JOURNAL D'YPRES DE L'AERONDISSEMENT VPRES, üi manche Sixième année. N° 25 21 Juin 1868. Lb tout payable d'avance. PRIX DES AilNOlCES ET DES RECLAMES 10 Centimesla petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes. PRIX R'AROÜ NEMEilT POUR LA BELGIQUE 8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, Ie port en sus. Un Nüméro 25 Centimes Paraissant le dimanche* On s'abonne a Ypres, au bureau du Journalchez Félix Lambin, imp.-lib., rue de Oixmude, 59. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres ou envois d'aryent doivent ëtre adressés franco au bureau du journaL A SI. Van Slerris, membre de la Chambre des représentant^. J'ignore, Monsieur, si vous êtes bien satisfait du résultat de la journée de mardi derriier. Si vous l'êtes, il faut tout d'abord que je vous rende cette justice que vous n'êtes pas difficile et que vous savez, a l'occasion, vous contenter de peu. Au point de vue ou vous vous étiez placé, Mon sieur, \otre election devait avoir un caraclère parti culier. Poursuivi depuis longtemps par ia calomnie, én butte a des soupgons outrageants contre les— quels vos protestations vèhémentes ne vous proté- geaient pas suffisamment a votre gré, ce que vous dèmandiez aux électeurs, ce n'était pas un rnan- dat politique, mais une attestation publique de votre moralité qui mtt fin pour toujours aux attaques dont vous étiez 1'objet. Vous le disiez vous-même ce que vous attendiez des électeurs de l'arrondissement, c'est un verdict qui confondit a tont jamais l'imposture de vos calomniateurs. Dès le jour oü vous avez posé la question sur ce terrain, VOpinion a cherché a vous faire corn- ptendre, Monsieur, que le corps électoral n'avait pas, en tant que juge politique, s'immiscer dans des affaires de ce genre et qu'il pouvait y avoir plus d'un danger pour vous l'écarter de sa mis sion naturelle pour lui arracher des satisfactions d'honneur dont vos accusateurs seraient toujours en droit de contester la valeur, si son verdict vous était favorable, et dont ils se feraient une arme terrible contre vous, s'il trompait votre espé- rance. Mais vous n'avez rien voulu entendre et c'est sur ce terrain semé de périls que l'électioo s'est faite. Vous avez été élu, Monsieur. Sur 1999 élec teurs votants, 1013 vous ont délivré le certificat de bonne vie et mceurs que vous sollici- tiez d'eux. 1008 ont fait la sourde oreilie. A cinq voix présle verdict se tournait contre vous. A cinq voix prés, vos calomniateurs triomphaient et vous étiez un homme perdu. Si vous êtes fier d'un tel résultat, je le répète, vous n'êies pas difficile. Les réflexions que votre candidature a suggé- rées a I'Opinion, je n'ai pas été seul a les faire, Monsieur. Bien des tibéraux pensaient comme moi que le-corps électoral a autre chose a faire, dans un pays fibre, que de panser des plaies, et qu'après tout la bolle du scrutin n'est pas une bolle a onguent. Mais les frères et amis dont vous aviez captivé les bonnes grêces par vos ma- nières engageantes, les frères et amis, dis-je, les ont si bien convaincus que vous étiez Poperinghe i'homme indispensable, que,sans vous, la candida ture de MM. Vandenpeereboom et Beke était gravement compromise dans ce canton, ils ont dit et affirmó cela avec un accent si persuasif, que quelques-uns, le plus grand nombre, si vous voulez, ont fini par céder. J'ai déja eu l'occasion, Monsieur, de faire toucher du doigt a ces braves gens Ie mensonge dont les frères et amis se sont servi pour les amener a vous donner leurs voix. II n'y a point de honte et c'est parfois un mérite de n'ètre pas populaire. Vous ne trouverez done pas mauvais, Monsieur, que j'établisse de nouveau, les chiffres en main, que le grand bruit que les frères et amis »ont fait de votre prétendue popularité dans le canton de Poperinghe est une pure fantasmago rie imaginée par ces habiles pour empaumer la crédulité des libéraux. C'esten 1863,si vousvousensouvenezbien,Mon sieur, que le parti Sibéral sorigea, pour la première fois depuis 1830, a opposer une liste compléte la liste cléricale. MM, A. Vandenpeereboom, de Florisonne et Vandenbogaerde furent ses candi- dats. Or, a cette élection, M. Vandenbogaerde obtint, dans le bureau de Poperinghe, 159 suffra ges sur 395 votants, c'est-a-dire 40 1/3 p. c. des suffrages. En 1864, nouvelle iutte avec les mèmes can- didats. M. Vandenbogaerde réunit 183 voix sur 423 billets valables, c'est-é-dire 43 p. c. des voix. Troisième lutte en 1867, cette fois entre MM. de Yinck et Mazeman, qui oblient 225 voix sur 463électeurs présents, c'est dire48 3/4 p.c. Arrêlons-nous un instant ici, s'il vous plait. Cette petite revue rétrospective nous offre un premierenseiguement trés important, a savoir que, depuis 1863, le libéralisme a fait des progrès con stants dans Ie canton de Poperinghe. De 40 1/3 p. c. que nous étions en 1863, nous nous sommes élevés, l'aniiée suivante, a 43 p. c. pour atteindre 48 3/4 p. c. en 1867, ce qui fait bien 9 1/12 p. c. d'augmentation en quatre années. Si je sais compter, Monsieur, 9 1/12 p. c. en quatre années représentent une augmentation nor male, régulière de 2 13/48 p. c. acquise annuel- lement au libéralisme dans le canton de Pope ringhe. Cela étant et puisque l'éleclion de 1867 avait donné au caudidat libéral 48 3/4 p. c. des suffra ges, vous voudrez bien admettre avec moi, Mon sieur, a moins de nier les chiffres les plus solide- mentétablis, que le libéralisme était en droit de compter, cette année, en dehors de toute influence personnelle particulière et par le seul effet de son accroissement naturel, sur une majorité de 51 1/48 p. c c'est a-dire que sur les 473 électeurs votants dans le bureau de Poperinghe, 242 appar- tenaient nécessairement, forcément, au candidat du libéralisme; moins pourtant que vousne préten- diez, chose que ni vous ni le Progrès n'oserait al- léguer, que le libéralisme marche reculons dans le canton de Poperinghe. Or, Monsieur, vous que l'on disait si populaire, vous 1'homme indispensable, combien de voix avez-vous obtenu 248, c'est é-dire six voix de plus que u'importe quel autre candidat libéral. Six voix, voilé votre contingent, voilé la mesure exacte, mathématique de votre popularité. C'est pour ces six malheureuses voix, et je défie qu'on conteste roes calculs, c'est, dis je, pour ces six malheureuses voix que votre candidature, votre populaire candidature a été imposée aux libéraux de l'arrondissement 1 Voilé ce qu'il faut que l'on sache. Oui, il faut que ces libéraux trorapés par les habiles de la coterie voient clair dans le piége oü l'on a surpris leur bonne foi. II est plus que temps que, pour l'honneur du libéralisme dans notre arrondissement, leur responsabilité soit dé- gagêe de la honteuse intrigue laqüelle on les a mêlés en leur fesant accroire qu'il y allait du sort de l'opinion libérale de vous accepter pour can didat. Une singulière popularité que la vótre, Mon sieur. 4 Poperinghe mème, vos deux amis réunis- sent plus de voix que vous M. Vandenpeereboom en obtient 283, M. Beke 259 et vous, vous arri- vez troisième avec 248 voix si bien qu'on en vient se demander si, au lieu que vous leur ayez été utiles dans votre canton, ce ne serait pas vous peut-ètre qui avez réussi vous faire accepter Poperinghe en vous abritant derrière leur patro nage. Si j'ai deviné juste, recevez mon compliment, le tour est bien joué. Done vous voila député, Monsieur, et ce ne sera pas un mince honneur pour la ville d'Ypres d'être représentée la Chambre par un homme de votre caractère et de votre mérite. Entre nous, eile n'a vait pas l'air d'y tenir beaucoup, la ville d'Ypres. Le Progrès lui mème est forcé d'en convenir. Dans le bureau d'Ypres, dit-il, les votes n'ont pas été conforines aux précédents et nous ne pou- vons pas, avec le Journal d'Ypresadresser nos sincères félicitations nos concitoyens. La vérité est, pour appeler les choses par leur nom, que le bureau d'Ypres vous a donné, le Laissez dire, taissez-vouj bl&mer, mais publiez vótre pensie.

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L’Opinion (1863-1873) | 1868 | | pagina 1