toule initiative de nature a fonrnir au parti clerical le plus léger prétexte d'opposition. Telle est la candidature que 1'on nous proposait et que. d'après VImpartial, nous eussiqns dq appuyer pour ne pas manquer aux devoirs d un bon liberal. Nousn'avons point été de eet avis nous avons cru de notre de voir, au contraire, de combattre, dans M. Mazeman, la doctrine désastreuse du Progrès et cette fatale po litique qui, sous prétexte de prudence, doit inévita- blemenl aboutir, dans un temps prochain, a la res- tauration du gouvernement clérical. L'avenir, qui rend sage, montrera quel est, de 1 'Impartial ou de VOpinion, le plus illusjiqpné. De deux maux, il faut choisir. le moindre, nous objecte nolre contradicleur. et, a tout prendre mieux vaut encore un ministère liberal sans initiative et sans vigueur qu'un ministère clépical. II y a mieux, répondrons-nous a 1'Impartialque de choisir enlre deux maux, c'est de les eviter l'un et l'autre. L'échec de M. Mazeman n'aurait pas, comme il le croit, fait (es affaires du parti clérical. II eut été, pour le gouvernement, un avertissement, une mise en demeure de rompre avee la politique qu'il pratique depuis dix ans et de renlrer dans la voie du libéra lisme actif et militant qu'il a abandonnée, au grand regret de I 'Impartial lui-méme. Pour ne parler que du ministre de l'Intérieur, notre confrère ne pense- t-il pas comme nous que si la grande majorite des électeurs d'Ypres s'étaient abstenus de prendre part a l'èlection du 11 juin, M. Alph. Vandenpeereboom, rééligible en 1868, aurait compris la nécessitè de se rappeler que le pouvoir ne lui a pas précisément été confié pour faire les affaires du parti clérical et que des arrêtés tels que celui du 1" septembre sur les écoles d'adultes ne sont pas fails pour donner satis faction a ceux qui ont pris au sérieux les promesses du Congrès libéral Loin done de favoriser l'avéne- ment d'un ministère catholique, l'échec de M. Maze man, en fesant sentir au cabinet actuel la nécessité d'une politique franchement libérale, aurait rafferrni le pouvoir dans nos mains et rendu impossible tout retour de nos adversaires. II est vrai que cette lecon nous aurait coülé M. Mazeman, mais l'exlrême froi- deur avec laquelle VImpartial apprécie la valeur poli tique de eet honorable sénateur, nous donne a pen- ser qu'il est, comme nous, d'avis que ce n'eüt pas été payer trop cher la consolidation du pouvoir dans nos mains que de lui sacrifier la candidature d'un libéral tel que M. Mazeman. Pouvons-nous espérer que, cette fois au moins, 1'Impartial nous aura compris et que nous ne le ver- rons plus reproduire contre nous l'accusalion d'avoir prêté les mains aux cléricaux 1 Passe encore pour le Progrès, qui trouve que tout est pour ie mieux, mais 1' Impartial I Nous livrons aux sérieuses meditations de nos èdiles les lignes suivantes extrailes d'un journal spé cial, Ie Franc-Tireur B„c tir a longue distance. Dernièrement a eu lieu a Ypres, I'inauguration d'un nouveau tir a la cible qui, parait-il, ne satisfait pas complement a toutes les exigences de l'époque. Ainsi, sa longeur est de 80 a 100 mètres, distance tellement ridicule en présence de la transformation des armes a feu, que d'ici a fort peu de temps, il dées de chaussons aux pommes, son peuple de ven- deurs de contremarques, ses affiches bariolees, ses titis, ses jocrisses, ses taDleaux représentant des écuyères sautant dans des cerceaux, et ses pierrots mystérieux a la face pêle, Nous avons des halles monumentales, des Louvres somptueux, des tubes atmosphèriques, des hótels monstres, des casernes de marbre, desjardins ornés de plantes vertes qui portent des noms très-difficdes, oü les bonnes et les tourlourous vivent dans un tou- chant accord. La rue de Charonne, le faubourg Saint- Antoine et l'avenue de la Roquette ont, a Vincennes, un pare a leur usage, a deux pas du Grand Vain- queur, au Bosquet d'ldalie. Mais on ne peut pas lout avoir; si nous buvons l'eau de la Dhuis, le père Ramponneau n'est plus, les buttes Chaumont sont ra- sees et con verlies en tapis de mousse, le Moulin de la Galelte et la Bala ncoire chez Roger,» oü on al- lait voir la pièce six liards et boire des vins qui n'é- taient pas généreux sous des tonnelies peu vèlues, n'existenl plus que dans les romans de Paul de Koek. Tout s'est nivelé, tout s'est effacé, les types ont dis- paru, les caraclères se sont émoussés, et dans ce con- faudra quele tir soit déplacé ce qui arrivera dans toules les villes oü l'on s'est borné a établir des cibles aux seules distances de 100 et 225 mètres. Aujourd'hui, la distance de 225 mètres est Ia por- tée du bul en blape des armes se chargeant par Ijt culasse avec cartouche métailique; ces armes n'étant réellement dangereuses que de loin, il va talloir qu'on établisse, pour en règler le tir, des cibles aux grandes distances de 500 a 1,000 mètres; pourquoi done, lorsque l'on vote des fonds pour l'érection d'une tente-abri, a l'usage des tireurs, n'a t-on pas le bon sens de la placer en un endroit oü il soit possible de reculer les distances a yolpnté? .3 II r" Ville d'Ypres. Conseil communal. Séance publiqua du Jeudi 27 duin 1867. Les dessins des peintures murales pour la Salie des Magistrals sont soumis auConseil qui se réserve l'exa- men des cartons. Aucune observation n'étant faile sur ces dessins, la séance est levée. Conseil communal. Séance publique du Samedi 29 Juin 1867. Présents MM. P. Beke, bourgmestre; L. Van- heuleG. de Stuers, échevinsTh. Vandenboogaerde, Ch. Vandebroucke, Ed. Gardinael, P. Boedt, Ch. Be- cu,we, Ch. Lannoy, L. Vanalleynnes, Aug. Beaucourt, F. Messiaen, Aug. Hynderick, Aug. Froidure, con- seillers. Absent M. Aug. Brunfaut, conseiller. Le procés-verbal de la dernière séance est adopté. M. le président communique les pièces adressées au Conseil. A. Une lettre de M. Ligy qui donne sa démission de directeur du pensionnat annexé a l'école moyenne. B. Le plan de construction des nouveaux trottoirs, rue des Bouchers. M. de Stuers demande l'urgence pour ces plans. D'après lui, rien n'est plus simple il n'y a que deux lignes droites qu'il propose d'approuver séance le- nante. M. le bourgmestre fait observer qu'il n'y a pas de trottoirs d'un cóté de la rue et que de l'autre il faudra élargir ceux qui existent. Le Conseil ne partageant pas l'opinion de M. de Stuers sur les lignes droites, renvoie l'examen de cette affaire a sa 3e commission. C. L'administratiou communale a décidé de de- mander une augmentation de bail pour le Palais de Justice. De 1,600 francs, prix actuel, il sera porté a 3,000 francs. La députation permanente demande que la ville accorde un bail de 27 ans, qu'elle fasse des améliorations jusqu'a concurrence de 3,000 francset qu'elle prenne a sa charge les frais d'assurance. Mi Vanheule fait observer qu'au Palais de Justice se tiennent les audiences des juges de paix auxquels la ville doit fournir un local. II dit aussi que le par quet est en mauvaises conditions. M. Beke annonce que plus tand d'autres depenses seront nécessaires; il faudra alors s'entendre avec la province. II proclame de nouveau l'urgence a cause de la réunion du Conseil provincial. Cette urgence, M. le bourgmestre la réclame chaque cert de peyiples, dans ce caravansérail gigantesque oü campent les smalas du monde entier, le Parisien, né du sol, poussé entre deux pavés, éclos aux lueurs du bee degaz, qui s'enivre des odeurs du ruisseau de la rue du Bac et les préfère aux brises devla baie de Sorrente, échappe a ('analyse et a la dissection Sur le boulevard passent des Anglaises longues et anguleuses, des Ha vanais jaunes, des Espagnols basa- nès, des Itpliennes au teint mat, des Valaques rose- thè, des Allemandes sentimentales mais dodues, des Russes élégantes, mais déhanchées. Le marchand de Puros de la Vueltade Abagoaux bijoux massifs et au chapeau a large bord, coudoie le Hongrois en boltes a la Souvarow, et ('ingénieur de New-York, a la longue barbiche, passé affairé, cachant sous son vêtement un revolver et un projet de canon monstre. Voici des ténors italiens, des Othellos nègres, des écuyères du désert, des mèthodistes et des boyards, des Egyptiens en rupture de harem, des Polonais en disponibililé et des ambassadeurs de la Porte qu'on rappelle toujours et qui ne nous quittent jamais. Sui- vez le boulevard, entrez dans les théatres, sondez les baignoires, inspectez 'escercles, dépouillez les carnets d'agent de change, feuilletez le betting-Book, asseyez- an'née a pareille époque et pour les mêmes motifs, alors qu'il lui serait facile de préparer les affaires un peu plus tót. Nous ne pouvons deviner son but. M, Vanheule déclare qu'il s'est entendu avec une société d'assurance et M. de Stuers, interrompant son collègue, s'écrie que 60,000 fr. a 0 fr, 60 c. cela fait 36 fr. par an. Bravo! bravo l L'urgence est accordée et personne ne demandant la parole, les propositions du Collége soul adoptées. Puis M. Vandebroucke demande s'il y aura un lo cal pour les prud'hommes. A voir son hésitation, M. le bourgmestre semble n'avojr pas prévu Ie cas. II repend enfinCela vous sera soumis plus tard, Messieurs il y a des projets qui ne sont pas encore mürs. II est étrange que le Collége demande des fonds pour des projets qui ne sont pas mürs, tout comme il est regrettable que les membres du Conseil votent de prime abord avec confiance pour ne produire leurs observations qu'après le vole. II y a pourtant dans le cas qui nous occupe des clauses d'une certaine im portance accorder notamment pour un immeuble un bail de 27 ans, est chose digne de réflexion, car il est évident qu'avant l'expiration de ce terme les ith- tneubles auront beaueou-p augmenté en valeur. D. M. Breyne, maitre de chapelle de l'église Saint- Martin, a adressé au Conseil, a l'occasion de la visite royale, uue cantate de sa composition, paroles de M. Frans de Potter. La commission des fêtes a rejeté cette cantate sous les prétextes suivants Qu'elle arrive tardivement et que les choristes se- raient surchargés de besogne. Comme si c'était a la commission et non aux musiciens eux-mêmes a ju- ger de la besogne 1 Qu'on n'exécute pas plusieurs cantates.. Erreur. Dans plus d'une localité on a exécuté devant le Roi diverses cantates et ici c'était d'autant mieux de cir- constance que la cantate de M. Breyne est en flamand nous aimons de la sorte l'interprétation du sentiment public dans la langue du peuple aussi bien que dans la langue officielle. Mais le veritable motif de son re- fus, la commission ne le dit pas. Peut-êlre si M. Breyne étpit mieux en cour auprès de nos faiseurs, sa cantate quoiqu'arrivant tardivement, n'eüt-elle pas essuyée un refus. Quoiqu'il en soit, on aurait mieux, fait a notre avis de ne pas enlever a un enfant d'Ypr es une occasion si propice de produire son talent. Le Conseil aborde ensuite l'examen définitif du programme des fêtes, réjouissances et solennités qui auront lieu a l'occasion de la visite de la Familie royale et de la Fête communale. Pour la Fête communale, il y a un crédit de 4,000 francs. Un autre de fr. 15,000 pour l'arrivêe du Roi. Voici le programme Dimanche, 4 aoüt. Concours de pinsons. Subside, 100 fr. Tir a la perche, a l'Hoekje, 400 fr. Concours du jeu de boules, 150 fr. Concert et Bal d.ounes par la Société des Ciiceurs, avec le concours d'artistes ètrangers. Subside, 400 ou 500 fr. Lundi, 5,. Corlége composé ues musiques, des corporations et desghildes de l'arrondissement. vous a 1'Alcazar, soupez a la Maison-d Or, dinez au café Anglais ou chez Bignon, et dites-moi qui est-ce qui mange, qui est-ce qui se grise, qui est-ce qui se ruine'? Qui casse la vaisselle, qui fait courir, qui se bat en duel, qui sifile, qui jette des couronnes, qui aime nos femmes et entretient nos danseuses? C'est l'Egypte, c'est la Havane, c'est Madrid, c'est Pèters- bourg, c'est Bombay, c'est Lisbonne, c'est Rio-de-Ja- neiro, c'est le Monde 1 Le Parisien, lui, se fait humble, il rase les murs, il abdique; hospitalier jusqu'au dévouement, il laisse croire aux cinq parties du globe que le boulevard est a elles, et que Paris sert de porcherons au monde en goguette. Au milieu de tout ce bruit, de ce va-et-vient, de ce tourbiilon, circulent quelques types, points colorés et chatoyants dans cette mer d'habits noirs aux flots pressés; lis représentent le peu de fantaisie et d'im- prévu qui nous restent. C'est un chiffon, sans doute, un oripeau, une loque, mais au moins c'est une loque colorée, un point pourpre, violet, vert, bleu, jaune, qui éclate au milieu de nos tristes livrées et fait des plans au tableau. (La suite au prochain n").

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L’Opinion (1863-1873) | 1867 | | pagina 2