JOURNAL
D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
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YPIVES, üiinanche Septième année. N° 11. M Ülars 1869.
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Xpres, «3 Mars «sa».
La Chambre des représentants s'est enfin
dêcidée b rejeter les fameux amendements de
M. Watteeu. Ce n'a pas été sans peine, paralHl,
car jusqu'au dernier moment, ainsi que le constate
notre correspondant de Bruxelles, la majorité a
hésité, partagée qu'elle était entre le désir de
donner un nouveau gage de sympathies au mi-
nistre condamné par un vote récent du Sénat et
les apprehensions que la presse libre lui inspire.
Notre correspondant attribue a l'effet produit
par le discours de M. Watteeu le revirement qui
s'est opéré brusquément dans l'esprit de la majo
rité. Sans nier que ce discours, oü la haine de la
presse s'accuse en des termes si peu déguisés, ait
pu conlribuer a produire ce résultat, nous sommes
portés a croire que l'attitude de la presse n'y a
pas été absolument étrangère et que nos hono-
rables ont reculé devant le danger d'ameuter
contre eux les colères des journaux,
Quoi qu'il en soit, nous n'en félicitons pas
moins, et trés sincèrement, la Chambre de son
vote. Mais la question n'est pas encore définitive-
ment résolue. Bientót elle va se présenter devant
le Sénat oü elle risque fort de rencontrer une
opposition beaucoup plus norabreuse et plus dé-
cidée qu'a la Chambre. C'est a la presse 5 faire
entendre sa voix et b dominer, par la fermeté de
son maintien, les resistances que l'esprit de ré-
action ne manquera pus d'opposer au triomphe de
la réforme libérale dont M. le ministre de la Jus
tice a pris l'initiative.
II faut aussi, si elle veut pouvoir, en cette
circonstance, compter sur le concours de l'opinion
publique, qu'elle prenne a tüche de dissiper ce
préjugé fatal qui consiste a croire que la presse
jouit, en Relgique, d'une impuriité presqu'absolue
et que les lois sont impuissantes a réprimer ses
excès.
II n'est pas, disons nous, de préjugé plus fatal
que celui-ci et, malheureusement, il n'est que
trop répandu. Combien de gens ne rencontrerez-
vous pas, mème parmi les plus intelligents, qui
vous soutiendront, de trés bonne foi, que la con;
Irainte par corps est la seule digue capable d'ar-
rêter les débordements de la caloranie et que,
sans elle, l'honneur, la réputation des ciloyens
seraient a la merci des folliculaires
Rien nest moins exact, pourtant, et il suffit
de jeter un regard sur les dispositions du Code
pénal concernant la calomnie et l'injure pour ètre
convaiucu que ia legislation actuelle donne aux
citoyens toutes les garanties désirables. Non-
seulement ces garaqties existent, mais il ne serait
que juste de dire que le Code pénal révisé les a
renforcées au point d'amoindrir la liberté elle—
même et de diminuer les droits qu'elle tient de
la Constitution.
Ce qui entretient le préjugé que nous venons
de signaler, c'est le petit nombre de procés de
presse intentés devant la juridiction criminelle.
Paree que le jury est trés rarement saisi de délits
de presse, on en conclut que Ia législation en cette
matière présente des lacunes qui ne permettent
pas d'y recourir plus souvent.
Nouvelle erreur. Ce ne sont point les lacunes
de la !oi qui font que l'on recourt de préfêrence
la juridiction civile, mais bien plutöt la crainte
qu'inspire Ie jury aux prêtendues victimes de la
calomnie. Elles craignent le jury qui juge, lui,
dans la pleine liberté de sa conscience et s'adres-
sent b la juridiction civile nécessairement assujétie
aux textes de la loi qu'elle a le devoir d'appli-
quer. La raison de la rareté des procés de presse
est la et non ailleurs. Voilé ce qu'il faut que
l'opinion publique sache car elle ne veut pas
plus que nous même de l'impunité pour les mé-
faits de la presse, et quand elle sera convaincue
que cette impunitè n'existe pas, c'en sera fait de
la contrainte par corps, avec ou sans le Sénat.
Mlea cnlpi, men culpa, inca maxima culpa.
Pendant la dernière sernairie du mois de février,
la tribune de la Chambre des représentants res-
semblait un confessionnal. L'heure des actes de
contrition avait sonné et c'est b qui de tous ces
grands coupables doctrinaires ferait les aveux les
moins édifianls, aussi pénibles pour leurs auteurs
qu'instructifs et réjouissants pour le public qui les
entendait.
D'abord, a propos du rejet par le Sénat du
budget de la Justice, c'est M. Bara qui passe, a
tort ou a raison, pour le moins doctrinaire de nos
ministres, se frappant la poitrine et infligeant en
ces termes, hélas pénitence a sa faiblesse
Voila trois ans que je jouis de la confiance du
Roi, de la confiance de mes amis politiques, et qu'ai-je
done fait de si violent? J'ai oblenu du Sénat, par ma
moderation, le vote unanime de la disposition du Code
pénal relative aux ministres des culles. Ce vote, je
l'ai obtenu d'accord avec la droite; ainsi j'ai résolu, a,
la satisfaction de tous, une question qui avait profon-
dément divisé les partis dans cette Chambre.
Je suis parvenu a faire exécuter la loi de 1864
sur les bourses d'étude.
J'ai monlré, dans toutes les cirConstances, des in
tentions conciliatrices.
Je n'ai même pas réclamé de mes honorables amis
politiques la mise a l'ordre du jour du temporéi du
culte.
II y a peu de temps encore, j'annoncais a ia
Chambre que je m'étais préoccupé de la question des
operations césariennes, et que je ne déposais pas ce
projet de lor, dans l'espoir que l'épiscopat retirerait ses
instructions et que Cintervention législative devien-
drait inutile.
Est-ce clair
Puis vient M. Orts confessant qu'une heure
auparavant il était enclin la conciliation, mais
qu'il n'en voulait plus après Ie vote du Sénat et se
défendant néanmoins d'agir par représailles.
Puis M. le ministre de I'Intérieur pratiquant Ia
conciliation dans l'allocation du subside aux Bol-
landistes, pour la dernière fois, dit-il, et deman
dant grüce pour eux après avoir juré ses grands
dieux que cela ne lui arrivera plus.
Enfin voici a son tour, et non le moins curieux,
M. Alph. Vandenpeereboom, pieds nus, corde au
cou et le cierge a la main, implorant l'absolution
d'un passé plein d'équivoques. L'habileté de l'ho-
norable représentant, ses volte-faces hardies jus-
qu'a la provocation et cette mobilité obéissant aux
circonstances avec la même docilité que certains
appareils aux vents, sont bien apprèciées aujour-
d'hui. Les confessions sont familières b M. \lph.
Vandenpeereboom et ses repentirs n'attendrissent
plus personne ce sont autant d'abris dans son
voyage politique lorsque, l'horizon se chargeant,
forage menace. Alors sont appelés au secours de
promesses les moins sincères et cette voix pleine
de larmesetcet ouctueux visage que les RB. PP.
deS. Acheul ne désavoueraient pas.
Pour notre part nous avons déjè assisté une
douzaine de fois a la contrition de M. Alph. Van
denpeereboom, ce qui ne fa jamais empêché de
reprendre ses anciens errements aussitót que les
circonstances qui avaient fait naitre son repentir
s'étaient raodifiées.
C'est encore sous l'empire de circonstances par-
ticulières et dans la crainte que son silence n'é-
loigne encore plus de lui les libéraux surexcités
par le vote du Sénat, que M. Alph. Vandenpee
reboom a fait, dans la seance du 26 février, la
déclaration suivante, précieux aveux dont chaque
phrase, chaque mot, mérite d'être médité. Nous
copious textuellement des Annales parlementair es
M. Alph. Vandenpeereboom. Je demande la
parole uniquement pour motiver raon vote.
Je n'entrerai done pas dans de longs détails con
cernant les Acta Sanctorum publiés par les Bollan-
distes.
Je suis de ceux qni ont toujours voté le crédit de
6,000 francs pour encourager cette publicationet
'f
PRIX RES AISOSCBS