Sociétémais mêrne a ces imputations de malvcillance et de mauvaise foi que des geus intéressés, a l'epi- derme trop sensible, nous prodiguent si facilément. En présence de ce jugement, notre devoir de jour- nalisle reste Ie même. Signaler les irregularis, dévoiier les abus, criti- quer lorsqu'il y a lieu, non pas dans Ie but de nuire, mais afin de redresser les erreurs, louer même a l'oc- casion, telle est nolre têche. Cette tache nous conti- nuerons de la remplir avec fermeté et modéralion. Et nous donnerons dés aujourd'hui une nouvelle preuve de cette considéraiion en étendant un voile sur les di vers retards ou accidents survenus entre Ie jour des plaidoiries et celui du prononcè du jugement, retards et accidents que nous nous soumies abstenu de men- tionner par un sentiment de délicatesse et de conve- nance que chaoun appréciera. Le public espère que des mesures efficaces seront prises pour lui éviter ces désagréments a l'avenir; nous partageons son espoir. La Société d'exploitation fait d'ailleurs en ce moment quelques tenlalives d'a- mélioration elle a modifié enlr'autres l'beure de dé- part du premier train -pour Courtrai dans le but de permettre aux voyageurs de prendre dans cette der- nière ville le train de vitesse pour Gand et pour Bruxelles c'est sur ce point seul que nous voudrions aujourd'hui appeler l'atlention des directeurs. II est a notre connaissance que, malgré cette légere modifica tion ji.ms l'heure des departs, les voyageurs sont ar rivés plusieurs fois trop lard a Courtrai pour profiler de I'express II nous semble qu'il y a lieu d'examiner sérieuse- ment a quoi cela tient et, si le temps que I'on peut raisonnablement exiger pour le trajet de Poperinghe a Courtrai fait defaut, que i'on ferait bien de changer encore les heures de depart; mais il n'est pas juste que les voyageurs, partant par le premier train, a cinq heures et demie ou a six heures, arrivent a dix heures et demie a Bruxelles, tandis qu'ils pourraient aiseinent y être avant neuf heures. Mes administrés. Un sous-préfel ou commissaire d'arrondissement est-il un administrateur? M. Carton Henri filssemble le croire, puisque dans une lettre adressée au Journal d'Ypres il appelle les habitants de l'arrondissement mes adminis trés. N'en déplaise a M. Carton, nous tenons a dire qu'en sa qualité de commissaire d'arrondissement, il n'est point administrateur et n'a, par conséquent, point d'administrés. En effet, et tous les auteurs de droit administralif sont d'accord sur ce point, on se sert du mot admi nistrateur pour déaigner les fonctionnaires qui di rigent, gerent ou surveillent les affaires, les intéréts de l'Etat, d'une province, d'une commune ou d'un établissement public. L'arrondissement n'étant, pas une personne civile, un être moral ayanl une existence propre et indivi- duelle, ne peul avoir a sa têle un administrateur. Le commissaire d'arrondissement n'esl, d'après les principes du droit, qu'un agent de transmission, c'est a-dire un instrument, un simple employé dé- pourvu de notoriétó officielle, enfin, une boile aux lettres, comme le qualifiait avec sa verve habiluelle feu Charles de Brouckere. Qu'il soit doux au cueur paternel de M. Carton d'ap- peler une multitude mes administrés, assurement nous ne le contesterons pas. El cependant dussions- nous l'afïliger, atlirer même ses colères, le ciel nous en preserve 1 il faut que nous lui rappelions qu'en droit il n'appartient pas a un commissaire de district de s'octroyer Gette douceur. Non, au point de vue du droit, il n'est pas un administrateur. M. le commissaire doil Ie savoir aussi bien que nous. Une distraction peut seule ex- pliquer sa meprise. En fait.... Mais nous n'examinons que le droit et sommes fort eloignès de vouloir assurer que de nop. jours le fait ne fasse pas souvent errer le droit. II n'en est pas moins vrai de dire que, dans le respect des lois, les fonctionnaires doivent prêcher d'exemple: Rester simple agent de transmission, c'est le devoir d'un sous-préfet. Et, a ce propos, rappelons-nous la morale de cette fable dans laquelle pécore-grenouille s'enfla si bien qu'elle creva Le monde est plein de c;ens qui ne sont pas plus sages Tout bourgeois veut batir comme les grands seigneurs; Tout petit prince a des ambassadeurs, o Tout marquis veut avoir des pages. Et, (ajoulerait le fabuliste, s'il vivait a notre époque) toht sous-préfet, des administrés. Tarif et vitesse. Veut-on connaitre la difference du prix de transport des voyageurs sur les chemitis de fer de l'Etat et sur ceux de la Flandre Occidentale? De Courtrai Bruges, par la voie directe (Compa - gnre d'Exploitation), il y a un parcqurs de 52 kifo<- mètres et le coupon de seconde classe coüte trois francs. De Courtrai a Brugespar Gand (Etat), il y a un parcours de 99 kilomètres et le coupon de secoude classe coCite également trois francs. Si le tarif transitoire de l'Etat était applique a la ligne de la Flandre-Occidentale, I'on paierait de Cour trai a Bruges (en 2a° classe) deux francs trente cinq centimes. D'après le tarif définitif, le prix tomberait a deux francs dix centimesc'esl-a-dire a trente pour cent en dessous du prix actuel. Aujourd'hui, Ie prix du parcours de 52 kilometres sur la ligne de la Flandre-Occidentale est égal au prix de parcours de 100 kilomètres sur les lignes de l'Etat. Voilé un premier rapprochement ne devrions- nous pas plutót dire éloignement En voici un second. he train de vilesse de Courtrai a Bruges (ligne di recte) a besoin d une heure vingt-sept minutes pour parcourir la distance (52 kilomètres) séparant ces deux villes. Sur la ligne de l'Etat, le train de vitesse de Cour trai a Gand emploie 45 minutes, celui de Gand a Bruges également 45 minutes, soit en total 90 mi nutes, c'est-a-dire que l'Etat parcourt 99 kilomètres en une heure trente minutes, alars que la Compagnie d'exploitation n'en parcourt que 52 en une heure vingt-sepl minutes. Ces chiffres ont une grande éloqueuce1 Nous extrayons d'une correspondance adressée de Bruxelles a I'F.cho de Liégeles détails suivants sur M. Guillery, Ie jeune représentant de Bruxelles dont la proposition sur la réforme électorale est en ce mo ment soumise aux deliberations de la Chambre M. Guillery est jeune encore, et il ne parait même pas son êge. On ne lui donnerait guère plus de trente ans. II a Ie malheur d'être un joli garcon c'est même presque un ridicule pour un homme politique. II est vrai que ces préventions injustes obligentceux qui en sont victimes a mériter par leurs actes ce qu'on re fuse a leur personne témoin Mi Vanderstichelen, qui a fait de son mieux p ur se faire pardonner ses cols brisés, sa raie au milieu du front, son air cocodès et son pantalon fourreau. L'homme politique doit être beau, mais non jolivoila mon sentiment. Le visage, la tournure, l'air distingué de M. Guil lery ont valu a ce jeune député de nombreuses defian ces, si non de véritables antipathies. Je ne crois pas me tromper cependant en disant qu'il est.devenu le plus populaire des membres de la jeune gauche. II est passé én téte de la liste aux dernières éiections géné rales. Cela s'explique par cette raison que M. Guillery a tenu plus qu'il n'avail promis el qu'il ne nousavait dontoa de droit d'espérer. Lorsqu'il arriva a la Chambre, ce n'élait pas assu- rément. comme un doctrinaire intraitable, mais ce n'é- tait pas non plus comme un libéral bien avance. II se prèsentait humblement comme un des représentants de ce libéralisme bourgeois et inoyen prêt a s'acconi- moder des circonstances saus résister au courant et sans le devancer. Son bagage politique était fort léger. 11 avait fait aux bureaux de I'Observateur une appari tion assez courte et ne s'y était pas fait trop remar- quer. II fit preuve de talent sansdoute, de convictiou et de droiture, mais sans briller d'un éclat extraordi- naiie* C était, en un mot, un homme nouveau; son passe ne répondait pas de lui, mais il n'avait a expier aucune erreur de jeunesse. II n'avait pas, comme Ie triste Boniface, a se faire pardonner des professions de foi empreinles fie je ne sais quel démocratisme suspect et chauvin. II n'avait pas fait le sermeut de suiv're Mazzini même avec ses fines bottines vernies, jusqu au bout de la rue. 11 n'avait pas brfilé un encens frelaté aux pieds du peuple, ni conspué les vieux partis. La démocratie n'ayant recu de lui aucun gage de dévouement ne lui demandait rien, tandis qu'elle dóversait son mépris sur Boniface et qu'elle ouvrait de grands yeux étonnés sur M. Funck et M. Van Hum beek, qui ont mis leurs opinions d'autrefois sur le compte des égarements de la jeunesse. Or, ce jeune député, ce M. Guillery guilleret, sé- millant, parfumé, est aujourd'hui un de nos progres- sistes les plus intelligents et les plus intrépides. M. Couvreur et M. Le Hardy ne m'en voudront pas assurément de ces louanges. J'ai pour eux aussi une sincère estime et non moins désintéressée. Mais je ne m'occupe en ce moment q^e, dp seul M. Guillery, et le tenjps me manque pour apprécier, par voie de com- paraisön, ce trio progressiste. Je ne crois pas me méprendre sur le motif véri- table de la popularité de M. Guillery, même dans le parti purement démocratique, dans les austères et les farouches. Sans doute ceux-ci ne se font pas illu sion sur les opinions de notre jeune députéils ne Ie considérent pas comme un des leurs, mais ils tiennent compte des circonstances que je viens d'indiquer et qui permeltraient a M. Guillery d'aller grossir sans vergogne Ie parti des satisfaits. Au lieu de cela, M. Guillery est presque des nótres sans avoir cepen dant ni ramifications ni relations personnelles avec nos amis. Comment se fait-il que M. Gpifiery, sortant de l'Associution libérale et arriyapt a la Ghambre comme représentant d'une nuance quasi-ministérielle, en soit arrivé a être un homme d'opposition Tous ses collègues, moins M. Le Hardy et M. Couvreur, ont pris un chemin opposé et plusieurs en sont même veuus a se vautrer publiqueinent dans la poussière des couvre-pieds ministériels. Une certaine indépendance de caractère, de l'hon- nêtelé réelle et du désintéressement expiiquenl cetie attitude. Quand on ne demande au pouvoir ni des concessions pour soi ni des places pour ses amis, que I'on cherche ses inspirations dans sa conscience et non dans l'antichambre des minislres, on arrive bien vite a meltre un abime entre soi et les députés qui soignent leurs petites affaires. II ne faut pas pour cela être bien radical, II sufïit de rester liberal tout court, ni avancé, ni arriéré, purement et simp.lement libé ral. Examinez la carrière parlementaire de MM. Guil lery, Couvreur et Le Hardy, vous verrez qu'ils n'ont pas été autre chose, lis ont été ce que M. Frère était dans ('opposition. Ils ont combattu les prodigaiiles, la militaireris outrée, les entreprises folies et insensées comme l'expédition mexicaine. Et voila tout. Ce pendant voyez quelle distance les sépare des ser- viles 1 M. Guillery a de plus voté contre le dernier projet de dotation au profit du comte de Flandre a-t-il mal fait? N'est-ce pas humilier notre familie royale que de la forcer, a tout propos, a recevoir- de nou- veaux cadeaux en argent monnayè en échange des services qu'elle nous rend et de ceux que le comte de Flandre pourra peut-étre nous rendre un jour Chronique des Conférences. [Suite et fin.) Qu'y avait-il done de si terrible dans ce Mariage de Figaro Un enfant du peuple, Figaro, est doué d'une intel ligence rare, que l'étude a dèveloppèe encore; c'est a la fois un artiste et un homme politique; eet homme est uti valet. Première iniquité sociale, premier coup de fouet a l'ancien régime! Bien plus, ce valet ne dai- gnerait pas èchanger sa condition de valet contre une autre on n'arrive plus que par l'intrigue et la fa veur, quand on arrive; médiocre et rampant, il se serail avancé dans les bureaux, mais Figaro ne s'a- baisse pas. Qui s'inquiète, du resle, dhns cette so ciété, si l'on consent a l'emploi qu'on sollicite Courbez l'échiue, saluez, vous serez l'élu; il faut un calculateur, on n'hésite pas on choisit un dan seur. Dans cette organisation sociale, qui occupe le pre mier rang? le grand seigneur. Qu'a-t-il fait pour tant debiens? 11 s'est donnó la peine denaitre. Justifie-t- il cette faveur par quelque qualité exceptionnelle? It est inferieur a son valet. Aux vertus qu'on exige dans un domestique, a dit Figaro dans Iq Parbier voire excellence connait-elle beaucoup de maltres qql fussent dignes d'être valets? Un homme sa-e nese fail point d'affaire avec les grands, dit Marce-

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1867 | | pagina 2