JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT VPRES, Dimanche Septième année. N° 14. 4 Avril 1869. PIÏIX D'tBOllGüIEIT POUR LA BELG [QUE 8 francs par an4 fr. 50 par semeslre. Pour I'Elranger, le port en sus. Un Numéro 25 Centimes PKIX DES AilKOXCGS ET DES RECLAMES 10 Centimes l& petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes. Lb tout payable d'avance. Paraissant le dimanche. Laissez dire, laissez-vouj hldmer, mail puhliet rolre prruee. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journal, chez Félix Lambin, imp. -iib., rue de Dixmude, 59. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. routes lettres ou envois d'aryent doivent étre adressés franco au bureau du journal Le proces de St-Cténois et la loi de imi. Le payss'impose, depuis une vinglaine d'années, des dépenses trés considérables en faveur de l'en- seignement primaire. II ne s'en plaint pas, il est prêt h en faire de plus considérables encore, mais il commence a se demander si les résultats obtenus jusqu'a ce jour sont bien en rapport avec les sacri fices énormes qu'il s'est imposés et si, par hasard, les millions qu'on lui réclame et qu'il paie, cha que année sans marchander, ne seraient pas jetés, en pure perte ou a peu prés, dans le gouffre in- sondable de l'ignorance. Nous ne croyons pas qu'un peuple puisse jamais acheter tropcher son affranchissement moral et in- tellectuel. Nousconsidérons l'enseignement comme un des premiers devoirs de l'Etat, et nous tenons que ce dei oir doit être rempli, quoi qu'il en coüte. Ce n'est pas une raison, pourtant, pour que nous jetions notre argent par portes et fenêtres et que nous nous refusions le droit d'examiner s'il est utilement employé a sa destination. Cette question se présente tout naturellement I'esprit quand on parcourt les débats qui se dé- roulent en ce moment devant la Cour d'assises de notre province. Voiia une commune importante, St-Génois, oü règne encore, après vingt-cinq ans d'enseignement fourni par la loi de 1842, la plus honteuse, la plus abjecte superstition a ce point qu'en réfléchissant aux événements dont cette com mune a été le théètre, on a peine concevoir que de telles choses soient possibles dans un siècle ci- vilisé. N'est-ce pas, en véi ité, se uroire rejeté en plein moyen ège, de voir ainsi toute une popula tion mise en érnoi par les prédications rididules de quelques idiots tonsurés Peut-on se figurer des maiheureux encorece point crétinisés d'imaginer que la colère de Dieu va s'appesantir sur eux paree qu'il plait a M. Faict de ne pas permet Ire leur curé de jeter un peu d'eau bénile sur leur cimetière Ces idiots, ces crétins, qui nous font hésiter entre l'horreur et ia pitié, iIs ont fréquenté les écoles, pourtant la plupart sont de ceux que les statistiques officielles classent parmi la partie let- trée de la population. Si c'est pour arriver a de tels résultats que nous dépensons chaque année piusieurs millions, il faut convenir qu'il n'en vaut pas la peine. Ce n'est pas a renseignement de l'Etat, c'est I influence délétère du clergé, nous dira-t-on,qu'il faut demander compte de l'abjection inteilectuelle de ces populations. Hé! sans doute mais ne voit-on que la loi de 1842, loin de la combattre cette influence pernicieuse, lui donne une consé- cration nouvelle Quoi vous reconnaissez que le clergé n'a en vue qu'une ambition celle de retenir les popula tions dans l'ignorance et dans la superstition, ces deux piliersfondamentaux desa puissance et non contents de lui gararitir la liberté constitutionnelle commune a tous, vous lui ouvrez la portë de vos écoles et vous lui permetlez d'y aller contróler votre propre enseignement, celui que vous entre- tenez, grands frais, précisément pour neutraliser son influence Vous voulez que l'intelligence de l'enfant s'affranchisse de bonne heure du jong cle rical vous voulez que, sorti de l'école, eet enfant ait appris penser par lui-même ou tout au moins que l'instrument de sa pensée soit en état de fortc- tionner librement,et dans cette école, au-dessus de l'instituteur quevousavez chargé de cette mission, vous placez le prêtre, dont vous vous défiez, qui vous fait peur En vérité, qu'on nous pardonne l'expression, c'est par trop béte. La presse doctrinaire s'indigne de la conduite du clergé dans les affaires de St-Génois. Nous partageons son indignation mais elle aura beau faireaussi longtemps que Ie clergé sera dans l'Etat un ordre privilégié, subsidié par le budget et jonissant d'immunités de toute espèce, il exer- cera sur les ètnes une influence que la Société civile ne parviendra jamaisècontrebalancer. Quant a espérer que le clergé fasse tourner un jour cette influence au profit de la liberté, nous ne ferons pas a la presse doctrinaire l'itijure de croire qu'elle pousse la naïveté jusque-la. N'est-ce pas une chose curieuse 1 les journaux doctrinaires ne laissent pas passer unsenl jour sans signaler le clergé au mépris public. Mais qu'on leur dise Puisque que le clergé est aussi mépri- sable que vous le prétendez, unissez-vous nous pour demander que l'accès des écoles lui soit fermé. Aussitót ils battent en retraite et s'é- crient que le moment n'est pas venu. Quand le moment sera-t-il venu Mori Dieu, e'estbien facile a dire le moment sera venu quand le parti clérical triomphant aura chassé les doc trinaires du pouvoir. Alors, on les reverra comme on les a vus chaque fois que la fortune électorale les a rejetés dans l'opposition, s'armer en guerre contre la loi de 1842 et demander a grands cris l'exclusion du clergé des écoles publiques. Au besoin, on rêuriira un nouveau Congrès libéral et on proclamera, comme en 1846, I'urgence de celte réforme; sauf n'en plus parler et en injurier ceux qui prendraient l'audace de leur rap- peler leurs promesses, Ie jour oü un nouveau re- virementdu scrutin leur aurait rendu la possession du pouvoir. Heureuserneut ce vieux truc doctri naire a fait son temps. Le jour oü l'on voudra le remettre en scène, la Belgique tont entière rira au nez de ces vieux comédiens fardés de libéralisme qui lont si longtemps abusée. Quant a la loi de 1842, soyons tranquilleselle se fera malgré eux. Tout n'est dans ce bas monde Qu'un jeu, Le vrai sage le fronde Au temps-pascal, la mode et la pratique de la duperie imposent au croyant, agenouillé devant le guichet qu'abrite l'augure romain, la renon- ciation ('oeuvre de Satan, sauf l'intention bien arrêlée d'avance de recommencer le lendemain une nouvelle série de coups de canif dans les commandements de l'Eglise. Ainsi fait le doc- trinarisme en tous temps. Ceci date d'hier Le clan ministériel allait laver dans le sang clé rical la ruade du Sénattransformée en caserne, la Chambre beige neretentissait plus que de cliquetis d'armes et il s'en échappait une odeur de poudre 5 faire éternuer les plus bouchés. Résolutious de confessionnal que tout cela!... A la première mêlée, propos de listes éleetorales, le général Pirmez baisse piteusement pavilion, s'humilie bien bien bas, et s'enfonce nouveau et un peu plus profondément dans Ia vase de la modération et de la conciliation. Au temps de Boileau, le naturel, pour revenir, prenait un modeste galop; de nos jours ii em- prunte la télégraphie électrique tant le doctrinarisme est pressé d'étouffer le libéralisme, tant il éprouve une béate jouissance s'adminis- trer publiquement la discipline! Nous l'avons prédit, paree que nous connaissons les apótres et que la longue pratique de M. Vandenpeereboom nous a initiés a toutes les roueries des Bertrand de la haute politique plus fort ils crient et moins ils s'exécutent. Cela s'appelle, en termes du métier, une manoeuvre aussi habilement concue que bien exécutée les honnêtes gens n'y voient qu'une escobarderie de plus ioscrire a l'actif doctrinaire. Croquignoles. Ce siècle est Ie siècle de l'émulation et de Ia con currence l'oeuvre engendre l'oeuvre avec une verli- gineuse fécondilé et une inerveilleuse gradation exemple Le corps des chanoines genuit Brillat Sa- varin; Brillal-Savarin genuit le baron Brice; le baron Brice genuit... Monseigneur Descharaps, archevêque de Malines, primat de Belgique, premier moutardier

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L’Opinion (1863-1873) | 1869 | | pagina 1