electorale qui rejette dans l'ilotisme l'élite intelligente de nos classes ouvrières. II se souviendra aussi.... mais a quoi bon évoquer des souvenirs présents a tous les esprits? El Ie serait trop longue a retracer, la série des mystifications infli- gées au parti liberal depuis dix ans que le ministère doctrinaire occupe Ie pouvoir. La session dernière,en comblant la mesure de ses deceptions, aura du moins Ie merite, nous en avons la ferme espéranre, d'avoir achevé de lui dessiller les yeux, et n'eüt-elle que ce lui-la, nous l'inscririons comme une date heureuse dans nos annales parlementaires. i PW' I Les Dienx s'en vont. Les journaux ministériels de Liége sont dans la consternation. Horreur! aux dernières élections coui- munales, uu clerical, un affreux jesuite est parvenu a sè faire élire et, pour la seconde fois depuis un an, l'antique rempart du doctrinarisme a vu flutter Ie drapeau victorieux du Congrès de Malines. Est-ce croyable? Le journal centenaire n'en revient pas et se voue a tous les saints pour pénétrer ce mystère. II veut bien reconnattre, toutefois, qu'il y a dans cette défaite un avertissement pour les libéraux, mais il est curieux de constater la nature de l'avertissement qu'il y trouve pour ses amis. Les libéraux, dit-il, comprendront qu'un peu de zèle, un peu de dé- vouement a leur cause est une obligation essentielle du ciloyen assez heureux pour jouir d'inslitutions libres. Le Journal de Liége a grandement raison il faut du zèle et du dévouement. Mais d'oü vient que ce zèle et ce dévouement si nécessaires font tout a coup défaut a sa cause? Comment explique-t-il que, sous un gouvernement liberal dont le premier devoir de- vrait être d'imprimer a la vie publique une direction vigoureuse, les libéraux liegeois en sont arrivés a un lei degre d'insouciance qu'ils negligent même de prendre part aux luttes électorales? Voila ce que le vieux doctrinaire fera bien de rechercber, s'il veut se rendre raison de l'ecbec infligé a ses patrons. La Meuse y voil plus clair que son ainè. a Nous v I'avons dit dés le debut de cette polemique électo- rale, écrit-elle dans son n° du 24 mai, il importe qu'en présence des efforts du parti clerical, tous i les libéraux sincères, tous ceux qui placenl les principes et l'interêt de leur parti au-dessus des questions locales ou personnelles oublient leurs 9 dissentiments passés, se réconeilient franchement o et s'unissent contre l'ennemi commun. Cetappela la reconciliation part assurément d'un bon naturel malheureusement il vierit un peu tard après toutes les avanies que le parti doctrinaire a prodiguées aux libéraux sincères auxqnels la Meuse tend aujourd'hui une main fraternelle,etces libéraux- la ne se sentent point d'humeur a recommencer le róle de dupes qu'on leur a fait jouer, pendant dix ans, a la veille de chaque election un peu incertaine. Pour ce qui nous concerne, nous ne nous sentons, au fond de l'ême, aucune aigreur personnelle contre les hommes que nous cornbattons au pouvoir. Mais s'il et cede la place a une oligarchie moitie militaire et moitié clericale, lorsque Henri IV fit sou entree dans Paris (1594) après avoir payé d'une abjuration son droit de joyeux avénement. L'Hótel de Ville dut renoncer pour longtemps a ses prétenlioris tribunitiennes il se contenta de sti- puler avec Henri IV, dans un traité en règle, le main- tien de ses franchises municipales que ce roi respecta religieusement. Mais Henri IV eut grand soin de faire brüler les registres de la Ligue, jugeant dangereux pour la royautè ce monument des victoires popu lates. Sous la Fronde, la municipalité de Paris éprouve une velléilé de reprendre son róle révolu- tionnaire, mais elle n'en a plus la force, et ne pou- vant plus faire peur, elle n'agit qu'a tiire d'auxiliaire et suit les evénements au lieu de les diriger. Elle sert tantöt d'instrumenl, tantót de jouet aux grands sei gneurs et aux grandes dames qui mènent cette sin guliere intrigue avec toute la légèreté d'une aristocra tie sans consistance et sans intelligence politique. Au debut, Paris semble s'eveiller et l'on voit sortir du fond des arrière-bouliques, les vieilles hallebardes du temps de la Ligue; mais, bien que l'Hótel de Ville serve d'asile au Parlement révolte et aux prineipaux chefs de la Fronde, il n'est plus que le centre appa rent du mouvement, et les bons bourgeois sont la risée des galants héros qui les exploitent. A partir de s'agit de nous unir a eux pour maintenir dans leurs mains ce même pouvoir dont ils se sont fait une arme corilre nous, c'est bien le moins qu'avant de leur rendre notre concours, ils nous donnent des garan ties sérieuses de la sincérité de leur retour. Ces ga ranties, elles ne peuvent être autre chose que l'exé- cution loyale et compléte des engagements qu'ils ont pris, il y a dix ans, envers l'opinion libérale tout entière. Ace prix, mais a ce prix seuletnent, la ré- conciliation ne sera pas une nouvelle duperie et les libéraux sincères dont parle la Meuse l'accepteront de grand cceur. Apiénitcs. S'il faut en juger par les debals, la polémique qui va s'ouvrir entre le Progrès et le Journal d'Ypres sera édifianle pour la galerie. Deja lp premier de ces jour naux en annoncant la candidature de M. de Vincke dissimule mal sa rage. Du premier coup il l'appelle un renegatun a intrigint et lui reproche a d'avoir recueilli une succession qui revenait en grande partie aux enfants de M. le baron Maze- man. Courage l bieniót le nouveau candidat sera aussi du gibier de potence, cela nous consolera quelque peu de notre isolement.- Et comme tout cela èclaire la question politique, comme tout cela démontre les litres de ML Mazetnan a la confiance des éleoteurs! Le Progrès a mille fóis raison de prelendre qu'il est un journal de principes, dédaignant les personnalitès et les injures, respectant la vie privée. C'est pour proclatner avec lui cette in contestable vérité que nous avons pris la plume. Pour le reste, nous nous félicilons hautement de n'avoir pas a intervenir dans ce pugilat. Conservateur-libéral et libéral-eonservatenr. L'Associalion catholique vient de proclamer sun candidat pour la lutte électorale du I I juin. L'enfan- tement fut long et pénible, mais l'enfant est bien venu sa constitution parait robuste et ses pareqts ont grand espoir de l'élever. Ce futur soutien des dogmes de i'Eglise romaine est M. le baron Jules de Vmck de Winnezeele. M. de Vinck appartient a une familie trés influente par ses numbreuses propriétès et ses bonnes inten tions, bien connues, pour Ie clergé. Cependant il fit partie de l'administration libérale d'Anvers. II était échevin alors que M. Loos était bourgmestre. Nous ne connaissons pas autrement les opinions politiques du nouveau candidat, ui les qua- lités par lesquelles il est parvenu a conquérir la con fiance du parti théocratique. Celui-cine malin, nous semble l'avoir choisi pour ce seul motif qu'il voulait mettre en présence du candidat du ministère un homme possédant des titres équivalents en matière de convictions. II a voulu se servir d'une antithése électorale el opposer un ancien libéyal a un ci-devant catholique. Mais n'avancons rien sans Ie prou- ver M. le baron Jules Mazeman de Couthove, aujour d'hui candidat doctrinaire, possède également une fortune considèrable. En 1859 il apparlt-nait égale- la defaite des Frondeurs jusqu'a la fin du dix-hui- tième siècle, on n'entend plus parler de la municipa lité de Paris, si ce n'est pour sa complaisance et sa docilité. La puissance municipale est accablee, comme les autres pouvoirs de l'Etat, sous le poids de cette centralisation mnnarchique qu'eüe a tant contribué fortifier alors même qu'elle semblait vouloir la battre en brèche. Sous Louis XIII elle fournit des subsides a Richelieu contre les protestants de la Roebelle. Sous Louis XIV et Louis XV, l'Hótel de Ville n'est qu'un palais oü siége a la veritè un conseil administratis mais dont la principale destination semble être de recevoir de fastueuses inscriptions a la gloire de ces deux rois, et d'off. ir au public de vastes salles oü l'on dause en leur honneur. Cependant Paurore de 1789 s'est enfin levée, et le tiers état croit le moment venu de s'emparer a son tour du dangereux instrument de domination qu'il a mis au service de la monarchie. La centralisation ré- volutionnaire tient tête a celle des rois; elle fait de l'Hótel de Ville sa forteresse. Ce sont les Tuileries du peuple. Des la prise de la Bastille, la Commune de Paris devient, non pas l'inspirateur, mais le principal acteur de la Révolution francaise elle en saisit l'ini- tiative, elle en discipline Paction et les efforts, têche heureuse et bienfaisante, si la Commune sait résisler la tenlation d'absorber un mouvement qui est ment a une opinion qu'il a abandonnée et c'est...... la presse cléricale qui pröna la première sa candida ture. Nous lisons en effet dans le Propagateur du 28 mai ces lignes qui suivent d'une lettre adressée aux élec- teurs par M. Malou-Vandenpeereboom Au moment oü l'arrondissement perd le digne mandataire qui l'a représenté au Sénat pendant les dix dernières années, nous apprenons avec une vive satisfaction qu'un grand nombre d'électeurs se propo sent de présenter aux suffrages du corps électoral M. le baron Mazeman de Couthove. Et plus tard dans Ie numéro du 4 juin En confirmation de ce que nous avons annoncé dans notre numéro de samedi passé, nous sommes autorisés a declarer au corps électoral que le parti conservateur a definitivement adopte les candidats suivants M. le baron Mazeman de Couthove, au Sénat. MM. Jules Malou et Charles Van Renynghe, mem bres sorlants, la Chambre des représentants. Une note inserée dans Ie numéro du 22 juin porte textuellement M. Mazeman avait d'abord accepté la candidature qui lui avait été offerte par les conser- vateurs. Enfin, celui du 27jui!let dit Nous puurrions encore ajouter ici le récit des in trigues deloyales mises en oeuvre afin d'indisposer M. Mazeman contre M. Malou et contre le parti con servateur, afin de le déterminer a se déclarer candi dat liberal le jour de l'election mais, en homme d'honneur, M. Mazeman a résislé énergiquement d ces sollicitations. Cependant, l'origine cléricale de cette candidature n'effrava point nos matadors doctrinaires et, croyant saus doute que M. Mazeman tieudrait mediocrement a ses convictions, ils se chargèrent de l'altirer a eux. Le résultat fut a leur satisfaction; sans renier ses premiers pairons, le candidat accepta le secours des seconds. Dans cette position, difficile pour tout autre, M. le baron chercha le moyen de plaire a tous. II èvita soigneusement de se compromeltre par une declara tion de principes. Point de profession de t'oi.pas même une simple adhesion aux statuts de ('Association libé rale. Et déja M. Mazeman était sénateur qu'on se faisait encore cette plaisante question Est-il catholique, est-il liberal?... Cetie candidature amphibie a reussi pourtanl, grêce au concours des deux partis. Mais la prudence etait restèe a l'elu, était-ce une suite de la peur car lorsqu'il remercia ceux qui venaient de le porter au Capitole, il leur paria des intéréts de la ville et de ceux de l'arrondissement, pas la moindre allusion aux questions pó'iliques ne sortit de sa boucho. Qu'importait d'ailleurs aux parraios de sa candidature el a lui, le tour etait joué I Mais du moins avions-nous un liberal de plus au Sénat? C'est ce que nous exauiinerons. Au moment oü ces lignes paraitront, 1'Association libérale aura fait choix probablement de sou candi- I oeuvre de la nation tout entière. C'est de l'Hótel de Ville que partenl tous les grands coups qui vont frapper au cceur la monarchie du bon plaisir. Sans lui, la Constituante, eniacèe dans les pièges de Ver sailles, n'est qu'une ecole de théoriciens qu'on dis perse a volontéil se fait son soutien et son bras droit A elle t'honneur de décréter les grands prin cipes, a lui Faction et la responsabilitè des resolutions hardies. C'est a son appel que se rassemble le comité permanent des èlecteurs, qui va lancer Ie peuple contre la Bastille, qui organise et arme de piques a défaut de fusi s la miiiee nationale parée de la cocarde rouge et bleue aux couleurs de Ia ville. Bientól, le roi vaincu vient s'incliner devant ce pouvoir, hier si complaisant, aujourd'hui si redoulable, mais ce n'est plus le prévót des marchunds, Flesselles, qui le recoit, c'est Bailly, maire de Paris Sire, lui dit il, j'ap- porte a Vutre Majestè les clefs de la bonne vule de Paris. Ce sont les mêmes qui ont ete présentees a Henri IV. II avait reconquls son peuple, ici Ie peuple a reconquis son roi. Et Louis XVI, preoant de ses mains la cocarde, se pare a son tour des couleurs de l'emeute inspiration qui l'eüt sauvé si elle avail été Ie signe d'un changement de politique au lieu d'être un aote de üatterie a l'adresse de la fonle, (La suile au prochain n").

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L’Opinion (1863-1873) | 1867 | | pagina 2