2 1 b) Les frais
te bruit a circuló, ces jours derniers, que la Reine
se trouvait, depuis quelques mois déja, dans une po
sition intéressante. Je ne suis en mesure ni de confir-
rner ni de contredire cette nouvelle. Tout ce que je
puis vous dire, c'est que voila la cinquième ou
sixième fois que je la retrouve dans la circulation de
puis deux ans. II faut croire que le nouvellisle qui
s'en est fait une spécialité y met de l'ordre et qu'il a
ses moments, réglés d'avance, pour les relancer dans
la publicité.
On est sans informations de la Princesse Charlotte.
Je vous ai dit déja que la princesse vit fort retiree et
qu'elle ne recoit personne en dehors de sa parenté.
L'archevèque de Malines continue pourtant a lui faire,
de temps a autre, une courle visitemais il arrive
parfois, bien que la princesse l'ait en très-grande
estime, qu'elle refuse de le recevoir. Quand cela ar
rive, on pentêtre certain de revoir bientót le prélat a
Laekeu c'est que la Princesse s'est repentie et qu'elle
a fait prier M. Dechamps de lui pardonner.
Le retour de M. Laguerronière Bruxelles était
annoncé pour le 10 de ce mois mais une indisposi
tion subite l'ohiigera a prolonger son séjour a Paris
de quelques jours. Le caractère de la mission confiée
M. de Laguerronnière n'a plus rien, du reste, qui
préoccupe l'attention publique. On ne parle pas plus
en ce moment de l'union douanière avec la France
que du traité que nous venous de conclure avec le
royaume de Siam.
La discussion du budget des voies el moyens a vu
renouveler ie sempiternel débat sur la question des
cabaretiers. MM. Coomans et Dumortier ont fait, sur
ce sujet, leurs discours d'il y a un an, d'il y a deux
ans, leurs discours de toujours. Cela finit par devenir
agacant et l'opposition ne s'en est pas cachée quand
M. Dumortier a demandé la parole a la fin de la séance
d'hier. Mais M. Dumortier n'est pas de ces orateurs
qu'intimident les mauvaises dispositions de son audi-
loire. Au contraire. Véritable salamandre oratoiré, il
ne vil jamais aussi pleinement qu'au milieu du feu de
la discussion. La question des cabaretiersmalheureu-
sement, prête peu a l'éloquence et toute la verve du
représentant de Roulers ne saurait faire qu'elle ne
soit considérée, même par ses meilleurs amis, comme
entièrement épuisée.
V
Au fond, je ne comprends pas bien ce que veut
l'opposition. Demande-t-elle l'abolition du droit de
débit sur les boissons distillées Non; elle veut que
ce droit soit maintenu, mais qu'il cesse d'être consi-
déré comme un impót direct. Or, cela est tout bon-
nement impossibleil ne dépend pas de la loi de
cj^mger la nature des choses. Sans doule, 011 peut
déplorer que l'élément cabaretier prenne une si
grande part au scrutin, et sans admettre les exa-
gérations de MM. Dumortier et Coomans, on peut
croire qu'en efïet, ia loi actuelle autorise certaines
fraudes qu'il est du devoir du lógislateur de préve-
nir. M. le roinistre des Finances a reconnu lui-même
qu'il y avail quelque chose a faire sous ce rapport
mais, quoi qu'on fasse, ce qui est absolument impos
sible, c'est de dèclarer par une loi qu'un impót,
éminemment direct, sera néanmoins tenu pour un
•impót indirect. C'est comme si l'on demandait a la
Chambrede proclamer que les cercles sont carrés et
que les trois angles d'un triangle ne sunt pas egaux a
deux angles droits.
La discussion du budget de la Justice suivra imrné-
diatement celle du budget des voies et moyens. On
s'attend toujours a un grand débat qui embrassera,
dans leur ensemble, tous les aclesde la politique mi-
nisterielle. On a dit, dans quelques correspondences
adressées des journaux de province, que plusieurs
membres de la Droiteauraient désiré que ce débat fut
écarté et que même un dissentiment assez grave avait
éclaté, p ce propos, dans les rangs du parti catholi-
que. Je crois pouvoir vous afSrmer que ces bruits ne
reposaient sur aucun fondement sérieux et qu'il y a
unanimité, dans la droite, sur la nécessité de provo-
quer, au début de la session, une discussion appro-
fondie de la politique du ministère.
Malheureusement pour elle,la droite se trouve,en ce
moment, réduite a des ressources oratoires fort res-
treintes MM. Dechamps et Dedecker out quitté la
Chambre M. Schollaert boude, M. Nothornb se voit,
par suite des affaires Langrand-Dumonceau, dans une
position personnelle qui ne lui fait pas désirer de se
mettre en évidence. Bref, elle ne peut guère compter
que sur M. Jacobs, qui est un jeune homme d'un in
contestable talent, mais dont la parole n'a pas encore
conquis assez d'autorité sur la Cbambre pour que
Foppositiompuisse lpi confier, sans inquiétude, le soin
de ses destinées dans un débat destiné a prendre de
très-vastes proportions.
Le réquisitoire du ministère public dans l'affaire
Delaet a produit ici une trés vive impression. Mer-
credi dernier, quand le représentant d'Anvers a fait
son entrée dans la salie des séances, tous les regards
se sont fixés sur lui. On voulait savoir comment por-
tait le coup terrible que ce réquisitoire venait de lui
lancer en pleine poitrine. Je dois dire que M. Delaet
a fait bonne mine a mauvais jeu. Cependant il avait
l'air assez gêné et il m'a paru fort soulagé quand
M. Jacobs est arrivé a lui et l'a tiré a part sans doute
pour Ie dérober a l'attention politique.
L'affaire Doulton est fixée en appel au 18 de ce
mois. II est certain maintenant que tous les témoins
entendus en première instance seronl réassignés,
M. le Procureur général de Bavay annon9ant haute-
ment la prétention de tirer cette affaire beaucoup
mieux au clair qu'elle ne l'a été devant le tribunal
correclionnel. Je dois dire pourtant qu'au palais, l'o-
pinion la plus aceréditée veut que le jugement d'in-
compétence soit maintenu par la Cour d'appel.
D'immenses affiches annoncent Ia prochaine appa
rition d'un nouveau journal quotidien, la Chvonique.
La Chronique, comme les Nouvelles du jour, se ven
dra deux centimes le numéro et promet a ses lecteurs
des renseignements complets sur tous les faits inté
ressants de la vie politique, induslrielle et artisüque.
Si elle tient parole, voila un concurrent redouiable
pour fes Nouvelles du jourqui se sont, jusqu'a pré
sent, renfermées presqu'exclusivement dans le do-
maine de la fantaisie.
Le théêtre de la Monnaie se trouve de nouveau en
plein désarroi par suite de l'indisposition prolongée
de sa prima dona, M,Ie Marimon, qui a failli raourir
des suitps d'un empoisonnement produit par un excès
de belladone. Le directeur vient d'adresser sa démis-
sion au Collége échevinal qui refuse, parait-il, de
l'accepter dans les conditions oü elle lui est offerte.
On pense que toutes les difficultés finiront par s'apla-
nir pour le moment, mais que M. Letellier maintien-
dra irróvocabiement sa démission pour la saison
prochaine.
Télégraphes.
M. Ie ministre des Iravaux publics vient de sou-
meltre au Roi un arrêté portant application a notre
service lélégraphique intérieur des dispositions ré-
glementaires de la convention internationale révisée
par la conference de Vienne, eomprenant le maintien
du tarif réduit en 4865 et extension de ce traité a
toutes les catégories de correspondances, les opera
tions accessoires étant payées a part au taux ordi
naire.
Aux termes de eet arrêté, les taxes de deux francs
el d'un franc appliquées respectivement, depuis le
1" décembre 1865, aux télégrammes, recommandés
el spéciaux, sont supprimées.
La taxe du télégramme ordinaire, entredeux points
quelconques du territoire beige, reste fixée a un
demi-franc par série indivisible de vingt mots, y
compris la remise a domicile dans la localité desser-
vie par le bureau d'arrivee et, le cas échéant, le tran
sport par voie postale, soit jusqu'au bureau télégra-
phique de départ, soit entre le bureau télégraphique
d'arrivèe et le domicile du destinataire.
La reeommandation, la priorité de transmission et
les opérations accessoires demandées par l'expéditeur
sont taxées séparément.
Le relevé comparatif ci-après permet d'apprécier
l'effet des nouvelles mesures sur le tarif des télé
grammes complexes (avec opérations accessoires)
Taxe p' 20 mots.
Nature des opérations ancien, nouv.
Télégramme recommandé. Fr.
Id. urgent ou de nuit
Id. avec accusé de récept.
Télégramme avecexprès, payé
par l'expéditeur
Id. par le destinataire
Télégramme avec une réexpé-
dition
Id. copie
Id. enregistrement
Id. réponse payée
Les télégrammes pour la Belgique doivent être
complétement affranchis par l'expéditeur, au moyen
de formules timbrées ou de timbres-télégraphe.
Cet affranchissement comprend les opérations ac
cessoires e.tiesirais d'exprès, si l'expéditeur demando
a payer ces frais.
Lorsque l'expéditeur ou son agent présente des es-
pèces au guichet, il lui est délivré, en óchange, des
timbres qu'il est tenu d'apposcr lui-même sur ses mi
nutes.
Pour les correspondances internationales, l'expé
diteur conserve la faculté d'affranchir soit en timbre,
soit en espèces.
Variétés. E.es huitres.
Aujourd'hui que l'on cherche partout dans l'histoire
des héros et des sages pour leur élever une statue,
car bientót chaque commune aura la sienne, je ne dé-
sespère pas de voir les gourmands asseoir sur un
piëdestal l'effïgie de celui qui osa le premier avaler
une huitre, et qui, après l'avoir avalée, ne craignit
pas d'en convenir.
II fallait de l'abnégatibn et du courage, bien des
fois, les lèvres devant se contracter devant ce pro
duit inforine des eaux de la mer bien des fois, les
dents hésitèrent avant de presser cette matière molle
et gluante, d'une apparence si nauséabonde, et quand
on en eut hasardé l'essai, peut-être n'en fallut-il pas
moins de courage ni moins d'abnégation pour le re-
commencer.
Déja, sous les Remains, l'habitude de manger des
huitres, et de les manger a profusion, était trés ré-
pandue parmi les gens riches. lis allaient passer un
quartier d'automne ou d'hiver dans quelque ville de
la cóte de Bayes, oü ils se règalaient d'huitres de Cir-
cei, les plus renommées d'alors.
Je ne pense pas néanmoins que les anciens aient
porté leur consommation aussi loin que les modernes,
car Juvénal, parlant des excentricités culinaires de
ceux qui sont condamnés a une mort certaine, in-
dique le chiffre de cent huitres comme l'extrême li-
mite qu'ils atteignent, ostrea centum Gaurana.
II est vrai qu'aux huitres d'Ostende on préférait les
grosses huitres de Lutrin et celles de Ia mer d'Aqui-
taine, rivales des huitres de Bayes. Nos ancêtres les
Gaulois estimaient singulièrement leurs huitres indi-
gènes, paree qu'éntrainées du fond de la mer dans
des étangs d'eau douce, elles s'y engraissaient et pre-
naient une saveur des plus délicates.
La plupart des huitres jadis en réputation se sont
pres.que toutes perdues, notamment les huitres bor
delaises, appelées depuis huitres de Gravètemais
d'aulres produits analogues les remplacent, et jamais
les anciens n'ont poussé, j'imagiue, aussi loin que les
modernes, aussi loin surtout que M. Coste, l'art de
les multiplier.
L'hultre est hermaphodrite et vivipare, c'est-a-dire
qu'elle engendre des petits tout formés. Au prin temps
elle jette un frai qui ressemble a une goutte de suif,
et dans lequel on distingue, avec la loupe, d'innom-
brables petites huitres qui s'attachent aux rochers,aux
pierres, et qui même s'agglomerent entre elles. Une
huitre produit souvent deux millions de petits.
La génération de cet animal commence vers le mois
d'avril et se termine vers la fin du mois d'aoüt. La
diction populaire, qui proscrit l'huitre pendant tous
les mois de l'année dont le nom ne contient pas la
^ettre R, mai, juin, juillet, aoüt, se trouve conséquem-
2 b 1
2 1
2 b 1b
KA>d'ex.non
2 b 50 i
compris.
2 b 4 b
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