JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
V Pil ES, üimanche
Septième année. N" 17.
25 ATril 1869
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POUR LA BELGIQUE
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dition de notre journal se produisent habituelle-
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sonnes dont le journal serait en retard, de vouloir
nous en informer en adressant la bande notre
bureau, rue de Dixmude, 59, ct Ypres. C'est pour
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Tous les abonnés a VOpinion, aussi bien ceux
de la campagne que ceux des villes, doivent rece-
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iScrairag et le BSoirinage.
Quand dans un journal de libre discussion,
éclatent des appréciations opposées sur une ques
tion sociale, ces divergences, peu colorées, sans
doute, ne peuvent cependant être reléguées a
l'ombre l'intérêt général, le dévouement réci
proque a Ia cause démocratique, l'unité de vues
quant au but a atteindre, demandent qu'elles
soient éclairées aux lumières de la conscience et
de Ia raison. 11 convient done de revenir en
quelques mots sur Taffaire de Seraing.
Pour nous, c'est un axióme social la violence
n'est pas la raison, la force brutale et aveugle au
service d'un principe de justice et d'équité est la
negation de ce principe, l'antiCtièse de la cause
qu'elle corapromet en la déshonorant. Soyons de
bon compte. La libertê descend-elle jamais im-
punément pour prendre des armes dans
l'arsenal du despotisme et que gagne-t-elle a
régler le pas sur celui de ses éternels conterap-
teurs? Or, qu'est-il arrivé? L'ouvrier, nous
persistons a l'affirmer, mal conseillé, mal guidé,
trompé sur le róle considerable qui lui appartient
dans l'ceuvre de la civilisation, dévié de la ligne
droite, a-t il, oui ou non, noyé la grève, son
droit incontestabledans la violence, la menace,
les voies de fait et i'intimidation? On ne saurait
lenier!.. Mais le soldat, mais la gendarmerie,
mais l'autorité armée, jusqu'aux dents, ont usè
de cruelles représailles, décimé ces malheureux
de regrettables colères ont ensanglanté le sol
beige, d'inoffensifs citoyens, des femmes sont
tombés sous la balie meurtrière; au lieu de rai-
sous on a lardé le peuple de coups de baïon-
nettesAvons-nous essayé un mot de justifi
cation décharge de ces procédés sauvages
avons-nous innocenté la violence opposée la
violence? Pas le moins du monde.
Seulement, nons nous demandons en quoi la
conduite de l autorité, legitime ou illégitime,
peu importe a la tbèse que nous défendons,
renverse notre soutènement et justifie l'attilude
provocatrice, les actes attentatoires la vie et a
la propriété, et contre Iesquels nous protestons au
nom même de la eause qu'ils ont la prétention de
servir
Est-il moins vrai, moins établi, avant comme
depuis les fusillades, que ce n'est pas a coups de
pavés que Ie droit conquiert sa place légitime
Et n'est-il pas avéré, au contraire, que ces tristes
excès aliènent bien des sympathies et impriment,
l'avénement du principe démocratique, un mou
vement de reeul
Nous l'avons écrit, signalé dans des rapports
officiels
Le prolétariat souffre, sa condition soeiale ré
clame de rèrieuses réformes si le progrès lui a
donné la liberté, la société moderne, issue de la
grande Révolution, et que le peuple arrose de sa
laborieuse sueur, a le devoir de rendre cette li
berté féconde, de Tenter sur le droit et la justice;
plus de priviléges, plus de castes, plus d'inégalité
civile, ni politique.... Voila notre credo. Mais
Texécution de ce programme, nous ne voulons la
demander ni a la violence, ni a la contrainte, ni
a la ruine elle doit sortir, radieuse et pure, de
cette trinité invincible le droit de discussion, le
droit de réunion, 1'association
II n'est pas de despotisme, pas d'injustice, pas
de privilége qui ne résistent a cette triple puis
sance.
Que Ton inculque ces principes h l'ouvrier,
qu'on illumine son intelligence aux pures lumières
de la raison et du droitet les émeutès auront
vécu et le triomphe de la sainte cause du peuple
sera proche.
ESoctrinarisme et suffrage universel.
Le lamentable épisode de Seraing inspire aux
bardes de la doctrine une charge a fond de train
contre le suffrage universel excellent, en prin-
cipe, mais fatal en ses conséquences et liberti
jn cide au premier chefle pourquoi, s'il vous
plait Paree que le libéralisme a engendré ce
produit hybricfe et malsain qui s'appelle doctrina-
risrne, cesse-t-il, cause de eet accouchement
extra-naturel, d'être le principe fécond de tout
droit et de toute justice Et lorsque le suffrage
universel inintelligent est un instrument de despo
tisme, ce même suffrage, basé sur I'instruction
des masses, n'est-il pas, pour tout homme de
bonne foi,, le criterium de la liberté?,.. Comme
toujours, ces singuliers logiciens ont oublié d'é-
dairer leur lanterne. Et puis, I'habitude de pa-
tauger et la peur de Ia réforme finiront bien, un
jour, par détraquer les cervelles et obscurcir les
notions les plus élémentaires du sens commun.
Depuis quelque temps surtout, cette maladie in-
tellectuelle fait d'horribles ravages.
Ne conviendrait-il pas, pour en arrêter le pro
grès, de recourir au système Vandenpeereboom et
d'opérer comme au temps de la peste bovine La
chose nous semble mériter un sérieux examen.
S.e mot de l'cnigme franco-beige.
M. Frère-Orban est sur le point de secouer la
poussière de ses pieds, de dire adieu aux mille
et mille enchantements de la vieille Lutèce et de
retouraer Bruxelles.
Dès mardi prochain, il donnera a Ia Chambre
et au pays, les explications auxquelles ils ont
droit.
Mais qiï'on ne s'y trompe pas ces explications
seront forcément limitées les égards dus a un
puissant voisin, fort ombrageux du moment qu'il
est résolu chercher querelle, lui en font la loi.
Le chef du cabinet beige ne pourra pas comme
le Daily Telegraph rechercher les raisons déter-
minantes du conllit franco-beige et les trouver,
par exemple, comme la feuille anglaise 1° dans
les tripolages financiers des impérialistes Paris
et Bruxelles et 2° dans une manoeuvre électo-
rale appelée a donner le change aux Frangais sur
la décadence du second Empire depuis Sadowa.
Moins encore pourra-t-il exposer les raisons
vraies car, selon nous, celles que donne le
Daily Telegraph ne sont que des effets et non la
cause.
La cause véritable, la cause, nous la trouvons
dans le fait suivant sur lequel nous appelons toute
l'attention de nos lecteurs.
Vers la fin du mois dernier, le conllit étant déjè
en pleine éclosion, quelques journaux de province
signalèrent en France la formation de commis
sions militaires prés l'administration des grarides
lignes de chemins de fer, ajoutant que ces com
missions composées d'officiers de l'armée avaient
pour mission d'étudier les questions qui peuvent
se rattacher au transport des troupes et a l'usage
qu'il est possible de tirer des voies ferrées, en
cas de guerre, et au point de vue des mouve-
raents stratégiques.
Les journaux officieux de Paris s'empressèrentde
contcster Texactitude de ces informations. Au-