de pouvoir proclamer qu'en Belgique tous les prin
cipes constitutionnels som scrupuleusement recon-
nus et appiiqués par les pouvoirs publics.
La Chambre vient de decider, sur la proposition
d'un honorable représentant de Mons, M. de Thuin,
qu'elle consacrerait une de ses prochaines séances a
l'exanjen de la petition de l'administration commu
nale de Nimy, relative au blême infligé par M. Ie mi-
nistre de l'lntérieur a l'inslituteur de cette commune
pour s'être permis la liberie grande de resister aux
iujonclions de son curé qui voulait l'obliger a accom-
pagner ses élèves a la messe et a la procession. M. Ie
ministre de l'lntérieur a vu dans ce refus un acte
d'insubordination grave, un manquement burnable
aux régies de la discipline qui soumet, de par la loi
de 1842, l'instiluteur laïque aux volontës du clergé
catholique et il s'est empressé de donner satisfaction
aux justes reclamations de M. Ie curé de Nimy en rap-
pelant publiquement l'instiluteur récalcitrant a ses
devoirs.
C'etaii bien fait et M. i'instituteur de Nimy n'avait,
sans doute, que ce qu'il mèritait. Malheureusemeut
pour M. Ie ministre de l'lntérieur, il s'est trouvé que
l'administration communale de Nimy possède un
bourgmestre doué d'une fort mauvaise tête et qui
n'entend pas du tout l'indépendance du pouvoir civil
a la manièrede M. Alphonsu Vandenpeereboom. On a
eu beau lui représenter que M. Vandenpeereboom,
ayantjadis fait partie du Gongrès liberal et votéavec
tous les membres de cette assemblée l'exclusion du
clergé de toute intervention dans l'enseignemenl pu
blic, devait comprendre beaucoup mieux que lui,
paysan sans culture politique, le sens véritable du
principe de l'indépendance réciproque des deux pou
voirs ce bourgmestre lêtu n'a rien voulu entendre et,
oublieux son tour du respect qu'il doit a son chef
administratif, il a adressé, de concert avec son éche-
vin non moins têtu que lui, une éuergique protesta
tion a la Chambre des représenianls contre le blême
infligé par M. le ministre de l'lntérieur a son institu-
teur.
La Chambre se souciait médiocrement des'occuper
de cette protestation et peut-être ne serail-elle point
sortie de longtemps des cartons du greffe.u'etaient les
réclamations incessantes du têtu bourgmestre de
Nimy auprès des représentants de Mons, auxquels
il ne laissait ni paix ni trève qu'ils n'eussent pro-
voqué la raise a l'ordre du jour de sa petition. Ce
bourgmestre est, d'ailleurs, un électeur influent dans
['arrondissement; il pouvait devenir dangereux de
l'éconduire plus longtemps. M. de Thuin s'est done
decide a lui donner satisfaction et la Chambre, mise
en demeure de se prononcer, n'a pas pu faire autre-
ment que de fixer jour pour le débat, qui promet
d'être curieux et instructif.
maqrlgnon, ciaquigaon et demi.
La générosité fut toujours l'apanage de la noblesse
et l'un des plus beaux fleurons de sa couronne. El le
persiflage dans la bouche de son premier magistrat.
L'histoire des vicissitudes extraordinaires et du róle
unique de la municipalité de Paris explique l'appa-
rente contradiction qu'il y a entre son point de depart
et sa situation présente, entre la puissanle vitaiité
d'autrefois et l'anéantissement d'aujourd'hui. Ce ré-
sultat ne tient pas seulement en effet aux causes gé
nérales qui ont rèagi sur la destinée du pays tout
entier, il tient plus encore peut être a Paction histo-
rique de cette institution, a l'usage qu'elle a fait de
ses forces et de son pouvoir. Sa decadence est loin de
daler, comme on le croit communément, des ccups
qui ont frappé les libertes publiques a cette époque,
depuis longtemps deja elle n'avait plus qu'un soufile
de vie.
Les origines de la municipalité de Paris sont les
mêmesque celles des communes, et elle a éle formée
des mêmes éléments. Ce qui a fait son originalité his-
torique, e'est que, placée plus prés du pouvoir cen
tral, elle a agi auprès de lui comme une sorte de tri
bun du peuple. Aussitót qu'elle a assez grandi pour
qu'elle puisse manifester une volonté propre et des
desseins suivis, elle devient comme une seconde per-
sonnificalion du tiers état, qui n'avait, comme on le
sail, aux élats généraux, qu'une reprèseutalion peu
en rapport avec son importance et sa legitime ambi
tion. Elle a les mêmes commencements, les mêmes
passions, la même fortune. Alliée comme lui a Ia mo
narchie en haine de la feodaiilè, on la voit dés le trei-
l'est encore aujourd'hui et peu de jours se sont écou-
lés depuis qu'uu des preux chevaliers de l'un des
arrondissements de notre province en a donné la
preuve la plus ample. Le noble personnage possé-
dait deux vieux chevaux usés. Un beau jour il vou-
lut les remplacer; les vendit et en acheta deux autres.
L'afiaire était bonne. Aussi, après en avoir soldé le
prix convenu, nous ne savons pas si le payement
se fit en or ou en papier, en homme généreux, il
donna au marchand trais billets.... trois billets qui
étaierit pure largesse de sa part.
Le marchand resta confondu de cette prodigualité a
laquelle il irétait pas habitue, et lorsqu'il se trouva
seul, il se mita les examinerCes billets portaient
le nom de Monsieur X..., un grand nom politique.
Fichtre, se dit l'homme de cheval I Et comme la scèae
se passait dans un cabaret tout etourdi encore de
sa bonne aubaine, il courutè la salie commune mon-
trer son trèsor. Un immense éclat de rire l'accueillit,
puis les quolibets l'assaiilirent. Car le don de l'ache-
teur se bornait a trois billets électoraux a èchéance du
11 juin. Malgre les rires et les bons mots des buveurs,
notre marchand ne put croire a ce nouveau moyen
de maquignonnage électoral et, persistant dans sa foi
en la valeur des billets recus, il les emporta soigneu-
sement.
Voila bien un ingénieux système de courtage poli
tique! Et n'est-ce pas le cas ou jamais de dire de
plus en plus fortcomme chez Gringalet I 11
Ville d'Ypres.
Conseil communal.
Séance publique du Sarnedi 4 Mai 1867.
Présents MM. P. Beke, bourgmestre; L. Van-
heule, G. de Stuers, échevius Ch. Vandebroucke,
Ed. Cardinael, Ch. Becuwe, Ch. Lannoy, L. Vanal-
leynnes, Aug. Beaucourt, F. MessiaenAug. Hyn-
derick, Aug. Brunfaut, Aug. Froidure, conseiliers.
Absents MM. Th. Vandenboogaerde, P. Boedt,
conseiliers.
M. le secrétaire étant absent, M. l'échevin de
Stuers donne lecture du procés-verbald'un ton
sec et saccadé.
M. le bourgmestre annonce qu'une députation,
composée du Collége et de deux membres du Conseil,
a laquelle d'autres membres auront la fnculté de se
joindre, se rendra a Bruxelles pour inviter le Roi et
la Familie Royale a visiter la ville d'Ypres a lepoque
des Fêtes coinmunales.
M. Vanheule donne lecture du procés-verbal de la
vérification trimistrielle de la caisse communale, qui
est approuvé.
Au nom du Collége, M. Beke présente un rapport
sur un projet de reglement nouveau pour les corps de
brouetteurs de bière et de portefaix.
Ces sortes de rapport nous l'avons plus d'une
fois constaté sient parliculièrement a la nature
particulière du talent de M. Beke. En le voyant exbu-
zièine siècle honorèe par les rois de marques de con-
fiance que lui envient les grands vassaux de la cou
ronne. C'est au prevót des marchands et aux échevins
de Paris que Philippe-Auguste confie son trésor et son
testament au moment de partir pour la croisade. A
leur juridiction, qui jusque-la avail été surtout com-
merciale, il ajoute la basse justice, la haute police, le
contróle des poids et mesures (1220). C'est alors qu'ils
adoptent pour armoirie et pour sceau le navire aux
voiles déployées, symbole d'espérance.
L'intluence de la magistrature municipale s'accroit
encore sous les règnes suivants. et avec son influence
grandit son ambition. Du dési? de l'indépendance elle
s'elève tout a eoup a celui de la domination, lorsque
la defaite du roi Jean a Poitiers est venue démontrer
l'insuöisance de la royau'é. La dictature d'Etienne
Marcel n'est pas autre chose qu'un effort du tiers etat
pour se subordonner dés lors la monarchie. II y rèus-
sit tout d'abord, et 1'on voit Marcel gouverner un in
stant le Dauphin et les états généraux mais ce hardi
tribun ne disposait pas de moyens assez puissants
pour assurer le succes de si grands desseins. Forcé
de s'appuyer sur des elements suspects ou dangereux,
comme Charles le Mauvais et les Anglais, abandonué
des bonnes villes de France, qui ne surent pas com
prendre que leur cause etail la sienne et restèrent
sourdes a ses pressants appels, compromis par les
excès de la Jacquerie qui retombèrent sur lui, bien
qu'il les eüt désavoués, il échoua dans une entreprise
mer les souvenirs du passé et secouor les parchemins
poudreux de nos archives, on croirait un membre de
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. L'ho-
norable bourgmestre n'a eu garde de laisser échapper
en cette circonstance I'occasion qui lui était offerte
de faire montre de science, et a propos de nos brouet
teurs et de nos portefaix, il a exposé l'historique des
anciennes corporations du métier en général.
II a trouvé que la première fut créée en 1291. II
donne des détails sur les anciens aubergistes, les
apolhicaires, les chimistes, parle du serment de fidé-
lité a Notre Mère la Ste Eglise, de la cire brülée et de
la messe célebrée en l'honneur de N.-D. des Halles,
mentionne la defense faite aux membres des corpora
tions de jurer et de tenir des propos deshonnêtes,
rappelle que l'échevin était chef des corporations des
Biervoerders, tout cela pour en arriver a prouver
qu'un nouveau règlement pour les brouetteurs de
bière et les portefaix est nécessaire.
Ce long rapport eut un grand succès. Plus d'une
paupière se fermade plaisir sans doute, car le
plaisir trop prolongé enerve. Mais... faisoos silence
sur eet épisode soporifique et voyons le projet de rè
glement.
En voici les principaux points
II est créé une nouvelle association d'ouvriers réu-
nis pour le transport de toutes sortes de marchan-
dises. Le nombre en est provisoirement fixé a 30.
lis seront responsables da tous les dógats commis
par leur faute.
Leur salaire sera payé d'après un taux arrêté par
l'administration.
Ils porteront une médaille aux armes de Ia ville.
Le chef de ['Association sera nommé par le Collége.
Une caisse d'épargne sèra instituée pour subvenir
aux dommages causés aux marchandises et secourir
les infirmes.
II sera loisible a chacun de faire transporter ses
marchandises par ses propres ouvriers.
M. Vande Broucke demande le renvoi de ce projet
a la 2me commission. 11 propose de reconnoitre pour
les travailleurs actuels el les infirmes des deux corpo
rations le droit de participation a la nouvelle caisse
dans laquelle la caisse actuelle sera versèe et fait re-
marquer que les nouveaux membres de ['Association
profiieront de fonds auxquels ils n'ont aucun droit.
M. Vanheule propose d'adjoindre a la 2me commis
sion les membres commercants et iDdustriels, et
M. Beke de soumettre le nouveau projet a l'avis de
la Chambre de commerce.
Ces diverses propositions sont adoptées.
Le Conseil approuve ensuite l'adjudication de l'é-
goüt a conslruire depuis la porte.de Dixinudejus-
qu'au canal, faite a M. Lapierre-Vandevyver.au prix
de fr. 3,960. (.'estimation était de fr 4,200.
Le cinquièrae objet a l'ordre du jour est le rapport
présenté par M. de Stuers concernant la rectification
de la chaussée de Menin. Ce rapport expose que le
coude actuel de cette chaussée coupe la perspective
de la rue de Menin et la vue de la Grand'Place. En
conséquence, le Collége propose de céder a l'Etat,
généreuse, mais trop peu en rapport avec ses forces
il succomba comme tant d'autres p .ur avoir voulu
faire violence au temps. On retrouve dés lors dans la
municipalité de Paris tout cequi fit plus tard sa gran
deur, et aussi son infirmité. Elle ne se préoccupe pas
seulement de ses franchises particulières et des inté
réts locaux, elle agit au nom de la nation tout entière,
elle se considère comme la tutrice d'un peuple encore
mineur; elle n'est pas seulement une représenlation
municipale, elle est une force révolutionnaire. Elle en
a l'audace, l'initiative, les grandes aspirations, mais
aussi l'inconsistance, le manque de suite et de mesure.
Irresistible dans ses jours d'energie et d'élan, elle ne
sait ni se modérer ni se gouverner elle-méme, et on la
voit sans cesse manquer le but pour l'avoir dépassé.
Toute-puissante contre les attaques de ses enneinis,
elle résiste mal aux entrainemenls populaires. Cer
tains épisodes de Ia courte dictature d'Etienne Marcel
rappellenl d'une facon frappante des scènes bien con-
nues de la Révolution. Un jour d'émeute, ne sachant
plus comment protéger le dauphin contre une foule
furieuse, le prevót des marchands le coiffe de son
propre chaperon (1357). N'entrevoit-on pas déjó le
maire Petion se montrant au balcon des Tuileries, a
cóté de Louis XVI, coiffe du bonnet rouge?
(La suite au prochain n").