Le tout payable d'ay ge.
JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
ÏPRES, Dimauche
Septième année. N° 22.
30 Mai 1869.
PttlX U'ABOISXÜUEIIT
POUR LA BELGIQUE
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Un Numéro 25 Centimes
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Corps du Journal, 30 c atimeS'.
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La démission de 19. ISnra.
M. Bara retire sa démission et Ie ministère,
non sons avoir longtemps hésité, se décide a ré-
clamer Ia discussion du projet de loi sur la con-
trainte par corps amendé ou, pour mieux dire,
dênaturè par le Sénat.
Les termes dans lesquels M. le ministre des
Finances a annoncé cette résolution la Chambre
méritent d'ètre rappelés Les coliègues de
M. le ministre de la Justice, a dit M. Frère-
Orban, ont èté unanimement d'avis que cette
retraite, bien loin de donner la solution des
difficultés actuelles, en ferait nattre de nou-
velles, plus graves encore. Nous avons done
insisté pour que notre collègne conservèt sa
position dans le cabinet. II nous a paru tous
qu'il n'y avait aucune raison pour nous de ne
pas appuyer l'opiniou exprimée par la Chambre
des représentants et qu'il y avait lieu de I'appe-
Ier se prononcer sur le projet tel qu'il a été
b amendé par le Sénat.
Si le langagede M. le ministre des Finances que
Ie gouvernement est fermement résolu a maintenir
intact Ie principe de l'abolition radicale de la con-
trainte par corps est sincère,nous n'avons qu'è féli-
citer le gouvernement desa persistance et a présen
ter nos compliments a M. Barafaut-il le dire pour-
tant? les explications fournies sur ce point par le
chef du cabinet ne nous ont pas pleinement rassu-
rés. Le gouvernement appréciera l'opinion ex-
primée par la Chambre des représentants,
nous dit M. le ministre des Finances. Mais si la
Chambre, dont les sympathies pour la réforme
radicale proposée par M. Bara n'ont jamais été
bien vives, prend prétexte de la nécessité de faire
cesser un conflit regrettable pour modifier le
projet de loi dans le sens des amendements du
Sénat, le gouvernement se ralliera-t-il a ces mo
difications Sur cette question, M. FrèreOrban
ne s'est point expliqué et son silence nous surprend
d'autant plus qu'elle a du nécessairement attirer
son attention et que le gouvernement n'a pas pu
se dispenser de la résoudre dans un sens ou dans
un autre.
Ce n'est pas a nous seulement que les explica
tions évasives du gouvernement ont paru suspectes,
Voici comment s'exprime, a ce sujet, Ylndèpen-
dance beige
Une chose surtout nous paralt regrettable c'est
la demande du renvoi du projet amendé par le Sénat,
la section centrale qui avait examine leprojet primitif
du gouvernement.
Personne n'ignore, en effet, que cette section était
hostile a cé projetqu'elle l'avait amendé dans un sens
se rapprochant beaucoup des modifications qui ont
prévalu au Sénat, et que c'est cóntrairement h ses
conclusions, et grace a l'énergie persévérante de M.le
ministre de la justice, que la Chambre, adoptant le
projet du gouvernement, a prononcé, a une majorité
considérable, l'abolition absolue de la contrainte par
corps.
II est done évident que la section centrale ne re-
présente plus la majorité de la Chambre. Renvoyer a
son examen l'ceuvre sortiedes délibérations du Sénat,
c'est aller au-devant d'un rapport favorable, tout au
moins en parlie, aux modifications introduites dans le
projet par cette dernière assemblée et qui le dénatu-
rent a tel point qu'au lieu de l'abrogation compléte,
voulue par le gouvernement d'accord avec la grande
majorité de la Chambre, on se trouve en presence
d'une aggravation de la législation actuelle. C'est
M. le ministre de la Justice qui l'aconstaté lui-même
devant le Sénat.
Si done le cabinet, et nous ne voulons pas lui
faire l'injure d'en douter un instant, maintient
fermement son projet primitif, ce n'est pasè l'ancienne
section centrale qu'il eüt fallu demander le renvoi de
l'ceuvre du Sénat, mais soit a une commission spéciale,
soit a une nouvelle section centrale nommée par la
Chambre dans ses bureaux.
La marche indiquée hier par M. le ministre des
finances pourrait faire supposer bien a tort sans
doute que le cabinet est disposé a des concessions
et c'est pour cela que nous la regrettons.
Nous voulons croire, avec YIndépendance, que
ses conjectures et les nótres reposent sur d'injustes
défiances. Mais le cabinet de 1857 nous a donné
l'exemple de tant de défaillances, nous l'avous vu,
en tant d'occasionsprendre si peu de souci de
mettre ses actes d'accord avec ses principes, que
nous hésitons un peu nous confier entièrement
dans ses promesses. L'avenir, un avenir prochain,
nous dira si nous avons eu tort.
La loi de inilice.
Le Progrès, journal libéral de la ville d'Ypres
et de l'arrondissement, le Progrès, gras et repu,
gavé jusqu'è la luette de toutes les faveurs mi-
nistérielles, le Progrès trouve notre régime élec-
toral le plus excellent du monde. Quoi de plus
naturel
II est vrai que le crédit dont il jouit dans les
antichambres du pouvoir n'est pas absolument
gratuit. Si la domesticité des grands a ses reve-
nant-bon, elle a aussi ses dêboires et ses amer-
tumes. Mais le compère n'est pas 5 y regarder de si
prés. Pourvu qu'il ait bonne litière et franche lip
pee, la livrée qu'il porte ne le gêne guère. Que
dis-je II s'en montre tout fier. Ainsi il est fait.
Ainsi soit il
Done, le compère, pour mille et une bonnes
raisons, est d'avis que le régime électoral dont ses
patrons bénéficient est incomparable et qu'il n'y
a que d'affreux anarchistes pour oser demander
qu'on y touche.
Nous n'avons pas la simplicité de croire que
nous allons le convertir nos idéés. Mais voici
pourtant une question que nous voudrions lui
poser, si nous n'étions assurés d'avance qu'il ue
nous répondra pas.
La Chambre discute en ce moment la loi sur
la milice. Dans une de ses séances, elle s'est pro-
noncée,è une majorité considérable, pour le main-
tien de Ia conscription militaire.
A-t-elle eu tort A-t-elle eu raison C'est une
question dont nous n'avons pas a nous occuper en
ce moment. Prenons, si le compère le veut, que
Ja conscription militaire soit nécessaire et que sa
nécessité la justifie aux yeux de la justice. Nous
fesons, comme on voit, la part belle au com
père.
Mais il y a autre chose examiner que la né
cessité de la loi qui maintient la conscription. II
reste voir, et c'est la ou nous tenons le compère,
si le législateur a qualité pour décréter cette loi,
car ce n'est qu'a cette condition qu'elle sera vrai-
ment légitime.
Le corps électoral se compose, chez nous, d'en-
viron cent mille citoyens recrutés exclusivement
parmi les classes bourgeoises. Or, de quel droit
ces cent mille électeurs disposent-ils, par ('inter
médiaire de leurs représentants, de la vie peut-
être et, k coup sur, du sort de miliiers et de mil-
liers d'autres citoyens, leurs égaux devant la loi
naturelle et devant la justice Ou, que le com
père nous le dise, le bourgeois électeur est-il allé
prendre Ie mandat qu'il délègue a ses él us et qui
permettrait k ceux-ci de décréter que les pauvres
diables, lesquels ne sont pour rien dans leur élec-
tion, quitleront leur foyer, leur familie, leur tra-