JOURNAL D'YPRES DE L'AKRONDISSEMENT
YPKES. Dimanche
Septième aonée. N° 12.
21 Mars 1869.
PI tlX U'tBOS^EIIEilT
POUR LA BELGIQUE
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La sincérité du vote.
La Chambre vient de voter enfin, après une
interminable discussion, le projet de loi relatif
la formation des listes électorales.
Qu'aux yeux des tripoteurs d'élections des deux
partis, ce projet ait une grande importance, ou
ne saurait en douter, en présence de l'acharne-
ment avec lequel nos cléricaux ont défendu pied
a pied la législation existante et de la résistance
de la gauche a toute espèce de concession.
Mais le pays, que lui importe, a Iui, que ce
soit telle autorité plutót que telle autre que la
loi charge de surveiller les listes électorales?
Après une expérience de vingt années, il com
mence a comprendre qu'il n'a pas plus a attendre
des doctrinaires que des cléricaux et son indiffe
rence pour les uns n'a d'égale que celle que lui
inspirent les autres.
Ainsi, qui s'est le moins du monde soucié de
l'adoption ou du rejet du projet présenté par le
gouvernement? 11 est voté, c'est bien. La Chambre
l'aurait rejeté que c'eut été bien encore.
X
Le projet de loi, a dit M. d'Elhougne, aura
pour résultat d'assurer la sincérité du scrutin
électoral, faussé aujourd'hui par l'esprit de parti
qui préside h la formation des listes.
Eh, mon Dieuvoilé un bien grand malheur
que deux ou trois cents électeurs soient indument
inscrits sur les listesQue ces deux ou trois cents
intrus soient rayés, chacun est bien convaincu
que les choses n'en iront ni inieus ni plus mal.
Avec la nouvelle loi, la Chambre comptera peut-
être trois ou quatre représentant» doctrinaires de
plus ou de moins. Qu'est-ce que cela nous fait.
X
On parle, comrae d'une chose très-grave, de
quelques pauvres diables indument appelés
voter, et l'on compte pour rien les trois ou quatre
cent mille citoyens qu'une législation surannée
privé de toute participation au droit de suf
frage.
La députation permanente de la Flandre oriën
tale a maintenu sur les listes 20 ou 30 électeurs
qui n'avaient pas le droit d'y figurer. Horreur!
il faut a l'instant même modifier une loi qui
permet d'aussi épouvantables abus. Mais qu'on
vienne dire a la Chambre II y a, en Belgique,
trois ou quatre cent mille citoyens que vous pri -
vez, contre toute justice, de leur droit incontes
table de prendre part a la vie politique. La
Chambre fait la sourde oreille et parle d'autre
chose.
X
Et ces messieurs veulent qu'on prenne au sé-
rieux les lois qu'ils font pour assurer Ia sincé-
rité du vote Et paree qu'il ne nous plait
pas de hurler avec eux et d'applaudir leurs
petits coups de parti, nous ne serions plus des
libéraux et nous serion» devenus indignes de por
ter le drapeau de la liberté? Ah nos bons mes
sieurs, le beau temps oü vous pouviez dire cela
avec la certitude d'être crus sur parole, ce beau
temps lè, est passé, il faut en faire votre deuil.
Yos foudres d'excommunication sont pour le
moins aussi usées que celles du Vatican. La li
berté peut maintenant se rire l'aise de vos
coières et de vos mensonges. Impuissants pour
le bien, vous êtes devenus impuissants pour le
mal.
Le 11 de ce mois sommation a été faile au
nom du Collége échevinal de cette ville a la su
périeure de l'ècole La Motte, de rendre, endéans
le mois, compte de la gestion des biens dépendant
de la fondation et de remetlre au secretariat
communal tons les documents relatifs cette fon
dation. Un avenir prochain nous dira done si les
dames de Lamotte conquerront les palmes du
rr.artyre ou si le collége échevinal battra en re
traite en temps opportun.
Une pétition circule en ce moment a Ypres
ayant pour but de réclamer de nos Chambres la
taxe uniforme des lettres a 10 centimes. Cette
pétition est couverte d'un grand nombre de si
gnatures parmi lesquelles figurent celles de la
plupart des industriels et des commercants de la
ville et de l'arrondissement.
L'abaissement du prix des lettres a 10 cen
times pour toute la Belgique est depuis longtemps
l'objet de nombreuses réclamations et figure
parmi les voeux constants de presque toutes nos
chambres de commerce.
Nous voyons avec plaisir la population yproise,
qui n'a guère abusé jusqu'ici du droit de pétition,
se mèler au mouvement et quelques-uns prendre
l'initiative en dehors de toute intervention offi-
cielle.
C'est chose digne de remarque, en effet, que
l'absence compléte sur cette pétition de tous ceux
qui touchent de prés ou de loin a la coterie. Ces
messieurs qui ont sans cesse a la bouche et dans
leur encrier les plus ardentes sympathies en fa
veur de l'industrie locale, s'effacent, s'abstiennent
lorsqu'il s'agit de poser des actes ou de réclamer
une mesure qui doit être éminemment favorable
aux affaires. Pourtant 'a taxe uniforme des lettres
alO cent. a été jadis l'idée favorite de M. Alph.
Vandenpeereboom qui avait promis en plus d'une
circonstance de la mener au succès. II est vrai que
M. Vandenpeereboom, aussitót qu'il a eu un por
tefeuille en main, s'est empressé, soit absorption
de travail, soit distraction, soit tout autre motif,
d oublier son idéé favorite et voilé sans doute ce
qui explique encore aujourd'hui l'abstention des
hommes de la coterie. A l'exemple du maitre,
les dociles serviteurs manquent de mêmoire. Rien
de plus rationel. Quand Auguste atfait bu, Ia Po-
logne n'était elle pas ivre
Correspondance particuliere de POPHVIOIV.
Bruxelles, 19 mars.
L'incident franco-beige a très-vivement préoccupé
l'attention publique dans ces derniers jours et, en ce
moment même, il fait encore l'objet de toutes les
conversations de notre monde politique. Je ne vais
pas entreprendre de vous mettre au courant de toutes
les rumeurs qui circulent au sujet de eet incident .-
rumeurs rassurantes d'un cöté, alarmantes de l'autre
et toutes également hasardées, car nos ministres gar
dent, même vis-a-vis de leurs amis politiques les
plus intimes, un secret absolu sur toutce qui touche
aux reclamations du gouvernement francais, et quant
a ce dernier, la diversité et la contrariété même des
renseignements que publient ses journaux officieux
montre bien qu'il s'entoure de la même discretion.
Quoi qu'il en soit, voici, d'après les informations
les moins suspectes, quel serait l'état actuel des né-
gociations. L'idée de soumetlre le differend a l'arbi-
Irage d'une conférence européenne aurait été aban-
donnéedecommun accord et les déux gouvernements
seraientconvenus de régler eux-mêmes, sansaucune
intervention étrangère, les divers points sur lesquels
ce différetid porte.
Une commission, composée en nombre égal de re-
présentanis beiges et francais, se réunirait a eet effet
a Paris. Mais la difficulté serait précisóment de deter
miner nettement la mission de la commission franco-
beige.
Le gouvernement beige entend bomer cette mis
sion a l'examen des tarifs internationaux, de manière
a assurer aux compagnies francaises les transports
dont elles auraient profité par Sexploitation directe
du Grand-Luxembourg et du Liegeois-Limbourgeois.
Le gouvernement francais trouverail cette propo
sition trop reslreinte et demanderait que la commis
sion s occupat de toutes les questions économiques
qui intéressant les deux pays, y compris même l'exa-
men des conventions de chemins de fer.