JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT YPRES, Dimanche Cinquième année. N° 49. 8 Décembre 1867 PSKiX W'IIMWSKMEIT POUR LA BELGIQUE 8 francs par an 4-fr. 50 par semestre. Pour PEtranger, le port en sus. Un Numéro 25 Centimes PKIX OES AiliOICES ET DES RECLAMES 10 Centimes It psiile ligne. Corps du Journal, 30 centimes. Le tout payable d'avance. Paraissant le dimanche. Laissez dire, laissez-vous bl&mer, majs publiez voire pensée. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journalchez Félix Lambin, imp.-lib., rue de Dixmude, 59 On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres ou envois dargent doivent etre adressés franco au bureau du journal. Ypres, 9 Décembre 1889. Le gouvernement nous a appris, I'autre jour, que la Belgique avait été invitée a se faire repré- senler dans la conférence proposée par la France pour régler définitivement la question roraaine. M. le ministre des affaires étrangères, en fesant cette communication a la Chainbre, a daigné ajouler que jusqu'a présent le cabinet n'avait pris aucnne détermination et qu'il délibérait. II nous est difficile d'admettre que le gouverne ment ait eu besoin de réffexion pour arrêter sa résolution en pareille matière. II saute aux yeux qu'une nation neutre comme Ia Belgique n'a abso- lument rien a démèler dans les questions territo riales qui se débaltent entre le Pape et le roi d'Italie, et que, pour ce qui concerne Ia question religieuse engagée dans ce conflit, notre qualité d'EtatJaïque nous interdit non moins absolument de nous en occuper. Que I'on prètende que les intéréts de la Bel gique exigent qu'elle renonce a Ia neutralitê qu'on fasse valoir qu'un pays qui compte quatre millions cinq cent mille catholiques sur une popu lation totale de cinq millions d'émes ne peut assister indifférente a la question de la souverai- netè temporelle du Pape, c'est une thèse sou- tenir. Mais si l'on veut respecter les obligations de l'état de neutralitê, si l'on croit bon de faire prévaloir, avant tout, le principe de l'entière sé- paration de l'Eglise et de l'Etat, il est impossible qu'on hésite un seal instant prononcer que la Belgique compromettrait a la fois ses devoirs d'Etat neutre et d'Etat laïque en prenant part une conférence du genre de celle que propose le gouvernement frangais. Aussi sommes-nous bien convaincus que le ministère n'acceptera pas l'invilation. 11 y a d'ail- leurs, urie autre raison pour qu'il la refuse et celle-la est peut-ètre plus péremptoire que les autres. D'ici quelques mois, les Chambres vont devoir ètre renouvelées pour moitié. Le ministère comprend très-bien que s'il prend part tt la confé rence* le parti clèrical ne manquera pas de l'accu- ser d'y avoir fait cause commune avec Victor- Emmanuel et prêté les mains a la chute du Pape. Jugez de i'effet d'une pareille accusation sur le corps électoral dont l'affection pour le saint Père se traduit en auméoes si abondantes C'est-a-dire que le ministère courrait le risque de voir sa chère majorité remplacée par des ultramoutains de la pire espèce. Le gouvernement, très-fort en ma tière d'élection, ne commettra pas une pareille maladresse, 11 pourrait méconnaitre les devoirs de la neutralitê, comme il l'a fait vis-è-vis du Mexi- que; il pourrait violer les principes qui consacrent la séparation des deux pouvoirsil les a violés assez souvent pour qu'on soit en droit de croire qu'il ne s'arrêterait pas devant une nouvelle viola tion mais violer, méconnattre les lois de sa con servation personnelle, jamais! Nous avons approuvé les souscriptions ouvertes en faveur des garibaldiens blessés a Mentana. Nous avons blómé et nous persistons blómer les souscriptions organisées par le parti clérical au profit du Pape. Le Journal d'Ypres voit la une inconséquence et nous trouve bêtes. Bêtes, le mot est dur, mais il faut savoir par- donner quelque chose aux ivrognts. Le sang de Mentana a monté a la tète du pieux journal. Nous aurions tort de lui chereher querelle pour un mot échappé au delirium tremens. Un mot de réponse, pourtant. Garibaldi n'est qu'un simple citoyen. La cause laquelle il a dévouê sa vie ne peut triorapher si ceux qui par tagent ses convictions ne lui viennent en aide de leur bourse et de leurs personnes. Ceci est telle- ment évident que, même dans l'état affligeant oü nous le voyons, le pieux journal ne saurait en disconvenir. Le Pape, nu contraire, est Roi et compte, en ce moment, environ deux millions de sujets, dont il est adoré, du moins au dire des journaux cléri— caux. S'il en est ainsi, qu'avons-nous affaire de lui euvoyer des soldats et de l'argent Des soldats, il doit en avoir dix fois plus qu'il n'en faut pour repousser les entreprises de Garibaldi. De l'argent, ses sujets qui l'adorent doivent lui en fournir au-deiè de ses besoins. Dès lors, nous avons le droit de blómer ces souscriptions, ces enrólements auxquels on convie si ardemment nos compalriotes et dont le moindre tort est d'enlever la charité des ressources d'autant plus précieuses que la Belgique traverse en ce moment une crise industrielle des plus pénibles. A moins, cependant, que tout ce que la presse cléricale ne cesse de nous dire de l'amour et du dévouement des Romains pour leur souverain ne soit le contre-pied de la vérité et que ces enróle ments, ces souscriptions n'aient pour but de four nir au roi de Rome les moyens de se faire adorer de ses sujets malgrê eux. gouvernement. Nous croyons que, même dans l'intérêt de son propre parti, le représentant de Thurnout ferait mieux de s'abstenir de provoquer, tout propos et hors de tout propos, des discus sions sans portée et dont les résultats ne tournent pas toujours a l'avantage desa réputation d'homme d'esprit. Mais tout en désapprouvant l'attitude que M. Coomans a prise, dans ces derniers temps, sur- tout vis-a-vis du ministère, nous protestons, au nom de la dignité de la presse, contre les grossiè- retés de langage auxquelles il est journellement en butte de la part du Progrès. Quels que soient les torts que l'organe doctrinaire se croit en droit de lui reprocher, il ne peut y avoir qu'une voix parmi les honnêtes geus de tous les partis pour flétrir un journal qui ne trouve rien de mieux, pour combattre ses adversaires, que de les traiter d'orateurs de carrefour, de paillasses, de far- ceurs, de clowns de haute volée, etc. Nous disons que c'est une honte et qu'un parti qui auto- rise de pareilles turpitudes en est responsable de vant l'opiuion publique. Et dire que le Progrès compte parmi ses rédacteurs les hommes les plus considérables du doctrinarisme yprois! Que serait-il done, s'il était rédigê par a des manouvriers et des valets de fermeII serait plus poli, probablement. Nous ne sommes point de ceux qui approuvent l'oppositiou taquiue que M. Coomans fait au On lit dans la Semaine libérale, a propos de la dis cussion soulevée a la Chambre des représentants par la scandaleuse affaire de Nimy-Maizières Nous croyons qu'il serait puéril d'insister davan- lage sur le cótè personnel du debat, et qu'il serait inutile d'en tirer des conclusions en faveur de la révi- sion du régime de 1842. La Chambre n'a peut-être pas, en cette circonstance, dèployé la vigueur néces saire; il est possible qu'elle se soit réservé dejuger plus sévèrement, dans la discussion du budget de l'inlèrieur, les derniers actes politiques de M. Van- denpeereboom. Gonstatons que la conduite de l'hono- rable ministre, dans l'affaire Lagache, a été, sous forme de discours ou d'interruptions, critiquée par plusieurs représentants, MM. Do Thuin, Carlier, De Macar, Jouret, Funck et par un des membres les plus modórés de la gauche, M. de Brouckere. Goustatons aussi qu'aucun des collègues de M. le ministre de l'in- térieur u'a cru devoir intervenir dans ce débat, lais- saut ainsi a M. Vaudenpeerebooua toute la responsa- bilité d'un acte injustifiable, d'un acte digne des mi nistères clericaux, d'un acte auquel M. De Decker n'aurait osé associer son uoui. Nous attendons M. le ministre de l'intérieur au débat que soulèvera néces- sairement la question des écoles d'adultes. De ia part d'un journal dont les relations avec plu sieurs membres du cabinet ne sont un mystère pour personne, la lecon donnée a M. Alph. Vandenpeere- boom est significative et M. le ministre de l'intérieur

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L’Opinion (1863-1873) | 1867 | | pagina 1