Une correspondance deGosselies nous apprend
que si des congés out été accordés, on a deux poids
ei deux mesures au département de la guerre. La per-
sonne qui nousécrit, et qui est parfaitement rensei-
gnée, nous affirme que deux requêtes, faites dans
loutes les régies, ont été repoussées impitoyable-
ment. II s'agissait de deux malheureux pères de
familie.
On nous adresse la lettre suivante
Ypres, 13 septembre.
Monsieur le Rédacteur,
Quand je lis dans le ProgrèsMessieurs Goevoet
et Lameere ont su a temps éviter les écueils contre
lesquels viennent se briser tant de jeunes gens et
choisir la bonne voie, je me demande ce que cela
peut bien signifier?
X
Ma première étude porte sur le mot écueil qui est
avant tout un rocher dans la mer. Quels pourraient
bien êlre ces rochers et cette mer Messieurs Goevoet
et Lamere éviter les rochers dans la merComme je
ne veux rien avancer que de trés-exact, je suis allé
aux informations, et je liens de source certaine que
la seule mer sur laquelle ces messieurs aient jamais
fait voile, est le sol beige, terre ferme s'il en fut ja
mais, et que le coin de cette terre qu'ils ont habité et
auquel le Progrès fait ici particulièrement allusion,
est la bonne ville d'Ypres avec ses vastes Halles et
ses éternels drapiers dont le nombre n'ètait compa
rable qu'aux grains de sable de l'Océan.
X
Pour ce qui est des rochers,(il est certain qu'il ne peut
êlre question que d'Ypres), qui a jamais vu des ro
chers ici? En fait de rochers, je ne connais que les
étangs de Zillebeke et de Dickebusch, l'Yperlée, le
chemin de fer de la Flandre Occidentale, l'Hópital ei-
vil et l'Association libéralesi bien que plus j'y songe,
moins j'y vois clair, et il se fait dans mon esprit un
tel imbroglio, que je prie le Progrès, dans l'intérêt de
mon repos et de ma sécurité, de ne plus s'occuper de
questions qui l'embarrassent autant que moi-même.
X
Cependant puisque la balie est lancée, il y va de
ma dignité que je l'attrappe. Quel que soit mon désir
de conciliation, quelque profond que soit mon in
stinct de la paix, il me serait néanmoins dur de voir
que le Progrès m'eüt mis au pied du mur. Cette vic-
toire, il s'en glorifierait toute sa vie, et comme il n'en
compte pas beaucoup dans ses campagnes, il le redi-
rait- a tous les échos d'alentour. Je ne veux pas lui
donner cette satisfaction. On voudra bien excuser
ce mauvais cöté de mon caractère.
X
Je chercherai done le mot de l'enigme. Boileau a
dit
Vingt fois sur le métier remettei votre ouvrage.
G'est comme s'il avait dit, quoique peu de gens y
donnent ce sens réfléchissez et tournez-vous jusqu'a
ce que vous soyez content de voire trouvaille. On
demandait a Newton comment il avait découvert les
lois fécondes qui portent son nom? A force d'y
penser, répondit l'illustre raathématicien.
X
Messieurs Goevoet et Lameere ont pris la bonne
voie 1 dit le Progrès. Ah 1 j'y suis peut-être. Voyons,
rappelons nos souvenirs Après avoir séjourné quel
que temps Ypres, ces honorables sont partis i'un
pour Courtrai, l'autre pour Gand, et finalement ils
se sont rencontrés a Gand. J'y suis, c'est ca, pren
dre la bonne voie, c'est parlir pour Gand. Avis aux
intéressés.
X.
Mais, me dit mon impitoyable logique, si partir
pour Gand c'est éviter les écueils contre lesquels se
brisent tant de jeunes gens, les écueils ne sont done
pas les rochers dans la mer ces écueils ne peuvent
êlre que des obstacles propres au sol d'Ypres.
X
Un obstacle isolé, il ne vaudrait pas la peine d'en
parler. II faut done qu'il y en ait plus d'un, beaucoup.
Or, ce qu'on trouve de plus a Ypres, tu l'as dit, ca-
poral, ce sont des maltres, petits et grands, des gens
devant qui tout doit plier et qui sont tout, et un
autre, rien, des.. enfin c'est assez, j'ai compris.
X
Ainsi c'est convenu, les écueils ce sont nos grands
hommes, qu'on trouve partout et toujours. Pour ne
pas s'y briser, il faut les éviter et partir pour Gand.
Je crois qu'effectivement il y fait meilleur Gand,
Bruxelles, ou autre part, Gand est ici pour ne pas
citer tous les endroils de Ia terre oü l'on est bien.
X
C'est de la franchise de la part du Progrès. Je lui
en fais mon compliment, pour sa franchise, mais je
ne le lui fais plus pour le conseil qu'il donne. Je
n'aime pas qu'on conseille ainsi, même a ceux qui
pourraient gêner les frères et amis, de plauter leur
tente ailleurs.
X
J'ai pour cela d'excellentes raisons d'abord il ne
faut pas pousser a la dépopulation de notre ville, que
j'affectionne par dessus tout. Les belles voAtes de nos
vastes Halles qui n'ont plus leurs éternels drapiers
du moyen-êge ne doivent pas rester tout-a-fait seules
a se contempler elles-mêmes. Ensuite la dépopulation
de notre morne cité marche déja assez bien comme
ca, sans qu'on y pousse.
X
60 a 70 naissances en moins, d'année en année,
n'est-ce pas joli, faut-il encore montrer les charmes
de la bonne voie aux adultes et aux hommes va
lides?
X
Vraiment, je soupconue le Progrès de vouloir de-
meurer seul avec le Nazareth, les béguinages et toute
la gent relevant de prés ou de loin des bureaux de
bienfaisance. El pour masquer son jeu, il fait venir
des soldats. Un soldat, cela fait du bruit comme deux,
cela est vivant et remuant et cache le vide. Mais le
vide un jour n'apparaitra-t-il pas même entre les
sabres
X
Quand le dentiste veut étouffer les cris du patient,
il fait donner du tambour; nos grands hommes font
venir des soldats pour cacher la diminution de la po
pulation réelle. Ce n'est pas une comparaison que je
fais, elle serait toute a l'avantage du premier, c'est
un simple rapprochement.
X
Mais ce qui est devenu, pour moi, clair comme de
l'eau de roche, c'est que pour ne pas se casser le cou,
pour rester entier, il faut éviter de se briser contre
les écueils (on sait maintenant ce que cela veut dire)
et prendre la bonne voie, c'est-a-dire leur tourner le
dos et partir.
X
Maintenant je oomprends Ie vires acquirit eundo du
Progrès. J'ai entendu de longues dissertations au
sujet de ces mots cabalistiques, et cela de la part de
personnes pas mal instruites, pas aussi instruites,
par exemple, que les rédacteurs du Progrès, (quand
cela se renconlre-t-il mais enfin pas bêtes.
X
On n'a jamais pu se mettre complétement d'accord
sur le sens de ces mots, en tête d'un journal. Mais
aussi pourquoi parler latin? On dit que c'est paree
que le Progrès s'adresse particulierement l'arron-
dissement, et que la on a une prédilection ma. quée
pour la langue de Gicéron. Je dois cependant declarer
que la raison ne me parait pas entièrement convain-
cante.
X
Mais enfin, au bout de la 28°°° année, au n° 2,834,
tout se debrouille et vires acquirit eundo signifie
bien On devient fort et grand en Slant.
Agréez, Monsieur le rédacteur, etc.
On lit dans le Journal de Bruges
La section normale d'enseignement primaire éta-
blie Bruges a ajouté, samedi dernier, un beau fleu-
ron a la couronne des succès non inlerrompus qu'elle
a obtenus depuis sa réorganisation.
Les élèves de la division supérieure, au nombre
de neuf, se sont présentés devant le jury institué a
l'effet de délivrer le diplóme d'instituteur aux élèves
des écoles normales des localités flamandes.
Les neuf récipiendaires ont été diplómés comme
suit .-
Trois du premier degré (la plus grande distinc
tion), trois du second degré (distinction) et trois du
troisième degré (satisfaction).
Voici les noms des élèves-instituteurs et le nom
bre de points obtenus par chacun d'eux sur un maxi
mum de 685 points.
Diplómés du premier degré (minimum 550
points)
MM. Fremault, Aimé-Amaud, de Pollinckhove,
597 4/2 points.
Claeys, Auguste, de Meerendré, 587 4/2
points.
Denecker, Charles, de Becelaere, 569 4[2
points.
Diplómés du second degré (minimun 500 points)
MM. Plasschaert, Valère, d'Oedelem547 1|2
points.
Lammens, Gustave, de Leyseele, 538 points.
Van Elslande, de Herseaux, 514 points.
Diplómés du troisième degré (minimum 400
points
MM. Villes, Charles, d'Alveringhem479 1;2
points.
Van Besien, Richard, deCoeckelaere, 4421|2
points.
Samyn, Gustave, d'Ypres, 433 1 [2 points.
Ce résultat est d'autant plus remarquable que
nul examen ne présente plus de difficultés que celui
d'instituteur. II porte sur dix-huit branches et s'étend
tout ce qui a été enseigné pendant les trois années
d'études. Pour avoir droit a un diplóme, on doit non-
seulement réunir un minimum de 400 points sur
l'ensemble des malières, mais il faut encore obtenir
la moitié des points sur chacune des branches dont
l'enseignement est obligatoire aux termes de I'art. 6
de la loi du 23 septembre 1842 (la doctrine chré-
tienne, la langue maternelle, l'arithmétique, la lec
ture et la calligraphie) et les deux tiers des points
sur l'ensemble de ces mêmes branches. Mais plus
l'épreuve est sérieuse, plus il y a de mérite a en sor-
tir victorieux il n'y a qu'un succès de bon aloi
qui fasse véritablement plaisir et dont on puisse êlre
fier.
II serait bien difficile, pour ne pas dire impos
sible, de terminer cet article sans réclamer encore
une fois la prompte mise exécution du projet de loi
qui "institué deux nouvelles écoles normales II est
urgent de mettre la main a l'ceuvre, car noire pro
vince manque de bons instituteurs et la section nor
male, telle qu'elle est organisée, ne peut en fournir
un nombre suffisant.
ACTES OEFIC1EES.
Le sieur Carton, commissaire de l'arrondissement
d'Ypres, président de l'Association agricole du même
arrondissement, est promu au grade d'officier de
l'Ordre de Léopold.
Le sieur Becuwe, conseiller communal, secrétaire
de la Charabre de commerce, membre du bureau de
bienfaisance et membre de la commission directrice
de l'atelier d'appreutissage de la ville d'Ypres, est
nommé chevalier de l'Ordre de Léopold.
Le sieur Van Ateynes, président du Conseil de
prud'hommes, membre de la Chambre de commerce
et conseiller communal a Ypres, est nommé chevalier
de l'Ordre de Léopold.
Les sieurs de Neckere, bourgmestre de Messines, et
Vander Ghote, bourgmestre d'Elverdinghe, sont nom-
més chevaliers de l'Ordre de Léopold.
Le sieur Coppieters, docteur en médecine et méde-
cin des hospices de la ville d'Ypres, est nommé che
valier de l'Ordre de Léopold.
Des arrètés royaux du 7 septembre 4 868, accor-
dent, aux communes ci-après, les subsides suivanls
pour l'exécution de travaux de voirie
Zandvoorde, 2,446 fr. Warnêton, 4,800. A
la commission administrative de la route de Crom-
beke a Poperinghe, 1,800.Idem de Crombeke
Rousbrugge-Haringhe, 2,303 Idem d'Elverdinghe
a Boesinghe, 1,800. Idem de Noordschole a Zuyd-