L'exposé de la situation du libéralisme fait par
M. Namêche concluait a l'abstention comme question
préalable a toute discussion.
Cette proposition a été combattue par uu rédac
teur de YOrgane de Namur, M. Ernould, qui a de-
mandé la lutte avec quatre ou avec trois candidats,
ne fut-ce que comme protestation et pour ne pas
laisser se désagréger les forces vives réunies dans
l'assemblée.
Après plusieurs interpellations de divers autres
membres, Ie comité a mis aux voix la question de
savoirsi I'Association persiste a vouloir la lutte.
i) L'abstention a été résolue au scrutin secret
une faible majorité.
II n'y a done pas Ie nier et les prévisions du
Journal de Liége n'ont été que trop bien vérifiées
si les libéraux de Namur ont résolu de s'abstenir,
c'est uniquement paree que M. Vandenpeereboom
les a dégoütés de la lutte en leur imposant, comme
chefs de l'administration communale, deux hom
mes qui leur étaient profondéraent antipathiques
et dont l'influence, dans les élections, était cer-
tainement acquise leurs adversaires, les cléri—
caux.
Que si l*oii en doute encore, voici qui con-
vaincra les plus incrédules. On lit dans un des
demiers numéros de VUnion de Charleroi, journal
clérical de l'arrondissement
L'Association conservatrice de Namur a accueilli
la candidature de M. Lelièvre, dont elle a obtenu
pleine satisfaction.
Electeurs libéraux, vous avez les pièces du
procés sous les yeux. A vous de juger si I'tiomme
qui a trahi ainsi, ouvertement, seandaleusement
les principes et les intéréts du libéralisme est
encore digne de votre confiance. A vous de dire si
vous pouvez, saus renier vos convictions, continuer
son mandat celui qui en a abusé au point d'exci-
ter l'indignation des organes les plus modérés du
libéralisme. Quant a nous, nous répondons réso-
lument NON!
SI. Van Merris et ga circulaire.
Le Progrès a publié dernièrement une circu
laire adressée par M. Van Merris d'Ydewalle aux
électeurs libéraux du canton de Poperinghe.
M. Van Merris se plaint vivement, dans cette
circulaire, des attaques dont il est l'objet de la
part de la presse cléricale.
Hebdomadairement, mais toujours en procédant
par insinuations, le Code a la main et de manière a
echapper aux mailles de la justice, on m'a attaqué
dans mes mceurs, calomnié dans mon honneur..,.
ii Je ne m'abaisserai pas a relever de pareilles turpi-
tudes il est des fails qui ne se discutenl pas et je
crois pouvoir m'en référer au verdict que demain,
réunis souverainemenl dans vos cornices, vousêtes
appelés a rendre. Ce verdict, je n'en doute pas, me
vengera de toutes les injures et de toules les calom-
nies qu'on a dirigées contre moi.
Ainsi s'exprime M. le conseiller provincial du
canton de Poperinghe.
Certes, il doit être pénible a M. Van Merris
de se voir ainsi hebdomadairement, mais tou-
jours en procédant par insinuations attaqué
dans ses mceurs, calomnié dans son honneur, et
nous comprenons fort bien le sentiment qui lui
fait regretter de ne pouvoir déférer ses calomnia-
teurs la vindicte des tribunaux. Mais nous
sommes cependant obligés de lui faire remarquer
qu'il se trompe étrangement quand il demande
aux électeurs libéraux du canton de Poperinghe
de couvrir ses calomuiateurs de confusion
en renouvelant son mandat de conseiller provin
cial.
Une simple question M. Van Merris. Les
électeurs libéraux du canton de Poperinghe l'ont
réélu. Supposé qu'ils reussent éliminé, accepte-
rait il que Ton dise que le verdict électoral a
donné raison 5 ses calomniateurs? Assurément
non. Pourquoi? Paree que le corps électoral est
absolument incompétent eu pareille matière.
Expliquons cela a M. Van Merris, qui nous
paralt avoir des idéés extrêmement confuses sur
les genres et les espèces.
Autre chose est la morale, M. Van Merris, et
autre chose est la politique. Soumettez au suffrage
des électeurs la paix et la guerre, l'effectif de
l'armée, le crédit, le budget, I'enseignement, le
libre échange, les droits du travail, le salaire du
clergé, etc. Soumettez lui tous ces problèmes, il
les résoudra, sans doute avec I'erreur possible,
mais avec toute la somme de certitude que con-
tient la souveraineté humaine. Maintenant essayez
de lui faire trancher la moindre question de
moralité privée. La il s'arrête. La il avorte.
La raison en est simple, M. Van Merris, c'est que
le corps électoral ne possède aucun des élément»
propres a éclairer sa conscience et formerson juge-
mentensemblable matière. Les tribunaux ont leurs
juges,leurs enquêtes; ils entendent les témoins.ils
s'éclairent des débats contradictoires entre l'accu-
sation et ia défense. Bref, ils sont mis en position
de rendre un jugement consciencieux et motivé.
Mais le corps électoral, oó voulez-vous qu'il puise
les éléments de sa conviction? A peine sait-il de
quoi vous êtes accusé, puisque vous même vous
reconnaissez que vos accusateurs ne procèdent que
par insinuation. Comment pourrait-il vous con-
damner ou vous absoudre?
C'est lè,sans doute, une situation trés fècheuse;
mais encore faut il savoir l'accepter franchement
telle qu'elle se présente plutót que de donner de
nouvelles prises ses ennemis en cherchant des
reparations Ié ou l'on ne peut en obtenir que
d'illusoires. Et voyez, Monsieur Van Merris, quel
beau jeu vous faites a vos accusateurs Car si
vous invoquez comme un témoignage de la pureté
de vos moBursle vote des électeurs qui ont voté pour
vous, ne sont-ils pas autorisés, eux aussi, a inter-
prèter dans un sens contraire le vote des électeurs
qui ne vous ont pas donné leur voix et l'abstention
de tous ceux qui n'ont pas pris part au scrutin
Faites, Monsieur Van Merris, faites Ie compte des
uns et des autres et vous serez de notre avis que
votre circulaire est une imprudence et une faute.
Nous n'aurions jamais parlé de tout cela, Mon
sieur Van Merris, car, ainsi que vous le dites fort
bien, il est des faits qui ne se discutent pas,
surtout en public mais enfin, puisque vous avez
jugé a propos d'en saisir la publicité, permettez-
nous, en terminant, de vous donner un bon con-
seil.
Vous êtes homme d'honneur. Vous souffrez des
calomnies qui circulent, dites vous, sur votre
compte et vous brdlez du désir de les confondre.
II n'y a rien la, Monsieur, que de fort honorable
pour vous. Mais comment forcer vos calomniateurs
a accepter la lutte que vous leur offrez La loi,
en leur interdisant la preuve des accusations qu'ils
élèvent contre vous sous le voile transparent des
allusions, la loi, dis-je, leur commande une pru
dence extréme dontil n'est pas a supposer que vous
les fassiezdépartirVous vous débattrez ainsi long-
temps, toujours peut-ètre, dans les fils impercep-
tibles d'une trame insaisissable. Faites roieux. Ac-
ceptez Ie débat public. Déclarez que quelles que
soient les calomnies que Ton dirige contre vos
mceurs et votre honneur, vous proraettez votre
foi d'honnète homme de ne pas en poursuivre la
réparation en justice et que vous n'attendez que
de la conscience publique seule le jugement qui
doit confondre vos accusateurs. 11 faudra bien alors
que ceux qui vous attaquent dans l'ombre descen
dent dans l'arène, en plein soleil, et rien ne vous
sera plus facile que de les confondre d'imposture.
Tel est le conseil que nous nous permettons de
vous donner, Monsieur, avec un vif désir qu'il soit
suivi par vous, car nous n'avons pas de désir plus
sincère au moude que de voir se dissiper les nua-
ges dont la calomnie cherche a vous envelopper,
vous, vos moeurs et votre honneur.
A Messieurs leg Électeurs clérieaux de
l'arrondigsement d'Vpres.
Vous allez avoir procéder bientót au choix
de vos candidats pour la Chambre des représen-
tants.
Permettez-nous de vous recommander instam-
ment la candidature de M. Alphonse Vandenpeere
boom, représentant sortant et votre trèshumble
serviteur, quoiqu'on en dise.
II ya, nous le savons, de mauvaises langues qui
font circuler sur son compte de méchants bruits.
A encroire le Progrès, par exemple, M. Alphonse
Vandenpeereboom serait une des èmes damnées
de eet infêmeparti libéral, qui sousprétexte d'as-
surer l'indépendance du pouvoir civil, poursuit
sans relèche la ruine de notre sainte religion, en
cherchant ravir a ses ministres les priviléges
dont ils jouissent pour la plus grande gloire de
Dieu.
Chers frères, il est vrai, car nous ne voulons
rien vouscacher, que M. Vandenpeereboom a fait
partie de l'affreux Congrès libéral de 1846, de ce
Congres qui a proclamé, comme bases du libéra
lisme beige, l'indépendance du pouvoir civil et la
sécularisation de I'enseignement public, et nous
sommes loin de dire qu'en cela M. Vandenpeere
boom a bien agi.
Mais enfin, des paroles ne sont que des paroles,
et ce n'est pas par leurs promesses, mais par leurs
actes, qu'il convient de juger les hommes politi-
ques.
M. Vandenpeereboom a été ministre de l'Inté-
rieur pendant sept ans.
Supposez qu'il eut eu a coeur de profiter de sa
présence au pouvoir pour appliquer les principes
du Congrès libéral, a quelles vexations, quelles
tracasseries le clergé n'aurait-il pas été en butte 1
II lui aurait fallu rentrer dans la loi commune,
renoncer tous ses priviléges, redevenir, comme Ie
veulent ces affreux libéraux, de simples citoyens,
jouissant de tous les droits consacrés par la Consti
tution, mais soumis aussi it toutes les charges de
l'Etat.
Ce n'est pas tout encore les écoles, que vous
avez taut d'intérèt a maintenir sous le saint joug
du prètre, en auraientêtê entièrement affranchies
l'instituteur, aujourd'hui l'esclave de son curé,
n'aurait plus eu de compte a rendre de son ensei-
ge'mentqu'aux magistrals communaux, c'est-è dire
que la jeunesse de nos villages et de nos ateliers,
au lieu decroupir, comme elle fait, grèce au ré
gime actuel de nos éceles, dans l'ignorance et dans
la foi aveugle indispensables au salut des êmes,
n'auraient pas tardé s'imbiber de ces épouvanta-
bles maximes de liberté et d'indépendance qui dé-
solent si cruellement le coeur de notre sainte
Eglise.
Voila, chers frères, ce qu'aurait fait un homme
d'Etat soucieux de ses engagements, un ministre
désireux d'appliquer, étantau pouvoir, les princi
pes qu'il avait proclamés dans l'opposition.
M. Vandenpeereboom mérite-t il aucun de ces
reproches? Parcourez sa longue carrière ministé-
rielle elle n'est qu'un long témoignage de son dé-
vouement it votre sainte cause, de son inaltérable
attachement aux principes d'ordre et de conserva
tion si admirablement exposés dans la dernière
Encyclique de Notre Saint-Père.
Vos priviléges, il ne les a pas seulement main-
tenus, ila cherché a les augmenter; la loi actuelle