JOURNAL D'TPRES DE L'ARRONDISSEIENT
Le tout payable d'aVANCE.
YPRES, Hi manche
Cinqaième année. .ft0 35
PltlX D'ABOXüGIHENT
POUR LA BELGIQUE
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Un Numéro 25 Centimes,
P1UX HES AAWOMCESi
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Paraissant le dimanche.
Laissez dire, laissez-vous blèmer, mais publiez voire pensée.
On s'abonne a Ypres au bureau du Journalchez Félix Lambin, imp.-lib., On traite a forfait, pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres
rue de Oixmude, 59. ou envois d'argent doivent étre adressés franco au bureau du journal.
"Vpres, s* Aout isa».
Le Progrès se moque de ses lecteurs. Depuis un
mois, M. le ministre de l'lntérieur est en butte aux
attaques de la presse libérale, qui lui reproche des
complaisances exagérées pour le parti clérical. Nous
avons reproduit, comme c'était notre droit, de nom-
breux passages de ces attaques, empruntés, non pas
aux journaux avancés comme le prétend !e Progrès,
mais aux organes de la presse notoirement connus
pour la modération de leurs opinions, tels que VEtoile
beige, I'Economie de Tournai, le Journal de Charle
roi, 1'Union libérale de Verviers, la Meuse, la Semaine
libérale et le Journal de Liége. Le Progrès nous avait
accusés d'être seuls dans le pays a trouver que la po
litique de son patron ne réalisait pas précisément
l'idéal du libéralisme. Pouvions-nous mieux faire, pour
confondre sa jactance, que d'appeler en témoignage
tous nos confrères de la presse libérale?
Le journal doctrinaire a comprisqu'il avait fait un
pas de clerc et, pour s'en tirer, il vient d'imaginer
une bouffonnerie tout-a-fait désopilante. Rien ne jus-
tifie, dit-il, les accusations que certains journaux se
plaisent lancer contre M. le ministre de l'lntérieur.
Ces accusations émanenl toutes de la même source.
Ne réussissant pas a démolir M. Vandenpeereboom
dans leur feuille locale, nos avancés yprois ont chargé
les rédacteurs de VOpinion, qui habitent Bruxelles et
sont en même temps correspondants de plusieurs pe-
tits journaux de province, (Yéreinter le ministre de
l'lntérieur et ces correspondences sont ensuite repro
duites par VOpinion qui s'en prevaut pour soutenir
que toute la presse libérale est de son avis. [.'opposi
tion contre M. Vandenpeereboom n'a pas d'autre rai-
son d'être.
N'est-ce pas, que la bouffonnerie n'est pas mal
trouvée? Seulement, a quels imbéciles le Progrès
fera t-il croire que tout le bruit qui se fait autonr du
norade M. Vandenpeereboom depuis un mo s n'ait pas
d'autre cause qu'un mot d'ordre donné par la pauvre
petite Opinion d'Ypresa ses correspondants de Bruxel
les? Comment lui-même, en forgeanl cette sotte his—
toire, n'a-t-il pas compris qu'il allait nous donner aux
veuxdes sots, capables d'y ajouter foi, une importance
inquiétante pour ses amis? Quoi, sur un signe parti
d'Ypres, tous les iournaux du pays, depuis les plus
considerables jusqu'aux plus humbles, saseraient mis
l'unisson pour combaltre M. Alph. Vandenpeere
boom et provoquer sa retraite du ministère? Le Pro
grès nous fait vraiment beaucoup trop d'honneur et
bien qu'il nous en coüte de le démentir, la vérité nous
oblige a décliner l'importance qu'il nous assigne et
que nous ne pourrions accepter sans nous couvrir de
ridicule.
Oh, la bonne bêtise Quand VEtoile beige reproche
a M. Vandenpeereboom de donner des gages aux clé-
ricaux pour s'assurer leur concours aux elections
prochaines; quand I'Indépendance le somme d'expli-
quer la nomination du clerical M. Dohet aux fonctions
d'échevm a Namur quand 1 'Union de Verviers dit de
cette nomination qu'elle est un soufflet applique aux
deux joues du parti liberal quand le grave et eircon-
spect Journal de Liége va jusqu'a prèlendre que le
ministre de l'lntérieur a compromis les destinées
du libéralisme; quand la Revue de Namur, indignée
de ce qui se passe, s'ecrie qu'elle prèfère la verte
vieillesse de M. Rogier a la sénilité précoce de
M. A. Vandenpeereboom, ce n'est ni VEtoile
beigeni VIndépendance, ni I'Union libérale, ni le
Journal de Liége, ni la Revue de Namur qui par-
lent ainsi de leur plein gré. Ces journaux obéis-
sent au mot d'ordre donné par i'Opinion! Libres
de leurs allures, ils tiendraient un tout autre Ian-
gage; mais VOpinion est la et il faut bien qu'ils
emboitenl le pas derrière elle. Eh bien, fran-
chement, nous la trouvons raide.
Ami Progrès, croyez-nous, si vous n'avez rien de
mieux a dire pour la dèfense de voire patron, faites
comme VEcho du Parlement, votre chef de file, tai-
sez-vous et laissez passer l'orage. Les gens que vous
servez sont de ceux qui plient et ne rompent pas.
L'averse tombèe, vous les retrouverez, soyez bien
tranquille, frais et souriants a leur poste, comme si
de rien n'était.
Les journaux vous disent tousles jours que M. Van
denpeereboom va donner sa démission. N'en croyez
rien, ami Progrès. Votre patron sait mieux que per-
sonne combien la place est bonne agarder et bien qu'il
fasse parfois mine d'en être fatiguè, ce sont la ma-
nières de petite maitresse auxquelles un journal sé-
rieux comme vous ne saurait se laisser prendre. Vivez
done tranquille de ce cótè, engraissez-vous en paix et
surtout en silencele poulet qui doit tuer votre grand
Lama blanc n'est pas encore pondu.
Le correspondant de Bruxelles du Journal de Liége
avait qualifié de canard la nouvelle donnée par la
Meuse de la démission de M. Alph. Vandenpeereboom.
La Meuse, qui a pour correspondant a Bruxelles
M. L. Hymans serait-il en-même temps rédacteur
de VOpinion?) lui répond en ces lermes:
a Tous lescorrespondantsdes journaux de province
confirment la nouvelle que nous avons donnée de la
démission de M. le ministre de ['intérieur. Que M. le
ministre ait retiré depuis lors sa démission, et qu'il
ait consenli conserver provisoirement son porte
feuille, la chose impörte pen toujours est-il qu'au mo
ment oü nous l'avons annoncée, le fait de cette démis
sion était parfaitement exact. Aussi, n'est-ce pas sans
surprise que nous avons vu, avaut-hier, le correspon
dant bruxellois du Journal de Liége prononcer, a ce
propos, Ie mot de Canard. Voudrait-il done nous
faire croire qu'il est le correspondant le plus mal ren-
seigné des journaux beiges, ou bien veut-il que
nous suspections sa bonne foi, lorsque nous Ie voyons
qualifier ainsi des faits dont il ne peut ignorer l'exac-
litude a
Le correspondant du Journal de Liége (redacteur
de I 'Opinion n'en persiste pas moins dans sun in-
credulite.
a Je ne puis, dit-il, que maintenir l'exactitude
des renseignementsque je vous ai donues au sujet du
portefeuille de ['intérieur. Je persiste a dire que M. Alph.
Vandenpeereboom n'a pas donné sa demission. La
Meuse continue a soutenir le contraire. II serait oi-
seux de prolonger une discussion qu'on semble vou-
loir réndre irritante, je ne sais vraiment pourquoi,
car il ne s'agit pas de bonne ni de mauvaise foi, mais
d'exactes ou d'inexactes informations, Qu'il me soit
permis de croire, jusqu'a preuve du contraire, que les
miennes sont bonnes.
Nous tenons pour Ie Journal de Liége. Et, vous,
compère le Progrès
On écrit de Bruxelles, 22 aout, a la Gazette de
Mons
Quand je vous faisais part d'un bruit qui circulait
a Bruxelles, non point précisément dans le profanum
vulgus, mais dans les cercles politiques, je manquais
de renseignements qui me permissent d'être tout a
affirmatif. Aujourd'hui, je suis mieux en mesure de
vous tenir au courant des faits et voici ce que je crois
pouvoir certifier comme tout a fait exact au sujet de
la démission de M. le ministre de l'intérieur.
Depuis plusieurs mois, il y avait entre l'honorable
M. Alphonse Vandenpeereboom et ses collègues, de
nombreux dissenliments au sujet des principes sur
lesquels repose l'arrêté royal relatif aux écoles d'a-
dultes et ('execution de eet arrèté.
Vous conoaissez l'opinion de plusieurs membres
du cabinet au sujet de la loi de 1842, qui serait ren-
versée a l'heure qu'il est, si elle n'était appuyée par
une fraction de la gauche unie a la droite. La majorité
du cabinet hostile en principe a cette loi, poovait bien
moins admetlre qu'on l'appliquat a des écoles qui
n'ont rien de commuti avec les écoles primaires pour
enfants.
Ces divergences, toutes graves qu'elles étaient,
n'auraient cependant point amené la retraite de l'ho
norable ministre de l'interieur, si a cette cause ne
s'en était venue joindre une autre. La déplorable so
lution donnée au conflit namurois a mécontenté une
fouie de libèraux la nomination de M. Dohet, un clé
rical, comme échevin, a mis le comble a l'irritation.
M. Vandenpeereboom a, a la vérité, affirmé a une
foule de personnes qu'il ne savait pas que M. Dohet
fut clérical, il n'en est pas moins vrai qu'il ne lui était
point permis de l'ignorer.
Ajoutez enfin a cette foule de considerations que
M. Alphonse Vandenpeereboom, qui est possesseur
d'une superbe fortune et ami du repos, ne conservait
ses fonctions que sur les instances d'une foule de li
bèraux, et un peu aussi en vue du succès de notre
opinion dans l'arrondissement d'Ypres. Un dissenti-
ment survenant entre lui et ses collègues devait nó-
cessairement amener plus vite la retraite d'un pareil
homme quecelle d'un ministre qui aurak tenu vóri-
tablement, pour une cause ou pour une autre, a son
portefeuille.
Voila comment il s'est fait qu'a la suite d'expiica-
tions avec ses collègues, M. le ministre de l'intérieur
a envoye au Roi sa démission. Etj'ajoute qua je main-
tiens positivement le fait de cette démission. Seule
ment on a rellechi a l'inopportunité d'un changement
de cabinet, deux mois avant la session, et l'on a de-
termine M. Vandenpeereboom a la retirer, ce qu'il a
fait ce matiu, si mes renseignements sont exacts. 11