cune mesure récente n'avait étè prise, affir- mèrentils. A les en croire, ces commissions, loin d'être une création nouvelle, existaient et fonctionnaient plus ou moins régulièrement de- puis plusieurs années. Ces dénégations et ces rectifications sont au- jourd'hui démontrées fausses en présence du texte officiel d'une circulaire que M. Gressier, mi- nistre des travaux publics, a adressé, le 16 mars dernier, aux diverse» compagnies de che- mins de fer pour les informer que le ministre de la guerre allaü instituer auprès d'elles une commission chargée d'examiner et de préciser quelles seraient les meilleures mesures a pren dre pour utiliser les lignes ferrées au point de vue des rnouvements de l'armée. Cette com mission ne fonctionnera même pas seule la circulaire de M. le ministre des travaux nous apprend qu'il y aura des sous-commissions au près de chaque compagnie, lesquelles se tien- dront constamment au courant de Ia situation du materiel des lignes, et qui en cas de tran sports de troupes surveilleront l'exécution des mesures indiq uées par la commission centrale. L'existence de ces commissions étant ainsi avérée et atteslée par une circulaire ministérielle, point n'est besoin, croyonsuous, de chercher ailleurs les mobiles qui poussent le gouvernement impéria! épouser avec tant de colère ma! dissimulée la cause de la Compagnie de l'Est. Ces mobiles, on les devine il s'agit pour lui de pouvoir faire fonc- tionner sur le territoire beige ces mèmes commis sions militaires et stratégiques et d'organiser ainsi ses relais pour sa prochaine entrée en campagne. Que Napoléon III y prenne garde: la Belgique ne porte pas bonheur aux Bonaparte Les Basiles doctrinaires. h'Echo duParlemenlreproduit d'après YOrgane de Namur un article qui tend représenter les rae- neurs de Internationale corame des agents au ser vice de spéculateurs anglais, poursuivant la ruine de l'indüstrie beige pour en recueillir les épaves. Les feuilles doctrinaires seules sont capables de seservir de ces armes Au lieu de combattre en face leurs adversaires, elles les calomnient; n'o- sant opposer principe principe, elles s'éver- tuent les ravaler aux yeux de l'opinion pu- blique. Dieu nous garde d'assumer la défense d'office des agents de VInternationale dont nous réprou- vons hautement les actes irréfléchis. Dites qu'ils sont coupables, nous le dirons avcc vous. Dites que le sang qui a coulé et les dangers qu'ils out fait surgir ne permettent plus de croire a leurs protestations d'une propagande pacifique, nous Ie dirons avec vous, car ils m'ont fait qu'une chose ils ont lenté de réaliser les idéés proudhoniennes au rebours. Refusez-leur les circonstances atténuantes. Ce sera rigoureux, mais nul ne pourru vous taxer de parti-pris ou d'injustiee. Mais les accuser sans avoir, chose impossible, la preuve en main prétendre que ce sont des misérables qui, pour un peu d'or, ont vendu leur pays en provoquant presque la guerre sociale, voila qui est digne du fameux personnage de la comédie de Beaumar- chais. Chacun sait que 1'autrucbe, poursuivie par ie chasseur, s'empresse de se cacher la tète dans le sable 011 sous la première pierre venue, s'imagi- nantde la meilleure foi du mondequ'elle échappe au dangerdès que le danger échappe a sa vue. Cette naiveté d'un animal, moins remarquable par son intelligence que par son plumage et par les grêces de sa personne selon l'expressiou a laquelle M. Defré doit une bonne part de sa cé- lébrité, cette naïveté n'est pas saus analogie avec la politique de certains hommes d'Etat. Com- bien n'en avons-nous pas vu, dans tous les pays et sous tous les régimes, s'inspirer de la prudence del'autruche, ets'endormir d'un sommeil a rendre jaloux le meunier sans souci, convaincus que Ia société était sauvée du moment qu'il lui étaitdonné de perdre de vue les dangers dont elle est menacée Mais jamais, croyons-nous, cette tactiqueaveu- gleet puérile nes'est affirméeavec autant decan- deur que dernièreroent au Sénat, par l'organe de M. Forgeur. Voilé pourtantun bomme distingué, intelligent, éclairé, un orateuréminent, unhomme d'expérience, une des plus brillantes individualités du parti libéral. Ancien membre du Congrès na tional dont il était secrétaire, on ne dira pas qu'il soit neuf a la vie politique. Comment done se fait-il qu'il en soit encore a la politique de I'autruche Cet honorable sénateur a eu mardi un mot incroyable. On discutait le projet d'organisation judiciaire, et plusieurs membres de l'assemblée avaient, a ce propos, revendiqué les droits de Ia langue flamande devant les tribunaux. Prenez garde; leur dit en tremblantleur i11ustrecollègue je vous avoue que j'ai une peur affreuse de cette question Qamande qui fait tant de bruit depuis quelque temps dans les meetings et même dans les concerts. Elle m'effraye autant que Ia question des grèves. Je vous en prie, mettez une sourdine a toutes ces agitations. Si ce n'est pas pour vous, que ce soit pour moi. La droite ne peut faire moins pour le protecteur en titre des cléricaux liégeois, pour le patron de tous les aspirants- candidats-notaires, de tousles substituts en herbe qui ont l'honneur et la chance de combattre mes amis politiques. Ma santé dépend de votre silence, et peut-ètre même la santé du corps social tout entier. II est difficile de ne pas s'intéresser la santé de M. Forgeur; quant la société, elle serait bien malade, si pour la guérir on s'eu tenait a cette étrange médication. La question flamande vous fait peur Etpour- quoi Ce n'est certes pas de l'agitation dont elle est la causequesortira notre annexion la France. Et n'est il pas singulier que M. Forgeur, adver- saire de la loi sur le cours légal de l'or francais, paree qu'il y voyait l'annexion monétaire,» s'ef- force d'enrayer un mouvement qui a incontesta- blement cette portée de mettre en relief un des élémentsconstitutifs de notre originalité nationale, et de montrer la vitalitéd'une race et d'un idiómc qui nous distinguent du moins rassurant de nos voisins et l'avertissent des obstacles qu'il rencon- trerait parmi nous, s'ils'avisait de nous absorber La question des grèves est plus délicate, mais pour qu'elle cesse d'être menaQante suffit-il de n'en point parler 11 est fêcheux que le moyen soit ridicule, car s'il avait quelque efficacité, il serait d'un usage commode et simplifierait considérable- ment les difficultés de la science gouvernementale. Que de veilles épargnées a nos hommes d'Etat et nous-mêmes Plus de soucis tout ira désormais comme sur des roulettes seulement on se de- mande comment le pouvoir s'y prendra pour ajourner indéfiniment la réforme électorale, car il n'y a plus un seul argument a invoquer, un seul prétexte faire valoir contre l'extension du droit de suffrage, et l'on n'a plus s'inquiéter du plus ou moins de capacité des votants, du moment que pour résoudre les questions politiques et sociales l'ordre du jour, tout au moins pour en éviter les inconvénients, il n'est besoin que de n'en pas dire un mot. On parle beaucoup des intriga its qui jouent de la question flamande au profit des ambitions clé— ricales, comme on joue du violon, du piano ou de la flute au bénéfice des pauvres. On s'élève avec encore plus de vivacité, surtout dans ces derniers temps, contre ces gens qui, tout en déclarant Ia guerre aux capitalistes-exploiteurs, exploitent les griefs de la classe ouvrière, les uns dans l'intérêt de leur sotte et bassevanité, lesautrespar amour du gêchis, ceux-ia pour se venger d'une société qui se refuse les prendre au sérieux et les condamne au néant, ceux-la pour satisfaire cette passion du bruit et du désordre dont l'impuissance est sou vent tourmentée. Mais un silence pusillanime du Parlement et de la presse mettrait-il fin aux menées de ces maïtres farceurs Ce silence les encouragerait plutót. Parlez done, orateurs écrivez done, journa listes, ne fut ce que pour les démasquer. Après tout, si l'honorable M. Forgeur préfère qu'on n'ouvre pas la bouche, c'est peut-ètre qu'il n'a rien a dire. Qu'il se taise done, s'il n'a pas une bonne raison a opposer aux prétentions flamandes, et s'il n'a d'autre argument que la force des baïonnettes pour repousser les réciamations des ouvriers. Mais au moins qu'il n'impose pas a ses collègues ses terreurs et son abstention qu'il ne les excite pas au silence. On n'y est déjè que trop disposé dans nos Chambres legislatives, excepté pourtant dans la discussion du budget des travaux publics, oü les langues les plus êpaisses se délient comme par enchantement, oü la tiraidité même devient téméraire, oü l'on voit enfin jusqu'aux sourds-muets s'essayer a l'éloquence. Croquignoles. La télégraphie est sur les dents, M. Frère-Orban dine, dine, dine... et ces pauvres diables d'employés chargés de la glorieuse mission de Iransmetlre au peuple reconnaissant les menus engouffrés dans le terrible estomac du ministre-ambassadeur, ne résis tent pas tous également bien a ce supplice de Ten- tale la plupart sont fourbus! Mais M. Frère n'en est pas moins la première fourchette des mondes connus Gargantua de la tête aux pieds! Restera-t-il long- temps a ce régime meurtrier?... Le pays est plein d'anxiété.... et si le ministre meurt sur le plat d'hon- neur, l'histoire baptisera cette facon d'occire un höte la conspiration des casseroles. Et dire cependant que cette plantureuse existence n'est pas ex'empte de points noirs...Le peuple le plus spirituel de la terre écrit dans ses journaux très-au- torisés, que M. Frère-Orban qu'il bourre de truf- fes et de champagne est politout juste autant qu'un Beige peut l'être... j> Mósieur le ministre au- rajt-il mis les pieds dans le plat Diablel... ce serait cassanl! I Les organes du doctrinarisme clérical et libéral s'acharnenl comme boule-dogues autour de l'os de Bois-d'Haine. Foi et science orient au plus fort et dogmatisent comme au bon temps, Ces choses, si peu exlraordinaires, mille fois constalées dans nos hópi- taux, valenl-elles réellement les frais d'une discus sion? Eclairez les populations autrement qu'a la lueur blafarde des torches de la loi de 1842; ne don- nez pas le dogme menteur pour limite au champ de l'enseignement populaire, et ces tristes anachronis- mes disparaitront comme disparalt la neige sous le rayon du soleil. Inondez de lumière le monde et vous n'aurez plus a combattre les moulins-a-vent du ca- tholicisme élargissez, au contraire, les contours déja formidables de l'éteignoir de 1842, et fatalement, toujours, vous aboutirez a St-Génois et a Seraing. Au lieu de mettre en pratique les maximes des Vandenpeereboom et de son alter ego, monsieur Choppinet, nos gouvernanls ne feraienl-ils pas chose plus utile de méditer ces paroles de Castiau a Les préjugés de Vignorance sont la mort intellectuelle 4-

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1869 | | pagina 2