JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPRE$?^Dimanche Cinquième année. N° 20. 19 Mai 1867.
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ce nouveau système ne doive exercer aucune influence sur le
prix de l'abonnement lui-même, nous avons cru nécessaire
d'en avertir nos abonnés, qui s'expliqurronl ainsi fort aisé-
ment la différtnee de Ia quittance qui va leur être présentée
avec celles qu'ils ont payees aritérieurement.
Ypres, 13 v3ai stt:
La Constitution beige consacre, en principe, la li-
berte la plus compléte pour tous les citoyens et leur
égalitó absolue devant la loi. II s'en faut malheureu-
sement de beaucoup que nous puissions impunement
user des droits qu'elle nous a si liboralement oclroyés,
et quoi qu'il en coüte it nutre atnour propre national,
il nous faut bien reconnoitre que 1 oeuvre du Congrès
national n'est pas toujours scrupuleusement respec-
tée et que des restrictions nombreuses sont appor-
tées, dans la pratique, a l'usage de nos droits les
mieux établis.
Ainsi, tandis que la Constitution proclame que
loutes les distinctions de castes sont abolies, nous
voyons rnaintenu et appliqué par nos tribunaux l'ar-
tic e 1781 du Code civil qui consacre la plus frap
pante inegalité entre le maitre et Touvrier. C'est en
f ELIILLETO
Nous venons partager avec nos lecteurs la bonne
fortune qui nous échoit il nous est donné de pouvoir
leur offrir la primeur d'un des articles du livre im-
porlantParis Guioe, qui va voir le jour le 20 de ce
mois.
Le travail que les éditeurs nous meitent a rnéme
de publier est dü a la plume de l'éminenl écrivain li
beral, M. P. Lanfrey. II a pour sujet I'Hotel de Ville de
Paris.
II est curieux pour nous cbez qui les hólels de ville
ont jouè un si grand róle dans les annales de nos com
munes, de voir le róle et de suivre l'histoire de VHótel
de Ville de Paris. Celui ci aussi résumé dans urie cer-
taine mesure l'histoire lout entière de Paris, dans le
passe au mains. Et VI. Lanfrey indique bien, dans un
sage et excellent esprit, comment les traditions muni-
cipales perdues ont enlevé aujourd'hui au peuple de
Paris l'usage de ses premiers dr 'its. II indique aussi
Ie rernède. On lira avec plaisir et interét ces pages
d'un penseur et d'un historiën a la fois.
Chapitre inédit de Paris-Guide.
III. LES MONUMENTS.
E'llolel de %'ille, par P. Lanfrey.
Les monuments ont un langage a eux qui, pour
être muet, n'en est pas moins expressif parfois que
vain que M. Bara. ministrede la justice, a voiffu faire
disparaitre de nos lois cette disposition inconstilu-
tionnelle; Ie projet de loi présenté par lui a été re-
poussé par le Senat.
La liberie de la presse, quechacun se plait a pro-
clamer la sauvegarde de toutes les autres, a été
amoindrie par la loi Faider qui soustraita sa censure
les actes des gouvernements étrangers les plus atten-
tatoires a la morale universelle.
Contrairement a une stipulation formelle de la
Constitution qui défère au jury la connaissance de
tous les délits commis par la voie de la presse, nous
voyons chaque jour attraits devant des tribunaux
civils des editeurs de journaux, sous prétexte de
dommages a réparer pour avaries causées a l'hono-
rabilité de tel ou tel particulier.
Et quant a la liberté d'association, existe-t-elle dans
son intègrité et le Code de commerce n'y apporte-t-
il pas des entraves en soumettant la creation des
sociélés anonyines a l'approbation du gouvernement
Devons-nous rappeler que I'anonymat a été refusé a
une société philanthropique fondée a Verviers pour
l'établissement de ciiés ouvrières, sous pretexte que
son but n'était pas mercantile? II a fallu une loi spé
ciale pour autoriser cette société a se constituer sous
la forme qu'elle jugeait le plus utile au développement
et a la sécurité de ses operations. HAtons-nous de
dire cependant qu'en ce qui concerne la constitution
sous la forme anonvme des sociétés pour érection de
cités-ouvrières, le gouvernement a reconnu les in-
convénients du Code de commerce, puisqu'il vient de
déposer un projet de loi l'autorisant a conférer I'ano
nymat aux sociétés de cette nature. Quant aux autres
le langage parlé ou écrit. Soit qu'ils tiennent cette
physionomie significative de leur origine niêrne, soit
qu'elle leur ait été imprimee après coup par la main
du leraps, elle offVe presque toujours un rapport sai-
sissant avec les souvenirs qu'ils évoquent Qui ne se
rappeile, pour choisir un exemple même dans. un
ordre tout a fait inferieur, l'aspect sinistre et désolé
de l'Abbaye, aujourd'hui détruite V Notre-Dame est le
poëme imposant de la foi du moyen age le vieux
Louvre raconte a sa facon les fantaisies et les raffine-
ments de la cour voluptueuse des derniers Valois la
Colonnade a, dans sa grande ordonnance et ses heu-
reuses proportions, touie l'harmonie d'une tragedie
de Racine. L'Hóiel de Yille de Paris ne possède pas
celle vérilé de physionomieaussi peut-on dire en un
certaiu sens qu'il manques de caractère. A voir eet
élégant édifi e, aoquel les restauralions, les agran-
dissements successifs, les retouches de l'art bourgeois
n'ont pu faire perlre le cachet de noblesse et de grace
que la renaissance imprimait a toules les ceuvres.qui
songerait a l'höte terrible auquel il a tant de fois servi
de citadelle? C'esl la le palais prefere d'une bourgeoi
sie opulente et paisible, ce n'est pas le théAtre orageux
des revolutions. Tetnoin impassible et oublieux de tant
dp scènes tragiques, il ne nous apprend rien sur sa
propre hisloire. L'aspect général est souriant plutöt
que severe l'ensemble, un peu charge d'ornements,
eveille l'idée du luxe et de la richesse, plutól que celle
de la grandeur et de la force. A la vérité,quelques sta-
sociétésleur existence continuera, comme par le
passé, de dépendre du bon plaisir du pouvoir.
La liberté de l'enseignement n'a pas plus que les
autres échappé aux restrictions inconstitutionnelles.
La loi de 1842 qui admet l'introduction du clergé, a
titre d'autorité, dans nos écoles primaires, vient
d'être étendu aux écoles d'adultes.
Et la liberté de conscience, au moins, est-elle res-
pectée? Des faits récents démontrent qu'elle aussi
subit de graves atteintes. De par les Cours d'appel de
Liége et de Bruxelles, tous les témoins cités devant
les tribunaux doivent, sous peine d'amende, qu'ils
croient en Dieu ou qu'ils n'y croient pas, invoquer la
Divinité. Voila de quelle facon les tribunaux res
pectent la liberté de conscience.
Nul ne peut, dit la Constitution, être contrahit de
participer aux cérémonies d'un culte quelconque. Ce
texte est clair, formel et ne peut donner lieu a au
cune discussion. F.t cependant, M. le ministre de
l'intérieur trouve bon, parfaitement constitutionnel,
d'intliger un blame un instituteur coupable d'avoir
revendiqué ses droits de citoyen en refusant de con-
duire ses èlèves a la messe et d'v surveiller leur con
duite pendant la duree des offices. Aux yeux de
M. Vandenpeereboom, l'homme qui se dévoue a l'in-
struction de la jeunesse a perdu tous ses droits de
citoyen', ce n'est plus qu'uue machine a la dévotion
du clergé.
Nous pourrions citer bien d'autres faits encore,
mais ceux que nous venons de rappeler suffisent
pour attestor que l'esprit de liberté n'a pas encore
penètré complètement dans nos mueurs et que nous
avons encore beaucoup d'étapes a parcourir avant
tues de grands hommes qui decorent l'édifice, nous
rappellent ('institution qui a règné la; mais elles ne
nous parient ni de ses lultes ardentes, ni de son am
bition sans limites, ni surtout de la souveraineté for
midable qu'elle a exercée par instants. En revanche,
eet air d'èléganc.A el de prospérite satisfaite expnme
assez exaolement le róle diminué et les visees actuelles
de ce qui fut autrefois la Commune de Paris le repos
dans l'opulence.
II y a loin de cette splendeur a l'auslère simplicité
de ce Par loir aux bourgeois qui fut l'humble berceau
de la puissance municipale, ou de cette Maison aux
piliers qui fut témoin de son premier essai de dicta-
ture sous la prévóté d'Elienne Marcel. Cependant,
qu'on ne s'y trompe pas, sous ces dehors modestes il
y avait alors une grande chose qui n'existe plus sous
les magnifiques apparences d'aujourd'hui, il y avait
une municipalité librement élue, animée d'une forte
vie, jalouse de ses droits et de ses franchises, faisaut
elle-même ses propres affaires. Ou sonl-ils les francs
bourgeois de Paris lis out si bien disparu que de notre
temps un préfet de Paris a pu écrire, sans être dé
menti. une circulaire oü il est a peu prés demontrè
que le Parisien lui-même n'existe pas. Paris a plus
d'une fois pretendu legiferer pour Ie monde enlier;
mais on voit qu'il a eté bien puni de son cosmopoli-
tisme, puisqu'on lui contesle maiulenant jusqu'a sa
personnalite. II faut qu'on Ie croie bien guéri de ses
grandes ambitions pour qu'on ose placer un semblable