JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPRE8, Rimanche
Sixième anaée. N° 17.
26 Avril 1868.
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POUR LA BELGIQUE
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Félix Lambin, imp.-lib.,
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ou envois argent doivent étre adressés franco au bureau du journal
Les operations Langrand-Dumonceau et le
PltOttRÈS.
Les questions de haute finance ne sont point
notre fait. Aussi nous sommes-nous soigneuse-
sement abstenus, jusqu'é ce jour, de prendre parti
dans l'ardente polémique que ies diverses insti
tutions fondées par M Langrand-Dumonceau ont
entretenue autour d'elles depuis leur naissance. II
se peut que YEchodu Parlement ait raison quand il
signale ces institutions comme étant des concep
tions sans base sérieuse et fatalement vouées la
ruine. II n'est pas possible non plus qu'il y ait
quelque chose de vrai dans le reproche que le
Journal de Bruxelles adresse a son contradicteur-
de n'être inspiré que par 1'esprit de parti et la
passion du dénigrement, mais ce qui nous parait
inadmissible, si peu versés que nous soyons dans
les matières financières, c'est que tous deux aient
raison 1'un contre l'autre et que, par exemple,
YEclio du Parlement puisse être justement accusé
de calomnier Ies institutions de M. Langrand-Du
monceau, s'il est vrai, comme il l'affirme, que Ies
combinaisons sur lesquelles elles reposeut sont
faussesoumal ordonnées.
Telle estcependant 1'attitude bizarre et, par lè
même, étrangement suspecte que Ie Progrès a
prise vis-a-vis des institutions Langrand-Dumon
ceau. Depuis trois ou quatre mois, nous voyonsce
journal honnête publier tour tour des articles
pour et contre les opératious du Crédit industriel
et, chose inexplicable, s'infliger a lui-même les épi-
thètes les plus outrageantes et les démentis les
plus infamants. Nous ne pouvons mettre sous les
yeux de nos lecteurs toute la collection du Pro
grès mais voici quelques extraits qui suffiront,
sans doute, pour les édifier entièrement sur la
moralité du journal des frères et amis.
On lit dans 1 eProgrès du 30 janvier 1868
La dégringolade si rapide des valeurs des socié-
b tes Langrand-Dumonceau et l'appel de fonds fait
par ce financier ont jeté la consternation dans un
'grand nombre de families de notre ville et de l'ar-
rondissementQuant a nous, nous avons cher-
b ché a prévenir de telles catastrophessouvent nous
avons averli les infortunés qui se précipitaient
i> vers leur ruinenous avons donné de prudents
conseils et de sages avis, nous avons signalé le péril
b avec conviction. Mais on ne nous a pas écoulés
nos avertissements même nous ont valu des in-
juresnous étions des libérêtres, des égoïstes, des
envieux, nos conseils étaient dictés par Vesprit de
partiQuoi qu'il en soit, nous aimons a croire
que les infortunés des actionnaires Langrand ser-
viront au moius de lecon a ceux qui ne se laissent
que trop souvent séduire par l'espoir d'un lucre
usuraire, etc., etc.
On le voit I'éreintement est complet. Ouvrons
maintenant le n° du 13 février suivant et nous y
lisons, extrait du Journal de Bruxelles, un article
ainsi congu
Plusieurs journaux de Vienne et la Gazette
b d'Augsbourg publient une dépêche de Bruxelles
et congue en ces termes
Bruxelles, 8 février 1868.
M. Langrand-Dumonceau a été cité devant le
b tribunal de Commerce, par suite de sa demande en
dissolution et liquidation de la Banque de Crédit
foncier et industriel.
Cette dépêche, on Ie voit par sa contexture mal-
veillante, est une des pièces de cette vaste machina-
lion ourdie contre les institutions Langrand, par
b des hommes qui en ont juré la destructionc'est
b une de ces indignes supercheries qui impriment au
b front de ceux qui s'en rendent coupables le sligmate
b du diffamateur. II y a la une confusion intention-
b nelle de mots qui indique a toute évidence Ie carac-
b tére mensonger et odieux de cette communication.
On sait, en effet, que ce n'est point M. Langrand-
Dumonceau qui demande la liquidation et la disso-
lution de ladite Société, mais un actionnaire qui
agit sous des inspirations inintelligeutes et tout a
fait en dehors de ses intéréts bien compris, en
dehors aussi des intéréts de tous ses co aclion-
naires.
Voilé done deux articles publiés quinze jours
d'intervalle et qui se contredisent absolument I'un
l'autre. Dans le premier, le Progrès déplore l'im-
prudence des malheureux actionnaires qui ont
confiê leurs capitauxé M. Langrand-Dumonceau.
Dans le second il stigmatise ceux qui ourdissent
des machinations et qui se rendent coupables
d'indignes supercheries pour ruiner les in
stitutions dirigées par ce financier.
Póursuivons. Trois jours après avoir prêté com-
plaisamment ses colonnes au Journal de Bruxelles,
le Progrès retourne a YÉcho du Parlement, l'ad—
versaire le plus acharné de M. Langrand. Voici
cequ'on lit en tète du n° du 16 février
Quant aux valeurs Langrand-Dumonceau, elles
b sont en pleine déroute, surtout depuis l'annonce
qu'un procés en dissolution de l'Induslrie veuait
b d'être intenté au directeur-gérant de cette société.
Réduites a zéro, e'est-a-dire a 350, malgré 150 fr.
b versés, on n'ose pas les ramasser a ce taux paree
qu'il y a sur chaque titre un ordre de verser 100
francs et une menace de devoir un jour verser les
b 250 francs restants. On est loin du temps oü ces
b actions étaient coiffées d'une prime de 150 francs.
Aujourd'hui en guise de prime de consolation,
quelques vendeurs humoristiques ont gralifió d'un
b cigare les acheteurs qui osaient prendre leurs ti-
tres.
Poursuivant sa campagne, le Progrès publie,
dans son n° du 1" mars, l'article suivant, extrait
du Journal de Bruges
Voici, pour l'édification des personnes qui nous
accusent d'étre aveuglés par la haine politique, en ce
qui concerne les institutions Langrand, un court ex
trait du Moniteur des Intéréts matériels
Les actions du Crédit foncier industrie!, que nous
avions laissées il y a quinze jours a 350 fr., c'est-a-
dire a 0 (déduction étant faite des sommes a verser),
il y a huit jours a 356 -fr., sont maintenant 369 fr.
M. Langrand-Dumonceau vient d'adresser ses agents
une circulaire dans laquelle il provoque Ia liquidation
de cetle Société.
b Cette circulaire est écrite en termes trés-violents;
M. Langrand-Dumonceau se plaint des attaques pas-
sionnées auxquelles ses institutions sont en butte il
déplore le découragement de ses actionnaires. De nou
veau il affirme que le capital de la Banque du Cré
dit foncier et industriel est intact et que Ia liquidation
peut s'en faire au pair. M. Langrand se déclare prêt^
soit a se retirer, soit a dissoudre la Société si les ac
tionnaires ne sont pas décidés résister a la panique;
une assemblée sera convoquée dans le mois de Mars.
Mais cetle longue circulaire ne donne pas un fait qui
puisse jeter une éclaircie sur la Situation des Compa
gnies foncières. b
Quinze jours après, le 15 mars, Ie journal des
frères et amis insère dans ses colonnes un article
de son cru, cette fois, oü les institutions de
M. Langrand sont grossièrement discutées et qui
se termine comme suit
Malheureusement le moment est arrivé oü les
combinaisons les plus adroites, les dispositions les
plus habiles ont été impuissantes a dissimuler la po
sition critique de ces établissemenls financiers édifiés
au bruit des fanfares et des trompettes de l'église. La
presse libérale faisait ce qu'elle pouvail pour mettre
le public en garde contre la séduction habilement or-
ganisée par les faiseurs tenant de prés ou de loin a
cette boutique véreuse. Rien n'y faisait, les capitaux
affluaient dans les caisses et les dividendes ènormes
distribues au commencement, ont rendu l'aveugle-
ment incurable.
Aujourd'hui, quel revirement? au lieu de divi
dendes, plusieursdecesinstitutions financières créées
ou vivifiées par le souffle du Congrès de Malines, sont
en liquidation ou font de nouveaux appels de fonds a
leurs actionnaires. Quelle chute pour ces grands ma
tadors et quelle désillusion déplorable pour ces gens
simples qui ont jeté leur avoir, grand ou petit, dans
le gouffre creusé par le désir de vinculer ia société
laïque par des liens dorés?
Pour Ie coup, vous dites-vous, voilé le Progrès
définitivement acquis aux adversaires des sociétés
Langrand. Eh bien, non. Moins d'un mois après
l'article qu'on vient de lire, le 12 avril suivant,
l'honnête journal, virant brusquement de bord,
ouvre complaisamment ses colonnes la commu
nication suivante, empruntée par lui la Belgique,
qui n'est, comme chacun sait, qu'une édition ré-
duite du Journal de Bruxelles
Les calomnies contre les institutions financières
b que dirige M. le comte Langrand-Dumonceau ne