JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT YPRES, Dimanche Sixième année. N° 3. 19 Janvier 1868. FRIX RES iilHOICES ET DES RECLAMES 10 Centimes la petite ligne. Corps du Journal, 80 centimes. Le tout payable d'avance. PRIX D'4ROXnEMEXT POUR LA BELGIQUE 8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, le port en sus. Un Numéro 25 Centimes., Paraissant le dimanche. Laissez dire, laissez-vous bldmer, mais pubtiez voire pensée. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journal, chez Félix Lambin, imp.-lib., On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres rue de Dixmude, 59. I ou envois d'argent doivent ètre adressés franco au bureau du journal. Ypres, is Janvier isos. U parait que nous haissons MM. Vanden Pee reboom et Hymans. C'est le Journal de Bruges cousin-germain du représentant de Bruxelles par I 'Office de Publicité, qui a fait cette belle décou- verte, dont nos lecteurs seront aussi étonnés que nous-mèmes. Nous, haïr M. Vanden Peereboora Mais le journal brugeois, pour porter contre nous une accusation aussi grave, ignore done qu'aux élec- tions de 1863 et de 1864, 1'Opinion a combattu avec le Progrès et non moins vaillamment que lui, pour la candidature de l'ex-ministre de l'Inté- rieur Depuis, il est vrai, la politique suivie par notre représentant au pouvoir ne nous convenant plus, nous lui avons fait la guerre, et le jour oil elie a succombé, nous avons applaudi a sa chute. Etait- ce notre droit? Que le Journal de Bruges ré- ponde. II faut ètre sincère. Mème l'époque oü nous défendions la candidature de M. Vandenpeere- boom, nous n'avions pas, dans la ferraeté de ses convictions libérales, une confiance saus limites. Notre représentant nous était connu, bien avant que YOpinion eut vu le jour, pour professor, sur certaines questions, des opinions qui n'étaient pas lesnótres; ses antécédents, sous ce rapport, n'é taient pas sans avoir éveillé en nous de vives appréhensions. Mais, faut-il le dire? la présence de M. Frère-Orban aux affaires avait calmé nos inquiétudes. Nous étions encore de ces naïfs qui voient dans M. le ministre des finances la person- nification des idéés libérales et nous comptions sur lui pour surveiller les défaillances de notre représentant. Notre espoir a été cruellement dêtju. Non-seu- lement le cabinet présidé par M. Frère n'a rien fait pour donner satisfaction au parti li- béral, mais il a souffert, 6 bonte éternelle, que M. Vanden Peereboom lui crachèt au visage en lui imposant son arrèté sur les écoles d'a- dultes. De ce jour, notre ligne de conduite était tra- cée et nous n'en avons pas dévié. Nous avons fait a la politique ministérielle une opposition achar- née, impitoyable. Nous avons arraché ces char latans de libéralisme le masque qui nous avait si lougtemps abusé et nous avons appelé sur eux la justice de l'opinion libérale indignement tra- hie. Si c'est lé ce que le Journal de Bruges ap- pelle de la haine pour les personnes, nous n'avons plus rien a lui dire, il est hors d'état de nous comprendre. Le Journal de Bruges nous accuse aussi de hair M. Hymans. Ceci est tout simplement une plaisanterie et une mauvaise. M. Hymans, dont YOpinion ne s'est jamais occupée ni en bien ni en mal, nous avait reproché brutalement, dans YEcho du Parlement, d'avoir EFFRONTËMENT bravé la conscience publique en applaudis- sant a la chute de M. Vanden Peereboom. Nous avons répondu S M. le rédacteur du journal offi- cieux que nous n'avions pas recevoir de legons de moralité politique d'un représentant qui fait YEcho du Parlement le métier qu'il fait et nous nous sommes moqués de ses prétentions jouer l'homme d'importance. Fallait-il pas, par hasard, baiser la verge qui venait de nous frapper et prier M. Hymans d'agréer nos excuses? Nous avons été vifs. Le Journal de Bruges le serait il moins en pareille circonstance Quant aux inexactitudes que notre confrère re- lève dans la réponse que nous avons adressée h YEcho du Parlementcorame il n'est pas en cause, il voudra bien nous permettre, pour discuter ses rectifications, que le journal officieux les ai fait siennes en les reproduisant dans ses colonnes. 11 ne peut pas nous convenir d'engager sur des ques tions de cette nature une polémique par voie de personnes interposées. A HOS LECTEURS. Des bruits qui n'ont jamais cessé entièrement de courir ont représentéde lout temps YOpinion comme un organe créé en vue d'une circonstance déterminée, une feuïlle d'une existence éphémère, un journal mort-né. Ges bruits dont on devine aisément l'ori- gine et le but, ont pris dans ces derniers temps une nouvelle et plus grande extension. A les entendre, nous n'aurions plus que peu de semaines a vivre. En vérilé, leurs auteurs tuent un peu trop vite ceux qui leur déplaisent et quelque malheureux que nous soyons de les contrarier, nous craignons bien pour eux qu'ils ne prenneni trop facilement des désirs pour des réalilès. L'Opinion est enlrée dans sa sixième année, voila qui répond pour le passé aux sinistres prédictions de quelques prophètes fantaisistes. Nous affirinons pour l'avenir que YOpinion ne cessera sa publication, ni maintenaut, ni après les élections de juin. Une seule circonstance pourrait la decider ii ce sacrifice, ce se- rait lorsque les rédacteurs du Progrèsdevenus sous- préfets d'un Napoléon III, confisqueraient, par leurs décrets, Ia liberté de la presse. Nous n'en sommes pas encore la. En attendant, YOpinion continuera comme par le passé a défendre les principes du libéralisme progressif, le seul sincère et loaique; comme par le passé aussi, elle combattra les habiles qui sacrifient leurs convictions a un inlérët de boutique el démas- quera les intriguants qui exploiient leurs concitoyens. Sur le chemin de Damds. Quand nous disions qu'il y avait plus d'une affi- nité entre les cléricaux et nos doctrinaires t Ceux-ci en sont arrivés jusqu'a eraprunter le langage de ceux-la el Ie Progrès, l'exemple de son confrère, le Journal <PYpres, nous appelle Vor.gane de la coterie Solidaire. Le Progrès et le Journal d' Ypres, bras des sus bras dessous, faisant une charge a fond sur les solidaires et les francs-macons, cela ne laisse pas que d'être piquant et notre siècle si fertile en dróleries de loutes sortes n'aurait certainement pas trouvé celle- la. Le Progrès aurait-il, lui aussi, trouvé sou chemin de Damas? La lumière d'en haut a-t-elle frappé quel que nouveau Saul dans les bureaux de la rue au Beurre?Ce que nous savons, c'est qu'il fut un temps temps assez proche de nous pour que chacun se le rappelle oü l'un des plus bruyanls, sinon des plus terribles pourfendeurs du clerical, un homme qui a un jésuite dans le gosier et un calottin (sic) sur le bout du nez, était dangereusement malade. Que faire? Appeler ceux que pendant toute sa vie on a injurié et vilipendé, c'est dur. Mais le qu'en dira-t-on, mais ('influence des frères et amis, mais l'intérêt élec- toral qu'il ne faut pas séparer de l'intérêt de familie, mais ceci, mais cela, trente-six mille prétextes enfin que la complaisance et la peur évoquent. II se pros- terna done aux pieds de ces hommes qu'il avail mille fois dévorésen paroles bien erdendu, ne posant qu'une petite condition a son humilitè toute chré- tienne la chose se ferait nuitamment, sans tambours ni trompettes, nous voulons dire sans sonnerie, ni lumières. Et nunc erudimini. Voila sans doutéJ'ori- gine des sentiments religieux du Progrès. Si Ce jour nal attaque les solidaires^ par contre il soutient les hypocrites. II y a compensation. Un portrait de familie. Nous lisons dans Ie Progrès de dimanche dernier a II existe en Belgique, nous ne dirons pas un parti, mais une COTERIE qui se compose de citoyens haineux, vindicatifs et dont le tempérament bilieux obscurcit le sens moral. t> On ne s'attendait guère a voir Ie Progrès rendre justice si compléte a ses patrons. U'impöt clerical. Quand il s'agit de retnplir l'escarcelle, les cléri caux ont plus d'un lour dans leur sac et l'on peut dire que jamais ils ne cessent de ehasser plusieurs lièvres a la fois. On sait les sommes prodigieuses en- voyées au Pape au détriment des pauvres. Cela n'a pas empêché de faire fructifier, en mêuie temps, YOEuvre de la Sainte Enfance, ainsi nommée sans doute parce qu'elle a été creée par ceux- qqi sont voués au célibat.

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L’Opinion (1863-1873) | 1868 | | pagina 1