les candidats-promesses il est vrai que !e dot
recule souvent épouvanté, rnais qu'importe aux
dieux du jour ils sont au port et ils y restent.
Après ga, on a beau rappeler a ces oublieux vo
lontaires Ia fidélité au drapeau, les principes pro-
clamés et acclamés au Congrès libéral, la nécessité
de la morale en action, la seule bonne, de
la doctrine dans les faits, des convictions en chair
et en os, l'exécution des engagements de 1847,
exécutés, hélas ils le sont la violente
antithése que constituent les doctrines d'hier et
les actes de tous les jours.... Bon pour distraire
la galerie, ces bêtisesMon Dieu, si les grands
hommes devaient s'arrèter ces vétilles, quelle
destinée de cuistre
Amuser et satis faire la badauderievoila le
grand art. Et M. Vandenpeereboom y réussit
merveille Tuteur-né des échines bien sou-
ples, des dévouements qui glissent jusque dans les
bas-fonds oü se recrutent les soldats d'arrière-
garde, le grand ministre d'Etat est de ceux
qui, comme moyer, gouvernemental etd'influence,
ont poussé a la pratique constante de cette maxime
de St-Acheul
Que les services électoraux, rendus et sur-
tout a rendre, directement ou indirectement, doi-
vent avoir le pas sur le mérite, le caractère, l'in-
telligence, les droits acquis.
Que c'est chose méritoire, fructueuse, ha
bile, sinon d'une irréprochable moralité,
d'attirer dans les filets doctrinaires, a l'aide des
séductions connues, les ftmes restées libres et in-
dépendantes.
Que Ie favoritisme clérical est odieux, au
mème titre que le favoritisme du libéralisme-
Ruolz est fécond et de bon rapport.
Et volontiers nous rendons a M. Vandenpeere
boom cette justice, que si sa robuste main de
gnerrier-chef laisse vacilleret choir le drapeau de
1847, sou inébranlable fidélité aux doctrines dont
il est, sinon le père, tout au moins Ie Saint-Jo-
sepb, ne s'est jamais démentie. Les cas du
plication ils abondent. En voici un au choix,
qui date de la toute-puissance du zélé protecteur
des droits des instituteurs communaux. II s'a-
gissait de distribuer quelques croix en Fiandre.
La voix pubiique, le sentiment de reconnaissance
surexcité, I'avis chaudement sympathique des au
torités compétentes, imposaient au choix des gou-
veruants, dans le village de Hqui fait par-
tie de l'arrondissement judiciaire d'Ypres, un
homme dont les loisirs sont depuis nombre d'an->
nées noblement consacrés Ia direction d'un ate
lier d'apprentissage. Grêce un dévouement, a un
zèle de toutes les heures, l'établissement d'H....
éclipse tous ses rivaux et l'école qui y est attachée
brille au premier rang. L'organisation en est admi
rable, il n'en sort que des ouvriers d'éliteil n'est
qu'une voix pour le proclamer. Les services désinté-
resséset gratuits rendus a la cause populaire par le
magistrat, l'hommedévouédont il s'agit, un jug!
de paix, libéral sincère et honnète, qui a su
commander le respect de son opinion a une popu
lation fanatique, devaient être particulièrement
méritoires aux yeux du grand ministre qui
proclame urbi et orbi ses brülantes sympa
thies pour les amis et les bienfaiteurs de l'ensei-
gnement du peuple?...
En effet, voulant reconnaltre par un témoi-
gnage public de reconnaissance et de bienveillance,
les services rendus par le juge Vfa cause
des écoles, le gouvernement décore.sonvoisin,
le Président fanatique de St-Yincent de Paul
L'on s'imagine peut être que le congé donné
au grand ministre d'Etat a modifiè ou mis
fin ces tristes palinodiesPointCorame
la pieuvre de Victor Hugo, les traditions de
M. Vandenpeereboom s'attachent aux flancs du
ministre et continuent a féconder la politique li
bérale.
Oyez encoreUn siége de Président de tribunal
est vacant dans une desgrandes villes du royaurae.
La magistrature, le barreau, sans acceplion d'o-
pinion, les justiciables, désignent pour remplir
cc poste difficile, un homme hors ligne. Juriscon-
sulte éminent, avocat de premier ordre, homme
de science et de discussion, convictions ardentes,
intelligence et pratique du droit, loyauté, services
désintéressés rendus a la cause du progrès, dans
la magistraturelapresse et l'administration, pro-
bité rigide, éloquence environné, enveloppé de
l'estime de ses adversaires mèmes il a tout pour
lui. La Cour d'appel manifeste les sympathies que
cette candidature rencontre dans son sein, s'ap-
prête a dormer a ce nom d'élite la première place
sur sa lis te.
Mais on consulte le ministère un grand conseil
s'assemble et l'on décide Ah! M. Vanden
peereboom comme votre politique est justifiée
qu'attendu les services éclatants rendus I'opi-
nion libérale par le futur candidat au siége de
la présidence du tribunal de G..., ouï le réqui-
sitoire du journal le Bien public, de I'avis con-
forme de Leurs Grandeurs les Évêques... il
est fort inutile de se compromettre vis-a-vis des
cathoüqueset la Cour est priée de jeter les
yeux sur un candidat plus agréable!
Quand done nos gouvernants daigneront-ils se
souvenir du mot de Dupin Les honnêtes geus
mettent leurs maximes en pratique
Correspondance particuliere de l'OPltltt.t',
Bruxeltes, 20 Novembre.
Vous connaissez déja, par lesjournaux de Bruxel
les, le resultatdu vole sur I'eleciion de M. Van Mer-
ris. Par 57 voix coulre 33, la Chambre a declaré
cette election pure de tout reproche et aduiis votre
représentant a la prestation du serment.
Bien que ce résultat lüt parfailetneni prevu d'a-
vauce, deux jours duraut, les tribuues se sont trou-
vees comble comme aux plus beaux moments de nos
graudes lultes parlementaires. Beaucoup dYprois,
suriuut. On les reconuaissail aisement a fauxieie
avec laquelle ils suivaienl les debals. Selection etait-
elle conibatlue"? leurs traits s'allongeaieul et on les
voyait s'iuierroger les uns les autres d'un regard
soucieux. Puis, quand venait le lour d'un or,ileur de
la gauche, il eut fallu voir leur joiel Punches sur le
rebord de la tribune, la têLe eu avant, l'ceil ecar-
quillè, la bouche ouverte, vous les eussiez pris p»ur
des badauds arrêtes devant un spectacle de loire.
Bonnes gens, braves gens, qui douiaient encore de
leur triomphe et qui l'esaient a la Chambre l'houueur
de croire qu'elle pourrait hésiter.
Mais aussi, quel enthousiasme, quel dèlire après la
proclamation du scrutinl Une heure apres, je les ai
rencontres au Passage en compagnie de leur repre-
seutanl bien-aime et ils en etaicni encore a se serrer
les mains et a s'embrasser comme si la grande nou
velle datail d'un instant. Les pa^sants s'arrèlaient,
s'interrogeaient les uns les autres, un nom etait pro-
nonce el c'elaient des chuchotteinents el des coin-
menlaires que vous me dispenserez de vous repeter.
Si iVl. Van Merris a l'ambition de la uotorielè, il doit
être peimment satisfait. Ses desirs sont combles au-
dela de tout ce qu'il peut croire.
II me parait bien inutile de vous dire ce qu'a été
Ia discussion a la Chambre. Vos iecteurs ont pu l'ap-
precier par eux-mêtdes el je ne saurais rien ajouter
au degoüt qu'elle leur a inspire. Je relève cependanl
un point important, c'est que MM. Pirrnez el Tesch,
c'est-a-dire les deux jurisconsultes les plus conside
rables de la Chambre, ont formellemenl condamne la
decision prise par le bureau électorjl d'Ypres en ce
qui concerne les bulletins indiquant M. Van Renynghe
par sa quahte de bourgmestre. II est vrai qu'après le
langage qu'ils avaient teriu lors de la discussion du
projet de loi sur les fraudes electorales, ces messieurs
n'auraient pas pu faire autrement.
M. Vandenpeereboom a eu un mot malheureux,
c'est quand il a dit que le bureau electoral était beau
coup mieux que la Chambre en élat d'apprécier l'é-
lection de M. Van Merris, paree qu'il était sur les
lieux. II y a eu un instant de fou rire dans l'assem-
blée et l'orateur, qui ne manque pouriant pas d'a-
plomb, a rougi jusque dans le blanc des yeux. Le
discours de M. Vandenpeereboom n'a pas encore
paru au Moniteur; maisje serais bien élonné si le
mot s'y retrouvait. Ma'heureusement la tribune des
journalistes l'a recueilli, el hier il a fait fortune.
üu s'est beaucoup amuse des calculs de M. Lelièvre
qui, pour n'offenser personne, a trouvé le mnyen
d'attribuer aux deux candidats exaetement le même
nombre de suffrages et qui s'est esquive, au moment
du vote, pour n'a/oir a prendre parti ni pour l'un
ni pour I autre. Triste expedient, queM. Lelièvre
peut croirefort habile, mais qui n'a trompépersonne.
II parait positif que Ie ministère a I'inlention de
demander que le projet de loi sur la milice soit dis—
cuté dans le courant de la présente session. Dieu
veuille que cette bonne nouvelle se confirme, car tl
est grand temps, en verite, que les abus du regime
actuel disparaissent pour faire place a un ordre de
choses plus equitable et mieux approprie a l'état de
nos mceurs.
D'après un bruit qui circulait hier a la Chambre,
la droite aurail resolu d'ajourner les interpellations
sur les affaires de St-Génois jusqu'a la discussion du
budget de ('Intérieur. J'ai peine a croire, pour ma
part, que ce bruit soit fondé car si les prevenuS sont
renvoyésdevant lesassises, il est a supposer que leur
procés sera terminè avanl que l'on discute le budget
de l'lntérieur a la Chambre, et ies interpellations, ve-
nant après le verdict du jury et les debats de la Cour
d'assises auraienl perdu a peu prés tout leur intérêt.
M. le Bourgmestre de Bruxelles a beaus'èpoiser en
efforts d'eloquence pour ètablir aux yeux de ses ad-
miuislrés qu'il a conduit toute cette affaire de I'assai-
nissement de la Senne avec autant d'intelligence que
d'habilete. L'opinion pubiique se montre de plus en
plus rebelle a ses demonstrations Je puis vous aflir
merquesi M. Anspachsoumetiait domain sa conduite
au corps èlectoral, il aurail contrelui les trois quarts
des electeurs. Aussi prendra-t-if soin de n'en rien
faire
Je ne voudrais pour rien au monde que ce que je
vous dis lalaissêt planer le moiiidre doutesur 1'hono-
rabilitedeM. Anspach. Aussi je m'empressed'ajouler
que les reproches qu'on lui adresse ne sont point
de nature a metire son honneur en suspicion. En
depit des suggestions de quelques petits journaux
sans aveu, personne ne croit iei que M. Anspach ait
trempé dans Ies sales affaires de MM Doulton et
Schwann. Mais on lui reproche une excessive légè-
rete, une élourderie impardonnable, et malheureuse-
menl, ce sont la des griefs auxquels Ies faits donnent
une autorité incontestable.
L'appel du jugement qui a renvoyé M. Doulton des
poursuites dirigées contre lui viendra probablement
devant la Cour dans Ie courant du mois prochain.
Bien que la loi n'en fasse pas une obligation au mi
nistère public, il parait que les témoins enlendus en
première instance Ie seront de nouveau devant la
Cour.
II court beaucoup de bruits sur cette affaire et, na-
lurellement, il faut faire une grande part a la calom-
nie; mais il y a des faits qui demandent a être expli-
ques M. Keymolen devait recevoir 200 mille francs
jamais on ne fera croire a personne que c'est pour
avoir eu I'idee de placer la Bourse sur l'ancien Mar-
ché des Rècollets. M. Veldekens, conseiller commu
nal, a vendu sa m.iison de la rue des Fripiers, cent
mille francs au moins de plus que sa haute valeur.
Encore unefois, on veutsavoirla raison vraiede cette
gènerositè excessive de M. Doulton envers M. Velde
kens.
Les debats devant la Cour d'appel nous éclaire-
ront-ils mieux que ceux de première instance sur
ces points intéressants? C'est ce que nous saurons
bien tót.