Un avis, s'il est bon, suffit pour nons gnider,
mais il faut vouloir écouter.
Quand dans le temps, l'occasion de la reorgani
sation de 1'Académie des Beaux-Arts et de l'Ecole
professionnelle, nous avons émis quelques observa
tions touchant les changements qu'on inlroduisait
dans cette école, nous avons exprimé notre étonne-
ment de voir la direction confiée a un homme qui n'a-
vait aucun titre pour remplir cette délicate et difficile
mission. Nous avons fait voir ce qu'il y avaitd'anor-
mal dans une pareille délégation etquelles faibles ga
ranties offrait a la jeunesse de notre Académie cette
ingérance insolite dans une matière qui, peut-être
plus que toute autre, exige des aptitudes et descon-
naissances spéciales. Ces observations, nous les avons
faites avec la conviction d'êlre dans le vrai, mais
aussi avec la crainte, hélas! trop fondée, de voir nos
conseils repoussés.
Nous ne nous sommes pas trompésle vice a été
maintenu malgré nos avertissements, et aujourd'hui
encore, il reste debout avec toutes ses mauvaises con-
séquences aujourd'hui, comme alors, nous nous
trouvons devant une commission, bien intentionnée
nous le voulons bien, mais effacée par quelques indi-
vidualités absorbantes, toujours les mêmes et un soi-
disantdirecteur; maisde directeur capable,un homme
du métier, comprenant les besoins de. l'institution,
point. C'est ici que git Ie mal. Nous n'aurions besoin,
pourdémontrer ce que nous avancons,d'autre preuve
que l'abandon dans lequel on laisse Ie cours de con
struction. Qu'on soigne les classes de dessin, de mo-
delage, d'architecture, rien de mieux, nous y applau-
dissons de tout coeur Ie cours de dessin forme la
main de l'élève, il lui apprend a voir juste, il lui
donne de l'oeil, il lui inculque le gout du beau et il est
l'entrée en matière de tout ce qui a trait, de prés ou
de loin, a la peinture, a la sculpture, ['architecture,
a 1'industrie et a tous les arts graphiques les cours
d'architecture et de modelage sont indispensables,
cela n'a pas besoin de demonstration. Mais concoit-on
une école quelque peu compléte sans cours de con
struction? Tous les jeunes gens qui fréquentent l'Aca-
démie n'ont pas un égal besoin de savoir dessiner et
estomper en perfection, mais pour le plus grand
nombre, il est d'une impérieuse nécessité d'avoir des
notions exactes de construction, et cette nécessité est
tellement grande, l'utilité en est tellement évidente,
qu'il n'y a pas de cours que les élèves suivent avec
plus d'assiduité.
Cette vérité a été conslatée partoutil en a été de
même ici. Avant cette année, M. Vinck donnait ce
cours ses lecons étaient suivies avec fruitles élèves
s'y plaisaient, ils en comprenaient toute l'utilité et
s'appliquaient en raison de 1'attrait qu'eiles avaient
pour eux. M. Vinck est parti. Furnes nous l'a enlevé,
Ypres l'a laché.
Notre villene doit-elle être servie qu'aprèsFurnes?
Pourquoi cette indolence ou, pour mieux dire, pour-
quoi cette insouciance' a l'égard d'hommes qu'on vou
dra payer peut-être très-cher, une fois qu'on ne les
aura plus. Après M. Vinck, restait M. J. Demazières.
M. Demazières est un artiste consciencieux, jeune,
studieux, zéié, plein de gout et de talent, d'ailleurs
honorable. On croirait qu'en présence de ce vide laissé
par le départ de M. Vinck, on se hétera d'appeler
l'arehitecte qu'on a sous la main, qu'on sera même
heureux d'utiliser un homme qu'on a bercè, pendant
plusieurs années, de promesses voilées el qu'on a in-
directement alléché par des emplois en l'air; qu'en
administrateurs prévoyants, on se mettra en mesure
d'en tirer, plus ou moins prochainement, parti pour
les travaux de la ville, l'arehitecte en fonctions étant
a Page oü d'ordinaire on n'est pas loin d'aspirer au
repos; bah! oui, cettecombinaison sied tout au plus
a des gens qui raisonnent comme les esprits ordi-
naires, mais pour notre directeur et nos grands
hommes, ce raisonnement est tout au plus bon pour
le panier. Mais quel peut done être le motif qu'on in-
voque pour ne pas tenir ce petit raisonnement qui
parait juste, simple et rationnel II est difficile de
préciser, maisil neserait pas impossible que ces mes
sieurs eussent la prétention de confier, un jour, la
direction de leurs travaux a un grand, architecte, et
pour eux, un grand architecte, c'en est uu, venant
de n'importe oü, pourvu qu'il ne soit pas d'Ypres;
iis sont encore capables de croire qu'on n'est digne
de confiance que quand on a blanchi sous ie harnais
du métier. Et si on disait a M. de Stuers Mais M. le
chevalier, étiez-vous done si fort dans la b&tisse
quand vous vous êtes fait nommer échevin des tra
vaux? Ah! moi, c'est different, répondrait-il, je
suis le petit-fils de mon grand-papa et cette qualité me
tient lieu de toutes les autres.
On pourrait leur dire (el nous ne savons si la pro
position en a pas été faite)Si vous n'avez pas tous
vos apaisements, mettez la place au concours, nous
avons assez de confiance dans les connaissances de
ceux que vous écartez, pour qu'ils ne fuient pas le
combat. Mais nos grands hommes n'aiment pas les
concours, cela dessine les mérites respectifs el si ce
genre de lutte se généralisait, cela deviendrait sca-
breux, on ne sait pas oü cela mène, il vaut mieux ne
pas commencer. Enfin qu'on envisage la chose comme
on veut, on doit reconnaitre qu'en haut lieu on a des
vues plus élevées que tout cela, mais le mystère n'en
est pas tellement impénétrable qu'on n'y voie goutte.
S'il fallait prédire ce qui arrivera, voici ce qui est
écrit a l'horizon on attendra quelque temps qu'il
tombe du ciel un Lemercier ou un Roelandts quel-
conque; or, nous osons prédire, sans crainte d'être
dementis par le temps, que cette manne ne tombera
pas. Alors, qu'adviendra t il On s'adressera a un
grand architecte de Bruxelles ou de Gaud, on lui de-
mandera quelque chose de bien. Ge grand architecte
expédiera un de ses employés, quelque jeune homme
qui -aura tracé beaucoup de lignes dans ses bureaux
et qu'il présentera comme réunissant toutes les con
ditions requises. D'abord ce jeune homme sera char
mant, parfait, souple de l'echine, on le paiera bien, il
entamera les travaux, il travaillera et on s'apercevra
qu'on n'a affaire qu'a un apprenti qui se forme aux
dépens de tons les contribuables en genéral et de ceux
qui construisent en particulieron s'apercevra, enfin,
mais trop tard, qu'on aura jeté la farine et gardé le
son. Et pendant que eet avenir nous est réservé,
Menin qui connait son homme pour avoir été a même
de le juger de pres, vient nous enlever M. Demazières,
et nos édiles lèchent M. Demazières comme ils ont
lêché M. Vinck, et en attendant le cours de construc
tion chóme et les élèves sont privés d'un des cours les
plus importants. Voila comment la direction entend
les intéréts qu'elle prétend seule savoir sauvegarder.
Le lout n'est pas de faire des discours lors de la dis
tribution des prix et de vanter l'intelligence qui pré-
side aux destinées de notre Académie il ne suffit pas
non plus d'étaler, lors du passage du Roi, oomme
cela s'est vu a sa dernière visite, vingt mètres deca-
licot au-dessus de la porte de l'établissement en ques
tion, avec ces mots en gros caractères Académie de
dessin, etc., fondée par Marie-Thérèse et réorganisée
par Leopold II, et puis de promener cette réclame
dans les salons de l'Exposition de dessins a Bruxelles,
ces flatteries ne profitent guère aux élèves; ce qu'il
faut avant tout, c'est une direction compétente et in
telligente, et la facon dont la nötre s'y prend prouve
qu'elle n'a pas ce double caractère.
Le Progrès qui voit des personnalités dans
toutes les observations de ses contradicteurs et
se défend vivement d'en jamais faire lui-même,
publiait l'autre jour l'infamie que voici dont le
mépris de tous les honnètes gens aura fait depuis
longtemps justice
La chrouique locale du Journal d'Ypres réflète
réellemeut son spirituel auteur chaque fois que
nous la parcourons, nous nous demandons si, a son
tour, il ne sera pas bientót a Ste-Anne. o
Voici la vigoureuse réponse que nous trouvons
dans un journal de Bruxelles
J'aime a penser que le Progrès et le Journal d' Y-
pres n'altendeot pas de moi une réponse aux sottises
qu'ils débilent sur le compte del'Espiègle. Le Progrès
défend comme il peut son patron, M. Van Merris le
Journal joue son róle qu'avons-nous de commun
avec ces scribes, sortes de courtiers d'election aux
gages, l'un du pouvoir, l'autre de la sacristie Nous
sommes, nous, les defenseurs de la moralité politique
ils sont, eux, les apologistes quand même des causes
véreuses. Que nous font leur indignation de com-
mande I nous nous en soucions comme de l'épilre de
M. Carton a 1'Impartial de Bruges, reproduit par
l'Echodu Parlement. Cela dit, n'en parions plus.
Ckemin de fep d'Ostende a Armentières.
Le tracé de la 4m* section est définitivement arrêté
par le conseild'administralion de la Sociéléet le corps
des ponts et cbaussées. Le projet de passer par Fer-
linghien et au sud d'Houplines est entièremeut aban
donee. D'après le tracé accepté, la voie longera le
pavé de Comines a Warnêton jusqu'a cette dernière
localité ensuite, elle cótoyera Ie pavé d'Ypres a Lille
jusqu'a six cents mètres en deca de Pont-Rouge, d'oü,
fesant une courbe vers l'ouest, elle se dirigera en
ligne droite, laissant la Petite-Flandre a gauche, vers
Armentières, et traversera la Lys entre cette ville et
Houplines.
Les plans, cependant, ne sont pas encore déposés
et l'enquête n'a, par conséqueut, pu avoir lieu.
Lie plus court chemin est celui indiqué
par AI. Jamar.
L'ouverture de la ligne de Courtrai a Denderleeuw
avait fait espérer aux populations des Flandres plus
de rapidilé dans le transport des voyageurs et des
dépêches postales entre Courtrai et Bruxelles.
La distance entre ces deux villes, jadis de 92 kilo-
mètres, étant réduite a 80 kilom., on supposait qu'a
voyager par la ligne nouvellement construile, on ga-
gnerait au transport au moins une demi-heure de
temps, d'aulant mieux qu'on ne serait plus astreint
aux manoeuvres de reculement de la station de
Gand.
Mais dans sa haute sollicitude pour l'intérêt public,
entendu a la manière de MM. du chemin de fer de
l'Etat, le ministère des Travaux-Publics vient par
ses décisions récentes d'arrêter les conséquences sui-
vantes 1° il est impossible d'aller plus vite de
Courtrai Bruxelles, par la route directe, qu'en fe
sant le grand détour par Gand 2° il faut autant de
temps pour parcourir 80 kilometres que pour en par-
courir 92.
11 semble que M. Jamar n'entend permettre l'éta
blissement d'une correspondauce directe entre Cour
trai et Bruxelles par Denderleeuw, si ce n'est en s'ar-
rangeant de telle facon que les trains mettront autant
de temps a parcourir la ligne directe que celle par
Gand et en astreignant les voyageurs a un arrét forcé
a Denderleeuw.
Grace a eet état de choses créé par M. Jamar, le
service des postes ne subira aucune amélioration. Les
journaux distribués Bruxelles dans la soiree, ne
parviennent aux communes des arroudissemants de
Courtrai, Ypres et Furnes que le surlendemain ma
tin. Maintenant, c'est a six heures du soir que part le
dernier train postal pour les Flandres. C'est a la même
heure que le Peuple beige, VEloile beige, etc., sont
mis a la poste a Bruxelles, une heure trop tard pour
partir Ie jour même. Que M. le ministre des travaux
publics s'entende avec la Sociétè d'exploitation pour
créer un train-poste vers Courtrai par Denderleeuw,
partant de Bruxelles a 7 heures du soir, et les jour
naux de la capitale seront distribués le lendemain
matin dans les campagnes des Flandres et les corres-
pondances commerciales leur arriveront avec une
avance de vingt-quatre heures.
II y aurait ainsi une amélioration sensible dans le
service des posies, tellement sensible et favorable
pour la Flandre, et tellement dans l'ordre naturel
des choses, puisqu'il ne s'agit que d'appliquer la règle
via recta est omnium brevissima, que nous doutons
que M. le ministre des Travaux-Publics puisse long
temps maintenir les décisions par lui prises dernière-
ment.
Espérons voir nos réclamations obtenir gain de
cause et donner satisfaction aux intéréts des Flandres
et de l'arrondissement d'Ypres en particulier.
Correspondance particuliere de l'OPIAl IO\,
Bruxelles, 18Décembre.
A l'heure oü je vous écris, la discussion sur les
affaires de St-Genois n'est pas encore terminée et
tout donne penser qu'elle ne le sera pas avant sa-
medi. D'après ce qu'a dit M. Jacobs, la droite formu-
lerait ses conclusions sur ces affaires sous forme d'un
ordre du jour renvoyant la pètilion des journalistes
catholiques a la section centrale chargèe de l'examen
du projet de loi sur la presse. La gauche, au contraire,