JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENI
Le todt payable d'avancb.
VPRES, ÜimaDche
y Septième année. N° 13.
28 Mars 1869
Paraissant le dimanche.
PltlX DES 41NOICES
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POUR LA BELGIQUE
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Correspondance particuliere de I'OPIXIOS,
Bruxelles, 26 mars.
La note quele Moniteur a publiée mardi dernier sur
Pincident franco-bélge et que Ie Journal ofjiciel de
l'Empire s'est empressé dereproduire a été accueiliie
ici avec un sentiment de vive satisfaction. Sans doute
toutes lesdifficultésnesontpaslevées; maisles termes
mêmes de la note oflïcielle en précisant netiement les
points sur lesquels les négociations vont porter,
donnent toute certitude que ces difficultês, si elles
se présentent, pourront être réglées a t'amiable et
sans aucun péril, ni pour notre dignité nationale, ni
pour Ia paix européenne.
Nous savons maintenant qu'il n'est pas vrai que le
gouvernement francais réclame de nous le retrait de
la loi sur les cessions de chemins de fer. Nous savons
aussi qu'il n'est point du tout question de nous faire
souscrire a une union douanière qui sera, dans les
circonstances acluelles, de nature a compromettre
notre neutralité. C'étaient la les deux points qui
nous tenaient surtout a coeur et sur lesquels nous
sentions que toute transaction élait impossible. Ces
points écartés, il n'est plus d'obstacle sérieux a une
entente amiable et personne ne doute plus que cette
entente se réalise a la satisfaction commune des par
ties.
M. Frère-Orban partlundi pour Paris. Desjournaux
pensent,que le but de ce voyage serait d'obteuir du
gouvernement francais qu'il renoncat a la commission
internationale pour s'enlendre directement et sans
l'intervention d'aucun intermédiaire sur les ques
tions a rèsoudre. Je suis beaucoup plus porté a croire
que ce voyage se rapporte tout simplement au desir
que doit èprouver M. le ministre des Finances d'é-
clairer personnellement le gouvernement francais sur
les véritables motifs qui l'ont déterminé a refuser la
sanction du gouvernement beige la cession du che-
min de fer du Luxembourg.
Le Sénat sera convoqué immédialement après les
vacancesde Paques pour avoir a discuter prochaine-
ment le projet de loi sur la rèvision des listes électo-
rales que le cabinet tient beaucoup rendre exécu-
toire pour les elections prochaines du mois d'octobre.
S'il faut croire les bruits qui circulent dans nos
cercles politiques, les dispositions du Senat ne se-
raient rienmoins que favorables a l'abolilion de la con
traite par corps et a supposerque la majoritése décide
a l'accepter pour les dettes civiles et commerciales,
il est a peu prés certain qu'elle insèrera dans la loi
un amendement dans le sens de celui que M. Watteeu
a prèsentéa la Ghambre c'est-i-dire que lacontrainte
par corps, supprimée pour tout te moude, sera main-
lenue en matière de presse, sans doute a tilre de pri-
vilèges pour les journalistes.
Le projet ainsi amendé reviendra a 'la Chambre et
comme il n'est pas a supposer que celle-ci donne
raison au Sénat on trouvera plus simple, pour éviter
un nouvaau conQit, d'enfouir Le projet dans les car
tons du greffe.
M. Renard, le ministre de la Guerre, est enlièrement
rétabli. II est certain, dès a présent, qu'il défendra
lui-même son budget dont la discussion s'ouvrira im
médialement après celle du budget des affaires etran-
gères.
L'état de santé de la princesse Charlotte s'est ag-
gravé dans ces derniers temps au point de faire prè-
voir une crise fatale el imminente. Au dire des mé-
decins, l'infortunée princesse n'atteindra pas l'élé.
La représentation de la Patti a eu lieu mardi der
nier. L'assistance était nombreuse, comme vous pou-
vez croire, pas aussi nombreuse cependant qu'aux
représenlations que la diva nous avail données il y a
quelques mois. Beaucoup de spéculateurs qui avaient
compté sur l'engouement du public, se sont cruel-
lement échaudés. A huit heures du soir, on offrait
six et sept francs des places payées vingt cinq
francs au bureau de location. Sur ia place de la
Monnaie j'ai vu un Francais, un romain du
théêtre des Italiens vendre a 2 francs des billets de
parterre qui lui avaient cohté a lui-même 15 francs.
Aussi ii aurait fallu voir sa fureur! Vers 10 heures,
comme il lui restail encore deux billets de stalles dont
il ne parvenait pas a se défaire, il a fini par les don-
ner pour rien a deux voyoux, qui sont allés s'instal-
ler au beau milieu de la fiue fleur de notre aristo
cratie slupéfaite.
Le directeur du théètre de la Monnaie pour l'année
prochaine n'est pas encore désigne. Pour peu que
cette incertitude se prolonge, il deviendra impos
sible au successeur de M. Leteüier de composer sa
troupe et le théatre devra rester fermé.
II est question que M. Raphaël Félix vienne, au
mois de juin prochain, avec toute la troupe de la
Porte Saint-Martin, jouer au théatre de la Monnaie le
grand drame de M. Sardou, Palriequi vient d'ob-
tenir un si grand succès Paris.
Le nouvel oratorio de M. P. Benoit, de Scheldea
été joué a la salie du Palais Ducal, avec un succès
considerable. De l'avis de tous les critiques impor
tants de Bruxelles, c'est une oeuvre hors ligne et su
périeure, comme puissance de conception et comme
variété de details, a l'oratorio Luciferqui a été le
début du compositeur dans ce genre La maison
Schott vient de se charger d'éditer le Schelde. Pour
les cocnaisseurs, ce fait vaut mieux que tous les
èloges que je pourrais ajouter.
II n'est que trop vrai que la mort du gènéral Ne-
renburger, le commandant de l'Ecole militaire, est
due a un suicide. C'est le désespoir causé par la
perte récente de son dernier enfant qui, dit-on, a
poussé le général a cette funeste résolution.
La pleine réussite des fêtes qui ont eu lieu, l'année
dernière, a la Plaine des Manoeuvres, a déterminé la
commission a tenter de nouveau l'épreuve. Le diffi
cile sera de contenter le bas de Ia ville, qui s'est
plaint si amèrement l'an dernier et qui compte sur
de larges compensations.
Le bruit a circulé depuis quelques jours que l'im-
péralrice Eugénie se proposait de rendre bientót vi
site a la Belgique. J'ignore jusqu'a quel point ce bruit
mérite confiance; mais, dans tous les cas, il n'est
guère probable que l'impératrice se décide a ce
voyage avant le règlement définitif de l'incident
franco-beige.
Croqnignoles.
Supposez Platon pour son malheur rappelé a
la viel contemporain des Langrand-Dumonceau,
des Loyola-Deboey, des légalaires-universels pour
l'amour de Dieu et de sa sainte Eglise, Platon, ex
posé sans parapluie a la pluie de millards des bud
gets de l'ère de civilisation, persisterait-il dans cette
definition de l'homme Unbipède... sans plumes?..»
Bipède-plumé serait, sauf meilleur avis, plus pho-
tographique.
Triste et affligeanl spectacle! Vaste tripot, l'E-
glise catholiqueapostollque et romaineest elle
autre chose qu'une machine pneumatique, qui pompe
jusqu'a la moëile toutes les forces vives de l'huma-
nité, imbécile et abatardie?
Et ces sinistres caricatures de Law, recrutées au
haut et au bas de l'échelle sociale, titrées et décorées,
qui exploilent l'obole de la veuve et de l'orpheliu
sous les lambris dorés et, du haut de la tribune légis-
lative, dénoncent d'une voix indignée les risées des
naïfs qui luttent au nom de principes purs de
lout alliage, n'est-ce pas l'anthropophagie en gants
blancs
II les connaissait bien, Barthèlémy, lorsqu'il les
fustigeait de sa verge vengeresse
Le cadavre est notis, payons-nous notre peine,
Nos coups de dents et nos abois;
Du sang chaud de la chair, allons, faisons ripaille
El gorgeons-nous tout notre soül;