ADspach propose de remettre au mois d'octobre la nomination de son successeur et le conseil docile souscrit a la proposition de M. Anspach. A Ypres, un conseiller communal meurt et M. le bourgmestre Beke propose de remettre a plus d'un an, également au mois d'octobre, la nomination d'un nouveau conseiller. Et le conseil communal non moins docile obéit a la volonté de son bourgmestre. Voila la ressemblance. Mais Bruxelles l'esprit public et la presse indépendante s'élèvent contre la prétention de M. Anspach. lis font valoir que, si la loi commu nale autorise cette vacature, l'intérèt d'une bonne administration, les questions majeures et d'une baute gravité que le conseil communal aura sous peu a débattre exigent qu'il soit au complet. Ni l'un ni l'autre ne se cachent pour dire que si l'on s'abstient de convoquer les électeur3 de la capi tate, c'est par peur d'un échec, c'est que l'on n'ose pas en ce moment affronter un verdict du corps électoral et qu'on recule devant une elec tion isoiée, dans Ie but de présenter la botte d'asperges selon la pittoresque expression du Sancho au mois d'octobre prochain, afin d'es- sayer de faire passer en bloc ce que l'on n'oserait espérer faire passer en détail. A Ypres, peut- être au fond pense-t-on de mème, mais personne n'ose le dire et, au lieu que la volonté publique dicte a ses mandataires ses ordres souverains, elle se traine aux pieds de ceux qui ne sont quelque chose que par son indulgence, semblable au chien vigoureuxl^ui lèche humblement la main qui le frappe. Voilé la différence. Personne n'eut pu s'imaginer que I'assemblée gé nérale de la Concorde et ce qui s'y était passé fussent choses assez intéressantes pour donner lieu a une polémique. Pour notre part, nous avions renonce de- puis longtemps ennuyer nos lecteurs de ces vétilles. Mais Ie Progrès dont la féconde imagination ne trouve apparemment pas d'autres sujets, y lient et nous force a le suivre sur ce terrain. Nous serous aussi brefs que possible. Aux assertions plus que hasardées du Progrès nous avions objecté que, si la commission de la Concorde n'avait pas été renouvelée intégralement, c'est qu'un de ses membres avait renoncé a I'avance a en faire partie. A en croire Ie Progrès cela n'est pas et il s'ef- force de nous le prouver par une double allégalion. Ce journal (YOpinion), dit-il, nous répond que son rédacteur avait déclare huit jours a I'avance qu'il ne désirait plus faire partie du comité,.... Nous lui en demandons bien pardon. Et il ajoute Nous connaissons maintes démarches qui ont été faites en faveur de sa reelection. Sur le premier point nous n'avons personnelie- ment aucune réponse a faire. L'intérèt de la these que soutienl Ie Progrès exige qu'il la repousse sans examen. Mais nous lui opposons la letlre suivante, témoignage d'un homme impartial et désintéressé dans la question, qui rend hommage a la vérité. a Ypres, 28janvier 1869. i) Monsieur Capron, En réponse a votre lettre de ce jour, je puis vous doDner I'assurance que je me rappelle parfaite- ment qu'au sortir de la séance teuue par la commis sion directrice de la Concorde le 2 janvier, vous ro'a- vez formellement déclaré renoncer a toute réèlection comme membre de cette commission. Je vous autorise a donner a ma lettre la publi- cité que vous jugerez utile. Recevez, etc. (Signé)J. Cordonnier. Voila pour le premier point. Quant au second, nous prions Ie Progrès de nous faire connaitre dans un de ses plus prochains n" les norns des personnes qui ont fait des démarches en faveur de la réelection de notre rédacteur et de celles auprès desquelles ces démarches onl eté faites. Nous ajouruons nos reflexions jusqu'après ses re- vélations. Chroniquc judiciatre. Quarid vous voyez un homme conduit en prison, rie vous pres- sez pas de dire Celui-lü est un homme méchant, qui a commis un crime conire les hommes Car peut-être est-ce un homme de bien.... (Parojles d'un Croyant.) La semaine dernière, on a arrêté dans notre ville, sous prévention de vagabondage et de mendicitë, un curé francais et sa servante. Conduits devant le juge- de-paix, ces malheureux ont été condamnés a sept jours de prison. Plusieurs journaux du pays se sont occupés de eet événement on imagine bien de quelle facon. Et pourtant, le plus gros scandale de cette affaire n'a pas été la Ou on l'a cru. Qu'un prêtre, qui n'a pu s'en- tendre avec son èvêque, erre sans feu ni lieu sous le poids d'une interdiction qui l'a dépouillé de tout, cela n'est ni si rare, ni si étrange; que eet homme, dans cette situation, songe a se marier, c'est humain qu'il songe même a changer de religion, c'est son affaire il en a bien le droit, car il est libre quoique prêtre, et personne n'a rien a lui dire. Mais qu'un commissaire de police, remplissant les fonctions de ministère pu blic, reproche a eet homme ses intentions comme des crimes; qu'a cause de cela, il le traite comme leder nier des raisérables et ne se gêne pas pour le qualifier de vaurien et de chenapanVoila qui est bien plus grave et autremtnt scandaleux. Or, c'est ce qui est arrivé, au dire de tous ceux qui ontassisté au ju- gement de l'affaire. On ajoule, a l'honneur du malheu reux qui a été si injustement et si indignement in- sulté, qu'il a su garder une attitude dont le calme et la dignite contrastaient singulièrement avec l'emporte- mentet lesexcès de M. le commissaire. Après cela, il parait que ce pauvre ex-curé n'était pas si diable qu'on voulait le faire accroire. Ou affirme, qu'a cóté de lettres émanant de l'évêché d'Amiens et oü l'on blêmait sa conduite de prêtre, il portait un certificat délivré par un commissaire de police francais et at testant sa probité de ciloyen. Quel était d'ailleurs l'acte, le seul, dont il eüt a repondre a la justice beige? D'avoir mendié. Et se montre-t on toujours si rigoureux'' Quand des religieux étraugers, comme cela n'arrive que trop fréquemment, viennent exploi ter la charité de nos concitoyens au profil de toutes sorles d'oeuvres lointaines et anonymes, pense-t-on a les poursui vre Jamais, que nous sachions. Et pour tant, la loi est ia même pour tous. La loi, oui. Mais la justice? Helas Comme du temps de Beaumarchais dure aux pauvres et aux petitsindulgente aux autres. Ajoutons encore quelques mots pour rectifier un détail. Les journaux, sur la foi de correspondances inexactes, ont dit que la familie protestante, qui d'a- bord avait fait l'aumóne au curé, l'avait ensuite dé- noncé. C'est une erreur. Les ames généreuses ne dé- noncent pas les malheureux cette vilenie a été l'au móne d'un autre, qui n'a fait que celle la. Le Monileur nous apporte I'avis suivant Afin d'éviter des déplacements aux hahitants des localités qui ne possèdent pas de bureau de posle, l'adaiinislralion vient d'autoriser les facteurs ruraux en tournee a accepter du public, aux risques et perils de celui-ci, les lettres qu'on voudra leur confier pour les faire charger au bureau des postes, lorsque la va- leur declarèe ne dépassera pas 500 fr. Cette facilité est accordée sous la réserve ex presse que les facteurs n'agiront en cette occasion qu'a litre de commissionnaires des expediteurs, et que l'administration n'assumera la responsabihte des lettres chargèes qu'a partir du moment oü leur depót au bureau de poste sera un fait accompli. i) 11 est formellement defendu aux facteurs de prendre part ui a la verification du contenu des lettres a charger, ni a leur fermeture, ni a l'inscrip- lion de l'adresse ou la déclaration de la valeur. Les prescriptions de la nouvelle loi des Postes plaQaient les habitants des campagnes dans uue position de compléte infériorité vis-è-vis de ceux des villes et autres localités possédant un bureau de poste. En effet, tandis que ceux-ci n'avaient que quelques pas a faire pour charger leurs lettres, ceux-lè étaient astreints a une course sou vent fort longue jusqu'au bureau voisin, la nou velle loi rie permettant plus comme I'ancienne aux facteurs ruraux de prendre des lettres chargées. On a quelque peine ii s'expliquer cette défense. D'une part, il était interdit aux facteurs de prendre des lettres chargées d'autre part, il leur est per mis de remettre des lettres chargées au destina- taire. Telle qu'elle est, la modification que nous ap porte le Monileur est done une amélioration réelle, quoiqu'elle ne donne pas encore a l'habitant de Ia campagne tous les avantages dont jouit celui de la ville. Pourtant, il eut été possible a notre avis de le faire sans risques pour l'administration des Postes et, puisque l'expéditeur ne pourra remettre au facteur rural une lettre contenant des valeurs qu' ses risques et périls, pourquoi est-il limité la somroe de 500 fr. et ne peut-il pas aussi bien risquer fr. 10,000 si cela lui plait Croqulgiioles. Effrayante est la statistique de la misère I Le paupérisme ronge une notable partie de l'Angleterre, la cloche d'alarme sonne le glas funèbre dans la Prusse oriëntale, l'assistance publique de Paris epuise ses ressources, l'Algérie n'est plus qu'un vaste cime- tière le prolélariat a faim. Mais le budget de la guerre est florissant el grasse- ment repu. Millions et millards s'engouffrent dans ces abimes béants l'Angleterre a 139,168 soldats, la Russie 575,400 la Prusse 264,500, l'Autriche 236,000, la France 400,0001 La fanfare guerrière étoufife le gémissement de la mère, le cri d'angoisse de l'orphelin... Oui, le dix-neuvième siècle est l'ère de la civilisa tion et de la fraternilél Ritottowaru scalpe l'ennemi, le met a la broche ou en pAté, les goüts et les couleurs ne se discutent pas 1 l'homme civilisé jelte son frère en pêture au Ver du cimetière... II y a la différence du procédé! Sous Louis XV, l'abbé Terray disait II est juste de payer ceux qui pleurent avant ceux qui chantent. e Serait-il moins juste de donner le pas au budget de la misère sur le budget des casques qui élin- cellent au soleil? M. Pirmez est l'homme de l'a-propos. Une fois pour varier la monotonie de ses exercices la Chambre touche, du bout des ongles, la question sociale et humanitaire, qui intéresse a un haut degré le sort du prolélariat. Devore d'un grand dévoue- ment, le chef du département de l'Inlérieur, prête uneoreille attentive.... son tour de parole arrive, et lui, péle, en proie a une émotion que le navrant ta bleau de l'enfant du peuple, livré, presqu'au sortir du berceau a un labeur homicide doublé d'epaisses ténèbres intellectuelles, ne justifie que trop chez un homme de coeur et d'intelligence, il se léve... le pays est suspendu a ses lèvres augustes. Messieurs, dit-il, d'une voix douloureusement brisée, messieurs, j'aime d'amour.la mésange et le rossignol qui peu- plent les bocages de nos pares, et délivrent les ro- siers épanouis dans nos parterres d'innombrables in- sectes.... Dèsormais, je vous lejure! la haute lutelle gouvernementale leur est acquise. Dixi. Done en fait de régleinentalion du travail de la femme et de l'enfant, ,M. le ministre aime les petits oiseaux du bon Dieu Ce sentiment part d'un bon naturel, sans doute, et le prolélariat reconnaissant n'en saurait trop vivement témoigner sa profonde gratitude. Malheureusement, s'il est des oiseaux qui mangent les insectes, il en est d'autres qui dé- vorent les héritages. A chacun sa petite spécialité et son petit métier, nous le savons; aussi, les pauvres tondus et plumés jusqu'au sang, ne demandent pas la tête des coupables, abrités sous la puissanle et li bérale sollicitude de M. Pirmez, rnais, très-humble- ment, ils font appel aux souvenirs de collége de l'auti- oiseleur ministeriel el le supplient respectusement, lui si compatissanl aux miseres humaines, de faire aux oiseaux de proie qui guettent le moribond la pe tite opératiou conseihee par le père au Lion ainou- reux Vos griffes la pourront blesser Quand vous voudrez la caresser. Permeltez-donc qu'a chaque patte 9

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1869 | | pagina 2