pêtres et qu'il s'est efforcé de stimuler leur zèle.
De quelle nature ont été les instructions données
h ses subordonnés par ce haut et puissant fonction-
naire, nous l'ignorons. Voici pourtant comment la
mission a été remplie en certains endroits.
Le garde-champètre avait une liste de souscrip-
tion sur lui, mais il ne l'exhibait pas pour tous les
cultivateurson se demande dans quel but? A
quelques uns d'entr'eux, peut-être les plus mal
notés, il demandait tout simplement de l'ar-
gentdevinez pour quoi. Eh saus doute
pour un témoignage de gratitude offrir au mi-
nistre. Nullement; pour indemniser, disait-
il, les malheureux fermiers qui avaient perdu leur
bélail par suite de la peste.
Ce faitseul, outre ce qu'il a de dróle par lui-
mème, démontre combien la souscription minis-
térielle est populaire. Implorer l'aumóne pour un
ministre, il serait difficile de descendre plus bas 1
n BSref Papal.
Le pape a éprouvé, parait-il, Ie besoin de
têmoigner a son vénérable frère M. Dupanloup
le bonheur que lui a fait éprouver le spectacle
des efforts déployés par le vaillant prélat contre
la circulaire de M. üoruy au sujet de l'instruction
des Giles. L' Union, de Paris, nous donne le texte
d'un bref adressé par Pie IX l'évêque d'Orléans,
en date du 21 décembre dernier.
Le saint-père, si reconnaissant, assure t-on,
pour Napoléon III, n'est pas tendre pour l'ceuvre
de son ministre de l'instruction publique, M. Du-
ruy. Selon l'usage antique mais peu solennel
de la cour de Bome, il ne ménage pas les expres
sions. On va pouvoir en juger par les extraits
suivants
Vénérable frère, salut et bénédiction aposto-
liques.
Cest un plan que des écrivains, cyniquement
osés, ont depuis longtemps mis au jour pervertir la
jeunesse afin de mieux arriver par la a ruiner enfin,
cumme ils le désirent, la religion et toute autorité. Or,
ce plan s'exécute avec les plus persévérants efforts,
soit par Ia corruption de ('education, soit par lesalté-
rations insidieuses de l'histoire, soit par ['excitation
aux passions mauvaises, soit par toutes les manoeu
vres d'une impiété sans pudeur.
a Toutefois, comme ces moyens atteignent plutót
les hommes que les femmes, et que, pour cetle rai-
son, le projet n'a pas réussi jusqu'a présent aussi vile
qu'on l'aurait souhaité, on veut s'attaquer mainle-
nant a la femme elle-même, la dépouiller de sa pudeur
native, la produire en public, la détourner de la vie
et des devoirs domestiques, l'enfler d'une fausse et
vaine scienceen sorte que celle qui, bien et religieu-
sement élevée, serait semblable a une pure et briilante
lumière dans sa maison, Ia gloire de son époux, l'édi-
fication de sa familie, un lien de paix, un attrait a la
piété gonflée au contraire d'orgueil et d'arrogance,
dédaignera les soius et les devoirs propres a la femme,
sera dans son intérieur un germe de division, perver-
tira ses enfants, et deviendra a tous une pierre de
scandale.
a Et chose profondément déplorable, ceux auxqnels
le soin des choses publiques est confié, ne tenant pas
compte d'un si grand péril, non moins menacant pour
la societé que pour la religion, favorisent en cela les
desseins de l'impiété par des tentatives nouvelles et
inouïes, et ainsi mettent eux-mêmes, avec la plus ex
tréme imprudence, la deruière main a la ruine déja
commencée de l'ordre social.
Le reste est de ce style et sur ce ton.
Nous recommandons la lecture de ce passage
émané de la main infaillible qui tient le gouver-
nail de la barque de Pierre, a tous ceux qui
auraient quelque doute sur les sentiments de
i'Eglise l'égard de l'instruction et de la science.
Hormis le catéchisme et l'histoire sainte ex-
purgée, il n'y a plus que fausse et vaine
science. L'admirable monument scientifique
que l'esprit humain élève graduellement depuis
que les premières sociétés civilisées se sont éva-
nouies sur notre planète n'est qu'une oeuvre
malsaine, empoisonnée les jeunes Giles qui
essayeraient de mettre leur instruction au niveau
de l'instruction que l'on donne aux jeunes gens
de leur pays et de leur temps, a leurs frères, a
ceux qui seront plus tard leurs époux, ces jeunes
Giles perdraient par cela mème toute pudeur,
toute vertu, tout sentiment de leurs devoirs de
femme
On Ie dit, et ainsi le pense sans nul doute le
saint-père.
II est bon que l'on entende cette voix, écho
fidéle des voix que l'on entendait dans les sciècles
de ténèbres du moyen-ège.
C'est franc et dénué d'artiGces. On sait du
moins a quoi s'en tenir.
Un dialogue.
La scène se passe a l'enlrée des Halles, cólé du
Marché Bas. Un pompier est de faction a la porte.
Un visiteur se présente, monte l'escalier; le portier
fait le salut militaire, ferme la porte et suil le visi
teur.
Arrivé dans la grande salie des Halles, le visiteur
apercoit un ouvrier charpentier dont la principale
occupation semble être de brüler des copeaux. A
l'ardeur fiévreuse qu'il met dans son travail, on de-
vine qu'il est occupé pour le compte de l'administra-
tion communale.
Le visiteur apercoit done cet ouvrier, puis plus
rien. Surpris qu'on donue un pompier pour faction-
naire a un menuiser, il se tourne vers le soldat-ci-
toyen et lui demande
Qu'y a-t-il a faire ici
Le pompier. II y a ici exposition de meubles {sic)
venant de I'exposition de Paris.
Le visiteur se tourne de tous cótés, ouvre de grands
yeux et ne decouvre rien, lorsque le complaisant
pompier désigne du doigt, collèes au mur et comme
perdues dans un coin, trois arrnoires vides ayant
servi, parait-il, a renfermer les produits envoyés a
I'exposition de Paris par l'Association agricole de
l'arrondissement d'Ypres.
Le visiteur. Tout le monde est-il admis a voir
ces objets?
Le pompier. On avait pensé d'abord en faire le
privilége exclusif des membres de la société, mais
maintenant tout quiconque est admis.
Le visiteur. Vient-il beaucoup de monde?
Le Pompier. II est venu d'abord quelques per-
sonnes, mais depuis longtemps plus une óme. On s'est
dit probablement que cela ne valait pas la peine.
Gette reflexion goguenarde du bon pompier fit ra-
pideinent tourner sur ses talons noire visiteur un peu
honteux sans doute d'avoir donnédans cette attrappe.
A peine fut-il au bas de l'escalier que le gardien ferma
la porte sur lui.
Ainsi finit sans bruit cette exposition de meubles de
Paris autour de laquelle on avait vainement essayéde
faire de la réclame. Et quand on pense que ces ar
rnoires ont cohlé plusieurs centaines de francs, on
doit se dire que les revenus de l'Association agricole
sont bien employés et qu'ils sont heureusemenl inspi
res ceux qui en abandonnent, sans contróle, la libre
disposition aux velléités excentriques d'un seul.
FAÏTTS UIVElis.
La Ligue de l'Enseignement vient de publier son
troisième Bulletin 1867-68; en voici le sommaire
Supplément a la partie scientifique du catalogue de
la Ligue, présenté au Conseil géneral par M. Eug.
Gauthy. Introduction. Bibliothèque du Gonsèü
général.
On connait aujourd'hui d'une manière très-précise
le nombre des volumes que renferment les principales
bibliothèques des Etats européens. Les chiffres qui
suivent seront lus avec intérêt
La bibliothèque de Paris, la plus vaste et Ia mieux
dotée du monde, possède 1,100,000 volumeset 80,000
manuscrits.
La bibliothèque de l'Arsenal, 200,000 volumes et
5,800 manuscrits.
La bibliothèque de Sainte-Geneviève, 155,000 vo
lumes et 2,000 manuscrits.
La bibliothèque Mazarine, 150,000 volumes et
4,000 manuscrits.
La Sorbonne, 80,000 volumes et 900 manuscrits.
L'Hótel-de-Ville, 65,000 volumes.
L'ensemble des volumes de toutes les bibliothèques
de France est de 6 millions 233 mille volumes.
La Grande-Brelagne ne possède que 1 million 722
mille volumes.
L'Italie possède 4,150,000 volumes. Ce sont, en gé
néral, des ouvrages anciens très-précieux, traitant
de matières religieuses et ecclésiastiques. On compte
fort peu de livres modernes.
En Autriche, on compte 2,488,000 volumes.
En Prusse, 2.040,000 volumes.
En Russie, 852,000 volumes. On remarquera l'in-
fériorité de ce nombre pour un pays aussi peuplé, et
l'on se convaincra aisément de l'insouciance de l'ad-
ministration moscovite a developper parmi les popu
lations l'instruction et Ie progrès par la lecture.
En Bavière, 1,268,500 volumes.
En Belgique, 510,000 volumes.
L'addition de tous ces volumes réunis donne le
chiffre total merveilleux de 20 millions de volumes
(chiffres ronds) répandus dans les bibliothèques pu
bliques de l'Europe.
Les habitants de San-Floriano, district de Castel-
franco, interprétant a leur facon la loi sur Ia vente des
biens ecclésiastiques, se sont dernièrement transpor-
tés sur plusieurs lots de terrain ayant appartenuau
clergé, et ia,armès de scies et de haches, ils ont abattu
un grand nombre d'arbres qui étaient plantés, disant
qu'ils avaient été plantés par les prêtres et qu'ils ap-
partenaient, non a la nation, mais aux represeniants
deDieu qu'en conséquence, on allait les vendre pour,
avec l'argent qui résulterait de leur vente, construire
un clocher. Mais l'aulorité, ayant en cette matière des
idéés diamétralement opposées a celles des habitants
de San-Floriano, envoya un détachement de carabi-
niers et des gardes nationaux le leur expliquer, et fit
enlever et transporter a Castelfranco les arbres abat-
tus, pour l'enlèvemenl desquels il fallut vingt-trois
chariots.
Voici le triste bilan de ['insurrection polonaise
de 1863
II résulte de cette statistique officielle que 33,800
jeunes gens ont été tués en combattant, 1,468 pen-
dus, 18,682 déportés en Sibérie, parmi lesquels 164
femmes. Le nombre des exilés dans les steppes de
l'Oural s'élève a 33,780Ie chiffre des transporlés
dans l'intérieur de Ia Russie d'Europe a 12,556, dont
218 femmes; 2,416 ont éte incorporés dans l'armée
russe 31,500 emprisonnés, 620 sont morts avant le
jugement par suite de mauvais traitements, et 7,060
ont été condamnés a la peine capitale par contu-
mace.
L'excellente miss Burdett Goutts, non contente de
veiller au bien-étre matériel du peuple anglais, s'oc-
cupe encore de ses plaisirs. Elle fait construire prés
Wighgate, le quartier populaire, un nouveau pare
destiné a servir de promenade et de lieu d'amusement
a la classe ouvrière.
11 s'est formé dans la ville de Lucerne (Suisse) une
Société singulière, dite la Société des Mitaines. D'après
le 1 de ses statuts, elle a pour but de restreindre
autant que possible toutes les dépenses inutiles, et
surtout de rètablir l'ancienne simplicité dans les vê-
tements.
Le drap milaine, bon marché, solide, fabriqué dans
le pays, doit être remis en honneur. La société tient
un dépót de ces étoffes milaines pour ses membres.
Un journal de Paris propose un excellent moyen
de propager l'instruction dans les masses ce moyen
consisterait a introduire dans la nouvelle loi sur ['or
ganisation de l'armée deux articles ainsi concus
1. Tout appelé qui, au moment du tirage au
sort, justifiera qu'il sait lire et écrire, sera exonéré
d'une année de service dans la réserve.
2. Tout soldat qui, au moment de sa sortie du
service actif, justifiera qu'il sait lire et écrire, sera
exonéré d'une année de service dans la réserve.
Cette disposition diminuerait de beaucoup le nom
bre des ênes et ne diminuerait pas sensiblement celui
des soldats.