JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENI
YPRES, Di manche
Sixième année. N° 26.
28 Juin 1868.
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Choses et autres.
Maintenant que la bataille est gagnée, il nous
revient que M. Yandenpeereboom, notre bénin
représentant, prend a Bruxelles des airs de vic-
time et rejette tout ce qui s'est passé sur M. le
commissuire d'arrondissement. S'il faut Ten croire,
il n'est pour rien dans I'affaire il a mème très-
énergiquement protesté quand on lui en a parlé
pour la première fois, et Vil a fini par accepter,
c'est paree qu'il a considéré l'honneur et l'avenir
du parti comme engagés dans la victoire.
Que notre bénin représentant raconte ces his-
toires lè Bruxelles, il a quelque chance de les
faire occueüJir mais Ypres, non. Tout le
monde sait fort bien chez nous que si M. Van-
denpeereboom n'avait pas prêté les mams a la
combinaison dont il veut aujourd'hui laisser tout
l'honneur a M. Carton, jamais cette combinaison
n'aurait vu Ie jour. Notre bénin représentant se
fait vraiment trop modeste dans son triomphe et
nous ne pouvong pas souffrir qu'il se dépouille
ainsi de sa gloire pour l'endosser au compte d'au-
trui. A chacun ce qui lui est dóMonsieur.
Souffrez done que nous vous couronnions de
fleurs et que la ville d'Ypres proclame, par notre
organe, que c'est a vous, a vous seul, qu'elle doit
l'honneur d'ètre représentée a la Chambre par
M. Van Merris d'Ydewalle.
Le terrible correspondant du Progrès se tient
coi. Nous lui avions offert nos colonnes pour nous
abimer son aise; mais il paraft qu'il ne trouve
plus rien a dire depuis que nous lui avons accordé
la parole; semblable, sauf respect, a ces chiens
de basse-cour qui font le diable quatre a l'at-
tache et qui courent se cacher dès qu'on les
lache.
Après cela, il est fort possible quece terrible
correspondant n'existe pas et que le Progrès ait
imaginé de le mettre en scène ppur se dispenser de
nous répondre. Supercherie grossière et dont
personne ne sera dupe. Mais qu'importe au Pro
grès ce que l'on pense de lui L'important est que
son bien aimé M. Van Merris a le panache. Le
reste ne vaut pas la peine qu'on s'en occupe.
Un frère el ami, en quête de ramasser des voix
pour M. Vao Merris, exaltait devant un électeur
peu lettré de uotre ville la bienfaisance inépuisable
de son candidat. C'est un vrai philanthrope, raon
ami, lui disait il, et il manque de ces gens-la la
Chambre. Philanthrope, Monsieur, Gt notre
électeur, qu'est-ce que c'est que cela pour one
profession? Philanthrope, mon ami, cela vient
du grec et veut dire ami des hommes
Notre brave concitoyen n'est pas encore revenu
de sa stupéfaction.
II y a des idée3 tristes sur lesquelles il faut avoir
la force d'insisteril v a des cloaques d'ignominie
qu'il faut avoir le courage de sonder.
Cet homme se sent taré, véreux, méprisable et
méprisé. Possesseur d'une fortune considérable, il
jouit pourtant, grócea ses largesses, d'une sorte
de popularité impure, faite de la lècheté des unset
de la vénalité des autres. On lui propose un tnar-
chè. II fait son prix. C'est son droit.
Voici maintenant un autre homme, celui-ci
enlouré de la considération générale, estimé, ho-
noré autant que l'autre est honni et conspué. Ce-
pendant cet homme honorable est ambitieux et
plutót que de renoncer a une position qui flatte sa
variité, il fait alliance avec le ruffian dont il a be-
soin et paie de son honneur l'appui que celui-ci lui
prète.
Prenez une balance, mettez dans un plateau ce
rulfian et dans l'autre cet homme honorable, et
dites-moi de quel cóté cela penche.
Le Progrès publiait jeudi dernier une lettre da-
tée de üousbrugge dans laquelie son correspon
dant se félicite chaieureuse nent du résultat des
dernières élections. La bataille est gagnée, s'é-
crie le correspondant, et tout comme un autre,
nous avons mis uotre petite pierre a l'édifice, qui
doit l'heure qu il est presqü'avoiratteintsonapo-
gée.
A moins que Je correspondant du Progrès ne se
représente la lutte électorale sous la forme d'une
rixe a coups de pavé, il nous est difficile de saisir
ce que vient faire sa petite pierre dans la ba-
taille du 9 juin. La comparaison n'est pas son
fort, du reste, car nous lisons la fin de sa lettre
que si nous resserrons nos rangs, les efforts de
nos adversaires expireront devant ces barrières
comme l'Océan sur la grève.» Or,nous sommes
obligés de lui faire remarqtier -que la grève est
précisément tout l'opposé d'une barrière.
Mais ce n'est pas pour chicaner le correspon
dant du Progrès sur sa petite pierre et sur sa
grève que nous nous occupoos de sa lettre.
Ses intentions valent mieux que sa prose, il
prêche l'union, la concorde, la reconciliation entre
toutes les forces du libéralisme. Ce sont la sans
doute d'exceller.ts sentiments. Seulement, il fau-
dra bien reconnaitre que, loin d'avoir facilité la
réalisation de sou rêve, la journée du 9 juin a
creusé plus profond que jamais l'abime qui sépare
le doctrinarisme du libéralisme progressif. Que le
correspondant du Progrès se réjouisse de l'élection
de M. Van Merris, nous préférons notre défaite
sa victoire.
Ee Coche et Ia Monche.
Après bien du travail, le coche arrive en haul
Respirons maintenant! dit la moucheaussitót,
J'ai tant fait que nos gens sont enfin dans la plainer
Qa, messieurs les chevaux, payez-moi de ma peine.
Ces beaux vers, Ie Progrès vient de les tra-
duire en prose.
Voici en quels terraes
Notre sénateur, nos trois représentantsetM. Car
ton, commissaire de l'arrondissement, se sont réunis
demièrement a Bruxelles, l'effet de terminer di-
verses affaires qui intéressent notre arrondissement,
Les élecleurs apprendront avec satisfaction que
le conflit existant entre le gouvernement et la Société
générale d'exploitation du chemin de fer est la veiile
d'être aplani, et que très-probablement, a dater du
1" J ai liet prochaio, le service commun entre l'Etat
et la Compagnie sera repris.
Que les sénateurs et les rqprésentants défendent
les intéréts de l'arrondissement, c'est leur mission
et leur devoir. Mais nous ne comprenons pas ce
que M. Carton vient faire ici. M. le commissaire
d'arrondissement n'a reQu aucune mission de per
sonne en sa qualité de commissaire, il est l'em-
ployé du gouvernement et comme tel ne jouit
même pas de sa liberté d'action. II ne lui est pas
permis d'exprimer une opinion opposée a celle du
ministère, le rnaltre dont il porte Ia livrée, com
ment aurait il done pu aplanir Ie conflit existant
entre ce ministère et la Société générale d'exploi
tation Charge-t-on un domestique des intéréts
de la maison
A cette impossibilité morale vient d'ailleurs s'a-
jouter une impossibilité matérielle. M. Carton
s'est rendu a Bruxelles le 14. Le lendemain 15
avait lieu i'assemblée générale des actionnaires de
la Société d'exploitation et le rapport lu dans cette
assemblée s'exprime ainsi
En ce qui concerne le service des voyageurs,
nous sommes heureux de vous apprendre que l'ac-
cord s'ét.mt également établi, la distribution des
billets directs entre toutes les stations des deux
exploitations sera rétablte sous peu de jours.
II est évident que Tnccord qu'annonce le rap
port était fait depuis plusieurs jours et ce qui Ie