facultés. Le rapport qu'a fait W. Chaix d'Est-Ange, conclut a l'ordre du jour. Le Sénaten a voté l'imores- sion, et a fixé la delibération après Pêques. Nousau- rons, d'ici-la, occasion d'ahorder les questions sou- levées par celte nouvelle attaque contre la libre pensée. Nous assistons a un singulier spectacle. Au nom de la libertè de l'enseighement, ön dénonceau Sénat des professeurs de médecine accusés de matérialisme; la noble Assemblée se trouve saisie de la grave ques tion de savoir si un professeur a approuvé les doc trines de Malthas, si un médecin de la Salpelrière a plaisanté sur I'efficacilé thérapéutique d'une médaille de la Vierge qu'une bonde femme poftait ad cou; et si un autre professeur a dit que la pensée était une propriété de la substance nerveuse. Que les pétitionnaires blament ces doctrines, c'est leur droit, comma e'est le droit de ceux qui les ap- prouvent, de les professer. Mais que le Sénat puisse être saisi de pareilles questions, voila qui est parfaite- ment ridicule et inadmissible. Au fond, ce que les pétitionnaires invectivent, c'est la science laïque, désintéressée, qui cherche le vrai, le constate et le proclame sans Se soucier de savoir si les faits scientifiques contrarient ou ne contrarient pas certaines opinions préconcues. Gette recherche de la vérité pour elle-même n'est pas du goüt de nos dévots. Ce n'fcfet pas du reste ohose nouvelle. On sait ce qu'il en coüta a Galilée pour avoir eu l'audace de découvrir les lois naturelles qui régissent le mouve ment des astres Hérétique le savant assez osé pour ne pas acco- moder les résultats de Ses observations aux exigences de la théologie de l'infaillible Eglise Catholjque I Le bucher saul pouvait faire justice d'une aussi diabo- lique pretentionet la très-sainte Inquisition Ie lui faisait bieh voir. De nos jours, le procédé est Ie même. Médecin, vous atirez cohsacré vos veilles al'étude des proprié- tés du cerVeau, du délicat org&né de la pensée, vous aurefc pubiié les résultats de vos conscienCieuses obser vations une clameur s'élévéra du camp desdévóts, on criera sus au matérialiste, comme on criait jadis sus a l'hérétique 1 Et n'était cette infernale révolution, q ui a enterré pour jamais le saint office, le bras sécu lier serait mis en demeurede vengersur vous lasainte ignorance, offensée par vos abominables travaux. La campagne actuelle du parti clérical contre l'en- seignehient de la faculté de médecine de Paris n'est qu'un épisode de la Vièille lutte de la théologie éoötre la science., Hètons-noüs de dire que la science Se rit de ces puérils efforts. Elle a triomphé d'ennemis au- trement redoutables que les deux mille pétitionnaires et les alliés qu'ils pourront trouver au sein du sénat conservateur. LeS declamations, leS lamentations, les objurgations seront impUissanteS. On aura beau insinuer döuce- ment, comme le faitun journal clerical, qu'un méde cin matérialiste est fort capable de tuer son malade pour le plaisir de faire une expérience. Tartuffe en sera pour ses frais de caiomnie. Malgré lout le fracas de la reaction catholique, le pays qui a produit Caba- nis, Bróussais, Bichat, pour ne parler que deceux-la, n'est pas d'humeur a admettre que le dipléme de doc- teur enhiódecine ait besoin, pour être valable, du visa de Nosseigneurs de l'épiscopat. L'esprit de 1789 souffle en Autriche. La cham» bre des seigneurs était saisie d'une loi déja adop tee par la chambre des députés, et destinée a sau^- vegarder les droits de la société civile en matière de mariage. Après une discussion d'autant plus vive que des prélats siégent dans la chambre haute, la loi a été votée aux acclamations de tous les assistants, et les dépêches signalent l'allégresse et l'enthousiasme qui règnent a Vienne. Le parti clérical est forcé dans ses derniers retrenche ments. Voiei la dépêche de Vienne transmise par l'Agence Havas Vienne, 21 mars, soir. La discussion de la loi sur le mariage au sein de la Chambre des seigneurs a été très-vive. Des que le vote a ete connu comme favorable au parti ministé- riel liberal, de grandes acclamations ont eu lieu dans les galeries et se sont propagees dans les rues. Les membres du cabinet, notamment MM. de Beust et Gisfera, ainsi que les orateurs libèraux de la Chambre, ont été frénétiquement acclamés a leur sortie de la salie et sur la voie publique par la po pulation Irès-nombreuse qui s'y trouvait rassem- blée. La ville a été spontanément illuminée le soir. Des masses considérables de peuple ont parcouru les rues s'arrêtant devant les demeures des rainistres et poussantdes vivats enthousiastes. Une ovation a été faite également devant le monu ment de l'empereur Joseph II. Le calme le plus parfait n'a cessé de régner pen- datit ces manifestations, et il n'y aucun accident a déplorer. Les acclamations des libèraux de Vienne auront ici leur écho. Les libèraux beiges ne peuvent voir, avec indifférêtiöê, ce Vieil empire, qui reprend une nouvelle jeunesse par la liberté et la séparation progressive de l'Eglise et de l'Etat. Un certain nombre de députés roumains, trente- et un, dit la dépêche, formant un groupe qui prend le nom de parti radical, nom, soit dit en passant, dont nous voudrions bien connaltre le sens, ont présenté la Chambre le projet de loi suivant, qui a pour but de placer les israélites h l'état de caste déshéritée. 4. Les juifs ne peuvent s'élablir dans les campa gnes dans les villes, il leur faut une autorisaliou spéciale Les contrevenants seront consldérés comme va gabonds et dèportés par les mairies 3. Les juifs ne peuvent ni vendre ni acheter de maisons 4. Les juifs ne peuvent tenir ni ferme, ni terres, ni forêts, ni vignes, ni bergeries, ni moulins, ni ca barets, ni auberges; 5. Les juifs ne peuvent concourir a aucune en- trepfiSe, ni s'associer aveC des chrêtiens dans ce bat 6. Les juifs ne peuvent faire aucun commerce sans autorisalion de la mairie. Les contrevenants seront punis d'amende, et leurs procés ne sont pas jugés par les autorités 7. Les juifs ne peuvent vendre des boissons ét des comestibles qu'é leurs coreligionnaires. Les comités israélites sont supprimés. Les lois con- traires a pe réglement sont abrogées. Cette proposition aussi contraire aux lois de 1 humanite qu'aux principes d'une saine économie politique, ne peut assurément espérer aucun suc- cès dans un pays qui doit tenir suivre la voie des progrès contemporains. Nous nous souvenons qu'è Cépoque des persé- cutions qui furent dirigées Jassy, il y a peu de temps, contre les israélites, et qui excitèrent tant ['indignation, la presse moldave répondit par les dénégations les plus absolues. Nos lecteurs sau- ront aujourd'hui de quel cóté se trouvait la vé rité. On nous communique la pétition suivante Liberale vlaamscbe Bond van Antwerpen. Ligue des Libèraux flahands d'Anvers. (Trad.) A MM. les Président el membres de la Chambre des représéniants et du Sénat. Messiedfs, Nos sentiments de dignité tialioöaie et I'afnour de ja liberté nous imposetit le devoir de faire parvenir jusqu'a vous les plaintes croissantes que la population flamande de la Belgique élève contre le déni de justice fait a sa langue. Lorsque la Belgique se constilua, le Congrès inscri- vit dans la Constitution l'art. 23, qui porte n Lem- ploi des langues usilées en Belgique est facultalif; il ne peut être réglé que par la loi el seulement pour les actes de lautorité publique et pour les affaires judi- ciaires. a Lelègïslateur savait que Ie pays, se Composant de Flamands et de Wallöns, ire demeurerait pas uni, si l'une des deux langues venait a supplanter l'aotrei il nhgnörait pas que les grandes liberiés proelamées en vue du bien commun seraient mutilées et per- draient leur sens pour celle des deux races qui ver- rait sa iangue bannie de la vie politique et judi— ciaire. Le législateur de 4830 ne le voulut point il mar- qua dans l'art. 23 de la Constitution le dessein que la partie francaise du pays füt administrée et jugée en frao£ais que la partie néerlandaise le fut eu néerlandais il sentit que l'application complétement loyale de ce principe pouvait seule assurer aux deux parties du pays un développement égal et naturel, tant dans le domaine de l'art et de la science, que sur le terrain de la politique et des intéréts maté- riels. Pas de loi qui fêt réclamée par une nécessité plus impérieuse que la loi destinée a régler l'usage officiel des langues et, néanmoins, après treute-sept ans, cette loi n'existe pas encore. Qu'est-il, au contraire, arrivé? Aussitót après 1830, le Gouvernement, de sa pro- pre autorité, organisa exclusivement en francais, l'ad- ministralion publique et les tribunaux l'instruction fut dirigée dans le même senstout, enfin, fut or- donné el réglé sur un pied tel que s'il n'avait existé point de population flamande en Belgique. Si ce n'était plus l'a néantissement violent de notre langue, tel qu'on l'avait poursuivi aux époques d'in- vasion francaise, et principalement sous Napoléon 1", on enarrivail cependant au même résultat l'abais- sement profond de notre race; et la France aujour d'hui n'en agirait pas autrement avec les Flamands, si eile devait nous preparer aux hontes de la con- quéte. L'administration centrale, dans les six ministères, n'employa plus jamais la langue des Flamands, ni dans ses correspondances avec les provinces, les villes el les communes, ni dans ses rapports avec le moindre citoyen. Dans le pays entier, des milliers d'employés de toute nature admiuistrèrent de méme fa§on, enchérissant encore de zèle a blesser notre droit et notre dignité, et, dans la plupart des villes, les régences, incitées par l'exemple parti de haut, ne se firent pas faute d'aider a cette oeuvre d'abêtardis- sement. Le Flamand, de quelque capacité qu'il fasse preuve lorsqu'il peut se servir de sa langue maternelie, ne se voit pas seulement repoussé de toute fonction pu blique dans son propre pays mais encore a i'é- Iranger, s'il invoque l'appui des représentants de la Belgique, il subil souvent I'humiliation de ne pas être cornpris par un seul membre de nos ambassades, par on consul, car on n'exige pas de ces fonetionnaires la connaissance de notre langue, et la plupart des Beiges qui a I'etranger tombent dans le dénuementet le malheur tous nos marins, tant capitaines que matelots sont Flamands. Ce qui, pour l'honneur de l'humanité, ne se passe nulle part, pas même chez les peuples conquis, si ce n'est depuis peu en Pologne, se pratique dans le pa- lais de justice des provinces flamandes non-seule- ment les affaires civiles s'y discutent et s'y jugent dans une langue étrangère; mais, dans les affaires criminelles les plus graves comme pour les moindres délils, Ie prèvenu s'eniend poursuivre, accuser el dé- fendre dans cette même langue ètrangère. Les mem- bres du jury qui connaissent la langue du pays mais qui ignorerit Ie francais, ne peuvent jamais siéger loujours et jusqu'au dernier, a Anvers, a Bruges, a Bruxelles, a Gand et a Tongres, its sont récusés. Un jugement rendu en flamand serait même une illegal!té, car le texte d'aucune loi., pas même celui de la Con stitution, n'a d'autoritè officielle dans noire langue. C'est sur cette base d'iniquité qu'est fondee la justice pour notre race. Nous serions heureux si pared sys- tème n'avait jamais conduit d'innocents a I'echafaud, quoique lacouvietion du contraire soit générale parmi les flamands; mais ce qu'on ne peut nier, c'est que ce syslème doit avoir amené déja la condamnation de maint innocent, c'est qu'il menace encore maint in nocent dans son honneur et sa liberté. Comme si l'on eüt voulu étouffer en nous tout es- poir d'un avenir meilleur, les Universités devinren't exclusivement francaiseSIé néerlandais en fut banni, aussi bien que des eootes militarres, des écolos du gé nie civil et même des éooies d'agriculturechaque année, de la sorte, élablissait sur le sol flamand une légion de jeunes gens instruits, mais imbus de préju- gés contre notre langue; leur science ne pouvait plus pénétrer dans le peuple, elle ne pouvait descendre jusqu'a la masse délaissée. Dans les Athénées méme, l'étude de leur langue n'était pas obligatoire pour les élèves flamands. Dans les ecoles inférieures seule-

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L’Opinion (1863-1873) | 1868 | | pagina 2