardent pas des faits qui out élé posés par des em ployés subaltcrnes. Eh bien 1 depuis quand done les mailres ne sont-ils plus responsables des faits et gestes de leurs subor- donnés? Depuis quand une Société n'est-elle plus responsable des faits et gestes de ses agents? Les pre tentions de la partie adverse iraient elles jusqu'a croire que le droit commun ne lui est pas applicable, comme indigne d'elle? Que I'art. 1384 du Code civil est fait pour ceux qu'elle transporte et non pour elle Ahl qu'elle 6'imagine et le fasse plaider. Soit! L'orgueil d'une Societé d'exploitation peut s'égarer jusque la 1 Mais que vous, Messieurs, la suiviez dans ces prodigieux écarts et vous rangiez a son avis, c'est autre chose! Nous savons bien quel sera voire sentiment sur ce point et jugeons inutile d'y insis'.er davantage. En somme done, si la notoriétó dcs faits n'est sufli- sante, la preuve testimoniale est admissible; et si la preuve testimoniale est admissible, elle doit être admise, car les faits sont pertinents au premier chef. La-dessus, Messieurs, je me resume et conclus Le journal, en publiant ('article incriminé. n'a évi- demmenl fail qu'user d'un droit du droit decon- tróler un service public. Bien plus! il a rempli un devoir, le devoir de denoncer des faits, des abus pa tents qui interessent le public, et l'intéressenl au plus haut degre. Or, celui qui use de sou droit ne lèse personne qui jure suo ulitur neminem Icedit, comme on disait aéja ii y a des siècles. L'article 1382 du Code civil n'a rien a voir ici. Voila pour le fond. Quant a la forme de l'article incriminé, quoi qu'en ait dit la partie adverse, la critique a élé digne et mo- dérée. Un peu plaisante peut être, un peu piquante si I'on veut, mais nullement personnelle, bien qu'elle eüt le droit de l'être. Ou n'a uoramé personne, pas même M. Morel qui figure ici en cause. On s'en est pris, il est vrai, une Société, mais a une Société anonyme, anonyme sur- tout pour les fautes, comme nous l'avons dil dans nos conclusions; anonyme pour les irrégularités, les re tards, les accidents et pour la responsabilitè qui en est la couséquence 1 Or, nous disons une dernière fois, que dans ces conditions, Faction de la Société demanderesse est essentiellemenl irrecevable et non-fondée. Et pour dire toute nutre pensèe, cette action est mesquine, vexatoire, inique et insensèe! Un dernier mot, Messieurs, pour caractériser toute cette affaire. II y a prés d'un siècle, qu'un personnage de comedie, dans un monologue reste fameux, a dit que ne pouvant avilir 1'esprit on se venge en le maltraitaut. Eh bien 1 ce que Beaumarchais a mis dans la bouche de son immor- tel Figaro au sujet de I'esprit, on le peut dire, et on Ie pourra éiernellement dire de la vérité. Ne pouvant l'avilir, on se venge aussi en la maltrai taut, e'est-a-dire en injuriant ceux qui se consti tuent son organe et ses defenseurset en leur suscitant de misérables procés comme celui dont vous êtes saisis. Eh bienquoi qu'on dise et quoi qu'on fasse! A ces esprits intolérants et iras- eibles, rancuniers et vindicatifs, la presse libre, courageuse et independentepourra toujours ré- pondre, comme jadis Mirabeau, mais avec un dé dain plus fier encore que les coups de bas en haut ne saurait l'atteindre! {Marques rf'approbation dans l'auditoire.) M® FRAEYS.Je me joins de coeuraux acclamations qui viennent de couronner l'admirable plaidoirie que vousvenez d'entendre. Mais je ne me suis pas préparé a plaider pour la galerie, a exposer des théories sur la liberte de la presse. Je suis venu réclamer des dommages-inlèrêts, libre au tribunal de ne pas me les accorder. Le proces en lui-méme se trouve parfaile- ment établi dans les actes qui ont élé signifiés. Je n'entends pas y revenir, mais je Ie regrette pour mon honorable contradicteur, sauf les faits que nous avons relevés; toute sa plaidoirie est a l'adresse d'une personne qui ne vivait pas. On vient de citer des opinions émises dans les rapports des Chambres de commerce. Mais la Société d'exploitation vivait-elle a l'epoque oüont été faits ces rapports? Elle n'était pas même nee puisqu'elle a pris Sexploitation au premier janvier 1865. J'aurais voulu qu'on nous cilêt l'opi- nion de Chambres de commerce et d'orateurs de la Chambre d'une date plus récente. M° BOSSAERT.J'ai, en effet, oubaé d'ajouter, que me trouvant dernièrement, et pas plus loin qu'avant- hier, avec le rapporteur de la Chambre de commerce de Roulers, M. Debrouckere, je lui ai entendu dire qu'ilserait forcé, cette anuée, de faire un rapport sup plementaire, pour signaler les irrégularités sans nombre et hautement préjudiciables qui se commet- tent depuis quelques mois dans le service du chemin defer de notre Flandre. Voila certes qui vous con- cerne, Société demanderesse, comme tout ce que nous avons reievé d'ailleurs. Tous les faits sont a vo- tre charge, et non a charge d'une Société que vous qualifiez de défunte, mais qui se continue malheu- sement en vous et menace de vivre encore longtemps pour le déplaisir des voyageurs. Me FRAEYS.Mon honorable contradicteur vient d'apporter a la barre une déclaration que lui a faite il y a quelques jours l'honorable M. Debrouckere, mais si ju produisais 20 déclarations contraires èma- nant des personnes plus haut placées et aussi croya- bles, cela avancerail-il le débat II n'y a personne qui depuis 1865 n'ait constaté des ameliorations cons- tantes, permanentes et excessivement coOteuses dans l'exploitation des chemius de fer de la Flandre occi dentale. Mon honorable contradicteur a dit Sont-ce des machines que vous avez fait construire Mais in- vitez le directeur de la locomotion, qui doit être un de vos amis, a vous procurer par chiffres combien de locomotives et de wagons ont etè faits pourplusieurs centaines de mille francs. On vient de nous dire aussi que la Société veut s'opposer a la liberté de la critique, qu'elle ne veut pt-rmettre la critique que telle qu'elle exisie dans un pays voisin pour faire des éloges. C'est la de la décla- mation. II ne s'agit que de savoir si votre critique si- gnale des faits exacts, si ces faits s'appliquent a la Société que vous inculpez et, endéfinitive,si vous n'a- vez pas outrepassé les bornes d'une critique juste et loyale. Je crois pouvoir persister dans les conclusions émi ses. Les débats sont clos. Le tribunal prononce un jugement qui ordonne la communication des pieces au ministère public et ren- voie l'affaire au 30 de ce mois. Conférences. L'abondance des matières nous oblige a remettre au prochain numéro le compte-rendu de la Confé rence de M. Madier-Montjau. Encore une association qui croit que les règlements ne sont pas éternels et que les prescriptions des sla- tuts doivent se modifier avec les nouvelles aspirations qui se font jour. L'associalion libérale de Charleroi, dans sa dernière réunion, a nomine une commission pour rechercher quelles sont les modifications que l'on doit apporter a son reglement. ACTE* OEFICBEES. Ministère de 1'Intérieur. Par arrêlé royal du 10 janvier, le sieur Rapsaet, régent a l'école moyenne d'Ypres, est nornmé professeur a l'école normale pri maire de l'Etat a Nivelles. Le sieur Lambrecht, élève diplómé de l'école nor male de Bruges, nommé, lell octobre 1866,aux fonc- tions de sous-instituteur a l'école communale des gar- cons a Poperinghe, en remplacement du sieur De- backer, démissionnaire. Voici les jours du tirage au sort pour les différents cantons de milice de l'arrondissement d'Ypres Ypres, 15 févrierPoperinghe, 4 février; Proven, 11 février; Elverdinghe, 6 février; Langemark, 14 février Gheluvelt, 18 février; Neuve-Eglise, 21 fé vrier; Warnêton, 19 février; Wervicq, 19 février^ Fermeture des barrières. Le Gouverneur de la province de la Flandre Occidentale, Vu l'article 6 de la Ioi du 29 Floréal an 10 Vu les propositions de M. I'lngénieur en chef-Direc teur des ponts et chaussées dans cette province, en date de ce jour ARRETS Art. 1®'. Les barrières seront fermées a parlirde la nuit du 24 au 25 de ce mois, a minuit, et le roulage sera suspendu sur les routes pavées et empierrées dans cette province. Les dispositions de son arrêté du 30décembre 1836 concernant la police des routes, lors de la fermeture des barrières, en temps de dégel, seront strictement exécutées. Art. 2. M. I'lngénieur susdit, MM. les Commissaires d'arrondissement et les Aministrations communales sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exe- cution du présent arrêté, dont des exemplaires leur seront adressés, pour être publies et affiches, coul'or- meinent a l'article 10rde l'arrêté royal du 28 Janvier 1832. Bruges, le 24 Janvier 1867. Le Gouverneur, B. VRAMBOUT. Avis. Nous croyons utile de rappeler que l'article 5 de l'arrêté ministénel du 13 aoüt dernier a fixé, dans toutes les provinces, la cloture de la chasse a partir du 31 de ce mois a minuit, saufcelleau gibierd'eau et de passage dans les marais et le long des fleuves et rivières, qui restera ouverle jusqu'au 1" mai pro chain exclusivement etcelle a courre (it cheval et sans armes a feu), qui est permise jusqu'au 15 mars exclu sivement. Chroniqne judiciaire. La chambre des mises en accusation de la Cour d'ap- pel de Gand a renvoyé devant les assises de la Flan dre occidentale 1. Edmoud Laga,sabotier; 2. Edouard Warlop, ouvrier, a Lendele, accusés de differents vols commis a Reekem, Dottignies et Mouscron, la nuit, a l'aide d'effraction et d'escalade3. Bernard DeCorte, domestique, a Bruges accusè d'attentals a la pudeur, commis sans violence, sur des garcons mineurs de son maitre. Necrologie. Laville de Bruges vient de perdre un de ses citoyens les plus estiinés M. Georges Chan treil, armateur, chevalier de l'Ordre de Leopold, conseiller communal, vient de mourir cette nuit, l'age de 72 ans, après une courle maladie. Brux Typ V. Verleneuil, 93, rue de Louvain.

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1867 | | pagina 4