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JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPRES, Di manche
Sixième aonée. N° 18.
3 Mai 1868.
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Ypres, z Mal «sas.
La Chambre des représentants a consacré deux
longues séances la discussion du décret, du mes-
sidor an XII. La grave question agitée par nos Ié-
gislateurs était de savoir si les dispositions de ce
décret qui règlent les honneurs a rendre au
clergé ont conservé force de loi ei» Belgique et spé-
cialement si la force armée peut être requise de
prêter son concours aux fêtes et cérémonies du
culte.
II semble que pareille question, dans un pays
comme le nótre, ait a peine besoio d'être posée. En
proclamant la separation du spirituel et du temporel
comme la basefondamentale de notre organisation
politique, Ia Constitution a évidemment abrogé
toutes les lois, tous les décretsqui portent atteinte
l'indépendance respective de l'Eglise et de l'Etat,
et de même que Ie clergé ne peut plus être requis
d'assister aux fêtes civiles, de même l'Etat ne
peut plus être tenu de prêter son concours a l'éclat
des cérémonies religieuses.
Mais nos doctrinaires, cette fois encore, ont
trouvé un biais pour échapper k la nécessité de
rompre ouvertement avec le clergé. Oui,disent-ils,
le décret de messidor est abrogé mais ce que le
clergé ne peut plus exiger de nous, nous avons le
droit de le lui accorder de bonne grêce. II y a des
règlesdeconvenancea observer et nous n'entendons
nullement nous interdire d'envoyer nos soldats
la procession, quand cela nous conviendra.
Et c'est ainsi que nos doctrinaires entendent
la séparation des pouvoirs Quelle misère, quelle
honte! Mais quoi ne faut-il pas s'attendre de la
part d'un parti qui a renié successivement tous les
principes inscrits sur son programme et qui, hier
encore, applaudissait k cette déclaration de M.
Frère-Orban que rien ne s'opposait ce que
l'enseignement du catéchisme fut donné dans
l'école. Après cette déclaration cynique, il n'y a
plus qu'è titer l'échelle. Quoi qu'il dise et qu'il
fasse, le parti doctrinaire n'ira jamais au-dela.
Et ces hommes osent parler de la liberté de
conscience! Oui, vraiment, ils en parlerit, le
front haut, le regard 6er et assuré, comme des
apótres. Et sur les bancs de l'extrême gauche,
pas une voix ne s'est élevée pour revendiquer, au
nom de cette liberté, le droit, pour les soldats de
notre armée, de ne point participer a ces cérémo
nies religieuses auxquelles le gouvernement se
réserve la faculté de les faire concourir Et quand
M. Pirmez a osé dire que les soldats doivent obéir
leurs chefs, dans tous les cas, il a fallu que ce
fót un raembre de la droite, M. Coomans, qui
vint protester contre cette parole attentatoire la
liberté de la conscience humaine! Répétons-le
quelle honte et quel abaissement 1
En nou vel attentat doctrinaire.
Nous annoncions récemment que, par décision
de M. le ministre des travaux publics, la vente du
journal la Cigale était interdite dans les gares du
chemin de fer de l'Etat, demandant quel pouvait
être le motif de cette rigueur inusitée en Belgi
que.
Le journal YEspiègle vient d'être frappé son
tour. Nous comprenons maintenant. Pour peu que
cela continue, nous verrons bientót MM. les mi-
nistres, marchant sur la trace de la glorieuse com
mission frangaise de colportage, frapper de leur
interdit tous les journaux peu agréables. En sa qua-
lité d'ancien éditeur du Calhéchisme de Malinet
M. Jamar devrait pourtant professer plus de res
pect pour la liberté de la presse.
Au surplus, il s'agit ici d'une question qui in
téresse au plus haut degré les journaux de toutes
les opinions. S'il est loisibleau pourvoir d'autoriser
ou d'interdire a son gré la vente des journaux dans
certains lieux publics, c'en est fait de la liberté de
la presse. La censure préventive est rétablie dans
notre pays.
Nous ne sommes pas seuls frappés de la gravité
de ces nouvelles pretentions doctrinaires. Voici
entr'autres comment s'exprime YÊtoile beige sur
le même sujet
La vente du journal YEspiègle vient d'être inter
dite dans les gares du chemin de fer de l'Etat, et ce
journal se plaint avec raison de cette mesure, que
rien nos yeux ne peutjustifier. La presse est libre et
la censure ne peut être rétablie. Or,c'est une censure
préventive que d'interdire la vente d'un journal dans
les stations oü tous les autres journaux jouissent de
ce privilége. Nous n'avons pas a voir quel est le ca-
ractère de cette publication YEspiègle est une mani
festation de la liberté de la presse, et les tribunaux
sont la pour lejuger. II y a du reste, un autre jugedont
nous relevons tous, c'est 1'opinion publique, dans
l'appréciation de laquelle nos hommes politiques
devraient avoir plus de confiance.
Nous espérons que l'on reviendra sur la mesure
prise a l'égard de YEspiègle, qui pourrait, a un mo
ment donné, être invoquée comme un précédent par
des hommes de parti pour exercer la même rigueur
.contre d'autres organes de la presse le liberalisme
au pouvoir ne peut pas avoir une pareille faute a se
reprocher.
Ah ahah
Le Progrès a son dada el depuis quelque temps
il ne se passé pas dé jour qu'il ne parle des
éminents services rendus par M. Alph. Vanden-
peereboom lors de la peste bovine.
Nous avons démontré par des extraits textuels
d'une brochure de 1771 que tout eet éminent
mérite se réduit a celui d'un bon copiste. La
feuiile thuriféraire s'est bien gardée de nous con-
tredire et pour cause.
Elle n'en continue pas moins sa kyrielle. Si
loin même l'emporte son enthousiasme de com-
mande qu'elle trempe ses doigts dans la sauce
comme le plus sale des marmitons et elle annonce,
en se pourléchant les lèvres, que la fète (sic) se
fera le 17 mai et qu'i7 y aura un banquet. Le
17 maiOn devine pourquoi. A l'approche des
électious il est indispensable que les paillasses
remonteut sur les tréteaux pour enjóler les popu
lations. Le Progrès se met k leur tête. En ma-
tière de charlatanisme, il est passé maitre
Eed se passe a Bruges et pent-ètre encore
ailieurs.
Iléussir avrnt toutVoilé le cri dle la- plupart
des associations politiques.
Malheur a i'imprudent qui, par aventure, s'avise-
rait de ne pas approuver les moyens mis en usage
pour atleindre ce résultatle succès quand même.
N'allez pas examiner si le candidat patroné réunit
les qualités nécessaires pour occuper convenablement
les fonctions qu'il aurait a remplir le cas éehéant;
n'allez pas interroger son passé afin de vqus assurer
de ses principes; n'allez pas compter avec ses apti
tudes, n'allez pas mettre en doute ses convictions,
n'allez surtout pas lui demander une profession de
foi, pour peu que vous teniêz a ne pas passer pour un
brouillon, pour un radical, soit un homme dange-
reux.
Opposez une candidature a celle que certains per-
sonnages protégent.on reconnaitra lout d'abord avec
vous que certainement le choix serail heureux, qu'il
offre toute garantie comme honorabililé, digoilé,
loyauté et capacité, mais lel autre noui aura plus
de chances, non pas de plaire au corps électoral, mais
de s'en faire digérer. Pourquoi? Tout surpris
de la question, on vous répond trés précieusement
c'est le nom d'un grand propriétaire, qui a beaucoup
d'influence a la campagne, il est allié de M. le baron
de la Ruse, de M. le comte du Saint empire de la Jon-
glerie, de M. le marquis de la Gloriole, lesadversaires
eux-mêmes n'oseronl pas combattre un homme aussi
considerable, la truelle lui est aussi familière que le
goupillon, nous ne serions nullement surpris de le
voir porté a la fois sur les listes catholiques et Libe
rates, le succès est certain, croyez nous.
Bien, mais au moins M. du Nombril, qui appartienl
aux du Fessards, par les hommes et aux Triboulets
par les femmes, qui réunit tous les avantages de la
naissance et de la fortune, est-il Iibéral ou bien est-il
catholique 1 Geci ne m'esl pas clairement démon
tré. Connait-on ses vues