I.es verifications de pouvoirg. L'article 34 de la Constitution est ainsi congu a Chaque Chambre vérifie les pouvoirs de ses membres et juge les contestations qui s'élèvent a ce sujet. La pensée qui a dicté cette disposition n'est point douteuse il est clair qu'en l'inscrivant dans la loi fondamentale, les législateurs consti tuents ont voulu assurer la pleine indépendance du pouvoir législatif et empêcher tout jamais l'immixtion des autres pouvoirs dans la composi tion des Chambres. Mais Ia Chambre appelée décider de la vali- dité d'une élection n'a-t-elle se préoccuper que de la régularité des opérations électorales et, cette régularité reconnue, doit-elle nécessaire- ment, sous peine de manquer ses devoirs, proclamer la validité des pouvoirs de l'élu Ici, la question peut, au premier abord, présenter quelque doute. Prenons un exemple qui nous fasse mieux comprendre. M. X. est élu représentant. Les opérations électorales ont été parfaitement rêgu- lières. M. X. lui-même réunit toutes les condi tions d'éligibilité requises par la Constitution. Mais il se trouve que, de l'une ou de l'autre fa- $on, Ia Chambre a acquis la conviction certaine que l'élu est un ètre bonteux, abject, infème, dorit l'élection, si elle était validée, la couvrirait d'un éternel opprobre. Est-elle néanmoins tenue de proclamer la validité de ses pouvoirs et de lui faire une place sur les siéges du Parlement La est la question. On nous fera remarquer peut être que notre hypothèse est extrêmement invraisemblable et qu'il est peu admissible qu'une majorité d'élec- teurs porte ses voix sur un tommc aussi scanda- leux que nous venons de l'imaginer. Invrai semblable, soit; mais impossible, non n'avons- nous pas vu, il y a quatre ans, en France, le suf frage uhiversel envoyer au Corps législatif un an cien entrepreneur de maisons de tolérance? N'avons-nous pas vu... Mais un seul exemple suffit pour prouver que notre bypothèse n'est pas absolument inacceptable et il ne nous en faut pas davantage. La question de droit constitutionnel que nous venons de soulever deviendrait toute une disser tation si nous entreprenions de l'approfondir. Bornons-nous une seule observation c'est que, dans la pratique des gouvernements parlemen- taires, jamais les Chambres n'ont compris leur mission de telle sorte qu'elle dut se réduire a une vérification purement matêrielle des opérations électorales Toujours et partout, el les ont affirmé leur droit d'investigation, non-seulement sur la légalité des élections, mais aussi sur leur mora- lité, C'est ce que, notamment, les Chambres beiges ont fait, en annullant en 1860 les élec tions de Louvain c'est ce que le Corps législatif francais a fait lui-même, quelques années plus tard, lorsqu'il a refusé de valider les pouvoirs de M. Bravay. Et le moyen que les Chambres agissent autre- raent? Qui pourrait exiger d'elles qu'elles accep- têssent comme un coilègue un homme voué la réprobation publique, un homme dorit le nom serait devenu comme une flétrissure pour elles- mêmes? Toutes les considérations de droit dispa- raissent devant cette nécessité suprème d'épar- gner une pareille honte a celui de tous les pou voirs publics qui, précisément paree qu'il est soumis a un contróle incessant, a besoin, plus que tous les autres, d'honnèteté privée et d'irré- prochoble moralité. Après cela, nous toechons lè a une question qui manque absolument d'actualité, car nos Chambres n'ont rien envier, sous ce rapport, aux autres nations comtitutionnelles de l'Europe et il n'y a nul danger qie le déshonneur se glisse chez elle par cette issut. M. Jules Van Merrit fait construire en ce mo ment un oratoire dans son chêteau. On se de- mande quel saint on f adorera? Logique doctrinaire. Dans son n° de jeudi, le Progrès, après avoir énuméré les brillants succès obtenus par lesélèves de notre Ecole moyenne et de notre Collége com munal devant les divers jurys, termine ainsi son article Les diverses facultés des Universités, l'Ecole du génie civil de Gand, l'Ecole vétérinaire de Gureghem recevront done cette année des élèves sortant direc- tement des établissements d'enseignement moyen de notre ville. Ce sont la des faits que les déclamations de con currents intéressés ne peuvent amoindrir. Nous adressons nos félicitations les plus sincères ces intelligents jeunes gens et leurs maitres dé- voués qui ont formé une pareille phalange d'élèves distingués. Nous adhérons sans réserve S ces paroles du Progrès tout en regrettant bien vivement que ses réflexions ne soient pas plus completes. Pourquoi, par exemple, ne nous dit-ii pas, pendant qu'il est en train, le jugement que nous devons porter sur ses patrons et ses amis qui retirent leurs enfants d'un établissement auquel il prodigue les éloges les plus chaleureux et, ajoutons le, les mieux mérités, pour les placer chez les Jésuites et ail— leurs? Ce que le Progrès pourra nous apprendre ce sujet sera assez curieux pour que nous espé- rions lui voir très-prochainement desserrer les dents. Nous trouvons dans le même journal Ia singu- lière lettre que voici Monsieur l'éditeur du Progrès, Nous vous prions de vouloir être prés de MM. les bourgmestre et échevins, l'interprête public de la gratitude des bourgeois d'Ypres, pour les sages me- sures que l'adminislration a prises pendant eet été, afin de ne pas laisser manquer la ville de l'eau né cessaire a la consommation. En effet, malgré la sécheresse toute exceptionnelle qu'il a fait durantsept mois et malgré l'absence de pluie, les puits de la ville et ceux des particuliers, bien que le contraire fut a craindre, n'ont pas été un jour a sec et les fossés ont pu être tenus a un niveau convenable. Ge résultat n'a pu, dans les circonstances ac- tuelles, être atteint qu'a force de bons soins et de vi gilance. Nos édiles ont ainsi rendu un véritable et grand service a Ia santé publique, a ('industrie et a tous les habitants riches et pauvres de la ville. Nous ne l'oublierons pas. Veuillez, Monsieur, leur en témoigner notre grati tude en publiant la présente dans un prochain nu méro de votre estimable journal. Agréez, etc. Jusqu'ici les habitants d'Ypres s'étaient plaints de la pénurie et de la mauvaise qualité des eaux alimentaires. C'était juste titre l'administra- tion communale elle même le reconnaissait quand elle ordonnait l'étiide d'un nouveau système de distribution des eaax, étude pour laquelle, soit dit en passant, le conseil a allouê une somme de 15,000 francs en pre perte. Nous examinerons un autre jour si l'administration a renouvelé et perfectionné cette mnée a notre profit le miracle de Cana. Bornons nous pour aujourd'hui a une simple réfiexion qui se présentera tout naturelle- ment l'esprit de quiconque lira la lettre du Progrès. Comment ceux qui ont voulu donner au collége échevinal une marque de gratitude méri- tée leur point de vue, n'ont-ils point songé signer leur missive Cette formule des bour geois reconnaissants est bien trop vague pour avoir quelque valeur des noms propres peuvent seuls nous dire l'importance et le caractère de cette manifestation insolite. La lettre dont nous nous occupons a un lien d'intime parenté avec celle de eet électeur indigné qui, lors de la candidature de M. Van Merris au mois de juin, devait réfuter les calomnies (sic) de 1 'Opi nion. Malgré nos offres réitérées de lui prèter nos colonnes, ce brave et indigné électeur n'est jamais sorti de son incognito. Gageons qu'il en sera de même des bourgeois reconnaissants. C'est dans les bureaux du Progrès qu'il faudrait chercher pour les rencontrer. M. A. Van Eecke, le fougueux vicaire de St- Genois, qui du haut de la chaire menapit cette commune du feu céleste, est parti pour l'étranger, d'après ce qu'il nous apprend lui-même par une lettre adressée la Patrie de Bruges. II paralt qu'avant de quitter son pays, ce monsieur a passé par Poperinghenous n'avons pu savoir s'il y a réédité son fameux sermon sur Sodome et Go- morrhe. Chemin de fer d'Ostende a Armentières. Une première section de cette voie, cell e de Thou- rout a Ostende, a été livrée Sexploitation en mat dernier. D'après le traité intervenu entre la Société géné rale d'exploitation et la Société d'Ostende-Armen- tières, il est expressément entendu que, dans I'in- tèrêt des deux parlies contractantes, la construction des deuxième et troisième sections (Thourout a Ypres et Ypres a Warnêton) ne sera commencée qu'après l'achèvement complet de la section de Comines a Ar- mentières. C'est en exécution de cette clause qu'actuellement on travaille a la section de Comines a Armentières. Des renseignements obtenus nous permettent d'an- noncer que plus de la moitié des traxaux de terrasse- ment exécuter entre Comines et Warnêton sont achevés et que ceux de maconnerie sont fort avan cés. II nous a été impossible de bien nous renseigner sur le tracé de la voie. Au moment actuel, aucun plan n'a été rendu pu blic et l'enquête exigée par la loi n'a, par conséquent, pas encore eu lieu. Voila pourquoi nous sommes forcés de parler d'après des on-dit. II est question, nous assure-t-on, de changer com- plétement le tracé primitif, a partir de Warnê ton. D'après ce tracé, la voie sedirigeait en ligne droite de Comines a Warnêton partant de cette dernière localité, elle fesait une courbe a un kilomètre en deca de Pont-Rouge et partait ensuite directement sur Ar mentières, traversant la Lys prés de cette ville. Si nous sommes bien renseignés, voici les changements qu'on élaborerait le projet primitif serait maintenu jusques la courbe de Pont-Rouge de la, au lieu de tourner a droite, la voie traverserait la Lys a Pont- Rouge même et se dirigerait vers Armentières par Ferlinghien el Houplines. De cette facon,la quatrième section du chemin de fer d'Ostende a Armentières n'aurait que sept kilomètres en Belgique au lieu de treize lel que le portait le projet primitif. Qu'en pensera l'Etat beige auquel, dans un certain temps, revient la propriété des chemins defer Consentira-t-il ace détournementde six kilomètres qui va profiler h l'Etat francais Nous nous abtiendrons de toutes autres réflexions jusqu'a plus amples renseignements. Lorsque les concessionnaires du chemin de fer d'Ostende a Armentières auront deposé leurs plans, nous pourrons juger en pleine connaissance du tracé qu'ils vont suivre. DES BOURGEOIS RECONNAISSANTS.

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1868 | | pagina 2