Mais voici que quelqu'un vient troubler la fête. Voici que I'Opinion apprend que M. Bergé est un librepenseur, lui aussi bien plus, que c'est le foudateur de la Libre Pensee et le président ou l'ancien président de I horrible, de 1' execrable secle, comme vous dites, messieurs, dans vos vertueuses colères et vos saintes indignations. La-dessus vous empoignez vos terribles plumes et, saulant avec les deux pieds dans les plats, vous tombez sus M. de Stuers et autres. Aossi- tót, grand émoi dans Ie camp des doctrinaires qui, trompés et dé<;u9 dans leurs petits calculs, se voient réduits a regretter ce qu'ils ont fait. Puis après, succès autrement plaisant, cette fameuse épitre de M. de Stuers qui compromet jusqu'a M. Bergé lui-même et vous donne ce beau jeu qui met tous les rieurs de votre cóté. Evidemment nous sommes la cause de tout, même de la lettre de M. le chevalier, et notre cas est des plus pendables. Sus done, dévots confrères! Sus a nous qui avons applaudi Bancel et Madier et avons rendu compte de leurs belles conférences! Accablez nous de vos plus formi- dables invectives, seulement qu'elles soient neuves. On nous a traités de républicains, de démagogues, de rouges, de solidaires, de radicaux et de soeia- listes! Tout cela serait du réchaufïé. Des qualifi- catifs nouveaux, s. v. pi., et des injures inédites, si tant est que dans Ie vocabulaire des gros mots messieurs du Progrès aient laissé quelque chose glaner. Le proverbe a bien raison de le dire Un malheur n'arrive jamais seul. Tout récemment M. Alph. Vaudenpeereboom, I'ex-ministre de l'intérieur, briguait les fonctions de vice-président de la Commission royale des monuments, sans doute pour se consoler un peu de ses échecs poli- tiques. Lorsqu'il s'est agi de dépouiller le scrutin, pas un seul bulletin ne portait le nom de I'hono- rable archéologue.... Hélas Un arrêté royal, en date du 5 de ce mois, nomme M. Auguste Carpentier, juge de paix du canton d'Haringhe. Nous n'avons rien a dire de cette nomination, si ce n'est que nous croyons savoir de bonne source qu'une plainte a été portée, il y a quelques mois, devant le tribunal correctionnel d'ypres, a charge de M. Auguste Carpentier, plainte sur laquelle le tribunal n'a pas statué jusqu'ici, mais qui n'a pas été retirée non plus, et quel qu'en soit le 4 résultat, on trouvera avec nous qu'il est au moins étrange de voir un juge de paix accusé d'avoir porté des coups de canne. Le Conseil communal de Moris, dans sa séance du 4 avril, a voté la motion suivante, a I'unani- mité et aux applaudissements des tribunes Le Conseil communal de Slons, sans meconrialrre I'imporlance de la question d'oppurtunile et sans rien en préjuger, voudrait voir reviser par les Chambres, la loi de 1842.» Voici le texte de la proposition de loi tendaftt a I'abolition de la contrainte par corps présenté au Parlement allemand par MM. Von Blanckenbourg et consorts Art 'IDorenavant la contraile par corps cessera d'être un mode d'executiou susceptible d'etre employe en matière civile, Cominerciale ou de banque, vis-a vis des sujets de la Confederation du Nord. Touies dispositions con traires de la legislation des Etats par- ticulières sont annulees par la presente loi. Art 2. La contrainte par corps ne peut être exer- cée contre les étrangers que quand efle est, dans le pays deces étrangers, autorisée contre les sujets de la Confederation du Nord. Art. 3 II ne peut y avoir d'exception a l'art. 1" que lorsque, en cas de faillite ou de banqueroute, il peul être nécessaire de soumetlre le débiteur a un emprisonnement civil, afin d'assurer la poursuitede la procédure. On sait que l'emprisonnement pour dettes a été aboli en Autriche et en France. Ce dernier pays va également abolir Partiele 1781 du Code civil, dout nos Chambres veulent mordicus le maintien. En présence de l'esprit rétrograde qui anime la représentation nationale, IIndépendance s'écrie Est-ceassezd'humiliations, ou bien sommesnous destines a descendre au dernier rang des nations progressistes et rèformatrices b Voila, en effet, oü nous ert sommes, dit a son tour I'Eloile pour combie d'humiliation, c'est de l'empire aujourd'hui que nous viennent les exemples de libe ralisme o Honneur a M. Barbanson, sènateur de l'arron- dissement de Bruxelles! honneur a la seetion centrale de la Chambre, chargée da i'examen du projet d'abo- lition de la contrainte par corps Encore un progrès a signaler. Encore un pas de plus fait dans la voie du progrès humanitaire Dans sa séance du 7, la Chambre saxonne a adopté a une imposante majorité I'abolition de la peine de mort. Le prince héritier et sa femme assistaient a la séance de ces deputes allemands qui, par leur vote, ont affirmé et consacré I'inviolabilité de la vie humaine. L'Echo du Parlement con tien t un article relalifè I'abolition du concordat en Autriche et a la reforme des lois sur l'enseignement. Le journal ofticieux, dans la dernière partie de eet article, écrit les lignes suivanies et Ainsi tous les cultes sont mis sur la même 1 igne les ministres des différentes religions out les mèines droits, et leur mission se borne exclusivernenl a l'en seignement de la morale et de la religion. L'enseigne ment des autres branches de ['instruction echappe complétement a leur surveillance et a leur contröle. L.e lecteur peut voir d'après cela que désormais en Autriche le clergéaura une position moins privilégiée qu'en Belgique; car chez nous ia mission des mem bres du cierge ne se borne pas exclusivernenl a l'en seignement de la morale et de la religion, ils exercent en outre un droit d'inspeclion et de contróle non-seu- lement sur les elèves, mais sur les livres et jusque sur les instiluteurs. Pour peu que les choses continuent a marcher du même train, après nous être vu dépasser par la France imperiale dans la voie des reformes sociales, nous en serons bientót reduits a demander la li- berté comme en Autriche Peuple beige.) Bikliographie. Guide de la Santé ou Traité d'hygiène a la portée de toussuivi de 1 'Influence des parents sur les enfants, par le docteur Cornelte. I vol. grand in-8°. (H. Maneeaux). Voila un livre que tout le monde voudra posséder quiestd'une utilite réelle. Cost en effet un guide prudent et sür, en même temps qu'un compagnon agreable dans la lutte que l'homtne doit soulenir a chaque pas dans la vie contre sa propre nature el les élements qui l'entourent. L'Hygiène, dit l'auteur, est cette science qui o nous apprend nos vrais besoins et les moyens d entre- tenir et d'améliarer la santé. Ede prend l'homme a son berceau et veille sur lui jusqu'aux dernióres li- mites de son existence. Combien n'arrive-t-il pas d'accidents et de mala dies faute de precautions, ou par ignoranoe des pré- servalifs les plus simples? Combien d'enfants qui s'e- lioienl, qui perissent par le manque de soins appor- tés a leurs tendres années?... Signaler les dangers et donner le moyen de les éviler, voila la mission que s'est imposèe l'auteur. II la remplit d'une manière claire el compléte, dans un sly'e coulant et agréable. La lecture de son livre, c'est l'instruction dans le plai- sir. La science y parait gaie, facile, depouidée de sa rude écaille technique on la croit volontiers et on se sent disposé a suivre sesconseils. Dans les considerations générales qui précédent le livre, nous trouvons la démonstration de l'influenee que la santé exerce sur la moralité de l'individu. L'eiat de santé générale d'un peuple, la vigueur indi- viduelle des masses donne la force a l'Ëtat. C'est le principe: meus sano in corpore sano. La nécessite des soins a donner au corps augmente en raison du dé- veloppement des industries, qui sont loutes uuisibles a la santé par le milieu oü elles s'exercent, par l'aglo- mération de monile qu'elles provoqnent et par l'at- mosphère au milieu duquel le travail s'exerce. Ici viennent naturellement les épidémies, leurs causes et les meilleurs moyens de s'en préserver. Le devoir immense qui incoinbe aux gouvernants a eet égard n'est généralement pas assez compris. Que fait- on dans nos villes pour empêcher le retour de ces ca- lamiles?... L'auteur convient qu'on semble vouloir y songer, par quelques travaux qui se font dans les grands centres au moyen de subsides donnés par le gouver nement. C'est vrai; mais ce n'est pas assez, Encore ne le fail-on que quand un quartier de ville est de- venu tellement inhabitable que personae ne puisse et ne veuille plus s'y loger. Generalement on attend que ces fleaux dêciment nos populations. Alors chacun semble se consumer en soliicitude, el, quand la in ila- die a frappé toutes ses victimes, le gouvernement distribue quelques medailles en bronze. Encore sait-il mettre le mal a profit pour s'altaoher quelques créatures... et parfois pour se hisser sur un piëde stal élevé par la naïveté humaine. Voyez plutót, a propos de la peste bovine, cette écceurante flagornerie qui fait attribuer a un ex-m - nistre l'invention des inesures prises pour combattre le mal, tnesures qui sont bonnement celles einployèes il y a cent ans, en 1769. Mais exactement les mêmes, comme on peut le voir dans une brochure unpritnee a l'hnprimerie royale, a Bruxelles, en 1771. Citons ici quelques extraits de cette brochure mis en regard des lextes de loi que M. le ministre a inven- tés. Ou verra que nous n'avancons rien sans le prouver II (Ie gouvernement) Art. I. Sont inter- fit d'abord émaner un dils 1° par la frontière èdii pour defendre I'in- maritime et par les froo- troduction dans ces tières de lerre du Nord et provinces (le Brabant de I'Est, de Knocke (Flan- et la Flandre), de tout d e occidentale), a Athus o bétail, vuindes, peaux, (prov. du Luxembourg), etc., venant du leiri- 1'enlree el le transit des toire hoilaudais et de hêtes bovines de loute es- b laCampine-ii.iegeoise, b >pece, ainsi que ties peaux, (IU Mai 1769.) de la viande et des autres II ('e gouvernement) debris, a l'etat f a>s, pro- b fit emaner sous la date venant de ees animaux 8 du 16 novembre un se- 2° par la froiitnre mart- b cond edit, par lequel lime et par es fronlieres b on del'endit, dans les de te; re du Nord et de b provinces de la domi- l'hsl, depuis la titer jus- b nation de S. M., d'y qu'a We kenradt (pro- b acheter ou reeevoir vincede Liege) exclusive- b sciemment des bètes a meoi, I'entree et ie tran- conies, veaux, bètes a sita. Des animaux de b laine, ou cocltons, ve- l'ordre des ruunnants, b nam du terriLoire hoi- autres que les bètes bo- b landais ou de la Cam- vines, et des pores, ainsi b pme-Liegeoise, a peine que des peaux, de la b contre les coiureve- viande el de tous les de- b nants, d'être punis de bris, a l'êtat frais, prove- b titorl par la corJe, et nant de ces animaux b. b que les bêles introJui- De la paille, du foin et b les dans les provinces autres fourrages, du fu- o de la douiiiiaiion de mier et des usiensiles d'e- b S. M. seraient tueessur tab.es ayaul servi. b le champ, el euterrees (8 fevi ier 1866). b a huit pieds de profon- Art. 1. L'abatage des deur. bètes bovines et ovines, atteinies ou soupcjuuees b On defendit encore d èire utteunes du'typhus 8 d'introduire dans les contagieux, peut être or- b autres neux des pro- donne sur le rapport du b vinces de S. M., du be- medecin- veteriuawe du b tail venant du pays de gouvernement. d Waes, et 1'ou deeerna (9 I'evrier 1866.) de plus la peine de Les infractions aux dis- b confiscation des che- positions p. ises en vertu a vaux et voitures, qui de l'art. 1"serout punies b auraient servi au tran- d'un emprisonnement de

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1868 | | pagina 2