JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
Le toot payable d'avance.
YPRES, Dimanche
Septième année. - N° 1,
3 Janvier 1869.
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ou envois d'aryent doivent être adressés franco au bureau du journal
Non nouveaux représentant».
Le Progrès regoit de BruxeUes des nouvelles
extrêmement intéressantes concernant nos repré-
sentants. II n'a fallu, paratt-il, que quelques jours
a M. Béke pour faire apprécier son haut mérite
et déja la gauche salue en lui nn de ses orateurs
les plus écoutés.
A Ypres, oü notre excellent bourgmestre ne
passé pas précisément pour un foudre d'éloquence,
les informations du Progrès ont été accueillies
avec un sentiment de defiance que nous nous ex-
pliquons sans le partager. Pourquoi, après tout,
Ie digne M. Béke ne serait-il pas un homme
d'Etat et un orateur politique de premier ordre
Qu'y aurait-il d'étonnant si ces puissantes facultés
que ses concitoyens n'avaient jamais soupgonnées
en lui s'étaient subitement révélées dans le mi
lieu qu'elles avaient attendu jusqu'è présent pour
éclore et se développer Ces cas ne sont pas rares.
Voyez M. Bouvier. II y a cinq ou six ans, M. Bou
vier n'était connu au barreau de Bruxelles que
comme une sorte de boufFon livré a la risée de
tous les avocats stagiaires. Mais le voila nommé
représentant de Virton et aussitót ses hautes ca-
pacités politiques se font jour et il devient nn des
hommes les plus importants de la gauche. A
preuve, la confiance que son parti lui a témoignée
tout récemment en le chargeant du rapport sur
la protestation des journalistes catholiques. Encore
une fois, pourquoi ce qui est arrivé a M. Bouvier
n'arriverait-il pas a notre bourgmestre
M. Van Merris, s'il faut s'en rapporter aux
informations du Progrès, n'a point des visées
aussi hautes Son unique ambition consiste a
rendre tous les petils services imaginables aux
électeurs qui lui ont fait Fhonneur de le nommer
leur représentant. Debout dès I'aurore, il a par-
tagé sa vie entre la lecture des lettres oü on lui
demande des places et la visite des ministères oü
il a l'espoir de les obtenir. Avis MM. les
électeurs de Poperinghe I Is ont trouvé dans
M. Van Merris le représentant qu'il leur faI
lait.
Reste a savoir si M. Van Merris a la veine
heureuse. Nous n'avons pas encore vu jusqu'a
présent que le Progrès lui ait fait un mérite de
quelque grèce, de quelque emploi obtenu a sa
sollicitation. C'est une lacune regrettable et nous
engageous Ganymède a la réparer au plus
tót.
Quant a M. Vandenpeereboom, il est ravi,
enchanté de n'ètre plus cloué au banc ministé-
riel. Cloué est un mot mal trouvé it fait
penser au pilori. Mais pour ce qui regarde le
ravissement de M. Vandenpeereboom, nous avons
peine h croire qu'il soit bien sincère. Car pour
quoi M. Vandenpeereboom serait-il ravi de n'être
plus ministre Notfe benin représentant n'a
point, faut il croire, la prétention de nous faire
admettre que s'il a gardé le pouvoir pendant six
années, c'est qu'il ne pouvait pas s'en débarrasser.
Ces calembredaines peuvent se dire, mais per-
sónne n'y croit. Si bonne opinion qu'il ait de lui
mème, jamais M. Vandenpeereboom n'a pu s'ima-
giner qu'il fut l'homme indispensable et que le
département de l'Intérieur ne saurait fonctionner
sans lui. Si done il est resté au pouvoir si long-
temps, c'est tout simplement que le pouvoir lui
convenait beaucoup et il nous est absolument
impossible, dès lors, de comprendre comment il
pourrait être si ravi de l'avoir perdu.
Les circonstances qui ont déterminé la retraite
de l'ancien ministre de l'Intérieur sont, d'ailleurs,
trop bien connues maintenant pour que le pré-
tendu ravissement de M. Vandenpeereboom ne
fasse pas hausser les épaules a tout le monde.
Le renard guignant les raisins trop verts doit
avoir éprouvé un de ces ravissements la.
Notre benin représentant sent, du reste, fort
bien, que l'estime de la Chambre ne l'a pas lavé
des accusations que nous avons portées contrë lui
et qu'il a dü laisser sans réponse. En vain afFecte-
t-il de marcher le front haut et la mine souriante.
II sent peser sur lui le poids d'un souptjon d'autant
plus cruel qu'il doit feindre de ne pas s'en aper-
cevoir, impuissant qu'il est le combattre.
Oui, en vérité, M. Vandenpeereboom doit être
extrêmement enchanté. II v a de quoi.
La section césarienne.
Nos lecteurs ont souvenir de l'interpellation adres-
sée par M, Vleminckx a M. le ministre de la Justice,
au sujet des intentious du gouvernement, en ce qui
concerne les operations césariennes, pratiquées en
certains cas par des membres du clerge. L'on sait
qu'il n'a rien été répondu au député de Bruxelles et
que le debat n'a pas même été entamé sur la ques
tion. Or, d'apres une correspondance insèrée dans le
numéro du 26 decembre du Journal de Bruges, ce
silence trouverait, sinon sa justification, toutau raoins
son explication, dans les négociations entamees par
Ie pouvoir avec i'archevêché de Malines, qui aurait
promts de prescrire des mesures pour que la legisla
ture ne soil pas obligee d intervenir. La dignilé du
pouvoir et le respect du pacte fondamental notis font
esperer que notre confrère aura été iriduit en erreur.
II est jrrai que plus d'une fois nous avons eu le re
gret dé devoir signaler les tristes défaillances de nos
gouvernarils a l'endroit du cléricalismeil nous ré-
pugne cependant de croire a cetle nouvelle abdication
des prerogatives gouvernemenlales, législativëS, èntre
les mains de M. Deschamps I Qu'au nom du droit ca
non qui gagnerait beaucoup a être rayé et
de l'Eglise, une et immuable, NN. SS, lancent leS cir
culaires les plus contradictoires, drctées par Ié sétfl
intérêt du moment, en quoi cela peut-il arrêtér Fac
tion du pouvoir civil Depuis quand le clergé est-il
un pouvoir légal dans la nalion Depuis quand sès
prétentions sont-elles destinées a prendre la place de
la loi civile? Est-ce dans les négociations que le gou
vernement a puisé Frdê'ê" de ce principe aussi neuf
que libéral Après l'arrêt rendu par Ia cour de
cassation, yavait-il déux voies a suivrë Evidem-
inent non. La morale publique, l'honneur, la sécurité
des citoyens, réclament avec une égale énergie une
loi qui protégé la femme éóntre les entrepriseschirur-
gicales de messieurs les vicaires et les dissections or-
thodoxes au couleau de cuisine. Le devoir du gouver
nement était d'obtempérer a ces légitimes réclama-
tions. Au lieu de cela, il consulte le chef qui a im-
posé, comme un devoir sacré, ces fouilles d'une es-
pèce nouvelle et il traite avèc lui de puissance a puis
sance Les conscquèüc s logiques de cetle réforme
retrograde saulent aux yeux a l'avenir on prebdra
l'a vis préalable de rriessiéurs les assassins sur les
changements a inlroduire dans les dispositions du
code criminel, le code pénal sera remplacé par une
circulaire des chefs de bande a messieurs les voleurs,
leurs féaux-sujets, et désormais les Petits-Frères au-
ront, dans leurs attributions, la direction exclusive
de la morale publique. Tous les citoyens ne sont-ils
pas trgaux devant la loi
Vous avez tort de l'oublier, messieurs les minis-
tres Qui traite avec Rome, abdique.
Audace et mensonge.
A l'observation que nous avons faite, il y a quinze
jours, relativement au mauvais état des trottoirs qui
ineuent a la station du chemin de fer, le Progrès ré-
pond que ces travaux ne concernent pas la ville
qui n'a dès lors rien a y voir el n'a pas même Ié
s droit de s'en mêler.
Autant de mots, autanlde mensonges!
Nous nous sommes assuré. en effet, que le plan des
trottoirs a construire dans la rue des Houchers, ou
de la Station, approuvé en séance publique du Con-
seil communal, le 20 juillel 1867, conformément
Fart. 2 du règtement approuvé par arrêté royal du
12 fevrier 1863, et visé par M. le ministre des Tra
vaux publics le 12 octobre 1867, comprend le pro-
longement de ces trottoirs jusqu'a l'extrémité du ba-
tardeau sur le fossé du Bolerplas. La reconstruction
des trottoirs defectueux existants sur ce batardeau
incombe done bien évidemment a Fadministration
communale.
Celte administration n'a-t-elle pas, d'ailleurs, con-
struit récemment, a ses fr ais, le petit bout de trot
toir qui louge la clótu. e de la Station depuis l'empla-
cemenl du poleau-indicateur de la route de l'Etat
jusqu'a la porte de sortie des voyageurs? N'est-oe