la cession du chemin de fer du Luxembourg a la So-
ciétédel'EstFrancais. Vous pouvez considérer comme
non moins apocrypbe la nouvelle de la démission de
M. Pirmez. II existe, a la vérilé, une divergence d o-
pinion entre le Ministre de l'Intérieur et son collègue
de la Justice sur la question du maintien de la con-
trainte par corps mais il est clair que celte diver
gence sur une question qui n'a absolument aucun ca-
ractère politique, n'est pasde nature a provoquer une
crise ministérielle, pas plus que la question de la peine
de mort, portéc devant la Chnmbre par M. Bara, n'a
eupour résultatd'entrainer la retraite deMM. Vanden-
peereboom et Rogier, qui ont voté tous deux contre la
proposition de leur collègue et qui n'ont pas cru, pour
cela, devoir abandonner leurs portefeuilles.
En ce qui concerne la question de la cession duche-
min de fer du Luxembourg, je puis vous assurer de
lamanière la plus positive qu'une unanimité compléte
règne parmi les membres du cabinet sur Pimpossibi-
lité, pour le gouvernement, de ratifier cette cession.
II paralt, du reste, que celte affaire s'est traitée entre
la compagnie du Luxembourg et la Société de l'Est
l'insudu gouvernement et que celui-ci n'aété informé
de la cession quelorsque la compagnie cédante a sol-
licité son approbation. Quoi qu'il en soit, je vous rè-
pète, avec la certitude de ne pas me tromper, que le
gouvernement est fermement résolu refuser son
approbation et qu'aucun désaccord n'existe sur ce
point entre les membres du cabinet.
Cette affaire du Luxembourg fait ici un grand ta-
page. On annonce, comme devant paraitrela semaine
prochaine, une brochure qui jettera, dit-on, un jour
trés intéressant et tout a fait inattendu sur les négo-
ciations qui ont précédé la cession.
Après trois mois de détention préventive, lesfrères
Delplanque, dont il a été tant parlé dans Ia discussion
des affaires de Saint-Génois, ont vu s'ouvrir les portes
de leur prison. Certes, l'esprit de parti peut seul ac
cuser le parquet d'avoir obéi des sentiments de
rancune en prolongeant outre mesure la détention de
ces maiheureux. II n'en est pas moins vrai qu'une loi
qui autorise de tels abus mérite d'attirer l'attention
du législateur et qu'une réforme urgente est de toute
nécessité.
Le principe de l'indemnité, proposé par Vindépen
dance, semble d'une application difficile, bien que
parfaitement équitable en théorie. La veritable ga
rantie doit plutót être cherchée dans une révision
profonde de notre système d'instruction préparatoire,
système base sur des idéés erronées, et dont les cri-
minalistes novateurs ont depuis longlemps fait jus
tice.
M. Delaet est en appel du jugement qui l'a débouté
de sa demande en dommages-intérêts contre VOpi
nion. Ge jugement est un coup terrible pour le repré
sentant d'Anvers et s'il se trouve confirmé en appel,
tenez pour certain que la position de M. Delaet a la
Chambre ne sera plus supportable. Ses propres amis
en conviennent eux-mêmes. Mais ils comptent sur
une réélection pour le raffermir. Erreur! un appel
aux électeurs, a supposer qu'il fut favorable a M. De
laet, ne remédierait absolument a rien. Le corps élec-
toral d'Anvers tout entier déclarerait M. Delaet digne
de sa aonfiance, qu'aux yeux du pays la sentence qui
l'a frappé resterail debout.
Des protestations s'élèvent de tous les points du
pays contre l'abus du port d'armes militaire. Jecrois
savoir que plusieurs représentants ont fait une dé
marche collective auprès du ministre de la guerre
pour obtenir que les simples soldats fussent désarmés
hors du temps de service. Mais toute leur rhétorique
est restée, parait-il, sans succès, M. Renard considé-
rant cette mesure comme de nature a soulever dans
l'armée un grave mécontentement. II faudra bien,
cependant, qu'on en vienne la, car les excès commis
par les soldats armés deviennent de plus en plus fré
quents et, dans certaines villes du pays, l'exaspéra-
tion est si grande que, sous peine de compromettre
leur réélection, leurs représentants seront bien obli
ges de porter la question devant la Chambre.
L'instruction dirigée contre M. Langrand-Dumon-
ceau est le grand événement du jour. Je ne vous en-
tretiendrai pas de tous les bruits qui circulent a
propos de cette poursuite; il est fort croire que
beaucoup ne méritent aucune foiil en est un pour-
tant, qui, par sa porsistance et l'autorité des per-
sonnes qui s'en font l'écho, mérite d'être signalé. 11
paraitrait que, lors de la visite qu'elle a opérée dans
les bureaux de 1 'Agricole, la justice aurait saisi un
carnet sur Iequel M. Langrand aurait consigné de sa
propre main les noms d'une foule de personnages
qui des pots-de-vin ont été attribués. Or, parmi ces
personnages, trés huppés pour la plupart, on cite le
nom d'un diplomate étranger, figurant sur la liste
pour une somme de cent mille francs. Ne m'en de-
mandez pas davantage; mais si le fait est exact, at-
tendez-vous a un immense scandale.
Le Roi a mandé M. Kuborn au chêteau de Laeken
pour le féliciter au sujet de son remarquable travail
sur la condition des femmes dans les houillières.
Cette question, une des plus graves du temps, sera
trés prochainement portée devant la Chambre a l'oc-
casion de la pétition de la Ligue de l'Enseignement,
qui n'a trait, elle, qu'au travail des enfants. Mais il
s'en faut que l'on soit d'accord sur la solution du
problème car ce n'est pas assez que d'interdire aux
femmes l'accès des houillières, il faut, et c'est la le
difficile, les placer dans des conditions telles qu'elles
puissent trouver ailleurs un travail équivalent.
La situation du Prince royal ne s'est pas sensible-
ment modifiée depuis une quinzaine de jours. Le
jeune malade, quoique trés affaibli, continue a jouir
d'un excellent appétit; les nuits sont tantót calmes,
tantót agitées selon les dispositions du moment, et
sans que l'on puisse tirer de ces variations aucune
induction de quelqu'importance. Les médecins trai-
tants gardent le silence sur toutes les questions qu'on
leur adresse et se bornent nous renvoyer a leurs
bulletins, qui ne disent absolument rien. II semble
pourtant que tout espoir ne soit pas perdu. Un grand
pas serait fait, dit-on, si le malade pouvait atteindre
le printemps. Je ne sais ce qu'il faut croire de tous
ces bruitsle plus probable est que ceux qui les ré-
pandent ne sont pas mieux instruits que les autres.
Les ouvriers typographes viennent de se mettre en
grève dans plusieurs de nos ateliers d'imprimerie.
Indépendamment d'une augmentation de salaire, qui
leur a été accordée, les ouvriers élèvent, relativement
au tarif en vigueur, des réclamations auxquelles les
patrons n'ont pas cru pouvoir obtempérer. Ces der-
niers viennent d'adresser une sorte d'appel au public
dans Iequel ils s'attachent justifier les motifs de
leur résistance.
M11" Patti nous a quitté pour aller chanter a Liége
oü son succès n'a pas été moins vif que chez nous.
A son retour de Russie, c'est-a-dire vers la fin du
mois de février, la diva daignera nous accorder une
dernière représentation, que M. Letellier a pu obte
nir d'elle, moyennant la bagatelle de 8,000 francs.
C'est pour rien.
A propos de M. Letellier, on en est encore a savoir
au juste s'il a ou non donné sa démission. Des jour-
naux disent oui, d'autres disent non et j'ai des rai-
sons de croire que ceux-ci sont dans la vérité. II y a
d'ailleurs a remarquer que M. Letellier est engage
vis-a-vis de l'administration communale pour deux
ans encore et que, dans ces conditions, il ne saurait
y avoir de démission possible, de sa part, qu'avec
l'agrément de la ville, qui ne s'empresserait proba-
blement pas de le donner.
"HTS DIVERS.
Eclipses en 1869. Tous les almanachs annoncent
qu'il n'y aura pas en 1869 d'éclipse visible a Paris.
C'est une erreur.
Le 27 janvier prochain, a 11 heures 27 minutes du
soir, commencera pour Paris et pour toute la France
uneéclipsede lune, qui atteindra son maximum (pres-
que la moitié du disque lunaire) 1 heure 47 minutes
et se terminera a 4 heures du matin.
Les almanachs et les annuaires ont bien fait mention
de cette éclipse, mais en la qualifiant d! invisible. Or,
elle sera visible, la lune se levant le 27 4 heures
24 minutes du soir et se couchant a 7 heures 45 mi
nutes du matin, le 28. Notre satellite sera done dans
le voisinage du méridien même, au milieu de l'éclipse.
(Le moment de la pleine lune est 1 heure 40 minutes.)
L'erreur commune provient d'une faute d'impres-
sion de la Connaissance des tempsinvisible pour vi
sible faute que les éditeurs d'almanachs auraient pu
et dü corriger eux-mêmes, s'ils avaient songé a con-
fronter 1'indicalion d'invisible avec I'heure de la pre
sence de la lune sur l'horizon de Paris.
Origine de la Houille. La question de l'origine
géologique de la houille est depuis longtemps un objet
de discussions et de recherches. On s'accorde géné-
ralement a attribuer a ces productions fossiles une
oaigine ignée, c'est-è-dire a considérer la houille
comme provenant de la décoinposition des grands
végétaux ligneux, déterminée, aux temps géologiques,
par la chaleur du globe agissant sur les forêts de l'an-
cien monde, qui se sont trouvées accidentellement en
rapport avec des parties du globe animées d'une trés
haute température.
Une expérience trés intéressante de M. Baroulier
vient de confirmer l'exactitude de cette explication
théorique. Ce physicien est parvenu, en faisant agir
convenablement la chaleur sur un amas de végétaux,
a obtenir des produits carbonifères tout a fait ana
logues a la houille et a ses différentes variétés.
L'appareil imaginé par M. Baroulier permet d'ex-
poser des matières végétales enveloppées d'argile
humide et fortement comprimées a des températures
longtemps soutenues, comprises entre 200 et 300
degrés.
Cet appareil, sans être absolument clos, met ob
stacle a l'échappement des gaz ou des vapeurs, de
sorte que la dècomposition des matières organiques
s'opère dans un milieu saturé d'humidité, sous une
pression qui s'oppose a la dissociation des éléments
dont elles se composent.
En placant dans ces conditions de la sciure de bois
de diverses natures, l'auteur a obtenu des produits
dont l'aspect et toutes les propriétés rappellent tantót
les houilles brillantes, tantót les houiiles ternes. Ces
différences tiennent d'ailleurs soit aux conditions de
l'experience, soit a la nature même du bois employé,
de sorte qu'elles paraissent expliquer la formation
des houiiles striées ou composées d'une succession de
veinules alternativement éclatantes et mates. Des
tiges et des feuilles de plantes couchées entre les lits
d'argile laissent, dans les mêmes circonstances, un
enduit charbonneux et des empreintes tout a fait
comparables a celles des schistes houillers.
M. Armand Gouzien nous cite un joli mot de fen
Baudelaire, discutant avec l'arbey d'Aurevilly la
question de la confession.
Yous allezdonc aconfesse, vous, dit Baudelaire.
Non, en vérité, malgré mon désir permanent
je ne puis me confesser (vous êtes digne de me com-
prendre),a un innocent curé de campagne,ni a un vul
gaire abbé de paroisse; il me faudrait pour confesseur
un prélat doublé d'un académicien, Mgr Dupanloup;
or...
Vousavez done des péchés distingués?interrom-
pit Baudelaire, de cette voix de casse-noisette écra-
sant uncerneau.
J'y confine, en effet, tout mon dandysme.
Ainsi, vous avez la foi 9
Oui, la foi que limite un légitime orgueil.
Je comprends, dit Baudelaire de sa même voix
cassante, vous êles encore un de ceux qui se mettent
a genoux, le poing sur la hanche.
Pourquoi la reine Isabelle, un beau matin, a-t-elle
pris le parti de filer
C'est que Ie sceptre de Ferdinand était tombé en
quenouille.
Un mot admirable. Un petit-crevé arrogant passé
devant un champ qui venait de lui échoir en patri-
moine et qu'un paysan était en train d'ensemencer.
Sème toujours, va! gros campagnard, dit-il,
quand cesera mür, ce sera pour moi...
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