Le livret devait avanl tout être une garantie en fa
veur de l'ouvrieril devait servir a constater par
écrit les engagements entre maitres et ouvriersau
contraire il ne sert guères qu'a constater les dettes
de ces derniers. Entendue de la sorte, la mesure de-
vient injuste dans son application.
Ainsi s'exprime aujourd'hui l'organe de M. le
commissaire d'arrondissement et cependant nous
nous rappelons qu'il n'y a guères plus de deux
années M. Carton fit émettre par VAssociation
agricole, dont il est le président, le vceu de voir
appliquer la loi sur les livrets aux ouvriers agri-
coles. Vainement lui objectait-on que cette loi
élait attentatoire a la liberté de 1 ouvrier et
inique, que la plupart des chambres de commerce
en réclamaient 1'abrogation. A cette époque le
ministère était partisan de la loi et, comme de
juste, M. Carton ne voulait rien entendre. Au
jourd'hui le ministère veut supprimer les livrets
et aussitót M. Carton déclare, dans son journal,
qu'il n'y a pas grand mal. D ou vient cette
contradiction et comment M. le président de
YAssociation agricole a-t-il pu réclamer un jour
l'extension d'une mesure qu'un autre jour il de
clare injuste dans son application?
Serait-ce done la un des cótès et non Ie
rooins piquant, coup sur, de cette politique
pratique que nous entendons glorifier si souvent,
qui fait qu'un homme n'a d'autres convictions que
celles du pouvoir, soutenant un jour blanc, noir
le lendemain et exécutant des pirouettes avec
l'agilitê et la prestesse d'un pantin sous l'impul-
sion de la main qui tient la ficelle?
Est ce cette politique pratique qui, lors de la
présentalion de la loi sur les successions en ligne
directe, fit de M. Carton, d'abord adversaire
acharné de cette loi aussi longtemps que le
triomphe de M. Frère paraissait douteux, un
partisan enthousiaste, presque du jour au lende
main, dès que, par le renouvellement du Sénat, le
triomphe du ministre fut devenu certain
Est ce toujours cette politique pratique qui a
valu {'arrondissement d'Ypres, pendant toute la
durée du ministère clérical de M. De Decker,
l'insigne honneur de conserver pour commissaire
et a Association libérale la douleur de ne pas le
voir ses réuuions, lui qui, nommé par le minis
tère libéral pour régénérer son arrondissement,
déclarait bien haul que jamais, au grand jamais,
il ne servirait un ministère catholique!
11 est bien possible que ce soient lè autaut
d'effets divers d'une mème cause. Mais il est
douteux que cette politique, quelque pratique
qu'elle soit, ajoute beaucoup a la consideration
de ceux qui s'en font les apótres.
Croqnignoles.
Grande nouvelleA l'ombre de l'isolement par
lementaire, le deuxième inembre de la trinité doctri
naire yproise prépare sou meaden speach. Nous
pouvons le certifier si l'honorable manie la parole
comme il manie la plume, jamais assemblée n'aura
étèconviée a pared régal. Déja, les organes autorisés
de la presse, les étoiles queue-tralnanle, comme le
Progrès, ont dépeint en dithyrambes flamboyants le
prodigieux effet produil sur l'auguste aèropage, par
la simple apparition de l'auteur inspire des Rapports
de la Chambre de commerce d'Ypres.
C'était bien l'homme appelé a combler le vide
creusé par ('ostracisme de M. Yan Renynghepa-
thétique a son heure. Nul n'a perdu le souvenir
des accents déchirants de cette lyre qui soupirail si
drólatiqueovent les infortunes de la pomme de terre.
Inimitable dans la peinlure du règne végétal, Ie
collègue de M. Van Merris va sauter a pieds joints
sur le règne animal, et entamer de plain-pied un
sujet historique. C'esl par la qu'il compte débuter et
voici le thême de eet air infiniment varié On sait
qu'au sortir du cabinet d'une excellence, Nestor Ro-
queplan, bec-a-bec avec un quidam qui lui tendait
les deux mains, lan§a au nez de soa ami cette apo
strophe oi Tu es faux comme la poignée de mains
du ministre de l'Intérieur. Voila le fait.
De quel pays était ce ministre?.. Relge, Francais ou
Chinois?.."— A quelle époque siégeait-il rue de la
Loi?..—Voila les points obscurs que l'honorable,
parfaitement en position, est chargé d'èlucider.
Pourvu qu'il n'oublie pas d'éclairer sa lanterne
La répétition générale est fixée la veille de lexé-
cution.
VIEconomie de Tournai raconte que, dans un diner
officiel, M. Alphonse Vandenpeereboom aurail mani
festé le regret de ne pas avoir appris a nager, art,
ajoutait le grand ministre, aussi utile qu indis
pensable.
Ainsi, on arrive a faire le plongeon avec cette rare
habileté, sans avoir fréquenté la moindre petite école
de natation?... Prodigieux, prodigieux!!
C'était au concert Samuel. Van Compernolle as-
sistait ébahi au délirant triomphe de Rubinstein.
Electrisée, la salie rappelle vingt fois le grand ar
tiste.... De quoi, de quoi, s'écrie le citoyen de Po-
peringhe, le public s'évertue a rappeler ce mösieu
qui jout le piano, et mösieu Alphonse qui joue au
Choppinet bien autrement fort, on ne le rappelle pas
une fois a la direction suprème de l'enseignement!...
Sacrebleu, sont-ils bêtes! Altendez une fois que je
rentre chez nous, je les recommanderai a la meilleure
verge de mösieu Van Merris.. Ah! ils rappellent
Rubinstein et pas Alphonse!!!...
et lorsque nous voyons les institutions de ce genre
qui se créent Courtrai, a Roulers et dans dautres
localités bien moins importantes, nous regrettons qu'è
Ypres les ojivriers se monlrent si peu soucieux de
leurs intéréts et qu'ils semblent attendre, pour les
soigner, que le mot d'ordre leur vienne de quelques
aristocrates dont le seul but est de les exploiter.
La Société de secours mutuels les Léopoldistes, i>
a Roulers, vient de publier son rapport pour l'exer-
cice 1868. Comparativement a 1867, le nombre de
ses membres, tant honoraires qu'effectifs, s'estaccru
de 288 a 314, soit une augmentation de 76. Les re
cettes ont atteinl le chiffre de fr. 2,434-26, les dé-
penses celui de fr. 1,825-68. Reste un boni de
fr. 608-58 qui, joint a l'excédant de l'exercice clos
le 31 décembre 1867, fr. 2,524-85 donne un
chiffre disponible de fr. 3,133-43.
Le rapport fait ressortir en termes éloquents et
convaincus les avantages précieux que procurent les
sociélés de secours mutuels, non-seulement au point
de vue de l'existence malérielle, mais sous le rapport
de l'indépendance et de la dignilé de l'ouvrier et il
constate, avec une satisfaction bien naturelle, que
depuis neuf années qu'elle existe, la société des
a Léopoldistes a été toujours en progressant.
Ce résultat est dü a ['intelligence de la classe ou-
vrière et au dévouemeat de quelques philanthropes
éclairés, membres honoraires de la Société, parmi
lesquels le rapport cite particulièrement M. Charles
de Brouckere, notaire a Roulers et feu M. Léonard
Van Hollebeke. L'autorité communale aussi a prêté
son concours.
Outre ses fonds, la société des Léopoldistes pos-
sède un mobilier d'une valeur de plus de 700 francs
et urie bibliothèque populaire composée de 650 ou-
vrages. Fidéle a son origine el au but paternel de son
institution, elle a ouvert depuis le le' juillet l'accès de
sa bibliothèque aux membres de la société philan-
thropique Sans nomnon sans cceur, sous la pré-
sidence de M. le juge de paix Dirckx de Roulers, de
mème qu'aux élóves qui fréquentent les écoles du
soir palronnées par cette société. Celle-ci, de son cötè,
n'a pas voulu rester en ai rière et elle a fait don a la
bibliothèque des Léopoldistes e de 55 nouveaux ou-
v ra ges.
En outre la société de Secours Mutuels de Roulers
a organisé des conférences pour les ouvriers et elle
vient de crèer une caisse d'épargue dans laquelle
chacun de ses membres et tous ceuxqui habitent avec
lui, pourront verser, aussi souvent qu'ils le voudront,
la minime somme de 10 centimes ou plus entre les
mains de la commission administrative de la société»
Lorsqu'un versement aura atteint la somme d'un
franc, la commission prendra a la Caisse d'épargne
nationale un livret au nom de celui qui aura effectué
ce versement.
Le rapport termine par un chaleureux appel au
concours des patrons et des ouvriers.
Nous ne pouvons que féliciter sincèrement, après
la lecture de ce rapport, toulesles personnes dévouées
qui ont été mêlées, un titre quelconque a ('organi
sation oü a l'administralion de la société des <r Léopol
distes, du brillant résultat obtenu en si peu de temps,
Correspttndance particuliere de l'OPI.flOII.
BruxelFs, 19 Février.
L'épidéraie est en pleine décroissance. Depuis une
dizaine de jours, le nombre de cas nouveaux a consi-
dérablement diminué et ceux qui se sonl produits
attestent, au dire de tous les mêdecins, une atlénua-
tion sensible dans le caractère mème de la mala-
die.
Mais la liquidation du passé n'est pas terminée
encore. Chaque jour la mort fait de nouvelles vic-
times, et chose remarquable, elle les choisit de prefe
rence parmi ceux que leur jeunesse et leur brillante
santé semblaient promeltre a une longue existence.
Bénigne en général chez les enfants, l'épidémie s'est
particulièrement acharnée sur lesjeunes gens de 18
a 35 ans, et parmi ceux-ci, elle a choisi les plus vi-
goureux. La science parviendra-t-elle a expliquer ce
mystère? On peut en douter, pour le moment du
moins, car toute sa thérapeutique s'est bornée, dans
le cas présent, a des precautions presqu'exclusive-
ment hygiéniques, les médecins se contentant, pour
la plupart, de recommander l'eau claire, une grande
propreté et le fréquent renouvellement de l'air dans
la chambre du malade.
Quoi qu'il en soit, nous voici, ou peu prés, remis
de nos frayeurs. Bruxeiles a repris maintenant sa
physionomie habituelle. Mais la secousse a été pro-
fonde et, sans compter les deuils innombrables qu'elle
a semés autour d'elle, on peut compter qu'elle a pro
duit des maux dont les effets se feront sentir long
temps encore. Privé des fêtes d'hiver qui sont sa
plus précieuse ressource, notre commerce de luxe,
déjè bien maltraité par la dernière crise, souffre
d'une gêne dont on se ferait difïicilement une idéé, et
d'autant plus cruelle, que le deuil de la Cour' ne lui
laisse entrevoir aucune espérance prochaine d'amé-
lioration. Quant au Quartier-Léopold, que la crainte
de l'épidémie a rendu désert, il n'est pas probable
qu'il se repeuple avant l'biver prochain. Voici les
beaux jours qui reviennent les grandeS families qui
ont fui Bruxeiles ne voudront pas y revenir avant
que l'épidémie ait entièrement disparu, et d'ici-la,
nous aurons atteint le printemps.
Quant 5 nos théatres, ils sont plus déserts que ja
mais. M. Letellier, le directeur de la Monnaie, a eu
beau réduire de prés de moitié le prix des places, la
salie reste aux trois quarts vide; chose a peine croya-
ble, la dernière reprèsentation du Pardon de Ploërmel
a produit 320 francs.
L'événement politique de la semainedernière a été
le vote du projet de loi sur les cessions de concessions
de chemins de fer. Les journauxofficieux francais, fei-
gnant de considérer cette loi comme une mesure spécia-
lementdirigéecontre la France,jettent feu et Hammes et
menacènt la Belgique d'une guerre de tarifs. G'est de
tout point la seconde édition de la croisade organisée,
au mois de mai 1852, contre le ministère libéral et
qui fut la cause déterminante de sa retraite. Heureu-
seinent pour nous, la situation góuerale de l'Europe
s'est beaucoup modifiée depuis 1852 et la Belgique n'en
est plus a devoir s'humilier devant les menaces du
chauvinisme francais.
La question des études classiques fait en ce mo
ment a la Ghauibre l'objei d'un debat très-intéressant.
Bien que ce debat ne doive aboutir a aucun résultat
immédiat puisque le gouvernement ne formule au
cune proposition, il est important au plus haut point
que ['opinion publique s'éclaire sur une question qui
met directement en cause les intéréts moraux et in-
tellectuels de la nation. Partisans et adversaires des
études classiques sont déja d'accordssur les vices des
méthodes. La discussion ne dfft-elle pas avoir d'autre
conclusion, que je Ia considérerais, pour ma part,
comme infiniment plus utile qu'une brillante passé
d'armes sur le clérical et Ie libéral.