rité libérale aux projets du gouvernement, et en ad- jurant ses concitoyens et ses amis de la droite les voter aussi. L'houorable minisire comprend done qu'il est des ÏQtérêts qui légiiiment les coalitions. L'intérêt de la défense nationale est de ce nombre sans contredit; maiscomme il y a plusieurs manières de l'apprécier et de le sauvegarder, une coalition contre le projet du gouvernement serail aussi legi time que celle qui aurait pour but de le faire triom- pher. Nous voila done débarrassés, cette fois, du moins on peut l'espérer, des déclamations que cha- cun sait contre la coalition clérico radicale. Nos lecteurs apprécieront toute l'importance du jugement porté par Vindépendance, dans les circonstances oü nous nous trouvons. Je vois les journaux ministériels flétrir, avec une indignation fort bien sentie, la coalition qui se pré pare entre ce qu'ils appellenl les radicaux et la frac tion avancée du parti clérical. De cette coalition elle-même, je ne veux rien dire, si ce n'est qu'a moo avis, les radicaux courent grand risque d'en être les dupes mais les journaux minis tériels sont-ils bien sürs que la politique suivie par MM. Frère et Vandenpeereboom dans ces dix der- nières années ne soit pour rien dans la formation de ce parti clérical dont, il y a peu de temps encore, M. Frère niaitjusqu'a l'existence? Qui done, si ce n'est M. Frère lui-même, a formulé dans ces termes le programme du libéralisme beige Séparation compléte de l'Eglise et de I'Ètut Et quand, après que l'homme qui a posé cette formule est resté au pouvoir pendant prés de dix-sept années, il se trouve que toutes les lois qui asservissent l'Etat a l'Eglise sont encore debout, faut-il s'étonner et tant s'indigner, si quelques libéraux décus, désenchantés, poursuivent dans une coalition avec les habiles de Ia droite, l'accomplissement de la formule inscrite par M. Frère lui-même sur la bannière du libéralisme? La discussion aura du moins servi a quelque chose. Bien que M. Frère ne se soit pas encore netttement expliqué la-dessus, il est certain que le gouverne ment cédera sur la question du contingent annuel, qui restera lixé, comme par le passé, a dix mille hommes. Je n'ai jamais compris, pour ma part, les raisons alléguées par le gouvernement pour justifier ['aug mentation du contingent. Nous sommes, dit-il, a la veille d'une conflagration généraleil est indispen sable que nous pourvoyioos immédiatement a notre défense; et c'est quand le danger lui apparait si im minent qu'il nous propose des mesures qui, de son propre aveu, ne donneront leur plein résultat que dans huit ans. Gela ne vous fait-il pas 1'effet d'un homme qui au rait un pressant besoin de chemises et qui sèmerait du chanvre Le bilan du ministère libéral depuis son avéne- ment en 1857 peut se récapituler de la manière sui- yante Aggravation de la loi Faider; Fortifications d'Anvers; Renouvellement de Ia loi sur les étrangers; Expulsion de Rogeard et autres réfugiés; Condamnation de presse pour outrages a l'empe- reur Napoléon lil Révision du Code pénal dans un sens réactionnaire, notamment en ce qui concerne la presse Aggravation de la loi de 1842, affaires des, écoles d'adultes et de l'instiluteur de Nimy-Maizières Rejet de la réforme electorale Dépenses sans cesse croissantes pour l'armée tout en ajournant les dépenses utiles, faute d'argent; Enfin, prochainemenl, demande de nouveaux mil lions pour refortifier Anvers. Ce bilan n'est il pas aussi désaslreux que celui des sociétés Langrand-Dumonceau? Le Journal des Débals répond aux attaques diri- gées contre le journalisme par un député ami des brevets et des diplómes L'honorable ami des brevets, qui trouverait bon sans doute que des conditions speciales d'aptitude fussent exigees des journalistes, pourrait-il nous dire quelles conditions d'aptitude l'on exige des députés? Y a-t-il rien de plus libre au monde que l'entrée de la carrière législative N'est-elle pas ouverle a tous les citoyens jouissant de leurs droits civils el poli- tiques, sans brevet, sans diplóme, sans qu'ils soient tenus a donner la moindre garantie de capacité et d'aptitude? Et pourtanl le röle du député est autre- ment important que celui du journaliste, puisque le député vote des lois qui peuvent être bonnes, mais qui peuvent aussi être mauvaises, et qui dans les deux cas n'en obligent pas moins les citoyens, tandis que le journaliste doit se contenter d'exprimer sim- plement des opinions dont tient compte qui veut. On objectera peut-être que le mandat donné au député équivaut a un certificat d'aptitude, mais noüs répondrons qu'il en est un peu de même pour le jour naliste. Ce n'est qu'a la condition de faire tous les matins ses preuves de talent et de capacité qu'il par- vient a conquérir des lecteurs et une certaine auto rité. Ou est done la difference? Nous n'en voyons au- cune, sauf peut-être que le journaliste est obligé de payer de sa personne et de donner sa mesure, tandis que plus d'un député se tait, et pour cause, se con- tentant de voter, chose après tout plus aisée que d'é- crire. 11 faudrait pourtant y regarder de plus prés avant de s'élever ainsi a tout propos contre la presse, et voir un peu la poutre que l'on a dans son ceil, avant de montrer du doigt la paille dans l'ceil du voisin. Déja le Figaro avait dit, parodiant avec esprit le mot de Beaumarchais <t Aux qualités qu'on exige d'un journaliste, com- bien counaissez-vous de députés qui soient capables d'écrire, dans un journal? En publiant, d'après le journal le Peuple beige, un récit détaillé de la cérémonie d'inauguration du monument élevé, dans le cimetière de Saint- Josse-ten-Noode, a Michel Vander Voort, le cou- rageux défenseur de la cause flamandenous croyons faire doublement plaisir nos lecteurs. D'abord, paree qu'il s'agit d'une manifestation qui doit être chère au cceur de tout Flamand; en second lieu, paree que le buste qui couronne le monument est une oeuvre remarquable due au ci- seau de M. Edouard Fiers, un sculpteur né Ypres, mais dont la réputation est déja euro- péenne. Inauguration du monument Vander Voort. L'inauguration du monument érigé la mómoire de Michel Vander Voort a fourniau parti flamand une occasion solennelle d'afïïrmer sa vitalité et de re- tremper ses forces. Ainsi que nous l'avions annoncé, la réunion géné rale ètait convoquée au local du Wyngaard. Depuis le matin, une quantité de députations étaient arrivées de tous les points du pays flamand pour assister a la cérémonie. Aussi, a l'heure indiquée, la vaste salie de la Bourse était-elle encombrée d'une foule com pacte, ou les patois de nos diverses provinces s'en- tremêlaient et se croisaient en tous sens, et quoi qu'en disent les adversaires de notre cause, se comprenaient parfaitement. Après un exposé succint fait a l'assem- blée par M. Jottrand père, président de la Commis sion organisatrice, et dont la conclusion était que le chiffre global du produit de la souscription ouverte entre les Flamands avait suffi, a une difference tni- nime prés, a couvrir celui des dépenses, les Sociétés furent invitees a se former en cortége, et un peu avant deux heures on se mit en route. En tête marchaient les membres de la Commission, puis venait une .longue suite de délégations avec leurs drapeaux et emblêmes, parmi lesquelles on remar- quait une trenlaine d'ouvriers en blouse próeódés de deux magnifiques bannières et qui représentaient les Associations de Tisserands et de Fileurs de Gand plusieurs autres sociétés démocratiques de la même ville figuraient dans le cortége avec de simples car tels. Bruxelles n'y comptait pas moins de six dra peaux, sans parler des différents Cercles dramatiques et autres qui n'en possèdent point, mais qui avaient egalement envoyé des députations chargées de dépo- ser en leur nom des couronnes sur la tombe du dé- funt. D'Anvers, oü Vander Voort était né, il n'était venu qu'une Societé, le Veilkrans; Bruges, Ostende,Rous- brugge, Iseghem, Laarne, Waereghem, St-Trond et bon nombre d'autres localités dont l'énumération se rail trop longue, étaient représentées par groupes daqs le défilé, dont l'aspect sévère imposait au public qui se.pressait sur son passage. Arrivés au cimetière de Saint-Josse-ten-Noode, les porteurs des bannières et autres attributs devancant la foule afferent se ranger en cercle autour du monu ment encore recouvert d'un voile. Un instant après, les abordsdu tombeau étaientenvahisde toutes parts. M. Korn. Verbruggen, dans un remarquable discours prononcé au nom de la Commission, commenca par rendre hommage aux artistes qui avaient assumé Ia têche d'exécuter les décisions prises par l'assemblée générale des souscripteurs et s'en sont acquittés d'une manière digne d'eloges en tous pomts. Passant a l'ob- jet de la manifestation, l'orateur retraca, en des ter mes d'une éloquence profondément touchante, le rólo rempli par Michel Vander Voort dans ce mouvement national dont il fut l'un des principaux promoteurs et au développement duquel il contribua si puissam- ment. Pendant l'allocution de M. Verbruggen, a un mo ment donné, le voile qui cachait aux regards le buste du défunt et Ie haut du mausolée avait élé écarté, et un murmure .d'émotion sympathique s'élait échappé de toutes les poitrines. L'image de Vander Voort, re- produite par le ciseau de M. Edouard Fiers, est frap pante de ressemblance et le mérite du sculpteur en est d'autant plus grand, qu'a défaut d'un portrait qui eüt pu lui servir de type, il a dü faire le buste presqu'ex- clusivement de souvenir. Ajoutons, en passant, que M. Fiers a fait preuve d'un désintéressement louable en se contentant, pour la rémunération de son tra vail, de lasomme relativementrestreinte dont la com mission était en mesure de disposer. Le mausolée au-dessus duquel le buste s'élève, sort des ateliers de M. Cordemans, a Tervueren; il est simple, mais d'un effet austère et de bon goüt, et porte pour inscription, au milieu de la double mention des dates de naissance et de décès du défunt et de l'intention pieuse qui a présidé a l'érection du monu ment, huit vers que nous traduisons littéralement a II n'est plus, le patrioie dévoué qui combattit pendant trente années pour les droits de Ia Flandre; il n'est plus, l'adversaire vigilent de tout ce qui opprimait et faisait souffrir le peuple. Qui, après lui, donnera encore un pareil exemple'' Qui fut h son égal intègre, fidéle et vaillant? Pourquoi, Mi- chel, n'es-tu pas resté avec nous? La cause fla- mande avait encore besoin de ton aide Après M. Verbruggen, dix-sept orateurs prirent successivement la parole, quelques uns en leur nom privé, et les autres comme délégués de sociétés. La plupart des discours qui furent prononcés, consti- tuaient des professions de foi énergiques et des enga gements solennels vis-a-vis de la mémoire du mort de continuer son oeuvre et d'en hater le triomphe, en s'inspirant de son infatiguable persévérance. Enfin, M. Jottrand père, dans une improvisation entrainante, faite en f'rangais, sa langue maternelle, résuma le ca- ractère de la cérémonie qui venait de s'accomplir, et après avoir protesté contre l'assertion trop souvent répétée, que les Wallons en général sont hostiles a la reconnaissance de nos droits linguistiques, termina sa chaléureuse harangue par le voeu de voir bientót le peuple flamand se lever tout entier pour la défense de la cause si héroïqUement servie par Vander Voort et qui rallie chaque jour davantage les sympathies de tous ceux qui, en Belgique, s'honorent du nom d'ami véritable de la patrie et de la liherté. II était trois heures et demie quand la solennité fut arrivée a sa fin. Jamais nous n'avons assisté a une manifestation de ce genre, qui nous ait laissé une im pression aussi vive, et nous n'hésitons pas a prédire que la journée de dimanche portera, pour la cause nationale flamande, des fruits sérieux et prochains. II y a quelques jours a été donnée a Ypres une con férence scientifique par M. Bergé, président de la So- ciété solidaire la Libre-Pensée. Cette conférence, pa- tronnée par M. I'échevin de Stuers et consorts, a eu le plus grand succès. actes oeeiciels. Ministère de la Justice. Edifice du culte. Sub sides. Les subsides suivants, imputables sur le departement de la justice, sont accordés Dans la province de Flandre occidentale

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L’Opinion (1863-1873) | 1868 | | pagina 2