JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
Le todt payable d'avance.
YPRES, üimancbe
Sixième année. N° 29.
19 JuiUet 1868.
PK IX IVtBOlüGMEMT
POUR LA BELGIQUE
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Pour l'Etranger, Ie porl en sus.
Un Numéro 25 Centimes,
PRIX DES AlIVOICGS
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Hier et Aujourd'hili.
Tout mauvais cas est niable. Maintenant que
l'élection d'Ypres fait scandale, M. Vandenpeere-
boom essaie, selon sa vieille habitude, de jeter
sur d'autres la responsabilité de ce qui s'est passé
et de retirer son épingle du jeu. A en croire le
pauvre homme, il n'aurait pa$ même été consulté
sur Ie choix des candidats et c'est M. le comrais-
saire d'nrrondissementen compagnie de quel-
ques uns de ses amis, qui aurait arrangè toute
l'affaire. Lui-même n'aurait été prévenu que
quand les cboses étaient déjé si avancées qu'il
n'eut plus été possible d'y rien changer sans com-
promettre le succès de l'élection.
A Ypres, ou les moindres détails du tripotage
électoral du 9 juin dernier sont parfaitement
connus, il va sans dire que le pauvre horame se
garderait bien de hasarder une pareille explica
tion. On sait d'ailleurs trop bien chez nous que
M. Carton n'aurait jamais osé prendre sur lui de
former une liste de candidats sans l'aveu formel
et préalable du grand Vizir auquel il doit le peu
qu'il est dans le monde. Mais M. Vandenpeere-
boom ne désespère pas d'accréditer sa version
justificative l'étranger et il y emploie tout ce
que la nature secondée par une longue experience
de la bêlise humaine a mis a son service d'élo—
quence persuasive et de bonhomie insinuante.
L'exministre de l'Intérieur a obtenu autrefois de
grands succès dans ce genre. Lors de la discussion
sur les affaires mexicaines, ne l'a-t on pas vu
affirmer et persuader a la Chambre que s'il avait
accordé des congés aux miliciens, c'était pour
qu'ils pussent vaquer aux travaux de la moisson et
qu'il ignorait absolumenl qu'ils se fussent enrólés
dans la légion mexicaine? Plus tard, n'a t il pas
contesté, avec le mème bonheur, malgré l'évidence
des faits, que la cause du blème infligé par lui a
l'instituteur Lagage fut le refus de celui ci d'ac-
compagner ses élèves a la messe? Quand on
compte, dans son passé, des succès aussi écla
tants, il est permis d'avoir foi dans son étoile et
de beaucoup présumer de sa force.
Seulement, M. Yandenpeereboom oublie une
chose, qui n'est pas peu importante, c'est qu'è
l'époque oil il remportait ces beaux triomphes si
chers son cceur, il était ministre, et qu'aujour-
d'hui il n'est plus rien du tout. Etant ministre, il
avait beau jeu, on ne demandait pas mieux de le
croire et ses assertions les plus hasardées étaient
accueiilies comme parole d'Evangile. Les cboses
ont beaucoup changé depuis, et il a bien du s'en
apercevoir lors de la dernière discussion sur la
question des écoles d'adultes. Nous ne voudrions
pas raviver une plaie qui n'est peut-être pas en
core entièrement fermée; maisM. Vandenpeere-
boom doit se rappeler au milieu de quelle inat
tention insultante il pronon^a son fameux discours
justificatif, ce même discours qui, moins d'un an
auparavant, lui avait valu les suffrages les plus
flatleurs de la majorité. Que voulez-vous? Le
prestige ministériel avait disparu et, avec lui,
tout ce qui fesait la force de l'orateur et l'autorité
morale de l'homme.
N'est-il pas craindre pour M. Vandenpeere-
boom que les explications qu'il tente aujourd'hui
sur sa participation a la journée du 9 juin ne
rencontrent la même incrédulité? C'est plus que
probable et nous nous en réjouissons fort, car il
est grand temps vraiment que l'opinion publique
montre qu'elle n'entend plus se laisser séduire
par les dehors plètrès d'une fausse modération et
qu'elle apprécie leur juste valeur ces dévoue-
ments de contrebande, ces désintéressements fre-
latés dont nos vulgaires ambitieux font parade
pour mieux empaumer les simples et satisfaire
leur soif de domination.
Qui cela peut-il bien être!
On écrit de Bruxelles au Journal de Charle
roi
II circule, depuis quelque temps, dans notre
d monde politique, une irès-singulière liistoire que
je ne sais trop comment vous raconter, crainte
i) d'en dire trop pour les uns et pas assez pour les
i) autres. II s'agit, en deux mots, d'un representaut
n nouvellement élu qui viendrait combler le vide que
ia démission de M. de Perceval a laissé a la Cham-
d bre. La chose a fait scandale, comme bien vous
comprenez, et comme il paralt que le scrutin qui a
proclamé l'élection de ce monsieur est entachè de
quelques irregularités. on donne comme certain,
du moins lel est l'avis d'un grand nombre de dé-
putès, que la majorité en préndra prétexte pour ne
o pas valider ses pouvoirs.
Pour i'honneur du pays, nous nous refusons a
croire a l'exactitude des informations du journal
carolovégien. Les luttes électorales ont parfois de
dures nécessités. Le désir de réussir peut faire
qu'un parti arrête son choix, non pas sur Ie plus
digne, mais sur celui qui lui présente les plus
grandes chances de succès. C'est la un mal en
quelque sorte inhérent a un régime représentatif
fondé sur le suffrage restreintmais ce que nous
ne comprendrions pas, ce qui serait sans excuse,
c'est que la fureur de vaincre entrafnêt un parti
jusqu'a patroner la candidature d'un homme dont
la moralité privée ne serait pas a l'abri de tout soup-
Con. A plus forte raison considérerions-nous comme
une infamie sans nom le fait d'un parti qui patro-
nerait un candidat sur qui pèserait I'affreux re-
proche auquel fait allusion le correspondant du
Journal de Charleroi. Nous Ie répétons done, pour
I'honneur du pays, nous voulons croire que Ie con
frère a été induit en erreur. S'il en était autre-
ment, il n'y aurait qu'une voix dans notre honnête
Belgique pour flétrir et déshonorer les hommes
scandaleux qui ont complaisamment prêté les
mains a une pareille turpitude.
Axiómes.
II est certain, il est indubitable que M. Al-
phonse Vandenpeereboom a rendu notre arron
dissement d'immenses services. Dire lesquels se
rait peut-être assez difficile, mais il n'importe,
cela est incontestable. Qui en doute est un brouil-
lonqui le nie est un ennerai.
Une chose non moins avérée, c'est que ces im-
menses services, M. Yandenpeereboom nous les a
rendus gratuitement, sans prétendre pour lui-
même a aucune récompense. S'il a accepté le raan-
dat de nous représenter a la Chambre, si ce man
dat lui a ouvert l'accès des plus hautes dignités,
jamais la moindre pensée d'ambition personnelle
n'est entrée dans son ème. II s'est laissé faire re
présentant, ministre, grand cordon de ceci, grand
officier de cela, uniquement pour être mieux
même de faire notre bonheur. Ces choses lè ne se
nienl pas plus que la lumière du jour.
Mais ce qui est plus éclatant encore que la lu
mière du jour, c'est que M. Alphonse Vanden
peereboom est un grand libéral. Les brouillons,
disons le mot tout cru, ses envieux, ont bien cher-
ché a gloser sur certains actes de son ministère
qui, de prime abord, semblent empreints d'un es
prit contraire aux principes du libéralisme. Mais
le terrible Progrès les a si bien injuriés qu'ils ue
s'y frotteront plus de longtemps. Le Progrès a
mille fois raisou l'injure, toujours l'injure et rien
que l'injure, voilé comment il convient que l'on
réponde a ces dróles qui se permettentde révoquer
en doute la sincérité des convictions libérales de
sou auguste patron.
Ganimède.
Le Progrès garde le silence sur la correspon-
dauce dont nous avons publié un extrait dans