JOURNAL D'ÏPRES DE L'ARRONDISSEMENI YPRES, I)imanche Sixième année. N° 45. 8 Novembre 1868. Paraissant le dimanche. PK1X U'ABOXXEIIËXT POUR LA BELGIQUE francs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, Ie port en sus. Un Numéro 25 Centimes PRIX DES ANNONCES ET DES RECLAMES 10 Centimes It petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes. Le tout payable d'avance. Laissez dire, laissez-vous bl&mer, mais pubiiez votre pensèe. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journal, ches Ff.i.ix Lambin, imp.-ah., rue de üixmude, 59. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres ou envois d'aryent doivent étre adressés franco au bureau du journal. 31. Jules Van llerrls et Jules César. Les frères et amis ne sont pas rassurès du tout, parait-il, sur les dispositions de la Chambre h l'égard de M. Van Merris. Le Progrès, naguère encore si superbe de morgue et d'arrogance, le Progrès porie maintenant l'oreille basse et ne trouve plus même une injure répondre a tout ce qui se dit, dans la presse, de l'opposition qui me nace le représentant de Poperinghe. S'il est vrai, comme on l'assure, que Ie minis tère, en qui les frères et amis avaient placé leurs espérances, a péremptoirement refusé de prendre aucune espèce d'engagement, s'il est vrai que plusieurs membres de la gauche, pres- sentis par M. Alphonse Vandenpeereboom, se sont renfermés dans des réporises évasives, pleioes de réticences de mauvais augure, nous compre- nons le désarroi de la coterie ses affaires sont bien ma lades. Car la coterie n'avait qu'une chance desuccès, c'est d'arriver faire de l'admission de M. Van Merris une question de parti. M. Vandenpeere boom, un fin politique sous des dehors de bonhornme, l'avait bien compris. Aussi, dès qu'il eut vent de l'opposition qui se préparait contre son filleul parlementaire, se mit il en quatre pour dormer a cettë opposition une cou leur politique. Nous sommes sauvés, s'était ii dit non sans raison, si je parviens a persuader a mes amis de la gauche que tout le bruit que I'on fait autour de l'élection de mon cher Jules vient des radicaus et des cléricaux, et leur faire considé- rer I'exclusion du représentant de Poperinghe comme un échec pour Ie parti liberal. M. le ministre d'Etat n'a pas de chance depuis quelque temps. Cette fois encore, sa petite tac- tique a échoué. Et comment aurait elle pu réus- sir Qui ne sait que c'est surtout dans la presse libérale que l'élection de M. Van Merris a soulevé les plus vives répugnances Sans parler de 1'Opi nion, qui peut passer pour suspecte aux yeux de quelques-uns, qui ne se rappelle ce qu'ont dit de cette élection le Journal de Courlrai, le Journal dePéruwelz, le Journal de Bruges et tant d'autres, dont les convictions libérales ne sauraient être douteuses pour personne? Non, ce n'est point la presse de l'opposition qui s'est le plus occupé de M. Van Merris. Qu'ou lui en fasse un honneur ou une honte, c'est la presse libérale, la presse doctrinaire qui s'est éraue la première et qui a appelé sur les élections d'Ypres l'atteution du pays et de la Chambre. Le Progrès lui-mème n'oserait pas le nier. M. Alphonse Vandenpeereboom aura done beau faireil demeurera acquis aux yeux de la Chambre que les réclamations qui s'élèvent contre la vali dation des pouvoirs de M. Van Merris ne sont point dictées par un étroit esprit d'opposition,mais par un sentiment commun a tous les partis sou- cieux de l'honneur du pays et de la dignité parle mentaire. Nous l'avons dit souvent, nous le répé— tons encore nous ne sommes point les juges de M. Van Merris. A Dieu ne plaise que nous ajou- tions une foi aveugle tous les bruits que sa can didature et son élection sont venus réveiller. Ces bruits sont faux, calomnieux, nous voulons le croire. Mais César répudia sa femme, non point paree qu'elle était coupable, mais paree qu'elle était soup$onnée. César comprenait la dignité du pouvoir autrement que M. Van Merris. Nous saurons bientöt comment la comprend la Chambre des représentants de Belgique. BS. Alphonse VaiMlenpeerebooin parrain de SS. San S3 orris. Au moment ou !a Chambre est appelee a staluer sur l'élection de M. Van Merris, il ne sera pas inutile que MM. les représentants connaissent exactement quelle était la force respective des partis dans notre arrondissement avant les elections du moisdejuin 1868 et l'influence que la candidature de M. Van Merris a exercée sur le résultat de cette dernière lutte. Nous ne serons pas longs. C'est en 1863 que, pour la première fois, la tran saction qui avait ete respectée jusqu'alors étant rom- pue, les deux partis opposeren» liste a liste. Le résul tat de la lutte fut que M. Ch. Van Renynghe fut élu par 1006 voix contre 954 donnees a M. Vandenbo gaerde, candidal liberal. Difference eh faveur des catholiques 52 voix. En 1864, nouvelle lutte. M. Ch. Van Renynghe oblient 1034 suffrages. M. Vaudenbogaerde, 970. Difference en faveur des catholiques 64 voix. En 1867, troisième lutte, cette fois, pour le Sénat. M. Mazeman, candidat liberal, obtient 1133 voix et M. de Vinck, 914. Difference en faveur des libéraux 129 voix. Enfin, en 1868, M. Van Merris devient le candidat liberal ei est élu par 1013 voix contre 1008 données a M. Van Renynghe. Difference en faveur des libé raux 5 voix! Cent vingt-quatre voix de perdues, voila done le résultat elair et net de la candidature de M. Van Merris. II y a mieux que cela. Ou cherche a justifier le choix que l'ou a fait de M. Van Merris par la nécessite d'opposer a M. Van Van Renynghe, de Poperinghe, un candidat liberal de la même localite. Les chiffres vont donner un éclatant démenti ce prétexte. II nous suffira de citer les résultats fournis par le bureau de Poperinghe dans les élections légis- latives depuis 1863. Bureau de Poperinghe. 1863. Electeurs votants 393 M. Vandenbogaerde obti' 159 suffr., soit 40 p. c. M. Van Renynghe 250 63 1/2 p. c. Différence en faveur du candidat catholique 2Sp.c. 1864. Electeurs votants 423 M. Vandenbogaerde 183 voix, soit 43 1/2 p. c. M. Van Renynghe 242 57 p. c. Différence en faveur du candidat catholique 13 1/2 p. c. C'est-a-dire que, d'une année a l'autre, le parti libérêl a gagné 10 1/2 p. c. dans Ie canton de Poperinghe. 1867. Electeurs votants 463 M. Mazeman obtient 225 voix, soit 48 1/2 p. c. M. de Vinck. 234 50 1/2 p. c. La difference n'est done plus que de 4 1/2 p. c. en faveur du parti catholique et les libéraux se trouvent avoir fait un nouveau progrès de 6 p. c. sur les élec tions de 1864. 1868. Electeurs inscrits 473 M. Vau Merris obtient. 248 voix, soit 52 1/2 p. c. M. Van Renynghe. 239 50 1/2 p. c. C'est-a- dire une différence de 2 p. c. en faveur du candidat liberal. En sorte que les libéPaux qui, dans le canton de Poperinghe, avaient progressé de 10 p. c. de 1863 a 1864 et de 6 p. c. de 1864 a 1867, n'ont plus pro gressé que de 4 p. c. en 1868. Et c'est en présence de ces chiffres irrécusables qu'on ose parler de la grande popularité de M. Van Merris dans le canton de Poperinghe On vient de voir ce que cette candidature a produit dans ie canton de Poperinghe. Voyons ses résultats dans le canton d'Ypres. MM. les représentants pour- ront y puiser plus d'un renseignemeut precieux. Bureau de la ville d'Ypres. 1863. Electeurs votants 509 M. Vandenbogaerde 336 voix, soit 66 p. c. M. Van Renynghe. 147 29 p. c. C'est-a-dire une difference de 37 p. c. en faveur des libéraux. 1864. Electeurs votants 515 Al. Vandenbogaerde 322 voix, soit 62 1/2 p. c. M. Van Renynghe. 182 35 Q2 p. c. C'est-a-dire une différence de 27 p. c. en faveur des libéraux. 1867. Electeurs votants 572 M. Mazeman 374 voix, soit 65 1/2 p. c. M. de Vinck. 186 - 32 1/2p.c. C est-a-dire une difference de 33 p. c. en faveur des libéraux.

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L’Opinion (1863-1873) | 1868 | | pagina 1