signes qu'ils ont tracés, est pareil a ces talismans qui pouvaient, dil-on, évoquer les amis éloignés, les mon- trer a nos yeas dans leurs sentiments et leurs occu- pations. Sans la lecture, les absents seraient comme des morts, car on cesserail de savoir oü ils sont; ce dont ils s'occupent, s'ils se souviennent encore et si nous pontinuons a leur être chers. Olez ces entretiens écrits qui ravivent la mémoire et raniment le coeur, et la plupart des liens seraient rompus par l'èloigne- ment. L'homme qui sait lire est en communication, non- seulement avec ses amis, mais avec I'univers. La terre ne finit point pour lui a l'étroit espace que peut embrasser son regardil parlicipe a la vie commune il n'y a plus d'élraugers a ses yeux, car il sait 1 his- toire de toutes les nations; plus de contrées incon- nues, car les livres lui ont montré le monde entier comme dans un miroir. L'homme qui sait lire converse même avec les morts penché sur les écrits auxquels ils ont confié leurs pensees, il semble que les paroles des grands hommes s'élèvent des pages muettes a son espritil recoit les leeons de tous ces génies semés sur la route du temps, comme les étoiles sur la route .de notre globe; il profile de leur experience; il ajoute a leurs réflexions; il devient le légataire universe! de l'héri- tage de sagesse laissé par les siècles qui l'ont pré- cédé. L'homme qui sait lire peut tout apprendrel'ensei- gnement lui arrive directement sans passer par la bouche du maitre les livres sont pour lui des écoles toujours ouvertes qui le suivent jusqu'au milieu de la solitude et qu'aucune volonté ne peut fermer. L'homme qui sait lire ne connait pas l'ennuiil a a sa disposition tout ce qui peut éveiller la curiosité, intóresser l'esprit, émouvoir l'imagination. Veut-il voyager au loin, entendre le récit des désastres ou des triomphes de son pays, écouter les inspirations des poètes, jassister aux merveiileuses découvertes des savants, suivre les aventures romanesques de quelque héros imaginaire, la lecture, comme une fee complaisante, l'emporte oü il veut aller. Souverain tout-puissant, sa cour est formée des plus grands génies que la terre ait vu naitre, et qui, esclaves de L'homme qui sait lire enfin semble multiplier ses facullés et agrandir sa nature. 11 est mille fonctions qui ne peuvent être confiees qu'a lui seulaux yeux de la société, il a un sens de plus que l'ignorant il appartient, pour ainsi dire, a un rang plus élevé dans l'ordre des êlres. Mais la lecture n'est que la moitié de la science in dispensable elle commence l'homme social l'écri- ture le compléte. L'homme qui ne sait point écrire lit les pensees des autres mais il ne peut lire ses propres penséesil entend sans avoir la facullé de répondre il a recu l'ouïe, il lui manque la paroleses relations avec les absents se bornent a un éternel monologue dont il est l'auditeur muetaucun moyen de faire a son tour ses confidences, d'adresser une question, ni de dire ce qu'ii veut. L'homme qui ne sait pas écrire se défie en vain desdnfidelités de sa mémoire; il ne peut fixer par une note invariable le souvenir présenttout se dé- truit successivement derrière lui, les dates, les noms, les circonstances, paree qu'il n'a pu rien rattacher a des signes précisson cerveau ressemble a ces peaux préparées sur lesquelles on écrit pour un instant une phrase ou un chiffre fugitif; chaque jour y efface le fait de la veille. L'homme qui ne sait pas écrire ne peut expliquer a un absent l'affaire dont dèpend sa fortune et son hon- neuril voudrait en vain faire parvenir a ceux qui gouvernent sa réclamation ousa plainte obligé d'em- prunter la main d'un autre homme. II se trouve frappé d'une sorte d'enfance éternellec'est uu mi neur qui ne peut .se produire qu'avec le secours d'une tutelle. L'homme qui ne sait pas écrire ignore l'art de mettre en ordre ses pensées et de les exprimer avec brièveté. Accoulumé la diffusion de la parole im- provisée, il n'a jamais pu refaire ses phrases, discu- ter ses expressions, déplacer ses arguments, étudier enfin cette science du langage qui apprend a tout dire sous la meilleure forme et avec le moins de mots. Mais l'homme qui sait lire et écrire est comme l'oiseau qui a senti pousser ses deux ailes; le monde lui est ouvert r tout dépend du bon emploi qu'il fera de ces puissants instruments. Travailleur Tribunaux. La Cour de cassation, toutes chambres- réunies, s'est occupée samedi en séance publique et solennelle, dupourvoi formè par M. Ie ministre des finances con- tre la décision de la députation permanente de Gand, en date du 15 novembre 1867, qui, comme l'avait décidé la députation de Bruges, a jugé que, si le fisc a le droit de réprimer les fraudes en matière de con tributions, la loi donne au contribuable le droit et les moyens de faire redresser les erreurs dont il peut être victime. Dans l'espèce, le fisc avait diminué d'office la dé- claration faite par des contribuables et dont ['exacti tude avait été reconnue après enquête. Par suite de cette réduction les mêmes contribuables avaient perdu leurs droits électoraux. L'arrêt de la deuxième chambre de la cour de cas sation, en date du 8 juin 1867 cassant l'arrêlé de "la députation permanente de Bruges, arrêt auquel la députation de Gand ne crut pas devoir se rallier, fut rendu contrairement aux conclusions de M. lavo- cat-général Faider. Le pourvoi était soutenu, au nom du ministre des finances, par M* Leclerc. La députation permanente de Gand était représentée par Me Beernaert. M. le procureur-général Leclerc occupait le siége du minis tère public. Voici la décision qu'a prise la Cour de cassation, toutes chambres réunies, dans l'affaire des députa- tions permanentes Renvoie la cause devant la députation permanente du Gonseil provincial du Brabant pour v être statué conformóment a l'art. 2 de la loi du 7 juillet 1865. Sur les réclamations de Peers (Jacques) et Kirape (Pierre), datées du 16 mai 1866 condamne chacun des défendeurs a la moitié des dépens. I AI J» DIVERS. Samedi, 22 février, au moment oü le monde se ren- dait a la ville, deux chevaux attelés un chariot de paysan, prirent le mors-aux-dents, en face du caba ret le Pannen-huissur la route de Dickebusch, et allèrent culbuter dans le fossé vis-è-vis la blanchis- serie. Le conducteur tomba sous eux. Alors sans frein ni guide, ils continuèrent leur course avec les débris du vèhicule jusqu'aux abords de la station oü ils ac- crochèrent un chariot arrêté le long de la route. Ce n'est que la qu'on parvint a les saisir. Le conducteur a recu quelques contusions sans gravité. Mais on frémit en songeant aux accidents nombreux qui auraient pu résulter de cette course effrénée. Le conducteur, paralt-il, était assis sur le cheval de main, le dos tourné l'aulre cheval. Gette manière de conduire est excessivement dangereuse et irnpru- dente, surtout le long d'une route fréquentée, et un jour de marché encore. Le Conseil provincial de la Flandre occidentale s'est réuni en session extraordinaire a l'effet de desi gner deux candidats pour la place vacante de vice- président du tribunal de première instance séant a Bruges. Cinquante conseillerS ont pris part au scru- tin. M. Vercauteren, juge au tribunal de première ins tance, a été proclamé premier candidat par 34 voix M. Deschryver, greffier de la province, second candi dat par 83 voix. La période triënnale, indiquée par les entomolo- gistes pour une reproduction exceptionnelle des han- netons, parait devoir échoir en 1868. C'est assez dire qu'il faudra redoubler de soins pour éviter les dégêts. II est done a craindre que les arbres ne soient ravagés cette année par une quan- tilé extraordinaire de hannetons. II est également bon de se rappeler que la fin de février et Ie commen cement de mars sont l'époque la plus favorable pour l'échenillage des arbres. On écrit d'Elverdinghe, le 21 février Hier soir, vers huit heures et demie, le son si- nistre du tocsin et des cris d'alarme mettaient notre commune en émoi et tous les habitants sur pied un cas d'incendie se produisait a dix minutes de la place, dans la ferme du cultivateur Joseph Leclaire. Ce dernier, sa femme et sa fille se trouvait seuls au lo- gis quand l'incendie se déclara dans l'étable a vaches. - Aux cris effrayants des animaux, la fille s'est élancée la première hors de la maison elle vit l'étable tout en flammes. Des voisins et le fils du cultivateur ac- courus sur les cris au secours,ont pu, grande peine, sauver le cheval et une partie du bétail une vache et deux génisses ont été brülées dans leur étable. En moins de dix minutes, l'incendie, attisé par un fort vent d'ouest, avait une violence et une étendue con- sidérable hangar en bois, étable, écuries et habita tion du fermier présentaient un brasier affreux. Deux individus, soupconnés d'avoir allumé l'in cendie, sont entre les mains de la justice et conduits a la prison d'Ypres par des gendarmes venus ici pen dant ce sinistre. Un troisième, soupconné de com- plicité, s'est enfui vers Vlamertinghe, il est poursnivi par un gendarme. II parait que se voyant refuser l'aumdne, ils ont proféré des menaces. Heureusement les bêtiments étaient assurés. Grêce au dévouement de nos habitants, les meublos du fermier ont pu être sauvés et l'on est parvenu a dé- tourner le feu de la grange. On vient de faire une razzia de tous les chiens de Scheepdaele. Cette mesure a été provoquée, dit-on, par la présence d'un chienqui avait la rage. Un violent incendie s'est déclaré jeudi a Lille dans un magasin de la maison Pessé et C10, rue Esquer- moise. Grace a de prompts secours, on a pu circon- scrire les ravages du feu. Les pertes n'en sont pas moins estimées de 150 a 200,000 francs. La situation sanitaire du bétail s'améliore partout. Les renseignements que publie cette semaine le Jour nal de la "Société agricole du Brabant constatent de nouveau l'abseuce compléte de tout cas de peste bo vine, tant en Belgique qu'en Hollande et en Angle- terre. Nous n'avons pas appris non plus que la ma- ladie ait reparu en Autriche. Sous ce titre Militarisme et civilisation, M. Ed. Vander Plassche vient de publieren brochure les con férences qu'il a données en 1866 au Nederduissche bond d'Anvers et qui ont obtenu un très-grand suc- cès. On a beaucoup remarqué a Bruxelles un entrefilet publié dans le dernier numéro de la Finance, et dans lequel il est question d'un pot-de-vin de deux mil lions, prélevèsur une entreprise a forfait de 15 mil lions, par le directeur de la Société et trois autres per- sonnes. Le 12" tirage au sort des obligations a rembourser de l'emprunt de Bruxelles de 1862 aura lieu le lundi, 2 mars prochain, a 10 heures du matin, a l'hótel-de- ville, salie des sections. Robinson Crusoé n'a obtenu au Théatre de la Mon- naie qu'un trés médiocre succes. Ce qui domine dans cette interminable partition de M. Offenbach, c'est une ambition énorme, doublée d'une impuissance a peu prés ridicule. On y sent presque toujours Ie musicien du boulevard fourvoyé dans la vraie musique et ne parvenant pas a s'y frayer une route. Veut-il être grand, il n'aboutit qu'a être long. Vise-t-il audrama- tique, il n'atteint que l'inexpressifse propose-t-il la description ou la couleur, il ne trouve que la pré- tention et le baroque saulillant. line fait plus trés bien ce qu'il savait si bien faire et fait naturellement d'une facon plus que médiocre ce qu'il ne sait faire que par a peu prés, de telle sorte qu'il se montre a la fois infé rieur a lui-mêmedanssa propre spécialité et inférieur aux autres dans celle des véritables compositeurs de partitions théétrales. On écrit de Bois-d'Hainet a VUnion de Charleroi: Une vive émotion règne dans notre commune. Sa medi dernier, un grand chien de ferme ordinairement trés inoffensif s'est échappé tout a coup de l'endroit oü on le tenait quelquefois enfermé, a parcouru plu- sieurs hameaux, mordant tout ce qui se trouvait sur son passage. C'est ainsi que plusieurs enfants et de pauvres ouvriers revenant de leur ouvrage ont été mordus jusqu'au sang. Le dimanche matin, le chien est rentré a la ferme, et comme il refusait toule nour- rïture, on l'a abattu aussilót sans s'assurer si réelle- auu jjlaioiioo taioont o\l ólèvGIlt la voix selon SU fan— taisie.

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1868 | | pagina 2