JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT YPRE8, Dimanche Cinquième année. N° 28 14 Juillet 1867 Paraissant le dimanche. PRIX D'ABOSSKMEST POUR LA BELG1QUE francs par an; 41 fr. SO par semestre. Ponr l'Etranger, le port en sus. Un Numéro 25 Centimes PRIX RES AilSOSCES ET DES RECLAMES 10 Centimes It psiite ligne. Corps du Journal, 30 centimes. Le tout payable d'avance. Laissez dire, laissez-vous blèmer, mais publiez voire pensée. On s'abonne a Ypres au bureau du Journal, chez Félix Lambin, imp.-lib.. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduces. - Toutes lettres un saoonne a ipies, au uu^ j)ixmude, 59. ou envois d'argent doivent étre adressés franco au bureau du journal. 1'pres, fi3 Juillet 18«5. Oü I'Impartial a-t-i! vu que nous suspections son indépendance el ses convictions? Jamais nous n'a- vons dit ni pensé rien de semblable et ce reproche nous étonne d'autant plus dans la bouche de notie confrère que lui-mémé, quelques lignes plus bas, nous remercie d'avoir rendu justice a ses allures progressistes et a ses sentiments sincèrement li- béraux. Avons-nous prétendu davanlage qu'il fut un de ces journaux qui ne voient que par les yeux du mi- nistère et qui lui cassent a tout propos l'encensoir sur le nez Nullement. L'Impartial avait déclarè que düt-il voir encore ajourner les esperances qu'il a placées dans Ie ministère, il n'en persisterait pas moins a lui accorder sou appui. A quoi nous avons répondu que cette profession de foi ultra-mi- nistérielle du journal brugeois rendait inutile de notre part toute nouvelle tentative de le ramener a notre manière de voir. Encore une fois, qu'y a-t-il, dans un pared langage, qui puisse eveiller la susceptibilité de notre confrère? Nous avons su et nous saurons encore, continue-l-il, lui dire la verite et nous ne lui épargnerons en aucune circonstance la critique et le blame. Avons nous insinuè Ie contraire? En aucune facon. Mais ce que nous avions le droit de dire, et nous n'avons pas dit autre chose, c'est qu'un journal qui se croit obligé de soutenir le cabinet, quand même celui-ci ne tiendrait aucun compte de sa critique et de son blême, est bel et bien, quoi qu'il en pense, un journal ultra-ministeriel, qu'il faut renoncer a convertir. Ce qui ne l'empêche pas, avons-nous ajoulé, d'etre parfailement loyal et sin- cère. Ultra-ministériel, oui, et quel que soit notre désir d'écarter de cette discussion tout élément d'irritation, EEEIL'jETOI Nous recevons a l'instant les épreuves d'un des plus jobs chapitres de la 2me partie de Paris-Guide. Nous nous empressons de le meltre sous les yeux de nos lecleurs. LES TYPES PARIS1ENS. lies Clubs, Par Charles Yriarte. 1. La ligne droite a lué le pittoresque et l'imprévu. La rue de Rivoli est un symbole, une rue neuve, longue, large, froide, que parcourent des gens bien mis, gourmés et froids comme elle. Le Paris d'hier avait encore sa Cour des Miracles, dont nous avons connu les habitants bariolés, ou vieut de 1'exproprier pour cause d'utilité publique. Plus de loques colorées, plus de chansons extrava- gantes et de discours extraordinaires. Les dentistes en plein air, les musiciens ambulants, les ohiffonniers philosophes, les batonnisles, les hercules du Nord, les vielleuses, les débitantes de serpents mal portanls et les monlreurs de phoques qui disaient papa ont émigré. La rue n'existail qu'a Paris, et la rue agonise, c'est le règne des boulevards et l'avénement des grandes artères; ils ont proscrit le carrefour et la nous ne saurions nous en dédire. Que I 'Impartial rec- tifie ses declarations, si l'expression a dèpassé sa pensée nous ne demandons pas mieux que d'accueil- hr ses explications mais jusque-la, qu'il nous per- mette d'appeler un chat un chat et lui-même un in curable ministériel, en dépit de toutes ses réserves. Ce point réglé, revenons au débat et s'il nous faut désespérer de convaincre notre contradicteur, tachons au moins qu'il nous comprenne. L'Impartial nous a fait tout d'abord une conces sion importante il a reconnu que, dans l'intérêt du liberalisme, il serait grandement desirable que le mi nistère adoptat une politique plus accentuée et plus nette que celle qu'il a pratiquée jusqu'aujourd'hui. Nous aussi, disait-il, nous désirons dans le minis- j> tére, plus de résolutiou, plus d'audace. Très-bien, mais tenons nous en au fait. Le fait, c'est que, de l'aveu mètne de notre confrere, Ie mi nistère ne marche pas et que tous les libéraux doivent désirer qu'il marche. Comment arriver a faire marcher Ie ministère? Cela dépend de la nature de l'obstacle. Si I'obstacle est dans la inauvaise volontédu ministère, il fauten- voyer aux Chambres des hommes qui le poussent et capables, au besoin, de le briser s'il persiste dans sa resistance. Que si, au contraire, l'abstacle vient de la majo- rité, si c'est la majorité qui retient Ie ministère et qui l'empêche de réaliser les espérances de VImpartial et celles du parti libéral tout entier, le remède est tout indiqué les bons libéraux doivent s'attacher éli- miner les hommes-obstacles et les remplacer par des hommes-progrès. Si Ylmpartial a une autre solution, qu'il la pro- pose, mais nousignorons absolumenl quelle elle pour- rait être. Examinons maintenant les deux hypothèses et paisible impasse oü se 'réfugiaienl les bohémiens du faubourg Antoine, qui disaient la bonne aventure aux flaueurs naïfs, les marchands de vulnéraire suisse, et cesTures de la Cannebière qui vendaient des pas tilles qui sentent bon rue Vivienne et qui puentchez le monde, a dit Gavarni. Nos pères avaient les Galeries de Bois etChodruc- üuclos, la place Louis XV et la belle Madeleine, Fras- cali et le Cent-Treize, la descente de la Courtille et l'Ile d'Amournous avons eu aussi nos bons coins et nos types, faisotis vite notre bilan et dressons nos archives, le niveau de bronze passe sur Paris. La Grande-Chaumiè re avec ses montagnes russes et ses étudiants en bérets est remplanée par Mabille et ses pompeuses personnes parèes comme des chèsses, peintes comme des idoles de Javaa peine, par-ci par-la, aux accords d'un orchestre entralnant, une fille rieuse, qui aime les violettes, le champagne, Ia danse et les Adolphes, s'élance a la valse et tourne jusqu'au vertige, en'laissant pendre les cheveux dont elle est süre mais c'est un éclair. Paris ne danse plus qu'a la Closerie des Lilas, a deux pas du Luxem bourg. L'Ile d'Amour, eet amour d'ile, a disparu comme le voyons si, dans l'une comme dans l'autre, nous pou- vions faire autremenl que de nous abstenir. Etant donné que le ministère ne marche pas paree qu'il lui plait de ne pas marcher, voter pour M. Ma- zeman qui ne s'est jamais séparé du gouvernement que dans les rares circonstances oü celui-ci a fait mine de se mouvoir, eut été aussi absurde que d'ad- ministrer de la morphine a un homme tombé en le thargie. Prêcher la coalition avec lescléricaux.noséter- nels adversaires, nous répugnait profondément. Dans une semblable situation, que pouvions-nous faire si ce n'est nous désintéresser entièrement d'une lutte dans laquelle, comme nous le disions alors, nous n'avions qu'a choisir entre des coups de baton sur le dos ou des coups de béton sur la platile des pieds? Prenons l'hypothèse inverse Le ministère ne marche pas paree que, dans les rangs de la majorité, il y a des hommes qui l'arrêtent et qui prétendent le condamner a l'immobilité. Gettehypothèse n'est pas la nótre; mais tout en restant convaincus que la résis- tance vient du ministère, nous sommes cependant bien obligés de reconnaitre que, parmi les membres de la majorité parlementaire, il en est plusieurs qui s'accommodent parfaitement du statu quo et qui se montrent plus rebelles encore que le gouvernement a toute idéé de réforme. M. Mazeman marque au pre mier rang de ces partisans üe l'immobilité L'aboli- tion de la peine de mort, la suppression de l'art. 1781 du Code civil, les deux seules réformes vraiment dignes de ce nom que le ministère ait proposées de- puis trois ans, M. Mazeman les a repoussées et, comme pour mieux inarquer encore Ie caractère essentielle- ment conservateur de sa candidature, l'organe avoué de I'Association libérale de notre arrondissement dé- clarait, au plus fort de la lutte éleclorale, que le mi nistère. sous peine de compromettre sa position au pouvoir, aurail a s'abstenir pour longtemps, l'opinion publique n'y étant pas suffisamment préparêe, de bois de Romainville, les robes blanches et le jaconas. Les prés Saint-Gervais sont fauchés, tnais nous allons au Mqulin-Rouge pour diner dans des cabinets très- comme.il faut a l'ombre de deux caisses de lauriers roses qui sont chargées tie représenter la nature. Notre Longchamp, c'est le lac avec ses huit ressorts, ses gardes a cheval, ses cygnes mólancoliques et ses amazones peu farouches. Le bois de Boulogne de notre enfance avec ses fulaies sauvages, ses noirs sapins, ses marchands de coco, ses énes rétifs et ses coursiers étiques, a fait place a un pare anglais meublé par M. Tronchon et arrosé par la préfecture. Les allées sont ratissees, on surveille la chute des feuiiles, on chauffe les arlires, on prend les marronniers en se- vrage et on apprivoise des oiseaux dociles qu'on con- vie a nous chanter des symphonies aux heures oü la fashion va rêver du cöte des mares d'Auteuil. Le Jaudin de Tivoli, son tiraux pigeons, Bryon l'è— leveur et le magicien qui disait l'avenir sous des bos quets de chèvrefeuille, ne sont plus qu'un souvenir. Oü sont le café de Parisles bains Chinois, Yhótel d"Os mond, la Galette du Gymnase, Iejardin Turc, Yhótel Rougemont et le boulevard du Crime rutilant de lu- mières. avec son chapelet de théatres, ses allees bor-

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L’Opinion (1863-1873) | 1867 | | pagina 1