JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
Y I* 11 ES. 15i manche
Sixième année. - N° 46. 15 Novembre 1868.
B»S6BX DMItOXSRHEIT
POUR LA BELGIQUE
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Qui nous sommes.
II est de certains induslriels que les réverbères gê-
nent. Alors comme ils n'osent les briser, de peur du
tapage, ils les couvrent de boue. Que d'injures, que
d'outrages les frères et amis ne nous ont-ils pas
jetés a la tête pour nous perdre dans I'opinion publi-
que III y a deux ans, nous étions des révolutionnaires,
des radicaux de la pire espèce. Aujourd'hui ils cher-
chent a nous représenter comme des cléricaux dégui-
sés, apótres hypocrites de la liberté, mais dévoués,
dans le secret de notre coeur, aux doctrines du Sylla
bus.
Nos lecteurs nous connaissent depuis trop long-
temps pour que nous sentions le besoin de nous justi-
fier de ces accusations ineptes. Le suffrage universel,
la seule idéé radicale qui, depuis 1830, ait franchi
leseuil de la Législature beige, nous l'avons combaltu,
ils doivent s'en souvenir, avec non moins d'énergie
que les doctrines insensées de l'Encyclique. Nous ne
sommes done ni des radicaux ni des cléricaux et les
a frères et amis perdront leur peine a broyer, l'un
après l'autre, du rouge et du noir pour nous donner
une couleur autre que la nótre, qui est celle du plus
franc et du plus pur libéralisme.
II est vrai qu'après avoir soutenu en 1863 eten 1864
la candidature de M. Vandenpeereboom, nous avons
refusé de la soutenir aux élections de 1868, sans
toutefois donner la main a celle de M. Yan Renynghe,
qui a trouvé en nous un constant adversaire mais
on peut, pensous-nous, se tenir pour bon liberal tout
en repoussant la candidature de l'auteur de la circu
laire sur les écoles d'adultes, du ministre qui a blOmé
l'instituteur Lagage et placé le clérical M Lelièvre a
la tête du libéral conseil communal de Namur.
Selection de AI. Yan Merris a la Chambre.
La Chambre a remis tnardi prochain la dis
cussion du rapport de la commission chargêe
d'examiner les pouvoirs de M. Van Merris. A
l'heure oü nous écrivons ces lignes, le travail de
la commission n'a pas encore paru et nous en
ignorons absolument les conclusions. On sait
pourtant, dès aujourd'hui, que la discussion por
tera principalement sur une quinzaine de bulle
tins, presque tous favorables a M. Van Renynghe
et que Ie bureau électoral a cru pouvoir annuler,
soit paree qu'ils contenaient des indications pré-
tendument interdites par la loi, soit paree que
leur contexture devait les faire considérer comme
des billets marqués.
Nous connaissons trop imparfaitement les faits
pour discuter la légalité des décisions du bureau
électoral. Mais il nous est impossible de ne pas
faire remarquer que si la loi nouvelle doit ètre
iüterprétée dans l'esprit êtroit qui semble avoir
présidé a ces décisions, loin d'aösurer davantage
la siucérité des élections, elle 1'aura diminuée, en
réalité, en autorisant les bureaux annuler les
bulletins sous les plus futiles prétextes.
La loi nouvelle est aussi bonne qu'on a pu la
faire, mais elle est déja bien assez rigoureuse par
elle-même sans que Ton ajoute encore a sa ri
gueur par une interprétation restrictive qui
sous prétexte de garantir l'entière sincéritê du
scrutin, aboutirait priver de leur droit de vote
une foule de citoyens parfaitement libres et indé-
pendants.
On nous a cité des bulletins annulés paree
qu'ils portaient les noms des reprèsentants sor-
tants unis par une accolade, et cela par Ia raison
que cette accolade constitue une marque qui ren-
dait ces bulletins reconnaissables.
Eh bien, nous le demandons tous les hommes
de bonne foi une fois lancé dans cette voie, oü
s'arrêtera l'arbitraire des bureaux? Car si une
accolade peut ètre considérée comme une marque,
un point omis sur l'i ou un accent négligé ne
seront pas moins suspects, et il faudra annuler le
vote d'un électeur paree qu'il aura omis de mettre
un accent aigu sur le nom de M. Béke ou un point
sur l'i de celui de M. Van Merris, c'est-è-dire
que, sous prétexte d'empècher la fraude, on aura
créé le plus épouvantable arbitraire et que les
bureaux décideront, en maitres absolus, du sort
de l'élection.
La Chambre est la, nous dira-t-on, pour con-
-tróler les opérations du bureau. Nous ne disons
pas autre chose uous-mêmes, et nous espérons
bien qu'elle saura accomplir son devoir en dehors
de toutes les suggestions au moyen desquelles ou
cherche a égarer son jugement.
SOMMATIOH.
M. Vandenpeereboom n'est pas trés rassuré,
parait-il, sur le résultat de la discussion qui va
s'ouvrir mardi prochain. II nous revient de Bruxel-
les que notre excellent représentant, trés ému du
tapage qui se fait autour du nom de M. Van
Merris, assiège ses collègues de ses sollicitations
en faveur de son filleul, qu'il déclare, sur son
honneur personnel, lb plus honnètb et le plus
galant horame du monde.
Nous comprenons l'émoi de M. le ministre
d'Etat. Au point oü les choses en sont arrivées,
rannulatiou de lelection de M. Van Merris
serait pour lui-même un échec totit aussi grave
que pour le candidat qu'il a tenü sur les fonds
baptismaui.
Plus grave peut-être car s'il est naturel que
M. Vaü Merris, attaqué dans ses mceurs, comme
il le dit lui-même, ait pensé solliciter du corps
électoral un verdict d'absolutibn, on s'explique
moins qu'un homme dafis la position de M. Van
denpeereboom ait cru pouvoir assorier le sort de
son élection a celui d'üii céndidat dont l'honneur,
de son propre aveu, a besoin d'une telle attesta
tion.
Nous admettons done fort bien que M. Vaü-
denpeerebóom se mettë en quatre póuë sauver són
filleul de l'ostracisme qui le menace mais il
voudra bien admettre aussi que nous relevions les
petites erreurs qu'il lui arrive de commettre dans
les conversations qu'il échange avec ses collègues
de la Chambre au sujet des attaques dirigées
contre M. Van Merris.
M. Vandenpeereboom affirme ses collègues
que ces attaques out une origine cléricale, que ce
sont les cléricaux qui, les premiers, ont répandu
ces calomnies infümes dans le but de punir M. Van
Merris d'avoir trompé leurs espérances en accep
tant une candidature libérale pour le Conseil pro
vincial.
Nous en sommes bien füchés pour le parrain de
M. Van Merris, mais ses souvenirs le servent mal.
Ce ne sont pas les cléricaux, mais bien ses propres
amis, les libéraux de Poperinghe, qui ont ouvert
la campagne contre son filleul, en 1860, quand
M. Van Merris con^ut, pour la première fois, le
projet de solliciter le mandat de conseiller pro
vincial.
Et quand nous affirmons que ces bruits ont été
propagês tout d'abord par les propres amis de
M. Vandenpeereboom, nous n'avatiQons rien que
nous ne soyons en mesure de prouver immédiate-
ment. Que M. Van Merris nous fasse savoir qu'il
ne nous poursuivra pas du chef de reproduction de
ces calomnies et nous nous engageons a publier
l'instunt même les articles des journaux libéraux
de l'époque ou sa vie privée est attaquée sous un
voile des plus transparents, avec une virulence et
une grossièreté de langage qui n'a jamais été éga-
lée, depuis, par ses plus cruels adversaires.
Pas de subterfuge, pas de faux-fuyant. Nous
attondons l'autorisation de M. Van Merris, et,
s'il nous la donne, dès dimanche prochain, nous
tiendrons notre promesse. Est-ce entendu, M.Van
denpeereboom
Que si M. Van Merris garde le silence,
MM. les reprèsentants a qui M. Vandenpeere
boom raconte sa petite histoire sauront désormais
a quoi s'en tenir sur la conspiration cléricale dont
son filleul serait prétendument la victime. Ils sau-