JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT YPRE$?^Dimanche Cinquième année. N° 20. 19 Mai 1867. Le tout payable d'avance. Paraissant le dimanche. AVIS A NOS ABQNNÉS. PRIX HES 41K01CEK ET DES RECLAMES 10 Centimes It petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes. P1E1X O'lBOSlEMEiIT POUR LA BELGIQUE 8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, le port en sus. Un Numéro 25 Centimes. Laissez dire, laissez-vous blèmer, mais publiez votre pensée. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journalchez Félix Lambin, imp.-libI On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toules lettres rue de Dixmude, 59. ou envois d'argent doivent etre adressés franco au bureau du journal. Les quittance's d'abonnement 1'Opinion seront mises en recouvremrnt pirlir de deinain. Nous saisissous cette occasion pour annoncer k nos Abon- nés que, dans le hut d'éviter les complications resultant du système d'abonnement que nous avons suivi jusqu'it ce jour, tous les abonnements ont èfé ramenès tl des échéances tri- mestrielles communes fixèes aux 1er fcvrier, 1" mai, 1«aoüt el l«r novembrc de chaque année. Bien que l'application de ce nouveau système ne doive exercer aucune influence sur le prix de l'abonnement lui-même, nous avons cru nécessaire d'en avertir nos abonnés, qui s'expliqurronl ainsi fort aisé- ment la différtnee de Ia quittance qui va leur être présentée avec celles qu'ils ont payees aritérieurement. Ypres, 13 v3ai stt: La Constitution beige consacre, en principe, la li- berte la plus compléte pour tous les citoyens et leur égalitó absolue devant la loi. II s'en faut malheureu- sement de beaucoup que nous puissions impunement user des droits qu'elle nous a si liboralement oclroyés, et quoi qu'il en coüte it nutre atnour propre national, il nous faut bien reconnoitre que 1 oeuvre du Congrès national n'est pas toujours scrupuleusement respec- tée et que des restrictions nombreuses sont appor- tées, dans la pratique, a l'usage de nos droits les mieux établis. Ainsi, tandis que la Constitution proclame que loutes les distinctions de castes sont abolies, nous voyons rnaintenu et appliqué par nos tribunaux l'ar- tic e 1781 du Code civil qui consacre la plus frap pante inegalité entre le maitre et Touvrier. C'est en f ELIILLETO Nous venons partager avec nos lecteurs la bonne fortune qui nous échoit il nous est donné de pouvoir leur offrir la primeur d'un des articles du livre im- porlantParis Guioe, qui va voir le jour le 20 de ce mois. Le travail que les éditeurs nous meitent a rnéme de publier est dü a la plume de l'éminenl écrivain li beral, M. P. Lanfrey. II a pour sujet I'Hotel de Ville de Paris. II est curieux pour nous cbez qui les hólels de ville ont jouè un si grand róle dans les annales de nos com munes, de voir le róle et de suivre l'histoire de VHótel de Ville de Paris. Celui ci aussi résumé dans urie cer- taine mesure l'histoire lout entière de Paris, dans le passe au mains. Et VI. Lanfrey indique bien, dans un sage et excellent esprit, comment les traditions muni- cipales perdues ont enlevé aujourd'hui au peuple de Paris l'usage de ses premiers dr 'its. II indique aussi Ie rernède. On lira avec plaisir et interét ces pages d'un penseur et d'un historiën a la fois. Chapitre inédit de Paris-Guide. III. LES MONUMENTS. E'llolel de %'ille, par P. Lanfrey. Les monuments ont un langage a eux qui, pour être muet, n'en est pas moins expressif parfois que vain que M. Bara. ministrede la justice, a voiffu faire disparaitre de nos lois cette disposition inconstilu- tionnelle; Ie projet de loi présenté par lui a été re- poussé par le Senat. La liberie de la presse, quechacun se plait a pro- clamer la sauvegarde de toutes les autres, a été amoindrie par la loi Faider qui soustraita sa censure les actes des gouvernements étrangers les plus atten- tatoires a la morale universelle. Contrairement a une stipulation formelle de la Constitution qui défère au jury la connaissance de tous les délits commis par la voie de la presse, nous voyons chaque jour attraits devant des tribunaux civils des editeurs de journaux, sous prétexte de dommages a réparer pour avaries causées a l'hono- rabilité de tel ou tel particulier. Et quant a la liberté d'association, existe-t-elle dans son intègrité et le Code de commerce n'y apporte-t- il pas des entraves en soumettant la creation des sociélés anonyines a l'approbation du gouvernement Devons-nous rappeler que I'anonymat a été refusé a une société philanthropique fondée a Verviers pour l'établissement de ciiés ouvrières, sous pretexte que son but n'était pas mercantile? II a fallu une loi spé ciale pour autoriser cette société a se constituer sous la forme qu'elle jugeait le plus utile au développement et a la sécurité de ses operations. HAtons-nous de dire cependant qu'en ce qui concerne la constitution sous la forme anonvme des sociétés pour érection de cités-ouvrières, le gouvernement a reconnu les in- convénients du Code de commerce, puisqu'il vient de déposer un projet de loi l'autorisant a conférer I'ano nymat aux sociétés de cette nature. Quant aux autres le langage parlé ou écrit. Soit qu'ils tiennent cette physionomie significative de leur origine niêrne, soit qu'elle leur ait été imprimee après coup par la main du leraps, elle offVe presque toujours un rapport sai- sissant avec les souvenirs qu'ils évoquent Qui ne se rappeile, pour choisir un exemple même dans. un ordre tout a fait inferieur, l'aspect sinistre et désolé de l'Abbaye, aujourd'hui détruite V Notre-Dame est le poëme imposant de la foi du moyen age le vieux Louvre raconte a sa facon les fantaisies et les raffine- ments de la cour voluptueuse des derniers Valois la Colonnade a, dans sa grande ordonnance et ses heu- reuses proportions, touie l'harmonie d'une tragedie de Racine. L'Hóiel de Yille de Paris ne possède pas celle vérilé de physionomieaussi peut-on dire en un certaiu sens qu'il manques de caractère. A voir eet élégant édifi e, aoquel les restauralions, les agran- dissements successifs, les retouches de l'art bourgeois n'ont pu faire perlre le cachet de noblesse et de grace que la renaissance imprimait a toules les ceuvres.qui songerait a l'höte terrible auquel il a tant de fois servi de citadelle? C'esl la le palais prefere d'une bourgeoi sie opulente et paisible, ce n'est pas le théAtre orageux des revolutions. Tetnoin impassible et oublieux de tant dp scènes tragiques, il ne nous apprend rien sur sa propre hisloire. L'aspect général est souriant plutöt que severe l'ensemble, un peu charge d'ornements, eveille l'idée du luxe et de la richesse, plutól que celle de la grandeur et de la force. A la vérité,quelques sta- sociétésleur existence continuera, comme par le passé, de dépendre du bon plaisir du pouvoir. La liberté de l'enseignement n'a pas plus que les autres échappé aux restrictions inconstitutionnelles. La loi de 1842 qui admet l'introduction du clergé, a titre d'autorité, dans nos écoles primaires, vient d'être étendu aux écoles d'adultes. Et la liberté de conscience, au moins, est-elle res- pectée? Des faits récents démontrent qu'elle aussi subit de graves atteintes. De par les Cours d'appel de Liége et de Bruxelles, tous les témoins cités devant les tribunaux doivent, sous peine d'amende, qu'ils croient en Dieu ou qu'ils n'y croient pas, invoquer la Divinité. Voila de quelle facon les tribunaux res pectent la liberté de conscience. Nul ne peut, dit la Constitution, être contrahit de participer aux cérémonies d'un culte quelconque. Ce texte est clair, formel et ne peut donner lieu a au cune discussion. F.t cependant, M. le ministre de l'intérieur trouve bon, parfaitement constitutionnel, d'intliger un blame un instituteur coupable d'avoir revendiqué ses droits de citoyen en refusant de con- duire ses èlèves a la messe et d'v surveiller leur con duite pendant la duree des offices. Aux yeux de M. Vandenpeereboom, l'homme qui se dévoue a l'in- struction de la jeunesse a perdu tous ses droits de citoyen', ce n'est plus qu'uue machine a la dévotion du clergé. Nous pourrions citer bien d'autres faits encore, mais ceux que nous venons de rappeler suffisent pour attestor que l'esprit de liberté n'a pas encore penètré complètement dans nos mueurs et que nous avons encore beaucoup d'étapes a parcourir avant tues de grands hommes qui decorent l'édifice, nous rappellent ('institution qui a règné la; mais elles ne nous parient ni de ses lultes ardentes, ni de son am bition sans limites, ni surtout de la souveraineté for midable qu'elle a exercée par instants. En revanche, eet air d'èléganc.A el de prospérite satisfaite expnme assez exaolement le róle diminué et les visees actuelles de ce qui fut autrefois la Commune de Paris le repos dans l'opulence. II y a loin de cette splendeur a l'auslère simplicité de ce Par loir aux bourgeois qui fut l'humble berceau de la puissance municipale, ou de cette Maison aux piliers qui fut témoin de son premier essai de dicta- ture sous la prévóté d'Elienne Marcel. Cependant, qu'on ne s'y trompe pas, sous ces dehors modestes il y avait alors une grande chose qui n'existe plus sous les magnifiques apparences d'aujourd'hui, il y avait une municipalité librement élue, animée d'une forte vie, jalouse de ses droits et de ses franchises, faisaut elle-même ses propres affaires. Ou sonl-ils les francs bourgeois de Paris lis out si bien disparu que de notre temps un préfet de Paris a pu écrire, sans être dé menti. une circulaire oü il est a peu prés demontrè que le Parisien lui-même n'existe pas. Paris a plus d'une fois pretendu legiferer pour Ie monde enlier; mais on voit qu'il a eté bien puni de son cosmopoli- tisme, puisqu'on lui contesle maiulenant jusqu'a sa personnalite. II faut qu'on Ie croie bien guéri de ses grandes ambitions pour qu'on ose placer un semblable

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L’Opinion (1863-1873) | 1867 | | pagina 1