seul et qui, dans tous les cas, aurait suscité au pays
desembarras sérieux a l'heure oü, pour la première
fois depuis 86 ans, les litres de son existence vont
être soumis une nouvelle vérification. Tout ce qu'on
peut dire de mieux a l'excuse du gouvernement, c'est
qu'il n'avait aqcuoe inquietude sur Ie resultal du
vote. Mais a quoi bon alors cette puerile rodo
montade?
Nous lisons dans une correspondence adressée
au Précurseur d'Anvers
o Le bruit court que M. Ie ministre de l'intérieur a
manifesté a Ses collegues l'intenlion de renoncer a son
portefeuille. Ses collègues, ajoute-t-on, auraient eté
disposés a se séparer de l'honorahle M. A. Vandenpee-
reboom, avec qui ils se trouvent en désaccord sur
l'organisation des écoles d'adultes, et a qui ils n'ont
suaucun gréde l'enthousiasme qu'il a laissé éclater
après le fameux discours de M. Schollaert; vous vous
rappelez sans doute que depuis les explications qu'il
a données a la Ghambre après ce discours, l'honorable
ministre n'a plus pris part a la discussion du projet
de reforme electorale, et que lorsque la Chambre s'est
occupèe de l'arrêtè royal du septembre 1866 et de
la circulaire explicative du 28 octobre suivant, M. le
ministre de l'intérieur a ete, seul parmi les membres
du cabinet, a dèfendre l'organisation des écoles d'a
dultes, et l'application de la loi de 1842 a eet eusei-
gnement special. Et pourtant, malgré ces dissenti-
ments, les collègues de l'honorable ministre eprouvant
quelqu'embarras pour lui trouver uo successeur,
l'ont engagé a ne pas les abandonner. M. A. Vandea-
peereboom s'y est rèsigne, quoique son désir de se
retirer fut parfaitement sincère.
xi D'après un autre bruit qui est moins répandu,
et qui me parait beaucoup moins vraisemblable, M. le
ministre des finances aurait, dans un entretien ré
cent, assez vivement reproché a son co lègue des tra-
vaux publics d'avoir compromis par des réformes
trop radicales la situation des chemins de fer de t'Etat.
M. Vanderstichelen aurait également offert de donner
sa démission, mais ses collègues n'y auraient pas
consenti.
Ce n'est pas la première fois que le bruit de la dé
mission prochaine de M. le ministre de l'intérieur
circule dans la presse. Nous-mêmes, nous avons eu
Toccasion de le menlionner, il y a plusieurs moisdéja,
après la discussion soulevée a la Chambre, par la cir
culaire de notre representant-ministre sur l'organisa
tion des écoles d'adultes. Que cette circulaire ait été
désapprouvée par MM. Frère et Bara, qu'elle ait pro-
voqué, dans la chambre du conseil, un échange d'ex-
plications très-vives entre son auteur et le ministre
des finances, c'est ce que personne n'ignore. Mais on
nous permettra de révoquer en doute la sincérite du
désir que l'on prête a M. Alphonse Vandenpeereboom
de prendre sa retraite. Notre représentant doit avoir
un sentiment trop exact de sa position vis a-vis du
corps électoral qu'il rèprésente, pour abandonner bé-
névolement et sans autre raison qu'une certaine las
situde du pouvoir, les chances de réélection que lui
assurent les influences administratives dont la pos
session de ce même pouvoir lui permet de dispo
ser.
Nous comprendrions que M. Alphonse Vandenpee
reboom se retirat du ministère si son intention ètait
de quitter la vie politique et de renoncer a son man
dat parlementaire. Mais
Hors qu'un commandrment exprès du Roi nous vienne,
nous ne croirons jamais que, désirant le renouvelle
ment de ce mandat en 1868, notre representant songe
sèrieusement a une abdication qui lui enlèverait indu-
bitablemenl sa popularité de cartonla seule qui lui
reste.
A propos de taureaux.
On lit dans le Progrès du 28 avril
k L'abondance des matières nous empêche d'in-
sérer plusieurs réponses au Journal d'Ypres; nous
avons aussi un mot a démêler avec le Journal de
Cour tv ailun et l autre ne perdront rien pour at*
Ce dernier membre de phrase qui, dans toute
autre bouche serail la plus solte outrecuidance, n'est
de la part du Progrès qu'un juste hommage rendu a
son talent. La delicatesse et le savoir-faire de ce
journal sont connus et il faut s'altendre a de plus
grandes prouesses encore. Noblesse oblige est un
dicton qu'il connatt et pratiquearistocratique-
iaent.
C'était done chose hautement intéressante de voir
apparaitre ces réponses au Journal d'Ypres et vider
ces démêlés avec le Journal de Courtrai. Enfin, nous
tenons la pièce, elle a paru dimanche dernier et a
pour thême cent fois répété M. Carton et les exper
tises de taureaux.
Nous n'avons pas ['intention de nous initier dans
cette polémique nous dirons même tout de suite
que, si les opinions politiques ont déterminé l'èlimi-
nation de M. le bourgmestre de Messines, la dépula-
tion permanente est hautement blèmable. Mais est-ce
bien le véritable motif? L'organe de la coterie le
prétend, mais franchement, pour être convaincu, il
nous faudrait d'autres preuves que ses assertions.
Loin de nous la pensee de révoquer en doute les
connaissances spèciales de M. le bourgmestre de Mes
sines et la distinction avec laquelle il a présidé le
jury de la 14e circonscription. II nous est impossible
toutefois de trouver une raison au mainlien d'un pré
sident de jury ou de commission dans cette seule
considération produite par Ie Progrès que, depuis
dix-neufans, il préside ce jury. Tout au contraire
il nous semble et ceci soit dit sans aucune appli
cation personnelle il nous semble que le plus sür
moyen d'écarter l'esprit de camaraderie et les deci
sions coinplaisantes, c'est de varier, autant que pos
sible, la composition des commissions et des jurys.
Tel est aussi l'avis d'un personnage haut placé et dont
le Progrès reflète les idéés. Lui aussi lient a ne pas
confier toujours les mêmes missions aux mêmes per-
sonnes, de crainte d'étre accusé de camaraderie, de
coterie, etc. Cette régie, il tient a la suivre pour
toutes les commissions, pour tous les jurys et cherche
cheque recomposition a y introduire des noms nou-
veaux.
En présence d'un témoignage si éminent, nous
pouvons faire bon marché de l'opinion du Progrès et
attendre pour nous prononcer d'autres preuves qué
ses vaines déclamalions. Au surplus, nous n'avons
pas a dèfendre notre députation permanente dont les
idéés n'ont rien de commun avec les nótres. Notre
but en prenant la plume est tout simplement de faire
ressortir quelques-unes des inconsequences du jour
nal doctrinaire.
Une autre phrase nous a frappé dans l'article qui
nous occupe. Nous y lisons lextuellement ce qui suit
Si l'hostilité, pour autant qu'il y en a, était venue
de M. Carton, il est probable que M. de Gheus n'eut
éténi nommé, ni renomtnè bourgmestre de Voorme-
zee e. Get aveu est si exorbitant qu'il faut avoir le
texte sous les yeux pour y croire.
Ainsi voila qui est clair. Quiconque aura eu le
malheur de deplaire M. Carton ne pourra être ni
bourgmestre, ni échevin, ni remplir aucune fonction
dans I'arrondissement. M. Carton le désignera a la
vindicte doctrinaire, et les minislres qu'il fait appa-
remment mouvoir a sa guise, s'empresseront d'exé-
cuter la sentence. Allons, électeurs, vous n'avez qu'a
vous bien tenir desormais et a choisir des manda-
taires agréablessinon vous courez risque de voir
vos localites privèes de bourgmestre pendant plu-r
sieurs annees, comme a Wervicq, au grand prejudice
des intéréts administratifs.
N'oubliez pas l'avertissement, songez la terrible
hostililé de M. Carton et soyez a l'avenir dociles
comme des moutons. Sachez une bonne fois que la
doctrine est dieu aujourd'hui et que M. le commissaire
est son prophéte. Que disons-nous? M. le commissaire
est place par le fail bien au-dessus de la royauté, car
c'est le Roi qui d'ordinaire, sur la proposition du mi
nistre, nomine les bourgmestres et échevins, et, s'il
était vrai, comme l'ècrit Ie Progrès, que lorsqu'on
rencontre l'hostilité du haul fonctionnaire qui régit
notre arrondissement on n'est ni nomine, ni re-
norainé bourgmestre, il s'en suivrait que M. Car
ton serail en realité Ie chef su'prême et le dispensa-
teur de toutes choses. Cette supposition nous parait
si ridicule que nous craignons que, dans cette cir-
constance encore, le geai se pare des plumes du
paon.
Nous ne nous arrêtons pas au parallèle que M. le
rédacteur du Progrès essaie d'établir entre certaine
personne el lui, quoique nous n'ayons pas oublié la
désopilante histoire du veau couronné. M. le commis
saire a nié, il est vrai, sa participation a ce couron-
nement, se rappelant trop bien peut-être le proverbe
Tout mauvais cas est niable.
Mais passons.
■Le Progrès n'admet pas avec le Journal de Cour
trai que toutes les places soient occupées par des
libèraux; il prétend, au contraire, que plus de la
moitié des fonctionnaires appartiennent encore
l'opinion catholique. II ne dit pas s'il entend par-
ler de (oute la Belgique ou de notre arrondissement
en particulier; nous ne pouvons done le suivre dans
ses calculs, double raison pour nous de regretter qu'il
ne soit pas plus explicite sur ce chapitre délicat et ne
donne a ses lecteurs quelques explications sur les
plus curieuses nominations de ces derniers temps,
émanées du département de l'intérieur ou dues a
l'intervention personnelle du chef de ce département.
<x Nous ne sommes plus a l'époque, poursuil-il, oil il
faut produire son billet de confession et s'abstenir de
la lecture de mauvais journaux pour obtenir de l'avan-
cement. Non, mais aujourd'hui il faut donner des
gages de docilité et de soumission aux inaitres; s'il
ne faut plus produire son billet de confession, il faut
encore être muni de la recommandation des coteries
la défense de lire les mauvais journaux reste la même,
les catégories seules varient et, si les catholiques
condamnent de ce nom tous les journaux libéraux en
general, les doctrinaires a leur tour ne se font pas
scrupule d'inlerdire la lecture des journaux qui leur
déplaisent, de tousceux qui ne s'inclinent pas com-
plaisamment devant leur omnipotence et ne jettent pas
un voile discret sur leurs tripotages. Comme peines
pour les récalcitrants, d'un cóté, l'enfer et ses lour-
ments éternels. d'un autre, les refus de protection,
les menaces de destitution, mesures non moins efli-
caces, au fond, même intolerance, même exclusivisme,
pour nous servir d'un mot du Progrès. Entre les clé-
ricaux exclusifs parlant au nom d'une vérité dont ils
prétendent posseder Ie monopole et les doctrinaires
intolérants, il n'y a d'autre ligne de déuiarcation que
l'hypocrisie. Ni avec les uns, ni avec les autres, le
vrai libéralisme, basé sur la liberté de pensée, sur le.
libreexrmen, n'a rien a voir.
La feuille doctrinaire se souvient, dit-elle, du
temps de béate memoire, oü on refusail une place de
juge paree que le postulant était son abonné. Nous
nous souvenons aussi de l'époque contemporaine,
d'odieuse mémoire, oü des fonctionnaires furent som
més de renoncer aux journaux avancés, le Pulletin
du Dimanche, la Liberté, 1'Opinionet autres, sous
peinede voir leur carrière entravèe et peut-être même
n'est-il pas éloigné le jour oü, imilant le ministre de
Injustice de 1856, nos politiques, a leur tour, repro-
cheront a nos amis el aux leurs d'être abonnés a
Vindépendance; deja le Progrès fa dit Ce journal
soutient depuis quel que temps détranges thèses.
L'avenir promet et les patrons sont décidés se
perfectioneer. A peine leur organe a-t il bon droit
declarè les catholiques ridicules, lorsqu'ils se met
tent a crier a l'intolérance eta l'exclusivisme, qu'il
leur adresse cette apostrophe ingénne Nous ne
sommes que vos élèves, mais nous profitons de vos le-
gons et aujourd'hui vous venez de nous en donner une
nouvelle qui ne sera pas perdue pour l'avenir.
Se poser en élèves, c'est vraiment trop de modestie.
Quoiqu'il en soit, la confession si niuïve el si inat-
temlue du Progrès vaul son pesant d'or elle ne sera
pas perdue non plus pour tous ceux qui ne ferment
pas obstinément les yeux a la lumière. Merci pour
eux, merci pour nous. Nous voici düment prévenus
et un hoinme prévenu en vaut, dil-on, deux.
Bonnet hlanc et blanc bonnet.
Nous assistons depuis quelque temps a une lutte de
philosophie, de principes ét de sincèrité entre deux
confrères qui sont d'une jolie force a ces armes...
A l'approche des élections, le Journal d'Ypres se
met en campagne mortté sur Ie vieux dada des catho
liques. autrefois nommé franc-magon etmainlenant
rajeuni du nom de libre-penseurau besoind'affóe.
Voila Don Quichotte lancé sur sa rossinante et mer
chant au tournoi. Ceci n'a rien qui puisse nous éton-
ner et les électeurs y sont tellement habitués qu'ils
ne croyent plus guère a ces persécutions dont se plaint
le clergé, ni a ces horreurs dont il aime a affubler des
hommes honorables refusant de plier l'ecbine sous
l'intolérance interessée et I'amour de la domination
qui se forlifient chaque jour davanlage dans le coeur
des ministres de Dieu.
Ce qui nous étonne bien autrement, c'est de voir
accuser de libéralisme compere le Progrès. Comment l
le Progrès libre-penseur, le Progrès solidaire 1 Mais
c'est une horreur et nous comprenons tout le zèle qui
l'anime lorsqu'il renie ces titres. Tel n'est certes pas
son libéralisme.... il préférerait faire adorer ses pa
trons que prècher I'atheisme.
Non, brave Journal d' Ypres, soyez de bon compte.
TENDRE.