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JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPRES, Dimanche Septièrae année. N° 2. 10 Janvier 1869.
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Vpres, Janvier ï»<s».
Jamais, depuis 1840, c'est-è-dire depuis
l'époque oü les luttes de parti commencèrent
dans notre pays, jamais la situation de noire
politique inférieure ri'a été plus calme et
meilleure qu'aujourd'hui.
Ainsi dit Ie Progrès et, vraiment, on ne sau-
rait Iui donner tort. Les frères et amis sont
au pouvoir; ils ont, pense le Progrès, toutes les
chances du monde d'y rester longtemps. Done
tout est pour le mieux et ceux qui ne sont pas de
cet avis ne peuvent ètre que des brouillons et des
envieux. Quoi de plus naturel que ce raisonne-
ment dans la bouche d'un ministériel abondam-
ment repu
Quand Auguste avail bu, la Pologne était ivre.
N'est-il pas tout simple que les frères et
amis gorgés des faveurs du pouvoir, ne sachent
point se faire a l'idée que la Belgique entière ne
partage pas leur félicité
Nous ne nous sentons pas le courage d'arra-
cher notre béat confrère au charme de ses illu
sions. C'est un soin que nous préférons laisser a
l'avenir, qui n'est peut-ètre pas aussi éloigné qu'il
le pense. Son ivresse est d'ailleurs des plus amu-
santes et nous n'avons pas pu nous tenir de rire
en lisant dans son magnificat ce paragraphe oü il
parle, en termes pompeux, de l'énergie avec
laquelle le parti libéral a poursuivi, depuis
1840, la réalisation des principes qui, seuls au
XIXm* siècle, peuvent assurer la paix et le
bonheur des nations.
Quoi, vous osez, vous, Progrès, parler de prin
cipes? Mais faut-il done vous rappeler que pen
dant vingt ans, vous les avez indignement foulés
aux pieds en patronant les candidatures de MM.
Malou et Van Renynghe? Des principes, vous!
ailous done Et oü étaient-ils, s'il vous plaitvos
principes, quand M. Ie commissaire d'arrondisse-
ment Carton gardait ses fonctions politiques sous
Ie ministère Dedecker et consentait ainsi servir
les desseins d'un gouvernement ouvertement hos
tile a ses convictions? Qu'en avez-vous fait encore
tout récemment de vos principes, Progrès,
quand vous avez accepté de défendre la candida
ture de M. Mazeman, qui, du propre aveu de
M. Carton, n'était pas libéral?
Mais, en vérité, nous avous l'air de prendre au
sérieux les poses du Progrès, quand elles sont
tout simplement risibles. Kions en done et n'en
parions plus.
Crotguignoles.
Des esprits chagrins gémissent sur la décadence
de la littérature moderne, et, n'étaient les bril—
lantes lumières projetées par le Progrès sur ces
pèles fantómes de Iettres, volontiers ils s'écrie-
raient Madame se meurt.... Madame est
morte Erreur, mes bons amis, erreur
Madame se porte, au contraire, comme un carme.
Nous en trouvons la preuve dans un travail
officiel, qui renferme dans ses flancs matière
aux plus vastes recueils de morceaux choisis
outre-civilisation. Entre autres merveilles,
nousy avons découvert cette fleur, modeste comme
la violette, que son délicat parfum a seul révélée
nos sens enivrés.
Elle s'est épanouie en l'an deN.-S. J.-C. 1868,
le 28me jour du mois de Mars, étaut la fète de
saint Pancrasse, dans les terres d'un corps d'élite
de la Flandre occidentale.
Voici
Pommes de terre. La maladie continue
faire beaucoup de mal tous les ans il y a
cependant des variétés (de la maladie ou de
quoi?) qui réussissent en général mais on
a beau se rejeter sur les variétés (encore?) qui
restent sauves (Noël, Noël!) pour la plantation
suivante; (1) la maladie les attaques (sic)
leur tour (aïe! aïe! aïe!) pour en épargner
d'autres, (sauvées, mon Dieu qui avaient
été le plus atteintes, les années antérieures.
La qualité a été bonne! Textuel.
Vlan Etant donnée une traduction en
langage intelligible, ce style aradémique, mouve-
menté, qui rappelle vaguement la Béotie, cette
phrase dramatique et éraue, les péripéties palpi-
tantes de cette lutte homérique contre les pommes
de terre en furie, ne forment-ils pas un tableau
plein d'ombre et de lumière, d'un titanesque
efïet
Au premier plan La maladie, hève et dé-
charnée, secoue le lugubre tinceul, sur les tuber-
cules tremblants, qui
L'ceil morne maintënant la tête baissée,
ont l'air de prendre en médiocre gaité ces ré-
jouissances funèbres.
Deuxième acte. Chassé-croisé général a
l'instar des moeurs de Jean Lapin, croisement le
plus folichon de toutes les variétés en rupture de
ban conjugal, sans autre résultat que de lamen-
tables accrocs une vertu jusque immacu-
lée.
Finale Un radieux soleil répand ses rayons
sur des champs oü règne une plantureuse abon
dance....
Rasés de frais et parés pour le sacrifice, les
pelés et les galeux de la ligne précédente, ornés
de toutes les bonnes qualilés, s'avancent au pas
de charge vers le pot-au-feu... Tableau.
La discipline appliquée surles pauvres en-
fants crétinisés par les RR. PP., Tivoli, nous
remémore ces lignes de Paul-Louis Tous ces
céiibataires fouettant les petits gargons et con-
fessant les filles, me sont un peu suspects. Je
voudrais que les confesseurs fussent au moins
mariésmais les Frères fouetteurs, il faudrait,
sauf meilleur avis, les mettre aux galères, ce
me semble.
Oü faudrait-il bien interner, ces bravi, qui,
dans un intérêtde domination et d'exploitation,
signent des compromis avec les fouetteurs et mar-
chent avec eux la main dans ia main
Nous avons connu un ministre de la Justice
clérical, traduit la barre de Ia gauche, pour
avoir comblé de faveurs gouvernementales, un
dróle, fabricant de reliques.... en os de la-
pin.
En ces temps-lè, les colères de l'opposition se
déchatnèrent comme la vague impétueuse, et ce
pauvre M. d'Anethah en trembla sur sa base or
thodoxe.
A quelques années de lè, un autre ministre, se
disant libéral celui ci, inflige un affront public
un instituteur-communal, coupable de ne pas
avoir courbé le front sous les injonctions arro-
gantes et inconstitutiounelles de son curé.
Et aucune tempête ne remua l'océan libéral
une plate indifférence accueillit cette palinodie et
cette honte.
Pourquoi des dots d'indignation a propos d'un
misérable fabricant de reliques et tant de béate
indulgence pour les faux bonshommes qui em-
miellent le public et trahissent leur parti?
Correspondance particuliere de l'OPIIlo.I,
Bruxelles, 8 Janvier.
Quelques journaux ont profité des vaeances parle-
mentaires pour annoncer de prochaines modifications
dans la composition du cabinet. Déja, dans une lettre
précédente, j'avais dü vous mettre en garde contre le
bruit de la retraite de M. Jamar, motivée sur un pré-
tendu desaccord qui se serait produit entre le ministre
desTravaux Publics et ses collègues, a l'occasion de
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