JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPRES, Dimanche Cinqüième année. N° 48. lcr Décembre 1867
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lTpres, so !%ovembre isst.
Le parti clérical sera bien maladroit s'il com
bat, au mois de juin prochain, la réélection de
M. Alphonse Yandenpeereboom.
Dans la situation respective des deux opinions
et quelques succès qu'il remporte, le parti clérical
ne peut esjaérer raisonnablement que les élections
pro,ehaines déplaceront la majorité parlementaire.
Tout au plus^arviendra t il gagner cinq ou six
joixk; rc'est-^-dire que, mème en mettant de son
cóté^outes les chances favorables, il n'en a aucune
de renverser le cabinet.
L'élimination de M. A. Vandenpeereboora au-
rait done pour seul et unique résultat d'obliger
notre représentant évincé céder son portefeuille
un autre membre de la majorité, lequel pourrait
bien avoir pour le haut el bas clergé la même
complaisance que M. le ministre de l'intérieur.
La majorité compte un grand nombre d'hommes
prêts a bien des sacrifices pour arriver au pouvoir
mais il en est pen, le parti clérical ne doit pas
l'ignorer, qui auraienl consenti a signer les règle-
ments sur les écoles d'adultes et a désespérer les
libéraux de Namur par des nominations notoire-
ment cléricales; il en est pen surlout qui auraient
prêté les mains a l'infóme conspiration ourdie
contre ce malheureux instituteur de Nimy-Mai-
zières frappé dans son honneur pour avoir compté
sur l'appui du pouvoir civil dans la lutte qu'il
avait engagée contre les exigences de autorité
ecclêsiaslique. S'il y en a, ils doivent être très-
peu nombreux et il n'est pas présumable que ce
soit parmi eux que MM. Frère et Bara, qui su-
bissent avec peine la politique double face de
M. Alphonse Vandenpeereboom, aillent lui cher-
cher un successeur.
En somme, l'élimination de notre représentant
libéral 1) n'ajouterait rien aux forces du parti
clérical dans le Parlement, tandis qu'elle mettrait
très-sérieusement en péril l'influence dont il jouit
dans les régions ministérielles, gréce a la com-
plicitê du ministre de l'intérieur.
Aussi, répétor.s le, les cléricaux commettront-
ils une insigne raaladresse s'ils combattent, aux
élections prochaines, la candidature de M. Alph.
Yandenpeereboom. Monsieur notre représentant
est, pour eux, un de ces sages ennemis dont parte
la fable et qui, au témoignage de Lafontaine,
yalent mieux que bien des amis.
Voici en quels termes le Journal de Charleroi
flétrit l'attitude couarde de la majorité doctri
naire dans la discussion relative a l'instituteur de
Nimv-Maizières
Oh, l'homme nnïf! II s'était mis en têle, ce mal
heureux petit instituteur, qu'il se trouverait bien dans
la Chambre cinq ou six hommes de coeur pour clouer
au pilori de l'opinion libérale le ministre servile qui,
pour complaire aux rancunes du clergé, n'avait pas
hésitó a briser sa carrière en lui imputant publique-
ment d'avoir manqué aux devoirs de la loyauté. Qui
sait Peut-être s'était-il fait cette illusion de croire
que la majorité parlementaire, prenant fait et cause
pour l'indépendance du pouvoir civil indignement
méconnue dans sa personne, allait saisir cette occa
sion pour précipiter du pouvoir l'auteur de ces hou-
teux règlements sur les écoles d'adultes, qui sont un
crachat lancé a la face du libéralisme. Pauvre cher
hornme 1
On l'a défendu, cependant, mais de quelle facon,
bon Dieu MM. les représentants de Mons auraient
eu affaire au terrible Théodore, roi de toules les
Abyssinies, qu'ils n'y auraient pas mis plusdefacons.
Aussi, quand M. Alph. Vandenpeereboom a eu dé-
elaré itérativement qu'il ne retirerait pas son blême,
plus un n'a osé ouvrir le bec.
Quoi, M. deThuin, quoi, M. Earlier, vous êtescon-
vaincus que l'homme que vous défendez est victime
d'une odieuse, d'une infêmepersécution vous le dites,
du moins. Et quand le ministre qui s'est fait, sciem-
ment ou non, peu importe, l'instrument de cette per-
sécution, vous déclare en face qu'il est décidé a main-
tenir sa sentence, vous ne trouvez plus rien a dire et
vous vous taisez Tenez, voulez-vous que je vous le
disef vous ne serez jamais que des avocats.
Quant a MM. Guillery, Van Humbeek, Funck et
aulres soi-disantsavancés, ils ont, commed'habitude,
gardé un prudent silence et quand le président a mis
aux voix les conclusions de la commission, tout le
monde s'est levé comme un seul homme pour en finir
au plus tót.
i) Ce simple récit peut se passer de commentaires.
Voila oü nous en sommes, Monsieur, après dix an-
nées consécutives de gouvernement libéral un mi
nistre qui ose tout en face d'une Chambre qui n'ose
rien.
La Belgique n'est pas au bout du monde,
Bruxelles n'est qu'è 6 heures de Paris, cela
n'empêche que les journaux frangais les plus
accrédités, racontent tout de travers ce qui se
passé dans notre pays.
Yoici comment le Siècle, par exemple, rap-
porte a ses 52 mille abonnés ['incident parle
mentaire de l'instituteur de Nimy-Maizières
Une bonne lecon vient d'être donnée a un mi
nistre beige. M. Van den Peereboom avait infligé un
blame a M. Lagage, instituteur a Maizières (Hainaut),
pour n'avoir pas conduit ses élèves la messe. A la
Chambre des représentants de Belgiquedans la
séance du 22 novembre, M. Dethuin a accusé le gou
vernement d'avoir violé la liberté de conscience et la
liberté des cultes.
M. de Brouckere, ministre d'Etat, a soutenu
l'orateur de Ia gauche. M. Van den Peereboom, ayant
formellement refusé de retirer le blême infligé l'in
stituteur de Maizières, la Chambre s'est prononcée h
l'unanimité contre lui, et, chose remarquable, tous
les aulres ministres ont voté contre leur collègue.
L'erreur est si grossière que nous nous de-
mandons si cette version ne cache pas une épi-
gramme sanglante.
Le materiel en parfait état
Décidéraent la Compagnie d'exploitation du chemin
de fer de la Flandre occidentale joue de malheur, II
n'y a pas bien longtemps que nous signalions un re
tard éprouvé la station de Vlamertinghe par suite
d'un dérangementa l'un des ressorts de la locomotive.
Depuis huit jours nous avons a signaler deux autres
accidents de ce genre. Que disons-nous, depuis huit
jours 1 En trois fois vingt-quatre heures I
Samedi 28 de ce mois, le dernier train parti de
Courtrai a 8 h. 40 m. arrivait Comines avec le ban
dage d'une des grandes roues motrices de la locomo
tive fendu; impossible de continuer en eet état sans
exposer les voyageurs aux plus graves accidents. II
fallut tèlégraphier a Poperinghe pour demander une
locomotive de secours le train quitfait Comines a
onze heures moius un quart, il était plus de onze
heures et demie lorsqu'il arrivait a Poperinghe.
Moins de trois jours après, le mardi 26, le train de
3 h. 40 m. en partance pour Poperinghe fut arrêté
dans la station d'Ypres. Le modérateur de la locomo
tive était devenu subitement immobile et celle-ci,
plus entêlée qu'une mule, refusait obstinément d'a-
vancer. II était 4 h. 30 m. lorsque les voyageurs ar-
rivèrent a Poperinghe.
Ces coïncidenees sont vraiment fêcheuses au mo
ment oü un rapport vient proclamer officieilement
que le materiel est en parfait état. A la lecture de
cette phrase on se demande avec effroi ce qui arrive-
rait si le matériel laissait a désirer
L'jEconomie de Tournai publie les lignes sui-
vantes
On a supprimé récemmeut le train qui partait
pour Bruxelles par Enghien 11 h. 40. A ia suite
des démarches faites auprès de M. le ministre des
travaux publics par un de nos honorables députés,
M Allard-Pecquereau, le train express qui part de
Mons a 11 h. 53, fera arrêt Jurbise, a partir du
1" décembre on pourra de cette facon partir de
Tournai a Bruxelles par Jurbise, en prenant le con-
voi a 11 h. 32 et arriver dans la capitale a 1 h. 53,
c'est-è-dire presque aussi vite que par la voie d'En-
ghien.
II serait souhaiter que nos représentants